Accent aigu
S. 8
Cette église,n’est-elle paspartie en campa-
gne contre lesbiens matériels à ses débuts,
en se concentrant sur l‘éducation à la révo-
lution des populations? Et où est-ceque
cela amené l’institution après deux millé-
naires? A être un énorme groupe d’in-
fluence économique surles marchés mon-
diaux. Et àêtre souventun desplus grands
propriétairesimmobiliers au niveau des
pays.Le tout bien camouflé, évidemment,
dans des légionsde sociétés, fondations ou
congrégations.Qui aoubliéla sulfureuse
BancoAmbrosiano et son pauvre directeur,
Roberto Calvi, retrouvé pendu en dessous
du Blackfriars BridgeàLondres,en 1982?
Donc, même une église, partie avec de bon-
nesintentions,n’apaspu échapper àl’at-
traitdu pouvoir et de l’argent.
Mais n’avons-nous pasle droitinternatio-
nalpour mettre de l’ordre, au casoù l’hypo-
thèse étaitvraie, c. àd. que l’argentet le
pouvoirsont indissociablement liés?
N’avons-nous pasle droit international
pour protéger, le caséchéant, lesfaibles
contre lesforts?Il est prudent de ne pasêtre
trop optimiste de ce côté-là. Et la prudence
est justifiée par les agissements, de nos
jours, desTroïkasou autres instruments de
torture des populationsqui se prennent le
droit, en dépit du bon sens,de créer plus de
problèmesqu’ils n’en avaient trouvésau
momentde leur arrivée.
Desagissements brutaux similaires sont
malheureusement rapportés pardes textes
parmilesplus anciensde notremonde. Un
exempleestcelui du dialogue des Méliens
et des Athéniens dans la Grèce antique.
Athènescontre le Méliens
Cetincident historique,peu connu parle
grand public,mais relaté de façondétaillée
parle grandThucydide (460-395? av.JC)
dans sonouvrage „Histoire de la guerre du
Péloponnèse“met en évidence le compor-
tement symptomatique d’une grande puis-
sance vis-à-vis d’un partenaire mineur.
Comparable àcelui de l’Empire de ce mo-
ment vis-à-vis de n’importe quel pays du
Proche ou MoyenOrientqui n’aurait pas
les moyens de se défendre. Et de ceux qui
auraient les moyens de se défendre, il n’y en
apasbeaucoup.Voicicomment un Empire
s’est comportéil yade cela presque2500
ans.
Athènesest sortie grandie des victoires
des Hellènes contre l’empire perse(pour
rappel: en 490av.JC,victoire de Marathon;
480, victoire de Salamine et Platée) mais
s’est transformée en une machinerépres-
sive et prisonnièrede sonidéologie.Athè-
nesavait créé la Ligue de Délos(l’OTAN de
l‘époque?) qui lui servaitdans sa guerre
contre lesLacédémoniens sous la direction
de Sparte.Cette guerre dite du Péloponnèse
durait de 431à404av.JC., avec des pauses.
Lors d’une de cespauses,Athènes se dé-
placeavec moultes bateaux vers la petiteîle
de Mélos, dontles habitants,touten étant
dans la zone d’influencede Sparte,avaient
respecté une stricteneutralité dans la guerre
qui opposait Athènes à Sparte.Athènes
voulaitquelesMéliensrejoignent la ligue
de Délos, c. àd. qu’ils acceptaient de payer
le tributàAthènes, et ilsétaient venus pour
en parler.Les Méliens, par tous lesmoyens,
essayaient d‘éviter cette perte d’indépen-
dance. Malheureusement, l’alternative était
d‘être détruits par lesAthéniens. Anoter
que les Méliensinsistaient pour négocier
avec lesAthéniensen privé, c. àd. en ex-
cluant le public. Pour éviter la catastrophe
imminente,ils avançaient tout une série d‘
arguments. Celuide la justice:Mélosest
neutre dans le conflit et l’attaquer serait in-
juste. Celuide l’efficacité: la destruction de
Mélos amènerait d’autres alliés d’Athènes à
s’en détourner, de peur d‘être traités de fa-
çonaussi injuste.Celuide l’esthétique:le
comportement agressif desAthéniens serait
contraire aux codesde l’honneur. Celuide
l’assistance divine:la cause des Méliens
Dialogue
MichelDecker
Le pouvoir! Le réel et l’imaginaire! Sous
toutes ses formes.L’argent,c’estle
pouvoir!Ou serait-cele contraire, que le
pouvoir produit l’argent? Et si lesdeux
étaient indissociablement liés? Pour il-
lustrercettehypothèse, prenonsun
exemple. Non pas de vieilles famillesde
banquiers, non, prenons le cas des égli-
ses. Et pourquoi pas celle quiason
siège au Vatican.
Le pouvoirdu droit international:
dans l’antiquité et de nosjours.
Photo: Michel Decker
Comment le plus fort attaquele plus faible (extrait d’un relief au musée de Delphes)