Accent aigu S. 8 Dialogue Le pouvoir du droit international: dans l’antiquité et de nos jours. Michel Decker Cette église, n’est-elle pas partie en campagne contre les biens matériels à ses débuts, en se concentrant sur l‘éducation à la révolution des populations? Et où est-ce que cela a mené l’institution après deux millénaires? A être un énorme groupe d’influence économique sur les marchés mondiaux. Et à être souvent un des plus grands propriétaires immobiliers au niveau des pays. Le tout bien camouflé, évidemment, dans des légions de sociétés, fondations ou congrégations. Qui a oublié la sulfureuse Banco Ambrosiano et son pauvre directeur, Roberto Calvi, retrouvé pendu en dessous du Blackfriars Bridge à Londres, en 1982? Donc, même une église, partie avec de bonnes intentions, n’a pas pu échapper à l’attrait du pouvoir et de l’argent. Mais n’avons-nous pas le droit international pour mettre de l’ordre, au cas où l’hypothèse était vraie, c. à d. que l’argent et le pouvoir sont indissociablement liés? N’avons-nous pas le droit international pour protéger, le cas échéant, les faibles contre les forts? Il est prudent de ne pas être trop optimiste de ce côté-là. Et la prudence est justifiée par les agissements, de nos jours, des Troïkas ou autres instruments de torture des populations qui se prennent le droit, en dépit du bon sens, de créer plus de problèmes qu’ils n’en avaient trouvés au moment de leur arrivée. Des agissements brutaux similaires sont malheureusement rapportés par des textes parmi les plus anciens de notre monde. Un exemple est celui du dialogue des Méliens et des Athéniens dans la Grèce antique. Athènes contre le Méliens Cet incident historique, peu connu par le grand public, mais relaté de façon détaillée Photo: Michel Decker Le pouvoir! Le réel et l’imaginaire! Sous toutes ses formes. L’argent, c’est le pouvoir! Ou serait-ce le contraire, que le pouvoir produit l’argent? Et si les deux étaient indissociablement liés? Pour illustrer cette hypothèse, prenons un exemple. Non pas de vieilles familles de banquiers, non, prenons le cas des églises. Et pourquoi pas celle qui a son siège au Vatican. Comment le plus fort attaque le plus faible (extrait d’un relief au musée de Delphes) par le grand Thucydide (460-395? av. JC) dans son ouvrage „Histoire de la guerre du Péloponnèse“ met en évidence le comportement symptomatique d’une grande puissance vis-à-vis d’un partenaire mineur. Comparable à celui de l’Empire de ce moment vis-à-vis de n’importe quel pays du Proche ou Moyen Orient qui n’aurait pas les moyens de se défendre. Et de ceux qui auraient les moyens de se défendre, il n’y en a pas beaucoup. Voici comment un Empire s’est comporté il y a de cela presque 2500 ans. Athènes est sortie grandie des victoires des Hellènes contre l’empire perse (pour rappel: en 490 av. JC, victoire de Marathon; 480, victoire de Salamine et Platée) mais s’est transformée en une machine répressive et prisonnière de son idéologie. Athènes avait créé la Ligue de Délos (l’OTAN de l‘époque?) qui lui servait dans sa guerre contre les Lacédémoniens sous la direction de Sparte. Cette guerre dite du Péloponnèse durait de 431 à 404 av. JC., avec des pauses. Lors d’une de ces pauses, Athènes se dé- place avec moultes bateaux vers la petite île de Mélos, dont les habitants, tout en étant dans la zone d’influence de Sparte, avaient respecté une stricte neutralité dans la guerre qui opposait Athènes à Sparte. Athènes voulait que les Méliens rejoignent la ligue de Délos, c. à d. qu’ils acceptaient de payer le tribut à Athènes, et ils étaient venus pour en parler. Les Méliens, par tous les moyens, essayaient d‘éviter cette perte d’indépendance. Malheureusement, l’alternative était d‘être détruits par les Athéniens. A noter que les Méliens insistaient pour négocier avec les Athéniens en privé, c. à d. en excluant le public. Pour éviter la catastrophe imminente, ils avançaient tout une série d‘ arguments. Celui de la justice: Mélos est neutre dans le conflit et l’attaquer serait injuste. Celui de l’efficacité: la destruction de Mélos amènerait d’autres alliés d’Athènes à s’en détourner, de peur d‘être traités de façon aussi injuste. Celui de l’esthétique: le comportement agressif des Athéniens serait contraire aux codes de l’honneur. Celui de l’assistance divine: la cause des Méliens