1er trimestre 2017 Le Saint-Esprit leçon 2 : Le Saint-Esprit travaille dans l'ombre F.P.
2. Le Saint-Esprit travaille dans l'ombre
Le texte qui est proposé à notre réflexion cette semaine se trouve au 3ème chapitre de l'évangile de
Jean. Il s'agit de la rencontre de Jésus avec Nicodème.
1. Contexte
Le nom Nicodème signifie en hébreu vainqueur
du peuple. Nicodème était pharisien, mais également
chef des Juifs et membre du Sanhédrin (la plus
haute instance politique et judiciaire en Israël) donc
un homme très important. Il était apparemment
riche, puisqu’il apportera au moment de l’ensevelis-
sement de Jésus un mélange de myrrhe et d’aloès
d’environ 100 livres. (Jean 19 : 39).
Nicodème est probablement un homme d’âge mûr
et pourtant encore en quête d'autre chose. C'est
un homme qui a entendu parler de sus et qui se
pose des questions à son sujet; il est donc ouvert,
curieux, en recherche malgré sa position bien
établie et les certitudes liées à son statut de pharisien.
Nous lisons à la fin du ch. 2 : « Comme il était à Jérusalem durant la fête de la Pâque, beaucoup
crurent en son nom à la vue des signes qu’il faisait. Mais Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les
connaissait tous, et qu’il n’avait pas besoin d’un témoignage sur l’homme : car lui-même connaissait
ce qu’il y avait dans l’homme. » (Jn 2, 23-25)
Vient ensuite le récit de la rencontre avec Nicodème qui est un de ces nombreux témoins, qui ont vu
les signes accomplis par Jésus, qui ont cru en son nom, mais de cette foi imparfaite, à laquelle Jésus
ne se fiait pas. Pourtant Jésus aura à cœur de poursuivre le dialogue afin d'amener son interlocuteur
à une foi authentique et vivante.
Parlons-en
1. Ai-je cette ouverture d'esprit de Nicodème, suis-je perpétuellement en recherche, prêt à reconsidérer mes
certitudes, à laisser de côté mes connaissances théologiques ... ou suis-je tellement certain d'être du bon
côté, dans la bonne église, avec les bonnes croyances que je suis imperméable à toute remise en
question?
2. "Il y a un pharisien qui sommeille en chacun d'entre nous". Suis-je conscient que cette tentation "de
compter sur ses propres forces pour être vertueux" nous guette nous aussi ?
2. Dialogue avec Jésus
Dans l’Évangile de Jean, il y a les disciples, ceux qui accueillent Jésus, et qui sont du côté de la
lumière et il y a ceux qui refusent de croire, qui sont du côté des ténèbres. Nicodème est comme à
mi-chemin entre les deux; il vient trouver Jésus « de nuit » : On peut donner plusieurs significations à
ce détail :
- Nicodème ne voulait pas donner de publicité à sa rencontre : on le comprend; lui, un maître
en Israël, venir trouver l’humble charpentier de Nazareth, que les notables juifs ne regardent pas
spécialement d’un bon œil, ne serait pas une démarche très bien vue !
- Mais la nuit est aussi un temps de rencontre privilégiée avec Dieu : « Un des commandements
de la tradition juive indique que la Torah doit être lue de nuit. » (cfr. Ps 1 :2)
- Rappelons aussi que pour Jean, Nicodème est associé à la nuit : on le retrouvera en Jn 19, 39,
lors de l’ensevelissement de Jésus, le soir.
- Et enfin on peut remarquer que l’entretien avec Nicodème commence sur cette mention de la
nuit, et finit sur la lumière : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière. » (Jn 3, 21)
Nicodème est un peu le parallèle du jeune homme riche dans les synoptiques. La question centrale
était pour le jeune homme riche : Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? Et pour Nicodème :
Comment faire pour voir le Royaume de Dieu ? Pour réponse, Jésus va amener Nicodème de
connaître à rentre.
Pharisien : Membre d'un groupe juif, se
conformant à une observance rigoureuse de la
Loi de Moïse et développant le plus possible la
tradition orale. Les Pharisiens étaient des gens
qui comptaient sur leur propre force pour être
vertueux.
Leur fidélité à la Thora, leur discipline de vie,
la largeur de leur credo et aussi le zèle pieux
qu'ils déployaient dans les synagogues pour
l'édification et l'instruction de leurs frères, leur
gagnaient la considération du peuple et leur
assuraient une influence considérable sur lui.
1er trimestre 2017 Le Saint-Esprit leçon 2 : Le Saint-Esprit travaille dans l'ombre F.P.
3. De connaître à renaître
Nicodème commence l’entretien par nous le savons. Et il se réfère aux signes accomplis par le
Jésus pour en conclure que Dieu est avec lui.
Beaucoup de Juifs désiraient voir advenir le Royaume de Dieu. Mais Jésus dit que sans naître de
nouveau, ils ne pourront le voir. Il montre que l’idée juive du Royaume est erronée : cette pensée
courante concevait le Royaume comme une réalité terrestre, politique : un royaume à taille
humaine en quelque sorte. Or, Jésus dit à Nicodème que son Royaume est spirituel, et qu'on n’y
accède seulement par une naissance spirituelle. Nous avons tous tendance à réduire le Royaume
de Dieu à nos vues humaines. Et tout le travail de Dieu, de son Esprit, est de nous faire passer de
notre royaume au Royaume de Dieu.
« Nicodème se situait sur le plan du savoir (de maître à maître) ; Jésus lui propose une nouvelle
naissance : "tu voulais connaître, je te propose de renaître" » (A. Marchadour, Les Évangiles)
On comprend que Nicodème soit très désorienté. Il a consacré sa vie au service de Dieu et à l’étude
des Écritures. Et il lui faut s’entendre dire que tout son savoir et son expérience, sont choses vaines
pour le Royaume de Dieu, s’il n’accepte de naître.
Oui, arrivé à un certain âge de la vie, on a acquis un savoir, de l’expérience, de la maturité, même
spirituelle. On pense être bien avancé dans la connaissance du Royaume. Et Jésus vient dire qu’à
moins de renaître, tout cela ne sert à rien; il ne s'agit d'ailleurs pas de connaître, mais de voir.
« Nul ne peut voir le Royaume de Dieu » Le verbe voir en Jean a un sens très fort, celui de avoir
l’expérience de, participer à, goûter, posséder, entrer dans (v. 5)
Parlons-en
3. On a l'habitude de dire que la nouvelle naissance se produit au moment du baptême. Crois-tu que dans
cette conversation avec Nicodème Jésus fait allusion au rite du baptême ?
4. Suffit-il d'être baptisé pour participer au Royaume, l'expérimenter, en avoir la mentalité ?
5. Même si nous sommes baptisés, n'avons-nous plus besoin de "renaître" ? A quoi ? Comment ?
4. Naître d'eau et d'esprit
"En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau d'eau et d'esprit, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu" Jn 3 : 5
Le mot grec pour désigner l’acte de naître est le verbe gennaô. (De lui vient nos termes français
géniteur, engendrer, gendre.) La racine du mot est de la même famille que genesis, la genèse, le
commencement
Naître d’en haut, naître à nouveau. L’adverbe grec anôthen signifie à la fois d’en haut et de
nouveau. Et l’ambivalence est probablement voulue par Jean. L’Évangéliste Jean utilise souvent des
termes qui ont une double signification, à la fois naturelle et symbolique ou spirituelle (par exemple
dans notre texte nuit et souffle).
Jean précise plus loin quelle est cette nouvelle naissance ou naissance d’en haut : une naissance
de l’eau et de l’esprit. Naître d’eau et de l’esprit renvoie au texte de la création dans la Genèse ; On
y trouve les deux éléments : les eaux et le souffle de Dieu. : « Au commencement (en grec genesis),
Dieu créa le ciel et la terre. Or, la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme, un
rouah, souffle(l'esprit) de Dieu tournoyait sur les eaux. » (Gn 1, 1-2). On retrouve cette notion à
plusieurs reprises dans l'AT.
Naître d'eau et d'esprit s'apparente donc à une re-création, à un retour au Tov de la création.
Déjà dans l’AT, Dieu formulait la promesse de donner à l’homme un cœur nouveau, de mettre en lui
un esprit nouveau (Ez 36, 26-27 ; Jr 31, 31). Même si l’AT ne parlait pas de nouvelle naissance, le texte
le plus proche est le passage d’Ez 36, 26-27 : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en
vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et vous donnerai un cœur de chair.
Je mettrai en vous mon esprit et je ferai que vous marchiez selon mes lois. »
Parlons-en
6. Le royaume de Dieu que Jésus vient inaugurer et dans lequel chacun est invité à entrer suppose un
changement radical, une re-création. Comment comprends-tu cela ?
7. Est-ce par décision personnelle et au prix d'efforts méritoires que l'on y parvient ? Quelle est la place de
"l'esprit" dans cette démarche ?
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5. Image du vent.
L’Esprit : rouah, pneuma : en grec, comme en hébreu, comme en latin, le mot signifie à la fois vent,
souffle, mais aussi "Esprit". » Ce mot (pneuma) est utilisé 4 fois dans les versets 5-8. « Le vent (pneuma)
souffle il veut »
"Naître d'eau et d'esprit" trouve son équivalent dans l'évangile de Matthieu "repentez-vous car le
Royaume de Dieu est proche". Il faut changer radicalement de mentalité pour approcher la
dynamique du Royaume, il faut naître d'eau et d'esprit pour entrer dans ce Royaume.
Dans un cas comme dans l'autre, c'est un cheminement au quotidien et un travail de toute une vie.
L'entrée dans le royaume ne se fait pas seulement à la fin des temps, c'est une façon de vivre
absolument nouvelle ici et maintenant.
L'apôtre Paul l'a parfaitement résumé : "ce n'est plus moi qui vit, c'est Christ qui vit en moi" Gal 2 : 20
Pour nous faire comprendre que cette "nouvelle naissance" est progressive et subtile, Jésus utilise
l'image du vent d'abord parce que le vent et l’esprit sont le même mot aussi bien enbreu qu’en
grec : rouah, pneuma mais aussi, parce que la naissance par l’Esprit est invisible, insaisissable et
mystérieuse et qu'on n'en discerne la réalité qu'à travers ses effets dans l’homme.
Le vent souffle il veut ... on ne sait ni d'où il vient, ni il va ... C’est aussi une caractéristique de
l’homme de l’Esprit. Ainsi, celui qui est de l’Esprit vit de la liberté des enfants de Dieu. Il ne se
laisse pas manipuler selon les normes, les conventions et les attentes sociales. Il ne se laisse pas
conduire par le qu’en dira-t-on, par le regard ou le jugement des autres, son comportement n’est
pas stéréotypé, il vit dans la lumière, le reflet de la liber de Dieu, qui comporte une part d’impvisibilité.
8. Comment pourrait-on définir "la mentalité du Royaume" dans laquelle Jésus nous invite à entrer ?
9. Que se passe-t-il concrètement dans nos vies quand c'est "Christ qui vit en nous" ? L'as-tu déjà expérimenté
10. En quoi cette façon de vivre nous rend-elle libre ? Donne des exemples concrets.
L’homme existe depuis son entrée en ce monde, mais il doit ensuite naître à lui-même, naître à ce
qu’il est appelé à devenir, naître à la vie éternelle, et cela peut être un accouchement de toute une
vie. Jésus est en chacun l’accoucheur de notre vraie humanité. Il nous fait naître d’en haut, naître à
la vie éternelle, la vie d’enfant de Dieu, ou la vie selon l’Esprit. Mais cette naissance à notre vraie
identité, à la vie éternelle, se fait à travers un chemin qui peut être douloureux : il n’y a pas
d’accouchement, pas d’enfantement sans douleurs. Cette naissance est rendue publique lors de
notre baptême, mais elle continue durant toute la vie.
"Naître à nouveau, ou entrer dans la vie éternelle, c'est devenir vivants dès ici-bas. Il ne s'agit pas
d'attendre la vie éternelle, mais d'y entrer dès maintenant : «Il est donc bien clair que la vraie
question, c’est d’être un vivant avant la mort; on n'entre pas dans le ciel comme s’il s’agissait d’aller
quelque part. Il faut devenir le ciel… Il faut devenir la vie éternelle, il faut la devenir dans tout son
être ». ( M. DONZE, Témoin d’une présence )
Renaître d'eau et d'Esprit, c'est passer du subi au choisi, du subi au don : « Ma vie, nul ne la prend,
mais c’est moi qui la donne. » (Jn 10, 18) et cela n'est possible que si on laisse l'esprit de Dieu travailler
en nous, changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair.
"Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la
douceur, la tempérance" Galates 5 : 22 et 23
Parlons-en
11. Est-ce important de savoir exactement ce qu'est "l'esprit" ou "le Saint Esprit" ? N'est-il pas préférable de
chercher dans nos vies les fruits qu'il apporte plutôt que d'essayer de comprendre l'insaisissable
12. Comment comprends-tu cette idée "la vraie question c'est d'être vivant ... de devenir ciel ... devenir la vie
éternelle" ? Qu'est-ce que cela implique concrètement dans ta vie quotidienne ?
13. « On pourrait dire que chaque être humain naît d’eau (quand les eaux de la maman se rompent). Mais
cela ne suffit pas pour être un ‘enfant du Royaume’. Il faut aussi, par un choix conscient, ouvrir son cœur, son
esprit, sa vie au souffle (dynamique, enthousiasme, âme, élan…) de Dieu. » Partagez vos réactions à cette
déclaration.
14. Que retiens-tu de cette rencontre de Jésus avec Nicodème ?
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