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2. La femme arabo-musulmane et l’imaginaire
Si la relation entre la modernité de la femme et le développement économique et social est
déterminée à la fois par des concepts scientifiques (indicateurs de développement) et
mythologiques (indicateurs moraux et métaphysiques), cette relation prend des dimensions
complexes à partir du moment où l’on pénètre la culture des pays arabo-musulmans. A cet
effet, les idées, les croyances et les coutumes apparaissent en large mesure déterminées le sort
des femmes arabes.
-Le port du voile : à l’instar de beaucoup de pays musulmans, le port du voile par les femmes
était toujours pour les occidentaux signe de naïveté, d’exotisme, du sous-développement et de
l’oppression religieuse. Pourtant la religion seule ne paraît pas l’élément qui explique
amplement le caractère socio-culturel de l’habit dans n’importe quelle société arabe. Le
comportement vestimentaire peut exprimer une attitude culturelle, un caractère économique,
une situation sociale ou une dimension relationnelle. Il peut varier en forme et en contenu
selon les pays et les périodes historiques. Le tchador Iranien, le hijab islamique et le foulard
Maghrébin n’ont pas la même connotation dans la culture arabo-islamique quoique les
occidentaux classent tous sous la même étiquette. Bien avant l’Islam tout comme après, les
femmes musulmanes du Proche-Orient et chrétiennes se sont toujours couverts le visage d’un
voile noir qui semble être hérité de Byzance. Au fil des années, le port des voiles est devenu
un mécanisme pour isoler la femme arabo-musulmane.
-Exotisme : sexualité et tabous dans la société arabo-musulmane : dans le monde arabo-
musulman, le rapport entre la femme et la sexualité reflète d’une relation conflictuelle entre la
tradition et la religion d’une part qui définit le statut de la sexualité dans un cadre astreint du
mariage légal et la modernité d’autre part où la liberté sexuelle de la femme est synonyme de
son émancipation. La sexualité est donc comme le port du voile, un phénomène sociologique
qui caractérise la crise dans les sociétésarabo-musulmanes en transition. L’irruption de la
femme dans le tissu social et économique met en danger tout un système de valeurs, toute une
religion qui dans ce cadre reconnait implicitement la suprématie de l’homme et l’autorisation
de la polygamie et l’interdiction de la polyandrie. Le mythe sexuel chez la femme arabe se
traduit par un ensemble de tabous créés soit par la tradition soit par la religion mais que la
société arabo-musulmane contemporaine continue à considérer comme les valeurs sacrées