Acte III : Thésée revenu, aveux fallacieux ou avortés qui l’accueillent, aveu de son fils
= un subterfuge pour lui ; Phèdre va essayer d’avouer mais la jalousie l’empêche de
parler
Enfin, c’est l’aveu ultime clôt l’action.
Derrière ce parallèle, on a une dissemblance : même lorsqu’il parle, Hippolyte ne dit rien. Il
fuit, il s’en va constamment. « un tel excès d’horreur …m’étouffe la voix » : il dit qu’il n’a rien
à dire car aveu qui ne sera pas cru. Hippolyte ne réussit jamais à construire et à élaborer sa
douleur en souffrance contrairement à Phèdre. Conscience de la douleur fait qu’elle expulse
sa douleur, elle se soulage dans la parole, elle explique et assume tout car elle parle.
Hippolyte ne parvient pas à excéder l’état de fuite, de stupeur, d’horreur et de mutisme.
Phèdre met en scène sa douleur mais on peut dire aussi qu’elle ne dit rien ; par ses paroles,
elle crée l’action tandis qu’Hippolyte est clôturé dans son silence, il est dans une position
dans la structure dramatique où il ne peut rien dire. Chez Phèdre, le langage est performatif
comme au théâtre. Phèdre est au centre tandis qu’Hippolyte est en réaction, il perd la voix
car il est devant de l’ineffable. Situation historique qui s’exprime ici : Hippolyte est dans un
moment de l’existence, il est enfant car tenu en lisière, sujétion terrifiante, il souhaite
compenser la faute de son père volage et il a une mère sauvage + une marâtre : il est jeune,
son entourage est vieux. Soumis à un précepteur. Exprime le drame de l’adolescence, il a des
images à fournir mais il ne parvient pas à les incarner, il ne donne plus dans la sauvagerie, il
trahit, mot de Théramène « avouez le tout change… » : il n’accepte pas ce changement
tellurique, un homme nait en lui, et ce changement est étouffé par la passion de Phèdre.
Inaction, absence de maitrise du langage qui peut être interprété comme le prix payé par la
vertu. Il ne trahit pas Phèdre par sa parole. C’est Oenone qui agit, c’est à cause de son
mensonge que Thésée commettra une erreur. C’est la faute de son ascendance et de vénus.
2 regards sur la tragédie : psychologie : ce qu’on veut nous faire croire/ analyste : comment
c’est construit. C’est construit de telle manière que le personnage de Phèdre est accablé par
l’inceste. Racine a ajouté quelques touches d’ombre pour que la laideur de la couleur dont il
a peint Phèdre soit atténuée, d’où le rôle d’Oenone. Même s’il y a eu le quiproquo, la faute
ontologique, essentielle est en Phèdre car elle est tout amour. Elle a cette attitude vis-à-vis
du désir qui fait qu’elle l’extériorise, c’est « vénus tout à sa proie attachée ». Elle est devant
cet embarras qui est que désirante, elle pense que ce n’est pas elle qui agit. Elle ne fait pas
l’aveu à Hippolyte, le désir parle en elle, l’aveu s’est fait en elle. En réalité, ce qui se passe en
Phèdre, c’est le problème d’une culpabilité non responsable.
Deuxième aveu de Phèdre avec l’image du labyrinthe. On peut faire une lecture
psychanalytique. Emblème d’une réversibilité totale entre l’image et ce qu’elle figure.
Adéquation totale de la forme et du propos, opérateur d’agilité entre le fantasme d’une
transcendance du destin et la réalité qui sont l’inclusion de la destinée au cœur de l’intime.
Labyrinthe : destin collectif des personnages engagés dans la crise mais aussi les méandres
de l’esprit égaré d’où éclot cette parole. Dans ce moment, le temps est presque suspendu et
se love au creux d’une image. Phèdre se perd dans le labyrinthe verbal qu’elle croit muer
mais qu’elle s’y trouve en même temps. Situation qui n’est possible que parce que c’est du
théâtre. L’aveu ne serait pas sorti si il n’y avait pas cette présence du corps ; le fantasme est
possible que parce qu’il y a incarnation de l’image d’Hippolyte. Moment où le théâtre dans
une acmé de la signification rejoint son essence c’est-à-dire l’incarnation qui permet à la
parole de se faire chair. Piège de cette métaphore qu’elle croit opaque ne peut fonctionner