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CHUMAGAZINE 5
Puisque les anticonvulsivants
entraînent des effets secondaires
importants, augmentent le risque
de crise d’épilepsie, en plus de
compliquer le parcours de soins
du patient, plusieurs spécialistes
du CHUM ont trouvé des pistes de
solution maintenant reconnues.
Les convulsions – contractions violentes et involontaires
des muscles – sont un risque connu des patients qui ont
subi une opération pour une tumeur au cerveau. À des fins
préventives, des anticonvulsivants (ou antiépileptiques)
sont prescrits à tous ces patients. Avoir peur de vivre une
crise d’épilepsie s’ajoute à l’anxiété globale liée au cancer
du cerveau, aux traitements de chimiothérapie ou de
radiothérapie. De plus, ce médicament interagit avec des
traitements de chimiothérapie et peut entraîner des effets
secondaires, notamment une complication de la fonction
hépatique (foie), l’apparition d’urticaire et, plus rarement,
des problèmes respiratoires. Le patient doit alors consulter
un médecin, aller au CLSC, se présenter à l’urgence de
l’hôpital ou appeler son infirmière pivot en neurologie pour
la gestion des symptômes. Cette expérience rend le parcours
du patient plus difficile à vivre avec ce risque supplémentaire,
alors qu’il n’a peut-être jamais vécu de crise de convulsions.
« Mon rôle est de m’occuper du patient tout au long du
parcours de soins, explique Chanez Djeffal, infirmière pivot en
oncologie. Je recevais fréquemment des appels des patients
un peu désemparés, par exemple un vendredi 17 h alors que
la plupart des cliniques sont fermées et que l’urgence est le
dernier recours. Quiconque s’est déjà présenté à l’urgence
d’un hôpital sait que l’attente est parfois longue. Parmi
les membres de l’équipe de neuro-oncologie du CHUM,
nous étions plusieurs à nous questionner sur la pertinence
de prolonger la prise de ce type de médicament chez les
patients qui n’avaient jamais vécu de crise d’épilepsie. Cette
réflexion s’est faite dans une optique d’amélioration continue
des soins et des services aux patients.
Nous avons fait une revue de littérature pour vérifier ce
que les experts en disaient. Le risque de récidive est de
50 % chez les patients ayant une tumeur au cerveau et qui
ont déjà vécu des crises d’épilepsie. Le risque d’avoir une
première crise est de 1 %. Nous avons également consulté
l’American Academy of Neurology qui recommandait de ne
pas administrer systématiquement des anticonvulsivants
aux patients qui n’avaient jamais eu de problèmes, ou de les
sevrer graduellement à partir des deux premières semaines
après l’opération.
En janvier 2014, nous avons rassemblé des spécialistes
susceptibles d’être impliqués pendant le parcours de
soins du patient ayant une tumeur au cerveau, afin de
trouver des pistes de solutions à cette problématique :
hémato-oncologues, radio-oncologues, neurologues et
neurochirurgiens. Certaines balises sont ressorties de ce
comité, entre autres :
• cesser progressivement les anticonvulsivants au cours
des 7 à 14 jours suivant l’opération des patients
n’ayant jamais vécu de crise d’épilepsie ; si nécessaire,
privilégier un type d’anticonvulsivant qui entraîne
moins d’effets secondaires ;
• diriger les patients qui ont déjà eu une crise d’épilepsie
et qui prennent des anticonvulsivants à la clinique de
neuro-épilepsie. »
Opération des
tumeurs au cerveau
L’utilisation
systématique des
anticonvulsivants
remise en question
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Chanez Djeffal