Gilles Teneau Chercheur associé LEMNA (Université de Nantes) [email protected] Intrapreneurs, comme avantage concurrentiel dans la mise en place de SI stratégique Résumé L’objet de cet article est d’appréhender comment les actifs immatériels, plus spécifiquement les ressources rares, peuvent permettre de contribuer à la création de nouveaux produits et services. Cette étude se centre sur le cas d’intrapreneurs dans le secteur des services informatiques. Les résultats de la recherche-action ainsi développée donnent un certain nombre de caractéristiques propre à l’intrapreneur. En cela ils révèlent la réussite d’un projet comme soutien d’un avantage concurrentiel dans la mise en place d’un système d’information stratégique. L’apport managérial à cette recherche propose un ensemble d’outils dont pourra disposer l’entreprise tant pour la mise en place d’offres d’intrapreneur que pour l’émergence de ressources rares de type intrapreneur. Mots-clés : actif immatériel, ressource rare, intrapreneur, avantage concurrentiel Intrapreneurs, as a competitive advantage in the development of strategic SI Abstract The aim of this article is to study how the immaterial assets, and more specifically rare resources, can allow contributing to the creation of new products and services. This study is focused on the case of intrapreneurs in the sector of computing services. The findings of the research-action show some of the proper caracterictics of intrapreneurship. The success of intrapreneur as a rare resources support (according to Barney) in the development of the offer of a software engineering company is revealed through a specific approach of the realization of a strategic information system offering the company a competitive advantage. Management-wise this study highlight a set of tools any companies will be able to use in order to support the development of intrapreneurs’ offers or to support the emergence of rare resources such as intrapreneurs. Keywords : immaterial asset, rare resource, intrapreneur, competitive avantage 1 Intrapreneurs, comme avantage concurrentiel dans la mise en place de SI stratégique Introduction Si la thématique de l’intraprenariat n’est pas un sujet récent, s’inscrivant dans ce que Duncan qualifiaient de « réinvention de l’entreprise », celle-ci trouve un intérêt particulier quant à la manière pour une entreprise de permettre la création de valeur. Les intrapreneurs sont des ressources rares, difficiles à faire émerger dans une entreprise voire à identifier sur le marché du travail (Duncan et al. 1988, p.18). Le concept de ressources rares s’inscrit dans l’un des paradoxes de notre époque marquée par la complexification du travail : si le contexte actuel lié à des technologies toujours plus performantes rend les besoins plus que jamais importants pour des profils spécifiques, ceux-ci n’ont jamais été aussi difficiles à identifier. Notre étude se centre sur les processus d’actifs immatériels (Itami, Roelh, 1987), envisagés selon la théorie des ressources rares (Barney, 1991). Plus spécifiquement, notre étude vise à comprendre l’importance accordée aux critères intrapreneuriaux dans les grandes entreprises françaises, en particulier pour ce qui relève de l’avantage concurrentiel. Notre question de recherche est la suivante : par quelle voie les intrapreneurs en tant que ressources rares peuvent-ils aider à soutenir la création de nouveaux produits et services ? Pour répondre à ladite question de recherche, nous avons mené une étude empirique sur une longue période (de 2007 à 2009) en recherche-action au sein d’une société de services spécialisée en services informatiques et Internet dans laquelle l’action d’intrapreneurs pour le lancement de nouveaux projets constituait un objectif spécifique. 1. Une ressource rare proche du SI, l’intrapreneur Nous devons a Pinchot (1985), le terme d’intrapreneur, cet acteur est considéré comme la voie permettant aux entreprises de renouer avec la performance et de retrouver cette « magie » qu’elles ont perdu du fait de la bureaucratisation et de la complexification des structures et des pratiques (Thornberry, 2001). L’intrapreneur peut être considéré comme un stratège ordinaire (Besson, Mahieu, 2008), à savoir un manager intermédiaire au cœur de la dynamique de l’entreprise. Des recherches ont tendu à montrer que l’intrapreneuriat en tant que culture était une variable clé source de performance et de différenciation dans un marché concurrentiel des systèmes d’informations (Marciniak., et al., 2009 ; Benitez-Amado et al., 2010). Cette culture est essentielle pour les managers en charge du développement commercial des services des SSII. Plusieurs chercheurs ont adopté la théorie des ressources au regard des SI à la performance de l’entreprise (Melville et al., 2004 ; Hulland, Wade, 2007 ; Argyres, Zenger, 2007). Il est aujourd’hui largement partagé que les fondements de l’avantage concurrentiel découlent des ressources de l’entreprise (Grant, 1996), du management des connaissances (Mignon & all, 2012) des capacités dynamiques, appréhendées comme combinaisons de connaissances (Kogut & Zander, 1992). Les objectifs stratégiques de réduction des coûts, des cycles d’exploitation et d’amélioration de la qualité des produits, se rapportent directement à la 2 mobilisation des connaissances dans une organisation et à leur management (Davenport et al., 1996). L’intrapreneur doit se baser sur une compétence et une aptitude relationnelle, outre le fait de savoir développer une vision et d’avoir une capacité d’innovation ; un intrapreneur doit avoir l’aptitude à travailler en équipe, soit à fédérer différentes parties prenantes autour du projet qu’il porte. La capacité à innover (innovativité) ainsi que leurs ressources TIC est un facteur de bénéfices organisationnels, économiques et sociaux (Deltour, Lethiais, 2014). Ainsi, l’intrapreneur doit être perçu comme le cœur de compétences (Prahalad, Hamel, 1995), qui consiste en un domaine d’expertise, une harmonisation de la technologie, une activité professionnelle complexe, un apprentissage collectif. La question de la légitimité est donc également une composante importante. Celle-ci s’acquiert par le relationnel et la capacité à créer un environnement propre à l’innovation en se situant au centre d’un réseau d’interactions (Carland, Carland, 2007 ; Baile, 2012). 1.2. Théorie des ressources et actifs immatériels Tout un courant théorique se structure autour de la notion de ressources. Son objectif est d’une part de définir avec précision la notion de ressource et d’autre part de comprendre le lien entre ressources et avantage concurrentiel qui permet de renforcer les ressources spécifiques et redéfinir de nouveaux modes d’organisation (Bernasconi, 1996). Les ressources gardées par les entreprises ont en conséquence une instabilité imparfaite, maintenant ainsi ces conditions de crise. La mobilité insuffisante est attachée aux particularités de certaines ressources : diversité, complexité, immatérialité qui exprime un niveau peu discernables et peu reproductibles. À l’origine de la théorie des ressources, Penrose (1959) est l’un des premiers à avoir travaillé sur la notion d’actifs immatériels. Ce concept renferme l’information, la connaissance échangée ainsi que la qualité des technologies, la circulation et le partage de l’information. Le courant resource-based (Wernerfelt, 1984) prolongé récemment par celui des dynamic capabilities (Teece et al., 1997 ; Schreyogg & Kliesch-Eberl, 2007) insiste sur l’importance des ressources internes matérielles et surtout immatérielles (parmi lesquelles le knowledge) considérées comme sources d’avantage concurrentiel. Ces ressources concernent le capital social (Coleman, 1988), « la somme des ressources effectives et potentielles intégrées dans, disponibles à travers ou découlant du réseau de relations que possède un individu ou une unité sociale » (Nahapiet et Ghoshal, 1998). Cette théorie a été particulièrement développé dans le domaine du management stratégique (Métais, 2004 ; Foss et Ishikawa, 2007) mais aussi au niveau des systèmes d’information au regard de l’alignement stratégique de Henderson et Vankatraman (1993), mise en place d’un SI stratégique comme avantage concurrentiel (CIGREF, 2008). Barney (1991) complétant certaines études antérieures s’inscrit dans la définition de critères tendant à transformer une ressource interne en source d’avantage concurrentiel. Selon cette approche une entreprise base son développement sur des ressources stratégiques qui sont difficilement imitables, substituables et échangeables (Arregle, 1996). Ces critères sont au nombre de quatre et constituent des indicateurs de l’hétérogénéité et de l’immobilité d’une ressource (modèle VRIO). 3 La ressource doit être créatrice de valeur, elle doit contribuer de manière décisive à l’efficience de la firme en permettant de saisir des opportunités ou de neutraliser des menaces. Elle doit deuxièmement être rare, en elle-même ou dans sa façon d’être bien exploitée. Elle doit être aussi difficilement imitable, ce qui peut provenir de conditions historiques particulières liées à l’organisation. Par cette notion d’inimitabilité, l’entreprise sait qu’il existe un lien entre telle ressource et la performance persistante de l’organisation, mais sans être capables d’expliciter exactement quel est le processus qui conduit de la ressource à la performance ; et c’est cette ambiguïté qui rend difficile l’imitation par un concurrent. Cette ressource doit être utilisée par l’organisation, la politique de l’entreprise doit permettre et favoriser l’exploitation de cette ressource. Barney (2001) estime que la théorie peut éclairer des situations et des stratégies d’entreprise : la notion de ressource peut être un élément central dans les processus de benchmarking ; elle peut permettre d’aider une entreprise à analyser sa situation concurrentielle, à évaluer les décisions qu’elle prend. Aucune ressource ne produit mécaniquement un avantage concurrentiel et il estime que la détermination exacte de ce que sont les ressources d’une entreprise est difficile puisque l’on se heurte à l’ambiguïté causale : il est difficile pour les dirigeants de l’entreprise eux-mêmes de savoir d’où provient l’avantage concurrentiel de la firme en termes de ressources, mais cette situation les protège, car s’ils étaient capables de lever cette ambiguïté, leurs concurrents ne seraient pas loin de pouvoir la lever également. 2. Etude de cas : soutenir l’effort d’innovation de nouveaux services ? Notre positionnement méthodologique s’apparente à de la recherche-action de type « first person action-research » alliant recherche-action participative et observation. Notre positionnement en recherche-action a permis des observations à la fois participantes et non participantes sur une période allant de début 2007 à fin 2009. Notre approche s’inscrit dans le prolongement de la démarche de Schön (1983) notamment dans la phase de distanciation entre l’analyse et le traitement des données et le moment antérieur de la collecte de ces dernières. Le recours à la méthodologie de type recherche-action nous semblait approprié car fournissant un terrain d’observation de longue durée pour lequel les données terrains sont difficilement accessibles et nécessitent une présence de longue durée en entreprise afin d’approfondir les constats réalisés sur ce sujet. Nous avons eu la chance d’intervenir au sein de cette société et nous avons rencontré à plusieurs reprises les personnes que nous avons dénommé « intrapreneur » dans ce papier de recherche. Nous avons eu l’occasion d’échanger sur leurs compétences, leurs expériences passées, mais aussi leurs souhaits présents et d’avenir. Nos échanges se sont fait sur des formes de questions réponses ouvertes et larges. Nous recherchions essentiellement à comprendre nos interlocuteurs, comment faisaient-ils pour agir au sein de l’entreprise. Pendant près de trois années nous avons ainsi échangé à plusieurs reprises sur le « comment » il s’y prenait, l’avancée, les blocages, les difficultés, les compliments, les résultats, tout ce qu’ils pouvaient rencontrer lors de leur projet. Ainsi nous avons recueilli un nombre important de données que nous avons classé selon une catégorisation simplifiée (réussite, échec, délais, compétences, responsabilités, objectifs et résultats). Les missions confiées aux intrapreneurs par l’entreprise dénommée « Alpha », peuvent être considérées comme de la gestion de projet, 4 en cela que leur mission étaient temporaire, un début et une fin. Pour cette raison nous nous sommes aidés d’outils de gestion de projet pour nos classements (PRINCE 2, PMI, PMBOCK). 2.1. Le contexte de l’étude : les spécificités des intrapreneurs. Nous sommes intervenu en 2007 au sein d’une société de services informatiques et Internet de dimension internationale (ESN) comptant plus d’un millier de collaborateurs en France que nous nommerons « Alpha » ; elle est spécialisée dans les systèmes d’information et les services informatiques (délégation de personnels, sous-traitance, intervention de maintenance, projets d’ingénierie, réalisation de schéma directeur, maintenance et support à la clientèle). La société « Alpha » étudiée a souhaité mettre en place un service dédié aux offres innovantes du marché. Verbatim : « Le but de cette cellule est de fédérer et de permettre à toutes personnes ayant une idée de la partager. Nous souhaitons être des catalyseurs, des révélateurs d’idées avec pour but de donner confiance et de créer un effet d’entraînement dans l’entreprise ». Pour cela elle a sélectionné les offres les plus percutantes et les plus innovantes du marché (gestion des services, Cloud, data center, sécurité) et plusieurs personnes ont été recrutées pour mettre ces offres en œuvre. Verbatim : « Dans cette démarche, et afin que cette cellule soit un succès, la pédagogie est alors un élément clé. L’innovation est une démarche pour travailler sur de nouveaux concepts et services, les tester et identifier l’appétence éventuelle des clients et ensuite passer la main sur l’industrialisation si l’expérience est positive. Cette démarche est nouvelle, il faut l’expliquer aux différents acteurs et aux clients. ». Parmi ces trois offres l’un des objectifs était de développer une offre Cloud. Véhiculé par un « buzz » massif, repris sur tous les fronts, le Cloud computing est déjà en pleine mutation. Ce n’est pas une fin en soi, ce qu’il est important de prendre en compte c’est l’application qui en est faite. Au-delà des vocables qui lui sont associés, tout tourne autour de la transformation des systèmes d’information, tant sur les infrastructures que sur les applications. Pour être pertinent et répondre efficacement aux demandes, l’offre doit intégrer non seulement les mécanismes apportés par le Cloud (on-demand, élasticité, paiement à l’usage), mais également l’évolution de l’environnement de travail notamment la mobilité (téléphonie mobile, tablette…) et le collaboratif (réseaux sociaux). Verbatim client « Notre entreprise avec l’apport du Cloud pourra ainsi se développer, se redéployer, préserver ses parts de marché, poursuivre l’innovation et rester incontournables durant cette période de mutations. ». La personne chargée de cette offre disposait de nombreux contacts tant dans l’entreprise qu’à l’extérieur de celle-ci. Son offre a été jugée bien construite et rentable financièrement. Verbatim : « Je suis venu ici pour faire ce que je fais maintenant dans les nouveaux domaines de l’informatique comme les réseaux sociaux, aujourd’hui le Cloud, le big data, ne cherchons pas des réponses dans un monde de questions. C’est trop tôt ». Une seconde offre a été mise en œuvre, elle portait sur la sécurité des systèmes d’information, un véritable succès, à ce jour cette offre est toujours d’actualité. La personne nommée pour réaliser cette offre a su s’entourer des meilleurs collaborateurs, tant en sécurité qu’en gestion des risques et en continuité d’activité, cette équipe travaille sur des sujets extrêmement complexes, tels : l’impact de la virtualisation, l’analyse de code binaire, l’analyse virologique, la cryptographie, conseil et assistance et labellisation. Elle a développé un programme de recherche, elle s’est associée avec les meilleures sociétés de sécurité. Cette offre est performante et rentable. Un service de plus de 100 personnes est en place. Verbatim client : « Pour mener à bien notre projet de refonte de nos systèmes d’information, projet hautement stratégique, nous avons fait confiance à l’entreprise « Alpha » en raison de sa capacité à 5 s’impliquer dans la durée tout au long de cette évaluation. La réactivité, le sérieux dans les échanges et la place privilégiée qu’occupe aujourd’hui « Alpha » au sein de l’écosystème français de la sécurité ont également été déterminants dans notre choix ». La troisième offre concernant notre étude est relative à l’offre gestion des services. Une offre très importante en ce qui concerne la mise en œuvre de la qualité des SI au sein de métiers et de secteurs aussi variés que la banque, le transport, l’audiovisuel, la communication, l’industrie, l’aviation, l’assurance. À son arrivée, la personne dédiée à cette offre a travaillé sur la mise en place du business plan « gestion des services ». Pour l’aider dans la réalisation de son offre, deux spécialistes sont parallèlement intervenus en tant que consultants indépendants. Trois mois après la validation du lancement de cette offre par la direction générale, notre porteur d’offre possédait une liberté d’action et disposait du budget nécessaire pour mener à bien ce projet. Une année a été nécessaire pour mettre en place cette offre. Une grande protection interne et une aide de la direction générale ont permis de mettre en place une offre lucrative qui a su réunir tous les spécialistes en gestion des services et en qualité au sein du même département (30 experts deux ans plus tard). Une offre de formation délivrée à l’ensemble des entreprises a parallèlement été mise en place. Verbatim : « Je pense qu’un porteur d’offre doit prendre des risques, il doit oser et toujours se remettre en question ». Il existe plusieurs raisons expliquant la réussite de ces trois démarches d’intrapreneuriat : les 3 porteurs d'offres avaient sympathisé et s’entraidaient. Les trois offres étaient assez proches, de nombreux liens existaient entre ces offres, le Cloud, la sécurité et la gestion des services. Ces intrapreneurs étaient déjà connus avant de développer ces offres (articles, publications, séminaires, conférences, forum, colloques etc.) et possédaient tous un réseau important. Ils avaient synthétisé leur travail en une somme de connaissances, acquise lors de nombreuses missions, ils étaient capables de répondre à de nombreuses questions et de réagir, de faire face aux difficultés journalières. Ils sont arrivés au bon moment, lorsque ces offres étaient devenues indispensables sur le marché, lorsque de nombreux clients développaient des besoins idoines. Le spécialiste en gestion des services (Expert ITIL, Certifié Cobit, maîtrise de l’eSCM et certifié PRINCE 2) était déjà intervenu à plusieurs reprises pour des projets semblables. Toutefois il n’avait encore jamais mis en place une entité complète au sein d’une SSII. En complément de son offre gestion des services, il a aussi mis en place une offre de conseils en organisation des systèmes d’information. En outre il a mis en place un institut de formations avec une possibilité de passer les certifications sur les référentiels (ouvrant la voie à une double rentabilité pour l'entreprise). Ces personnes que nous qualifions d’intrapreneurs ont rapidement su être reconnus au sein de la direction générale de l’entreprise en vue d’avoir son appui lors de leurs démarches (validation d’étapes clé, légitimité et crédibilité, octroi rapide des budgets etc.). Ces trois intrapreneurs étaient enfin des innovateurs et possédaient une grande intuition et une réelle culture de gestion du risque. La réussite de ces offres a été l’occasion de développer de nombreux projets sous-jacents. Offre gestion des services : la SSII étudiée a été la première société française à obtenir l'accréditation en France pour délivrer les formations en gestion des services, en français, avec passage de la certification. Une offre d’analyse de maturité des processus en gestion des services a été mise en place de manière complémentaire. Offre sécurité : complémentaire aux offres de conseils, une offre d’audit de formation sécurité a été proposée ainsi qu’une offre d’analyse de maturité, une offre gestion et analyse 6 des risques et une offre gestion de la continuité d’activité. Ces nombreuses offres témoignent d’un dynamisme et d’un caractère innovant ainsi que d’une aptitude à l’anticipation des besoins des clients de la SSII. Offre Cloud : des alliances fortes ont été mise en place avec les principales sociétés de services et de conseils du marché. Pour les 3 offres, la création de journaux, de périodiques, de lettre mensuelle a encore accompagné la démarche commerciale, à l’initiative des intrapreneurs. Une lettre mensuelle pour l’offre gestion des services. L’embauche du rédacteur en chef d’une revue réputée pour l’offre sécurité. Un partenariat avec le ministère de la Défense pour la rédaction d’articles. 3. Discussion : des caractéristiques de l’intrapreneur La création d’un avantage compétitif est la résultante d’un ensemble de caractéristiques propres aux intrapreneurs. Le modèle de Barney (VRIO) correspond aux principaux éléments qui composent un intrapreneur. Par leur savoir, la connaissance qu’ils possèdent, la circulation de l’information, leurs capacités à échanger, à créer, à être innovants, ces acteurs se situent au niveau des ressources immatérielles. Le modèle proposé par Bounfour (2003) inspire ce flux de relations, de compétences par le questionnement sur l’immatériel dans les entreprises, la modélisation pour comprendre et construire ensemble, la mesure pour expliciter des visions collectives et le management transversal. Des growth leaders : Selon, Liedtka (2009), des managers contribuent de façon hors norme à la croissance de leur entreprise, ils sont des catalyseurs, ils possèdent le talent de lever les barrières qui isolent les différents composants du processus de création. L’allocation de ressource tournée vers le projet d’entreprise en tant qu’acteur de son changement stratégique est l’un des objectifs de l’intrapreneuriat (Dunkelberg et al, 2013). Certaines recherches récentes montrent clairement que les pratiques d’entreprise quotidienne tout comme des démarches ponctuelles liées à la stratégie peuvent permettre de favoriser le développement d’un esprit d’intrapreneuriat dans l’organisation (Bouchard, Fayolle, 2011 ; Carrier, Gélinas, 2011). Des leaders technologiques : Guillemette et Paré (2005) propose une typologie des profils idéaux de la DSI, selon ces auteurs le leader technologique, (proche de notre intrapreneur) a pour mission de trouver les opportunités TI capables de transformer l’entreprise. Selon ces auteurs « Une mauvaise performance de la DSI ou de l’organisation, un environnement technologique en mouvance, et l’arrivée d’un ou plusieurs acteurs clés au sein de l’organisation, constituent des éléments qui favorisent l’amorce d’une transformation du profil idéal de la DSI au sein d’une organisation » (Guillemette, Paré, 2011, p. 43). Des champions : une des caractéristiques de l'intrapreneur semble résider dans le fait qu'il se perçoit d'abord comme « quelqu'un qui sert un client et non comme un rouage de l’organisation ». Ces intrapreneurs, au capital social et intellectuel spécifique difficilement substituable, peuvent être perçus comme ce que Barney qualifie de ressource rare. La notion de prise de risque est centrale dans la définition de l’intrapreneurship (Hill, 1987). Les intrapreneurs apparaissent comme des collaborateurs possédant les aptitudes à donner et créer le changement dans une organisation. 7 Des innovateurs sûrs d’eux aux grandes intuitions : Prasad (1993) rappelle que l’intrapreneur engage continuellement des luttes au sein de l’organisation pour l’autonomie, la sécurité et le prestige. Leur grande expérience a permis de saisir rapidement les situations. Leurs actions étaient rapides, ils connaissaient ce qui était nécessaire pour le succès de leur offre. Verbatim « J’aime toujours innover, chaque mois je dois trouver de nouvelles idées pour mon offre, c’est plus fort que moi ». L'étude des intrapreneurs nous a permis de voir que l'une des caractéristiques clé est le développement de fils conducteurs, de visions de ce que l'on souhaite réaliser. À la différence de nombre de leurs collègues, ces trois personnes fonctionnaient selon leurs intuitions. Verbatim « Je n’agis que par intuition, mon grand avantage, par rapport à mes collègues, est que je n’ai pas de patron. Je suis libre d’agir en toute conscience, on me fait confiance, seul le résultat final sera jugé ». Des acteurs réseaux : un intrapreneur a besoin pour s'exercer et se maintenir de créer une culture de visionnaire. Une des conditions pour cela réside dans la mise en place d'un système de relations (Filion, 1989, p.19). Les trois intrapreneurs se sont associés et ont travaillé à une plus grande extension de leur offre. Verbatim « Heureusement je suis bien entouré, j’ai de nombreux contacts extérieurs, c’est une vrai boussole pour agir, je fais comme du benchmark, grâce à mes appuis je sais parfaitement où je vais et ce qui réussira ». 3.1. Apports managériaux, les outils des intrapreneurs : intérêts et limites Après 5 années, la SSII étudiée a compris qu'il fallait évoluer dans le sens de la création d’offres et a ouvert un service spécial (conseil en stratégie) où de tels profils se retrouvent, permettre à des ressources internes d’évoluer en intrapreneur. En outre, les membres de la direction, lorsqu’ils identifient une rentabilité, se préoccupent directement d’aller chercher les intrapreneurs via leurs propres réseaux. L’entreprise doit préparer l’organisation à recevoir les intrapreneur, ces ressources rares et inimitables qui mettront à profits leur valeur. Notre étude nous amène également à considérer la pertinence des outils à la disposition des intrapreneurs les aidant à mener à bien leurs projets. Les études relatives aux dispositifs KM sont nombreuses. Davenport et al. (1998) Espaces de travail collectif Bases de données Groupware Réseaux lotus note Intranets Chief Knowledge Officer (CKO) Facilitateurs KM Earl & Scott (1999) Education et développement Processus de management et de protection des connaissances Espaces de rencontre et de réunions Événements Communautés Répertoires et outils Groupware Knowledge based-systems Vidéo-conférence Intranets Maier (2007) Moteur de recherche Agents intelligents Outils de mapping et de modélisation des processus Bases de cas de raisonnement Data et text mining Outils de taxonomie Groupware Reporting et outils de mesure du capital individuel E-learning Ruggles (1998) Intranet Datawarehouse Répertoires de connaissances Outils d’aide à la décision Groupware Réseau de Knowledge Workers Mapping des connaissances Nouveaux rôles KM Favoriser des nouveaux produits et service basés sur la connaissance Un premier outil consiste en la mise en place de clubs d’entrepreneurs (Filion, 1989). Les trois intrapreneurs faisaient partie de plusieurs clubs ayant trait à leur spécialité. Ces clubs ont pu être un soutien dans les trois offres développées, notamment dans les phases de construction et de valorisation des dites offres. Par l’entremise des intrapreneurs l’entreprise 8 est devenue sponsor de plusieurs associations professionnelles ainsi que d’écoles de commerce. D’autres « outils » existent tels que des conférences mensuelles où divers types d’intervenants (des professeurs d’université, consultants, entrepreneurs, intrapreneurs) viennent présenter leurs réflexions et travaux sur diverses dimensions et pratiques entrepreneuriales. Les trois intrapreneurs ont organisé des rencontres concernant la sécurité, le Cloud, le data intelligence, la gestion des services, ils ont mis en place une conférence par mois, rédigé un ou plusieurs articles. Ces conférences étaient l’occasion de faire vivre et de développer des réseaux déjà existants afin de faire connaître l’offre avant même son lancement. Selon plusieurs auteurs (Blanchot-Courtois, Ferrary, 2009, Poulingue, Germain, 2011) la création d’une communauté de pratique d’intrapreneurs est importante pour deux raisons. En premier lieu, les relations qui se créeront entre les acteurs de cette communauté aideront à faire émerger les caractéristiques de l’intrapreneuriat. En second lieu, l’intrapreneur a besoin d’être maintenu dans une logique rationnelle, il peut rapidement partir à la dérive et la communauté sera là pour l’aider à évoluer dans la bonne direction. En 2010, les trois intrapreneurs s’organisèrent dans le but de mettre en place une « académie du conseil », laquelle prendrait en compte leurs projets respectifs mais aussi toute nouvelle proposition. De même, une base de données en accès libre a été créée afin que l’ensemble des collaborateurs aient accès aux informations et aux activités concernant les nouveaux projets. Vers la E-réputation Le domaine de la E-réputation dont les premières recherches ont été entreprises par Hall (1993) cite le rôle d’une ressource intangible particulière, ce qu’il nomme la réputation. Cette ressource à la E-réputation est une caractéristique d’avantages concurrentiels et de performance (Boyd, Bergh, Kitchen, 2010 ; De Vaujany, 2011), quelques auteurs ont proposés de mesurer cette réputation (MacMillan et al., 2005 ; Ponzi et al., 2011). Notre intrapreneur possède cette caractéristique intrinsèque de la réputation. Un prolongement dans le champ de la E-réputation au croisement des caractéristiques de l’intrapreneur serait un complément à notre recherche. Nous avons constaté la valeur ajoutée qu’offre les intrapreneurs à l’entreprise, tant en termes de performances, de qualité que de réputation organisationnelle. Quelques limites Notre échantillon est assez faible, une étude plus importante sur un plus grand nombre d’intrapreneur apporterait des éléments nouveaux et confirmerait certains des apports concernant cette recherche. Une étude concernant des sociétés de services de tailles différentes serait nous pensons forte intéressante. De même, le rôle des intrapreneurs est-il le même dans une société de services informatique et dans une société dont le métier n’est pas le service informatique. Devons-nous nous orienter sur un élargissement de la théorie des ressources et nous intéresser aux autres formes de ressources (matérielles et immatérielles, tangibles et intangibles), s’ouvrir à la sélection et à l’exploitation comme ouverture à la théorie des capacités et à la performance des activités, prolongement aux travaux de Barney (Ray, Barney, Muhanna, 2004). Dès lors un avantage concurrentiel est édifié autour de ressources stratégiques intangibles et créatrices de valeur, selon le cadre d’un mouvement dynamique. 9 Conclusion Ces nouvelles offres avaient la particularité d’être innovantes, de créer du lien entre l’entreprise « Alpha » et ses clients, d’ouvrir les services à la rationalisation des systèmes d’information, d’être une entreprise gouvernante. L’intrapreneur passe par la valorisation d’un réseau de savoirs, de connaissances, de compétences. L’intrapreneur est un Growth leader, un champion, un acteur-réseau, à la E-réputation, il possède des aptitudes à gérer le risque, l’innovation, l’intuition, ces éléments sont des atouts pour la création d’un avantage compétitif pour l’entreprise. En revanche si une entreprise n’est pas prête à l’intrapreneuriat, alors les personnes nommées pour cela échoueront. De même que l’intrapreneur (par la connaissance et la compétence qu’il draine) en tant que ressource rare et immatérielle est un bienfait pour l’entreprise, l’entreprise disposant d’une organisation ad hoc sera un bienfait pour l’émergence d’intrapreneurs. Bibliographie Argyres, N. and Zenger, T. (2007). Are Capabilities-based Theories of Firm Boundaries Really Distinct from Transaction Cost Theory? Best Papers Proceedings, Academy of Management. Arrègle, J.L. (1996). “Analyse Resource-Based et identification des actifs stratégiques”. Revue française de gestion, n° 128, p. 25-36. Baile, S. (2012). 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