urothéliale du haut appareil urinaire (UUC) est
généralement porté à l’occasion du suivi d’une
tumeur urothéliale de vessie. Les UUC apparais-
sent de façon sporadique, mais des facteurs héré-
ditaires peuvent aussi présider à leur développe-
ment, certains cas survenant dans le cadre du
syndrome du cancer colorectal héréditaire sans
polypose ou syndrome HNPCC [3]. Le syndrome
HNPCC est une maladie héréditaire de transmis-
sion autosomique dominante due à une mutation
germinale dans un des gènes du système MMR,
généralement MLH1 ou MSH2 et plus rarement
MSH6 ou PMS2 [25]. Ce syndrome est caractéri-
sé par un risque élevé de cancer colorectal (82%),
de cancer de l’endomètre (60%), ainsi que de can-
cer de l’estomac (13%), ovarien (12%), urothélial
du haut appareil urinaire (4%), cérébral (3,7%) et
hépato-biliaire (2%) [1, 30, 33, 34].
L’instabilité des microsatellites (MSI) est un phé-
notype tumoral révélateur d’un défaut du système
MMR, caractéristique des tumeurs HNPCC et de
15% des cancers colorectaux sporadiques. Les
mutations germinales des gènes du système
MMR sont la cause principale du syndrome
HNPCC, alors que la méthylation du promoteur de
MLH1 est le mécanisme dominant de l’inactivation
du système MMR dans les tumeurs sporadiques
[18, 20]. Les microsatellites sont de courtes
séquences répétées de l’ADN, dispersées dans
tout le génome, particulièrement sujettes aux
mutations de type insertion ou délétion qui sur-
viennent durant la réplication. De nombreux mar-
queurs microsatellites et critères diagnostiques
ont été utilisés pour déterminer le phénotype MSI
des tumeurs, conduisant à des résultats extrême-
ment variables et contradictoires. Le consensus
de Bethesda a été un point de repère important
pour standardiser l’analyse du phénotype MSI
dans les tumeurs colorectales ; il a recommandé
l’utilisation d’un panel de 5 marqueurs (2 mononu-
cléotidiques et 3 dinucléotidiques) dans la tumeur
et l’ADN normal pour classer les tumeurs en MSI-
High (MSI-H, MSI sur 2 loci ou plus), MSI-Low
(MSI-L, MSI sur 1 locus) ou MSS (MS stable, sans
instabilité) [6]. Seul le phénotype MSI-H caractéri-
se les tumeurs HNPCC ou sporadiques qui com-
portent un défaut du système MMR. Cependant,
l’utilisation du panel original de Bethesda n’est
pas exempte de difficultés techniques en particu-
lier, l’utilisation d’un trop grand nombre de mar-
queurs dinucléotidiques a conduit à classer des
tumeurs de façon erronée en MSI-High. Ainsi, la
dernière réunion de consensus a récemment
recommandé, comme une alternative au panel
original de Bethesda, l’utilisation de 5 marqueurs
mononucléotidiques quasi-monomorphes couplés
dans une seule PCR dite « pentaplex » [7, 31, 32].
Cette PCR permet un dépistage rapide d’un grand
nombre d’échantillons tumoraux avec une grande
spécificité et une grande sensibilité et une inter-
prétation univoque des résultats sans avoir
recours à l’ADN normal des patients.
Les études portant sur le statut MSI des tumeurs
urothéliales du haut appareil urinaire sont rares et
l’incidence du phénotype MSI déterminé en utili-
sant le panel de Bethesda classique dans ces
tumeurs varie de 4 à 31% [5, 8, 12, 17, 29]. Ces
variations peuvent résulter de problèmes d’inter-
prétation des marqueurs dinucléotidiques, de l’uti-
lisation de critères moins stringents que ceux exi-
gés par la conférence de consensus et de popu-
lations d’étude différentes. Les UUC MSI-H ont
été décrits comme survenant plus volontiers dans
l’uretère, présentant une croissance inversée et
un taux d’envahissement musculaire plus faible
par rapport aux UUC MSI-L et MSS [8, 16, 17].
Les cancers colorectaux MSI possèdent aussi des
caractéristiques cliniques et pathologiques spéci-
fiques : un risque métastatique moindre, une
meilleure survie et une réponse spécifique à la
chimiothérapie [13, 27]. Il paraît ainsi important de
pouvoir identifier avec certitude les UCC MSI.
La carcinogénèse des tumeurs MSI est un pro-
cessus évolutif dans lequel l’instabilité des micro-
satellites provoque l’accumulation et la sélection
d’un grand nombre de mutations secondaires
inactivatrices dans des régions codantes de
gènes, dits cibles, qui peuvent promouvoir la car-
cinogenèse [9, 36]. La plupart des études réali-
sées sur les gènes cibles ont été effectuées dans
des cancers du côlon, de l’endomètre et de l’esto-
mac ; elles suggère une spécificité tissulaire, la
fréquence de mutation d’une gène cible donné
étant variable selon l’organe où les tumeurs se
développent [9, 22, 26]. Aucune étude exhaustive
des mutations des gènes cibles dans les UUC
MSI n’a été réalisée.
Après avoir établi avec précision l’incidence du
phénotype MSI dans les tumeurs urothéliales du
haut appareil urinaire sur une série de 58 patients,
nous avons recherché dans les tumeurs MSI la
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