1 Inserm U 1127, CNRS UMR 7225, Sorbonne Universités

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COMMUNICATIONS ORALES
L’anosognosie dans le Trouble Cognitif Léger : Le manque de conscience des difficultés
mnésiques caractérise la maladie d’Alzheimer prodromale
Christine Bastin & Eric Salmon
GIGA-CRC in vivo Imaging, Université de Liège, Belgique
Introduction : Alors que l’anosognosie est souvent présente dans la maladie d’Alzheimer, le degré de
conscience des difficultés cognitives aux stades plus précoces, comme le Trouble Cognitif Léger (TLC), est
moins clair. En effet, les études utilisant des questionnaires d’auto- et hétéro-évaluation du fonctionnement
cognitif montrent des résultats divergents chez les patients TLC (anosognosie, surestimation des difficultés ou
bonne appréciation de leur fonctionnement). La variabilité des résultats pourrait être liée à l’hétérogénéité du
TCL où seule une partie des patients vont évoluer vers une maladie d’Alzheimer. En utilisant un questionnaire
et une tâche de Feeling-of-Knowing, rarement utilisée dans le TLC, le but de cette étude est de tester
l’hypothèse que l’anosognosie serait présente spécifiquement chez les patients qui vont progresser vers une
maladie d’Alzheimer.
Méthode : Un groupe de 44 patients avec un TCL de type amnésique et un groupe de 29 participants âgés
sains ont réalisé deux tâches de Feeling-of-Knowing (FOK épisodique et sémantique (Souchay et al. , 2007))
et ont répondu à l’échelle fonctionnelle de mémoire (MARS), également complétée par un de leurs proches.
Les participants ont été suivis cliniquement pendant 4 ans. Au terme du suivi, 23 patients avec TCL ont
développé une maladie d’Alzheimer, suggérant qu’ils étaient au stade prodromal de la maladie lors de leur
inclusion (MA). Vingt-un patients présentaient toujours des symptômes de TCL, sans évolution (TLC stables).
Tous les participants âgés sont restés sains (TEM), sauf un qui a manifesté un déclin cognitif et a été exclu des
analyses.
Résultats : Les analyses ont porté sur les données de l’inclusion en fonction du statut clinique 4 ans plus tard
(MA, TLC stables, TEM). A la tâche de FOK épisodique, seuls les patients MA surestimaient leur capacité à
reconnaître ultérieurement des mots non rappelés et montraient une précision des prédictions au niveau du
hasard (corrélation Hamann). Aucune difficulté n’était observée chez les patients à la tâche de FOK
sémantique. A la MARS, les patients MA avaient un score d’anosognosie plus élevé que les patients TLC
stables et les TEM, qui ne différaient pas entre eux.
Conclusion : Seuls les patients avec Trouble Cognitif Léger qui développent ultérieurement une maladie
d’Alzheimer montrent une difficulté de monitoring de leur performance limitée au domaine de la mémoire
épisodique et un manque de conscience de leurs difficultés mnésiques dans la vie quotidienne. Dans le Trouble
Cognitif Léger, l’anosognosie pourrait représenter un signe précoce de détérioration neurocognitive.
Souchay C, Moulin CJA, Clarys D, Taconnat L, Isingrini M. Diminished episodic memory awareness in older
adults: Evidence from feeling-of-knowing and recollection. Conscious Cogn. 2007; 16: 769-84.
1
Modifications de la conscience de soi et actualisation des représentations de soi chez les patients
présentant un syndrome amnésique
Céline BECQUET, Aurelija JUSKENAITE, Béatrice DESGRANGES, Francis EUSTACHE, Peggy
QUINETTE
U1077, INSERM – EPHE – UNICAEN, Caen, France
Introduction : La mémoire autobiographique (MA) assure la continuité des souvenirs et l’actualisation des
représentations de soi, formant la conscience de soi (CS) narrative. Son fonctionnement, et particulièrement sa
composante épisodique implique la CS minimale [1], se traduisant par la sensation d’avoir personnellement
vécu les événements passés et de les revivre au moment présent. L’objectif de cette étude est d’explorer les
potentielles altérations de la CS (ou « dissociation ») chez des patients présentant un syndrome amnésique.
Méthodologie : Neuf patients présentant un syndrome amnésique et 17 sujets contrôles (SC) ont rempli la
Dissociative Experiences Scale (DES) mesurant la fréquence des expériences dissociatives quotidiennes sur
trois dimensions (dépersonnalisation-déréalisation, absorption dans l’imaginaire, amnésie dissociative ; un
score élevé indique une fréquence élevée d’expériences dissociatives) et un questionnaire orignal mesurant la
MA (souvenirs épisodiques et informations sémantiques personnelles). Des analyses de corrélation (ρ de
Spearman) ont été réalisées entre les différents scores obtenus par les participants à ces questionnaires.
Résultats : Les performances des patients en mémoire épisodique autobiographique sont inversement
corrélées à la fréquence d’expériences dissociatives rapportées (ρ=-0.79 ; p=.01). Nous avons distingué deux
groupes de patients d’après leurs scores totaux à la DES (U de Mann-Whitney) : le groupe D+ (N=5)
présentant les scores les plus élevés et le groupe D-(N=4), ayant les scores les plus faibles. Le groupe D+ a
obtenu un score d’« amnésie dissociative » supérieur aux SC (U=15 ; p<.05), alors que le groupe D- a obtenu
des scores inférieurs aux SC aux facteurs « absorption dans l’imaginaire » (U=2 ; p<.01) et « amnésie
dissociative » (U=4,5 ; p=.01). Les trois groupes ont obtenu des scores équivalents en « dépersonnalisationdéréalisation ». Les D+ présentent une amnésie plus ancienne que les D- (U=1,5; p<.05).
Discussion : Nous montrons que seule la composante épisodique de la MA est reliée aux modifications de la
CS. Les profils à la DES suggèrent des processus distincts entre « dépersonnalisation-déréalisation » et
« amnésie dissociative » qui pourraient être reliés respectivement l’un à une atteinte de la CS minimale, et
l’autre de la CS narrative [2]. Deux profils de patients se distinguent selon l’ancienneté du trouble : ceux qui
intègrent (D+) et ceux qui n’intègrent pas (D-) l’existence de l’amnésie pour répondre aux questionnaires.
Nous suggérons que l’actualisation des représentations de soi s’effectuerait progressivement chez les patients
amnésiques malgré le dysfonctionnement de la mémoire épisodique et la rupture de la CS narrative.
[1] Ghallager, S. (2000). Philosophical conceptions of the self: implications for cognitive science. TRENDS in
Cognitive Sciences, 4(1), 14–21.
[2] Holmes, E. A., Brown, R. J., Mansell, W., Fearon, R. P., Hunter, E. C., Frasquilho, F., & Oakley, D. A.
(2005). Are there two qualitatively distinct forms of dissociation? A review and some clinical implications.
Clinical psychology review, 25(1), 1-23.
2
Anosognosie et monitoring des souvenirs associés au « soi » dans la Maladie d’Alzheimer
Sarah GENONa,d, Marlène MELONb, Fabienne COLLETTEa,e & Eric SALMONa,c
a
GIGA-CRC in vivo imaging, University of Liège, Belgium
Psychological Sciences Research Institute, Catholic University of Louvain, Belgium
c
Memory Centre, Service of Neurology, CHU Liège, Belgium
d
Institute of Neuroscience and Medicine (INM-1), Jülich Research Centre, Germany
e
Psychology and Cognitive Neuroscience research unit, University of Liège, Belgium
b
Chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer (MA), on observe dès les stades débutants d’une part un
phénomène d’anosognosie, qui peut être considéré comme une altération de la conscience de soi, et d’autre
part un dysfonctionnement des processus de monitoring mnésique [1]. En outre, l’interaction entre le soi et la
mémoire (conférant un bénéfice mnésique pour les informations associées à soi), apparaît significativement
altérée dans la MA. Dans la présente étude, nous avons examiné les relations entre l’anosognosie et le
monitoring lors de la récupération en mémoire d’informations expérimentalement associées à soi.
Nous avons évalué les processus de monitoring lors de la récupération en mémoire à l’aide d’une tâche
expérimentale de 32 paires visage-prénom, ainsi que l’anosognosie à l’aide du questionnaire d’anosognosie
dans la démence (AQD, [2]) chez 20 patients MA et 20 personnes âgées contrôles (AC). Durant la phase
d’encodage, les paires visage-prénom ont été présentées aux participants soit comme des personnes faisant
partie de leur famille (soi) soit comme des personnes faisant partie de la famille de l’expérimentateur (autrui).
Ensuite, nous avons évalué les jugements de « sentiment de savoir » (FOK), les performances de rappel et de
reconnaissance, ainsi que les jugements de confiance (JOC) des participants pour le nom de chaque personne
lorsque son visage était présenté.
Nos résultats ont confirmé l’altération de la conscience de soi (c’est-à-dire l’anosognosie mesurée par l’AQD),
l’altération du bénéfice mnésique pour les informations associées à soi, ainsi que l’altération des processus de
monitoring lors de la récupération en mémoire (FOK et JOC) chez les patients MA. Néanmoins, une
modification de l’interaction entre le soi et les processus de monitoring chez ces patients a été observée
uniquement au niveau des sentiments de confiance pour des souvenirs erronés. Nous avons également observé
que l’anosognosie des troubles comportementaux était significativement corrélée à la proportion de sentiments
de confiance pour des reconnaissances erronées sur les items associés à soi.
En conclusion, notre étude suggère que l’altération de la conscience des troubles comportementaux chez les
patients MA pourrait être liée à un déficit de monitoring des souvenirs liés à soi. C’est-à-dire que la conscience
altérée du dysfonctionnement au quotidien pourrait s’appuyer sur des souvenirs personnels déformés.
1. Souchay, C. (2007) Metamemory in Alzheimer's disease. Crtex 43 (7), 987-1003.
2. Migliorelli, R. et al. (1995) Anosognosia in Alzheimer's disease: A study of associated factors. The Journal
of Neuropsychiatry and Clinical Neurosciences; The Journal of Neuropsychiatry and Clinical Neurosciences.
3
Cortex cingulaire et anosognosie dans la Maladie d’Alzheimer :
étude en imagerie multimodale
Laura Guerrier, MSc,1,2 Johanne Le Men, MSc,3 Anaïs Gane, MSc,1 Mélanie Planton, PhD,1,2,3 Anne-Sophie
Salabert, PhD,1,5 Pierre Payoux, MD, PhD,1,2,5 Hervé Dumas, MD4 Fabrice Bonneville, MD, PhD,1,2,4 Patrice
Péran, PhD,1,2 Jérémie Pariente, MD, PhD1,2,3
1 Toulouse NeuroImaging Center, ToNIC, University of Toulouse, Inserm, UPS, France
2 Toulouse University Hospital, Imagerie cérébrale et handicaps neurologiques, Toulouse, France
3 Department of Neurology, University Hospital of Toulouse, Toulouse, France
4 Department of Neuroradiology, University Hospital of Toulouse, Toulouse, France
5 Department of Nuclear Medicine, University Hospital of Toulouse, Toulouse, France
JUSTIFICATION DE L’ETUDE : L’absence de conscience de ses propres difficultés, i.e. l’anosognosie, est
un symptôme fréquemment retrouvé chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer1. Cependant, les
études menées sur ce domaine restent encore très controversées laissant l’origine de ce phénomène encore
débattue2. L’objectif de cette étude est d’explorer les mécanismes neuronaux de l’anosognosie en combinant
des analyses de neuro-imagerie et de neuropsychologie.
METHODOLOGIE : Pour cette étude, 30 individus atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade débutant
(MCI-AD) ainsi que 35 volontaires appariés en âge et niveau socio culturel ont été inclus. Une IRM, un FDGTEP et une évaluation neuropsychologique ont été réalisés chez ces participants. A l’aide de l’Echelle de
Difficulté Cognitive3, un score d’anosognosie a été calculé. Des corrélations entre ce score d’anosognosie, la
densité de substance grise et le métabolisme glucidique ont été réalisés au sein du groupe MCI-AD. Une
corrélation entre ce même score d’anosognosie et les données neuropsychologiques a également été effectuée.
RÉSULTATS : Chez les patients MCI-AD, une corrélation est retrouvée entre le score d’anosognosie et la
densité de substance grise (i.e. plus le score est élevé, plus la densité de substance grise est diminuée) dans le
cortex cingulaire dorsal antérieur (dACC). Dans cette même région, une seconde corrélation est retrouvée
entre le score d’anosognosie et le métabolisme glucidique (i.e. plus le score est élevé plus le métabolisme
glucidique est diminué). Un lien entre la densité de substance grise et l’anosognosie est également retrouvé au
sein du vermis du cervelet, du gyrus postcentral et du gyrus fusiforme. Aucune corrélation n’a été trouvée
entre le score d’anosognosie et les différentes performances neuropsychologiques.
DISCUSSION : Dans cette étude nous montrons que la densité de substance grise ainsi que le métabolisme
glucidique au niveau du dACC sont liés au score d’anosognosie. Une altération structurelle et fonctionnelle de
ce dACC impliqué dans les fonctions de sélection d’information et de la détection d’erreur pourrait ainsi
expliquer l’anosognosie chez ces patients MCI-AD.
1.
2.
Antoine, C., Antoine, P., Guermonprez, P. & Frigard, B. Conscience des déficits et anosognosie dans la
maladie d’Alzheimer. Encephale. 30, 570–577 (2004).
Starkstein, S. E. ScienceDirect Special issue : Review Anosognosia in Alzheimer's disease : Diagnosis ,
4
frequency , mechanism and clinical correlates.
CORTEX 61, 64–73 (2014).
Effets de la préférence et de la modalité sensorielle d’une stimulation sur la réactivité
comportementale des patients avec un désordre de la conscience
L. Heine1, B. Tillmann1, J. Plailly2, S. Laureys3, M. Kandel4, J. Luauté5, F Perrin1
1. Auditory Cognition and Psychoacoustics Team – Lyon Neuroscience Research Center (University Lyon 1,
CNRS UMR5292, InsermU1028), Lyon, France 2. Coding and Olfactory Memory Team – Lyon Neuroscience
Research Center (University Lyon 1, CNRS UMR5292, InsermU1028), Lyon, France
3. Coma Science Group, GIGA, Neurology Department, University and University Hospital of Liège, Belgium
4. Centre Germaine Revel, Saint-Maurice-sur-Dargoire, France
5. Hospices Civils de Lyon – Service de Rééducation Neurologique, Mouvement et Handicap, Lyon,
University Hospital, University Lyon 1, France. & Integrative Multisensory Perception Action and Cognition
Team – Lyon Neuroscience Research Center (University Lyon 1, Inserm U1028), Lyon, France
Introduction : Evaluer efficacement les capacités cérébrales résiduelles des patients avec un désordre de la
conscience est un défi clinique majeur. Il a été suggéré qu’une évaluation plus fiable de ces patients pouvait se
faire si on leur faisait écouter préalablement leur musique préférée, c’est-à-dire si on les plaçait dans un
contexte autobiographique. Néanmoins, nous ne savons pas si les effets observés sont le reflet d’un effet de la
musique (son rythme, sa mélodie, etc.) et/ou celui de la préférence. L’objectif de cette étude était d’évaluer les
effets de la préférence d’un stimulus (par rapport à un stimulus neutre) et ceux de la modalité sensorielle
(auditive par rapport à olfactive) sur la réactivité comportementale de patients en post-coma.
Méthodes : Quatre types de stimuli ont été présentés selon un plan factoriel 2x2 chez 13 patients (7 en état de
conscience minimale, 6 en état végétatif) : deux niveaux de modalité sensorielle (stimulations auditives ou
olfactives) et deux niveaux de préférence (stimulations préférées ou neutres). Les stimulations préférées ont
été sélectionnées sur la base d’un questionnaire rempli par les proches des patients. Les odeurs neutres étaient
artificielles et non identifiées comme réelles, les sons neutres étaient des bruits complexes de compositions
spectrales proches des musiques préférées mais sans timbre ni rythme. Chaque stimulation était suivie par un
de 4 items de la Coma Recovery Scale – Revised (CRS-R) : poursuite visuelle, localisation d’un son, deux
mouvements sur commande. Chacune des 16 combinaisons possibles stimulation-item était évaluée au cours
de 4 semaines. Deux mesures ont été réalisées en aveugle de la nature de la stimulation : la performance à
l’item et les signes comportementaux spontanés (apparaissant durant la stimulation et durant l’item).
Résultats : Les stimulations auditives (préférées et neutres) entrainaient des scores aux items de la CRS-R plus
forts que les stimulations olfactives. De plus, les stimulations préférées (auditives et olfactives) étaient
associées à des signes comportementaux spontanés plus forts que les stimulations neutres. Enfin, les musiques
préférées étaient liées à des signes comportementaux spontanés plus forts que les 3 autres stimulations.
Discussion : Ces résultats confirment qu’un contexte autobiographique augmente l’expression des fonctions
cérébrales résiduelles des patients avec un désordre de la conscience, donc la sensibilité du diagnostic. Ils
suggèrent aussi un effet cumulatif de la musique et de la préférence.
5
Influence du contenu sémantique et émotionnel dans la catégorisation de scènes visuelles
complexes présentées rapidement
Anais Leroy*, Sylvane Faure* & Sara Spotorno §
* Laboratoire d’Anthropologie et de Psychologie Cliniques, Cognitives et Sociales, Université Côte
d’Azur, France.
§ Institut de Neuroscience et Psychologie, Université de Glasgow, Ecosse, Royaume-Uni.
Introduction : L’être humain a une remarquable capacité à catégoriser une scène visuelle présentée même très
brièvement. Cette capacité, nécessaire à notre adaptation, est notamment permise par le traitement en parallèle
des niveaux global (contexte) et local (objets) au sein d’une scène. La cohérence sémantique entre contexte et
objets permet d’activer les connaissances sur la scène stockées en mémoire à long terme et facilite ainsi sa
catégorisation. Quelques études ont suggéré que la cohérence émotionnelle entre contexte et objets facilite la
reconnaissance des émotions. Le traitement des niveaux global et local au sein d’une scène semble donc mené
sur ces deux plans, sémantique et émotionnel. Cependant, la question d’une possible interaction entre les
facteurs émotionnels et sémantiques, notamment en fonction de leur niveau de présentation, demeure peu
étudiée et controversée 1.
Méthodologie : Soixante-quatre participants (36 femmes ; âge : M=24,98 ; SD=6,5), droitiers (Quotient de
Latéralité d’Edinburgh : M= 0,92 ; SD =0,09).
Nous avons élaboré une tâche en champ visuel divisé de catégorisation sémantique ou émotionnelle d’une
image au sein d’une paire : à chaque essai, deux images neutres ou émotionnelles (un contexte et un objet)
étaient présentées en situation de cohérence ou d’incohérence sémantique et émotionnelle : e.g., un faon
(vivant ou mort) présenté avec une forêt (ensoleillée ou en feu) ou avec une plage (paradisiaque ou polluée).
Résultats et discussion : L’analyse des données (exactitude et temps de réponse) a été réalisée par des
modèles mixtes linéaires généralisés (GLMM). Les performances de catégorisation sémantique sont
supérieures à celles de catégorisation émotionnelle, bien que diminuées pour les images émotionnelles
(principalement pour les images négatives) par comparaison aux images neutres. La catégorisation
émotionnelle des images positives donne lieu à de meilleures performances que celle des images neutres et
négatives, et est de plus facilitée par la cohérence émotionnelle et par la cohérence sémantique pour les
contextes négatifs. Nos résultats sont en faveur d’une catégorisation sémantique facilitée en comparaison de la
catégorisation émotionnelle. Ils suggèrent également que les traitements sémantiques et émotionnels sont
interdépendants, bien que l’influence des émotions (surtout négatives) sur le traitement sémantique soit plus
forte que l’inverse. Au contraire, l’évaluation du contenu émotionnel est facilitée par les images positives.
1 Storbeck, J., Robinson, M. D., & McCourt, M. E. (2006). Semantic processing precedes affect retrieval:
The neurological case for cognitive primacy in visual processing. Review of General Psychology, 10, 41–55.
6
Frogs Legs versus Roast Beef: How Culture can Impact our Mind-Wandering Experiences.
Léa M. MARTINON 1, Jonathan SMALLWOOD 2, Colin HAMILTON 1, Leigh M. RIBY 1
1
Psychology department, Northumbria University, Newcastle-upon-Tyne, UK
2
Psychology department, University of York, York, UK
Mind-wandering is defined as a state where our attention is directed toward internal thoughts and feelings,
instead of processing the external environment. This phenomenon takes up anywhere from a third to half of
our mental life (Kane et al., 2007), and has been investigated in various countries and cultures. However, no
study thus far has investigated potential cross-cultural differences. Mind-wandering is known to be subject to
individual differences. For example, its occurrence decreases with age, and increases in some disorder (e.g.
Depression). A possibility is that one’s socio-cultural context is also influencing mind-wandering experience.
The purpose of this study was to identify the impact of culture on mind-wandering frequency and content
between French and English native speakers. Secondly, the study aimed to identify which individual
differences explains best the mind-wandering frequency variation for both cultures. Consequently, this project
comprised a large scale online questionnaire-based study, which was advertised in both French and English
and to all age groups. Measures of mind-wandering frequency, mindfulness, mood, self attentiveness, future
thinking, depressive symptoms and cognitive failures were taken. A series of one ways ANOVAs were
conducted on each dependant variables with Age groups (18-35, 36-54, 55+) and Language (English, French)
as between-subject factors. In order to evidence which factors contributed to mind-wandering variance,
stepwise multiple regressions were conducted for both populations independently. Results indicated that mindwandering decreases with age, but the decrease occurred earlier in French native speaker. Notably, culture had
an impact on rumination and reflection rates and on emotional expressiveness. Mind-wandering frequency in
the British culture was explained by ruminations, mindfulness, future-self thoughts frequency, reflection and
cognitive failures, whereas in the French culture it was, cognitive failures, age, reflection and depressive
symptoms. In both populations, positive and negative affects did not affect mind-wandering frequency.
Finally, French native speakers exerted more reflection than rumination, and the opposite finding was
evidenced in the English native speaker group. This suggests that every culture may not be equal when it
comes to self-generated thoughts during mind-wandering, and stresses the importance of participants’ cultural
affiliation. This study is the first to investigate cultural discrepancies in mind-wandering and associated
features.
Kane, M. J., Brown, L. H., McVay, J. C., Silvia, P. J., Myin-Germeys, I., & Kwapil, T. R. (2007). For Whom
the Mind Wanders, and When An Experience-Sampling Study of Working Memory and Executive Control in
Daily Life. Psychological Science, 18(7), 614–621. https://doi.org/10.1111/j.1467-9280.2007.01948.x
7
Etude en VLSM de la théorie de l’esprit dans les suites d’un infarctus cérébral sylvien
Gülden ÖZEL1, Sandrine BIOUX1, Dorothée POULIQUEN1, Yohann CRUYPENINCK2, Emmanuel
GERARDIN2, Olivier MARTINAUD1
Neurologie, Hôpital Universitaire de Rouen, 1 rue de germont, 76031 Rouen
2
Radiologie, Hôpital Universitaire de Rouen, 1 rue de germont, 76031 Rouen
Introduction : La théorie de l’esprit (TdE) désigne la capacité à attribuer des états mentaux, affectifs ou
cognitifs, à soi-même et à autrui. Elle constitue un aspect central de la cognition sociale. Elle impliquerait un
réseau fonctionnel cérébral étendu incluant le cortex préfrontal, la jonction temporo-pariétale et le précuneus.
Objectif : Il était de corréler les régions cérébrales responsables d'un déficit en TdE, à moins d’un mois et à
plus de trois mois d'un infarctus sylvien, via la méthode « Voxel-based Lesion Symptom Mapping » (VLSM).
Méthodes : Les patients présentant un infarctus sylvien superficiel ou complet étaient évalués à moins d’un
mois par la tâche des faux pas, explorant les composantes affective et cognitive de la TdE. A plus de trois
mois, ils effectuaient ce même test et celui des fausses croyances, explorant la TdE cognitive de 1er et 2ème
ordre. Une batterie de tests neuropsychologiques standards était également réalisée. L'IRM cérébrale dans la
semaine suivant l'infarctus permettait une étude de corrélation anatomo-clinique par VLSM sur la séquence 3D
FLAIR. La latéralisation hémisphérique des lésions n’était pas été prise en compte dans cette analyse.
Résultats : Vingt-deux patients âgés de 54 ± 15 ans ont été inclus. A 7 ± 4 jours, des lésions au sein du lobule
pariétal inférieur, la substance blanche frontale et l’insula étaient corrélées à des performances moins bonnes
en TdE cognitive. Il n’existait pas de corrélation en TdE affective. A 4,7 ± 0,7 mois, une lésion de l’insula était
corrélée à de moins bonne performance tant en TdE cognitive. Outre l’insula, le claustrum était corrélé à de
moins bonne performance en TdE affective. A la tâche des fausses croyances, 18 % de notre population étaient
déficitaires. La région la plus significativement corrélée à un déficit en TdE de 2ème ordre était le putamen.
Discussion : Le rôle du lobule pariétal inférieur, déjà rapporté en VLSM pour une autre tâche de TdE
cognitive, est confirmé par notre étude. L'implication du putamen, mais également de la substance blanche
frontale, soulève la possibilité d’une déconnexion des faisceaux de substance blanche. Enfin, l’insula,
habituellement engagée dans les processus de reconnaissance émotionnelle et empathie, pourrait aussi jouer un
rôle en TdE.
Conclusion : La recherche d’un déficit en TdE après infarctus sylvien pourrait s’avérer utile. L’étude des
connexions des faisceaux de substance blanche est actuellement en cours dans notre population.
8
Existe-t-il un trouble de l’attention sélective dans le champ ‘sain’ des patients avec négligence
spatiale unilatérale gauche ou hémianopsie latérale homonyme gauche ?
Céline Perez1, Carole Peyrin2,3, and Sylvie Chokron1,4
1
Unité Vision et Cognition, Fondation Ophtalmologique A. de Rothschild; 25 rue Manin; 75019 Paris; France.
2
CNRS, LPNC, F-38040 Grenoble, France.
3
Univ. Grenoble Alpes, LPNC, F-38040 Grenoble, France
4 Laboratoire de Psychologie de la Perception; UMR 8242 CNRS-Université Paris-Descartes, Paris, France
Introduction Les patients hémianopsiques présentent un déficit subtil au sein du champ visuel ipsilésionnel
(CVI) appelé ‘sightblindness’ en plus de l’amputation du champ visuel contralésionnel. Ce déficit subtil mais
significatif dans le CVI semble dépendre de la nature de la tâche, de la nature du stimulus et de la latéralisation
de la lésion. Parallèlement, un déficit attentionnel dans l’hémiespace ipsilésionnel a également été rapporté
chez des patients souffrant d’une négligence spatiale unilatérale gauche.
La présente étude vise à comparer l’ampleur de ce déficit chez des patients hémianopsiques gauche vs
négligents gauche au cours d’une tâche d’attention sélective visuelle.
Méthodologie 10 patients cérébrolésés droit négligents gauche (NSU G), 8 patients cérébrolésés droit avec
hémianopsie Latérale Homonyme gauche (HLH G), 8 patients cérébrolésés droit sans négligence ni
hémianopsie, et 18 participants contrôles sains ont réalisé une tâche d’attention sélective impliquant la
détection de lettres dans le champ visuel droit a été proposée. La tâche consistait à détecter la lettre « O » soit
présentée seule (globale) soit entourée d’autres lettres (local).
Résultats et Discussion Les temps de réponse obtenus mettent en évidence que seuls les participants contrôles
sont plus rapides pour traiter la lettre « o » présentée seule (globale) que lorsqu’elle est entourée d’autres
lettres (local). Contrairement aux sujets contrôles, les patients cérébrolésés droit sans hémianopsie ni
négligence, ne présentent pas d’avantage pour le traitement global de la lettre « o » présentée seule
contrairement aux sujets contrôles. Les résultats révèlent un déficit attentionnel subtil au sein du champ
ipsilésionnel des patients avec HLH G ou NSU G pourtant considéré comme intègre. De plus, les patients
négligents et les patients hémianopsiques présentent des performances moins précises dans leur champ
ipsilésionnel que les participants contrôles, quelle que soit la nature du stimulus à traiter.
Pour conclure, ces résultats mettent en évidence un déficit attentionnel chez les patients hémianopsiques et
négligents dans leur champ visuel (ipsilésionnel) considéré comme « intact ». De plus, ces résultats soulignent
le rôle du cortex visuel primaire dans l’orientation de l’attention sélective dans le champ visuel ipsilatéral. Ces
résultats ont des implications théoriques mais également cliniques en ce qui concerne la prise en charge des
patients négligents et hémianopsiques.
9
Apprentissage procédural en modalité musicale et bénéfices secondaires sur la conscience et
l’estime de soi chez deux patients présentant des troubles neurocognitifs sévères: deux études
de cas réalisées en long séjour Alzheimer
Laura Siccardi, Isabelle Mouradian, Christiane Claudel, Laure Santori, Sandrine Louchart de la Chapelle,
Alain Pesce.
Unité Denis Ravera, centre de gérontologie clinique Rainier III, Centre Hospitalier Princesse Grace, Monaco.
La mobilisation cognitive proposée à des patients institutionnalisés atteints de troubles neurocognitifs à des
stades sévères est rapidement assez limitée compte tenu de l’atteinte fréquente et importante du langage
associée. La littérature relate l’importance des régions cérébrales sollicitées lors de l’apprentissage musical. Il
a en effet été objectivé dans le cadre de l’acquisition de compétences musicales des modifications anatomiques
et fonctionnelles et leurs effets sur la cognition et les processus sensori-moteurs au moyen de techniques
d’imagerie. Ces données font donc de la musique une modalité de travail très intéressante pour une approche
neuropsychologique avec des personnes ayant développé préalablement des compétences dans ce domaine. Il a
de plus été décrit au travers de cas cliniques des apprentissages de nouveaux morceaux chez d’anciens
musiciens atteints de la maladie d’Alzheimer. A la lumière de ces données, des séances ont été proposées à
deux patients anciens pianistes résidant dans l’unité de long séjour Alzheimer avec pour hypothèse
thérapeutique la réalisation d’apprentissages procéduraux qui ont pu être objectivés par une échelle
d’évaluation du jeu en 5 items. L’observation de bénéfices secondaires tels qu’un effet sur la conscience de ses
capacités préservées ainsi que sur l’estime de soi ont également été attendus. Le premier patient, présentant
une démence de type Alzheimer avec un MMSE à 6/30 a pu en effet depuis deux ans à la fois réapprendre et
apprendre. Anosognosique et amnésique, les effets psychologiques sont limités ; en revanche, une certaine
satisfaction est éprouvée tant que l’émotion liée à la séance persiste. La seconde patiente, hospitalisée suite à
un accident vasculaire cérébral ischémique ayant entrainé entre autre une aphasie sévère (MMSE à 11/30) a
également réalisé en 5 mois des apprentissages significatifs. Cette expérience peu verbale contribue à la prise
de conscience de ses possibilités et complète efficacement l’ensemble du travail pluridisciplinaire réalisé dans
le service. La pratique musicale semble donc offrir des possibilités d’expression personnelle au travers d’une
activité de « haut niveau » qui est utilisable longtemps au cours de l’évolution d’une maladie dégénérative et
d’atteintes vasculaires graves.
Références bibliographiques :
FAUVEL B, GROUSSARD M, DESGRANGES B et PLATEL H. Pratique musicale et plasticité cérébrale :
l’expertise musicale permet-elle de se préserver du vieillissement neurocognitif ? Revue de Neuropsychologie
2012 ; 4(2) :131-7.
COWLES A, BEATTY WW, NIXON SJ, LUTZ LJ, PAULK J, PAULK K et ROSS ED. Musical skill in
dementia : a violonist presumed to have Alzheimer’s disease learns to play a new song. Neurocase : the neural
basis of cognition 2003 ; 9 :6 : 493-503.
10
Exploration des processus de recollection et de familiarité chez des patients présentant une
plainte mnésique : Une étude longitudinale
Jessica SIMON1,2, Fabienne COLLETTE1, Eric SALMON1,3 & Christine BASTIN1
1
GIGA-CRC In vivo Imaging, Université de Liège, Belgique
2
Département de Psychologie et de Neuroscience Cognitives, Université de Liège, Belgique
3
Clinique de la mémoire, CHU Liège, Belgium
Les données actuelles suggèrent une altération précoce de la recollection dans les premiers stades de la
maladie d’Alzheimer. Par contre, aucun consensus n’a pu être dégagé concernant l’intégrité de la familiarité.
En effet, certaines études suggèrent une altération précoce de ce processus, alors que d’autres montrent une
préservation de celle-ci. Dans ce cadre, nous avons exploré l'impact du type de format de reconnaissance et du
matériel sur la recollection et la familiarité chez des patients qui se plaignent de leur mémoire. Nous avons
recruté 23 participants âgés contrôles, 9 patients présentant un trouble subjectif de la mémoire (SCI) et 23
patients présentant un trouble cognitif léger (TCL). Les participants ont réalisé une tâche de reconnaissance à
choix forcé à deux alternatives et une tâche de reconnaissance Oui-Non incluant des images et des mots. Ces
tâches étaient suivies d’une courte évaluation neuropsychologique. Quinze participants âgés contrôles et
23patients ont participé au suivi, incluant une évaluation neuropsychologique, dans un délai moyen de 21
mois. Nos résultats montrent qu’à l’inclusion, les patients avec TCL avaient des performances moindres en
reconnaissance que les deux autres groupes, qui ne différaient pas. De même, ces patients utilisaient moins
efficacement la recollection et la familiarité par rapport aux contrôles et aux SCI, qui présentaient des
performances similaires. Il n’y avait aucune interaction entre le groupe et le type de format ou le matériel. Lors
du suivi, cinq patients avec TCL ont retrouvé un niveau d’efficience cognitive dans la norme et ont été
considérés comme des SCI car les plaintes mnésiques étaient toujours présentes. Sur la base de l'adaptation
française du test de rappel libre et indicé (RLRI-16), nous avons calculé une pente de déclin mnésique pour
chacun de nos patients. Nous avons observé que les indices de recollection et de familiarité étaient expliqués
par les pentes de déclin calculées sur le nombre total d’items rappelés librement. Ainsi, nous avons observé un
déclin de la recollection et la familiarité dans le groupe de TCL mais pas dans celui des SCI, bien que les deux
groupes se plaignent de leur mémoire. En outre, l'efficacité de la familiarité pourrait prédire un déclin cognitif
futur.
11
Composantes du syndrome de négligence spatiale unilatérale : l’attraction magnétique de
l’attention et le déficit de mémoire de travail spatiale
Monica N. TOBA1,2, Marco RABUFFETTI3, Christophe DURET4, Pascale PRADAT-DIEHL5,6, Guido
GAINOTTI7,8, Paolo BARTOLOMEO1
1
Inserm U 1127, CNRS UMR 7225, Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06 UMR S 1127, Institut du Cerveau et de la
Moelle épinière, ICM, F-75013, Paris, France
2 Laboratoire de Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies (EA 4559), Université de Picardie Jules Verne, Amiens, France
3 Department of Biomedical Technology, IRCCS Don Carlo Gnocchi Foundation Milan, Italy. 4 Service de
Neurorééducation, Clinique Les Trois Soleils, Boissise le Roi, France. 5 AP-HP, HxU Pitié-Salpêtrière-Charles-Foix, Service
de Médecine Physique et de Réadaptation, Paris, France.6 GRC-UPMC n° 18- Handicap cognitif et réadaptation. 7 Center for
Neuropsychological Research and Department of Neurosciences of the Università Cattolica of Rome, Italy.8 IRCCS
Fondazione Santa Lucia, Department of Clinical and Behavioral Neurology, Rome, Italy.
La négligence spatiale unilatérale (NSU) représente un trouble neurologique fréquemment observé après une
atteinte de l’hémisphère droit. Ce trouble désigne l’incapacité à répondre et à s’orienter vers des stimuli
présents de côté opposé à la lésion cérébrale, qui ne peut s’expliquer par des déficits sensoriels ou moteurs. La
NSU implique l’existence d’un déficit de l’attention visuospatiale. Plus récemment, il a été montré que la NSU
implique également un trouble spécifique de la mémoire de travail spatiale qui interagirait avec les troubles
attentionnels. Dans ce travail, nous avons exploré les deux composantes de la NSU, l’attraction magnétique de
l’attention et le déficit de mémoire de travail spatiale, dans une expérience impliquant l’utilisation d’un écran
tactile. Nous avons testé 47 patients cérébrolésés droits, dont 33 présentaient des signes de NSU aux tests
papiers crayon de la Batterie d’Evaluation de la Négligence. Les patients devaient effectuer une tâche de
pointage de cibles visuelles présentées à l’écran. Le pointage des cibles pouvait générer : (1) un changement
de couleur de la cible touchée, (2) la disparition de la cible touchée ou (3) pas de changement. La présence
d’une attraction magnétique de l’attention a été associée à un nombre plus important d’omissions à gauche
dans la condition ‘changement de couleur’ par rapport à la condition ‘disparition’ (les cibles qui disparaissent
à droite de l’écran ne peuvent plus provoquer de capture attentionnelle). La présence d’un déficit de mémoire
de travail spatiale a été associée à des signes plus importants de NSU dans la condition ‘pas de changement’ (il
n’y a pas d’indice externe pour indiquer les pointages déjà effectués, par conséquent la charge dans la
mémoire de travail spatiale est importante) par rapport à la condition ‘changement de couleur’.
Nos résultats suggèrent la présence des deux déficits dans la plupart des patients inclus dans l’étude. Certains
patients présentent néanmoins des patterns dissociés de performance. L’analyse anatomique de la substance
grise et de la substance blanche a montré des patterns lésionnels typiques de disconnexions fronto-pariétale et
occipito-frontale, suggérant un rôle important de ces réseaux cérébraux à la fois pour les processus d’attention
visuospatiale et de mémoire de travail spatiale.
Les résultats obtenus confirment l’hypothèse de co-occurrence de déficits cognitifs distincts d’attention
visuospatiale et de mémoire de travail spatiale dans la NSU et montrent la nécessité de proposer des modèles
multi-composantes afin d’expliquer ce trouble neurologique.
12
Amnésie autobiographique isolée et conscience
Eve Tramoni1,2,3 et Mathieu Ceccaldi1,2,3
La mémoire autobiographique (MAut) est la composante mnésique qui permet la remémoration des souvenirs
associés aux évènements personnellement vécus et pouvant être référés à leur contexte spatio-temporel
d’acquisition. Ce système neurocognitif unique offre aux individus la possibilité de revivre mentalement
l’expérience subjective telle qu’initialement vécue. La remémoration des souvenirs autobiographiques est
possible grâce à l’expression d’un état de conscience particulier, la conscience autonoétique (Tulving, 1985).
Cet état de conscience est indispensable à la possibilité que nous avons de voyager mentalement à travers le
temps subjectif. Certains patients présentent des troubles isolés de la MAut et donc de ce niveau de
conscience. Nous rapportons l’étude de 2 patients atteints d’une amnésie autobiographique isolée.
PP, 34 ans (Tramoni et al., 2009) et CP, 32 ans (Tramoni et al., 2011a) consultaient pour des oublis sélectifs
d’épisodes de vie survenus de façon sévère et brutale pour PP et dans un contexte d’épilepsie temporale pour
CP. Leur IRM et leur bilan neuropsychologique standard étaient normaux. Une évaluation plus approfondie de
leur MAut mit en évidence un épuisement permanent d’une partie (CP) ou de la totalité (PP) du stock des
souvenirs autobiographiques associé à une atteinte de leur conscience autonoétique. Les patients pouvaient
acquérir de nouvelles informations et les rappeler à 1 semaine. Par contre 6 semaines après, alors que PP les
restituait dans le détail, CP présentait des difficultés. L’évaluation de leur mémoire implicite par des
enregistrements neurovégétatifs mit en évidence chez PP une réponse électrodermale significative pour les
souvenirs non récupérés de façon consciente mais l’absence de réponse significative chez CP témoignant de la
possibilité d’un blocage de l’accès explicite à la conscience des souvenirs dans le premier cas et d’un
effacement des traces de l’épisode chez CP.
Enfin, l’étude en imagerie métabolique montra un dysfonctionnement des régions fronto-temporales droites
chez PP, régions impliquées dans les processus de récupération et un dysfonctionnement hippocampique,
plutôt en faveur d’un déficit de la consolidation, chez CP.
L’évaluation par différentes approches de deux cas d’amnésie autobiographique d’origine épileptique et
fonctionnelle montre qu’un déficit de MAut peut être sous tendu par une atteinte différentielle des processus
mnésiques et des niveaux de conscience associés contribuant ainsi à mieux appréhender les liens entre
mémoire, self et conscience.
E. Tramoni, O. Felician, EJ. Barbeau, E. Guedj, M. Guye, F. Bartolomei, M. Ceccaldi. Long-term
consolidation of declarative memory: insight from temporal lobe epilepsy. Brain ; 134 : 816-31 (2011)
E. Tramoni, S. Khalfa, M. Guye M., JP. Ranjeva, O. Felician, M. Ceccaldi. Hypo-retrieval and hypersuppression in functional amnesia. Neuropsychologia ; 47(3) : 611-24 (2009).
Tulving, E. Episodic memory: From mind to brain. Annual Review of Psychology, 53, 1–25 (2002)
13
COMMUNICATION AFFICHÉES
Métamémoire et conscience de soi dans la maladie d’Alzheimer : présentation de deux études
de cas
Laurie AMALRIC, CRP-CPO EA7273, Université de Picardie Jules Verne, Chemin du Thil, 80000
Amiens ; Mathieu HAINSELIN, CRP-CPO EA7273, Université de Picardie Jules Verne, Bureau E317,
Chemin du Thil, 80000 Amiens ; Véronique QUAGLINO, CRP-CPO EA7273, Université de Picardie
Jules Verne, Bureau E313, Chemin du Thil, 80000 Amiens
L’altération de la conscience de soi est fréquemment rencontrée dans la MA. Ses conséquences et
comportements consécutifs peuvent compliquer la prise en charge proposée en institution (Derouesné, 2009).
Population et Matériel : Mme H. et Mme D., respectivement âgées de 80 et 87 ans, et institutionnalisées dans
un E.H.P.A.D., sont atteintes de la maladie d’Alzheimer probable (McKhann et al., 2011). Un groupe contrôle
(n = 12) d’âge moyen de 78.5 ans a également participé à cette étude. L’évaluation de la métamémoire a été
réalisée à l’aide du Metamemory in Adulthood et d’une procédure de judgement of learning (JOL) basée sur
une tâche de mémoire avec items auto-initiés (RL/RI 16-AI). Enfin une échelle visant à évaluer la conscience
de soi situationnelle a été proposée.
Analyses statistiques et résultats : Nous avons utilisé un t modifié de Crawford & Howell (1998) pour
comparer les scores de Mme H. et de Mme D. avec ceux du groupe contrôle. Pour Mme H., les analyses
mettent en évidence la perception d’une baisse de performances des capacités mnésiques avec toutefois une
mise en place de stratégies, moins importante cependant que pour le groupe contrôle. Concernant Mme D., il
n’y a pas de différence concernant les capacités et changements perçus au niveau des performances mnésiques,
cependant la mise en place de stratégies de compensation est inférieure à celle du groupe contrôle. Les deux
résidentes ajustent leurs prédictions au JOL. Aucune différence n’a été mise en évidence sur le plan thymique.
Discussion : Ces résultats tendent à démontrer que pour Mme H., une diminution des performances mnésiques
est perçue en dépit d’une absence de stratégies de compensation. La résidente justifie ce choix en raison de son
institutionnalisation et des services qui lui sont proposés. La mise en place de stratégies de compensation se
trouve moins importante pour Mme D. du fait de son absence de conscience des troubles mnésiques.
Toutefois, bien que Mme D. ne verbalise pas explicitement cette diminution des capacités mnésiques, les
prédictions du JOL reflètent toutefois cette diminution sur un versant plus comportemental. Aucune différence
significative n’a été mise en évidence concernant les résultats de l’échelle de conscience de soi situationnelle.
L’absence de conscience ou la conscience partielle des troubles mnésiques semblerait ne pas être le seul
facteur entravant la mise en place de stratégie de compensation.
14
Le fractionnement de la métamémoire dans la maladie d'Alzheimer
Julie BERTRAND12, Chris MOULIN2, Olivier ROUAUD3, Sophie GUILLEMIN3, Yannick BEJOT 1 3,Céline
SOUCHAY2.
1
Unité de recherche EA Physiopathologie & Epidémiologie Cérébro-cardiovasculaire (PEC2).
Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition, LPNC UMR CNRS 5105, Université de Grenoble Alpes
3
Centre Mémoire Ressources et Recherche (CMRR), Hôpital François Mitterrand, Dijon
2
La métamémoire est la capacité à prédire ses propres performances de mémoire. Un fractionnement de la
métamémoire a été observé dans le cas de la maladie d'Alzheimer, sur des tâches de mémoire à long-terme
(Souchay, 2007). Aucune étude n'a observé la manière dont les personnes présentant une maladie d'Alzheimer
estimaient leurs propres performances sur une tâche de mémoire à court-terme, bien que les patients s'en
plaignent dans leur vie quotidienne. Trente-deux jeunes adultes, 40 personnes âgées contrôles et 14 patients
présentant une maladie d'Alzheimer ont été comparés dans cette étude. Les participants devaient prédire
globalement leurs performances sur des tâches de mémoire à court-terme (empan) et sur des tâches de
mémoire à long-terme auditivo-verbales et visuo-spatiales. Ces prédictions avaient lieu avant et après chaque
tâche de mémoire. Les résultats montrent que malgré un empan moindre, les personnes âgées et les patients
Alzheimer estiment correctement leurs performances sur des tâches de mémoire à court-terme. Par contre,
concernant les tâches de mémoire à long-terme, on observe que les patients sont imprécis avant d'effectuer la
tâche, mais réajustent leurs prédictions après avoir été confrontés à la tâche. Les résultats de cette étude
montrent une préservation de la métamémoire à court terme et confirme l’existence d’un fractionnement de la
métamémoire dans la maladie d’Alzheimer. En particulier, sur une tâche de mémoire à long-terme, les patients
ont besoin d’effectuer la tâche pour estimer précisément leurs performances, suggérant également une
difficulté à mettre à jour leurs connaissances sur le fonctionnement de leur mémoire à long terme .
Souchay, C. (2007). Metamemory in Alzheimer's disease. Cortex, special issue on Alzheimer's disease.
15
L’illness Perception Questionnaire-Memory en complément des questionnaires de
plainte habituels : Apport de l’étude des perceptions cognitives et émotionnelles dans
l’évaluation de la conscience des troubles cognitifs en consultation mémoire.
Anaïck Besozzi¹ ², Marine Bié¹, Adeline Dreyer¹, Mélanie Rossitto¹, Sébastien Montel³, Elisabeth Spitz²,
Christine Perret-Guillaume¹ ²
1 : Centre Mémoire de Ressources et de Recherche, Centre hospitalier régional universitaire de Nancy, Nancy,
France.
2 : Laboratoire de Psychologie de la Santé—EPSAM, UE 4360 APEMAC, Université de Lorraine, Metz,
France
3 : City of Hope, Department of supportive care Medicine, Duarte, California, USA.
Dans le champ des pathologies neurodégénératives, les études portant sur l’évaluation de la conscience des
troubles cognitifs se multiplient. Au cœur des concepts de plainte mnésique subjective et de troubles cognitifs
légers, la conscience des troubles et l’expression de la plainte apparaissent comme un symptôme péjoratif
d’évolution possible vers un syndrome démentiel. Nous avons recruté 85 personnes venues consulter pour la
première fois au CMRR de Nancy. Lors de leur première visite, il leur était proposé de participer à l’étude
REMAD. Dans le cadre de cette étude, les participants devaient répondre à un questionnaire de plainte
cognitive (QPC), un questionnaire de fonctionnement de la mémoire (MFQ) et un questionnaire de perception
des troubles mnésiques (IPQ-M). Une évaluation de la dépression (MADRS) et un bilan neuropsychologique
étaient également effectués. Les dossiers médicaux ont été relus 6 mois après la première consultation pour
connaitre le diagnostic clinique retenu pour chaque participant. Ainsi, le groupe se compose de 52 « plainte
mnésique subjective » (PMS), 22 « troubles cognitifs légers » (MCI), 11 « maladie d’Alzheimer » (MA). Des
tests de comparaison de moyenne et des régressions logistiques ont été effectués pour connaitre les facteurs
permettant de distinguer les participants en fonction de leur diagnostic. Les 3 groupes de participants (PMS,
MCI, MA) sont comparables au niveau de l’âge, du sex-ratio et du niveau socio-culturel. Les groupes ne
différent pas au niveau de la plainte cognitive (QPC, MFQ et sous-échelle « Identité » de l’IPQ-M qui
regroupe une liste de 19 symptômes). Au niveau du bilan neuropsychologique, le MMSE et le RL-RI16 sont
prédicteurs du diagnostic clinique ultérieur. Enfin, les groupes différent au questionnaire de perception des
troubles mnésiques (IPQ-M) : les participants MA rapportent un impact des troubles mnésiques plus important
dans la vie quotidienne par rapport aux participants PMS et MCI. Dans cette étude, les questionnaires de
plainte et de fonctionnement de la mémoire ne permettent pas de distinguer les participants primo-consultants.
Il est possible que les participants PMS aient sous-estimé leurs capacités mnésiques et qu’à l’inverse les
participants MA aient surestimé leurs capacités. Le questionnaire IPQ-M est quant à lui sensible à l’atteinte
fonctionnelle dès la première consultation. Son utilisation en pratique clinique pourrait apporter des éléments
complémentaires, d’autant plus qu’il apparait fortement corrélé aux indices psychométriques du bilan
neuropsychologique.
16
Méta-mémoire prospective
Geoffrey BLONDELLE1, Mathieu HAINSELIN1, Yannick GOUNDEN1, Léa BARDET1, Gaëlle
AUBERT1, & Véronique QUAGLINO1
1
CRP-CPO, EA 7273, Université de Picardie Jules Verne, Amiens, France
Justification : La mémoire prospective (MP) est influencée par un grand nombre de facteurs cognitifs et
environnementaux. Cependant, bien que la métacognition soit un facteur fortement lié à la mémoire en
général, peu de recherches se sont intéressées à l’évaluation et à l’implication de la métamémoire prospective
(métamémoire dans la MP) (Rummel & Meiser, 2013). Ainsi, notre objectif a été d’étudier cette métamémoire
prospective chez de jeunes adultes. Nous attendions à ce qu’il existe une corrélation positive entre les
performances en MP et les capacités de métamémoire prospective.
Méthodologie : Trente-huit participants de 18 à 25 ans ont été inclus. La MP a été évaluée à l’aide de
l’adaptation française du Virtual Week (Rendell & Craik, 2000) dans laquelle chaque participant devait
mémoriser 50 items prospectifs. La métamémoire prospective a été évaluée à l’aide du Questionnaire
Amiénois de Mémoire Prospective (QAMP), une épreuve originale adaptée à partir de 3 outils :
Comprehensive Assessment of Prospective Memory (CAPM; Chau, Lee, Fleming, Roche, & Shum, 2007),
Prospective and Retrospective Memory Questionnaire (PRMQ) et Time-Cued Prospective Memory
Questionnaire (TCPMQ). Le QAMP permet de mesurer le Feeling Of Knowing (FOK) avant et après le
Virtual Week, ainsi que le nombre d’oublis pour 33 situations de la vie quotidienne. De plus, le QAMP permet
d’estimer l’efficacité des stratégies utilisées pour éviter les oublis selon les participants. Les résultats ont été
calculés à l’aide des corrélations de Rang de Spearman.
Résultats : Aucune corrélation n’a été retrouvée entre le nombre total d’items prospectifs correctement
rappelés au Virtual Week et les scores obtenus au QAMP (FOK avant et après, nombre d’oublis et efficacité
estimée des stratégies). En revanche, il existe une corrélation négative entre le score total au Virtual Week et le
nombre de stratégies utilisées en vie quotidienne au QAMP (r = -.44).
Discussion : Contrairement à notre hypothèse, nous n’avons pas retrouvé de corrélation positive entre les
scores en MP et métamémoire prospective. La corrélation négative retrouvée semble indiquer que plus les
performances en MP sont élevées, moins les participants déclarent utiliser des stratégies en vie quotidienne. Le
QAMP, comme d’autres questionnaires de MP, semble évaluer une plainte plutôt qu’un indice de
métamémoire prospective pour une épreuve comme le Virtual Week. De futures études sont nécessaires pour
évaluer la métamémoire prospective avec des indices de performances durant les épreuves ainsi que les
stratégies en vie quotidienne.
Chau, L. T., Lee, J. B., Fleming, J., Roche, N., & Shum, D. (2007). Reliability and normative data for the
comprehensive assessment of prospective memory (CAPM). Neuropsychological Rehabilitation, 17(6), 707–
22. http://doi.org/10.1080/09602010600923926
Rendell, P. G., & Craik, F. I. M. (2000). Virtual week and actual week: Age-related differences in prospective
memory. Applied Cognitive Psychology, 14(7), S43–S62. http://doi.org/10.1002/acp.770
17
Étude des relations entre plainte cognitive et scores cognitifs objectifs dans le cancer noncérébral de l’adulte : une évaluation de la métamémoire
Bénédicte GIFFARD1, Audrey PERROTIN1, Philippe ALLAIN2, Karine PINON3, Aurélie CAPEL4, Marie
LANGE4,5, Justine BLEUNVEN1, Aurélia SIROIT1, Quentin DIEMER1, Bénédicte CLARISSE4, Jean-Michel
GRELLARD4, Audrey FAVEYRIAL6, Francis EUSTACHE1, Florence JOLY4,5,7
1
Normandie Univ, UNICAEN, PSL Research University, EPHE, INSERM, U1077, CHU de Caen, Neuropsychologie et Imagerie de la
Mémoire Humaine, 14000 Caen, France 2Laboratoire de psychologie, PRES Lunam, Université d'Angers, France, Unité de
neuropsychologie, Département de neurologie, CHU Angers, Angers, France. 3 Mutualité française Anjou-Mayenne et Arceau-Anjou,
Angers, France. 4 Unité de Recherche Clinique, Centre François Baclesse, Caen, France
5
Normandie Univ, UNICAEN, INSERM, U1086, Centre François Baclesse, Caen, France 6 Hôpital de Jour, Centre François Baclesse, Caen,
France 7 Département d’Oncologie Médicale, Centre François Baclesse, CHU de Caen, Caen, France
Des plaintes cognitives, notamment mnésiques, sont fréquemment rapportées par les patients cancéreux. Ces
plaintes subjectives ne sont pas toujours objectivées par des scores pathologiques aux tests
neuropsychologiques (e.g., Ganz et al., 2013 ; Hutchinson et al., 2012). L’objectif de notre étude consiste à
déterminer si un dysfonctionnent de la métamémoire ne pourrait pas être à l’origine de l’absence de lien
fréquemment rapportée entre plainte subjective et scores objectifs des patients.
Soixante patients (54 ± 9 ans) en cours de traitement pour une tumeur solide ou hématologique et 30
volontaires sains (51 ± 7 ans) appariés ont participé à l’étude. La plainte cognitive (QAM, FACT-cog) et le
fonctionnement mnésique et exécutif (ESR, Stroop, TMT, et n-back) étaient mesurés. Les aptitudes
métamnésiques étaient évaluées à l’aide d’un protocole de JOL (Judgment Of Learning). Les facteurs anxiodépressifs (STAI, CES-D) et de fatigue (FACIT-F) étaient également considérés. Les patients ont été répartis
dans 2 sous-groupes selon le degré de plainte cognitive (30 sans plainte vs. 30 avec plainte : z ≤ -1.65 à ≥1
questionnaire plainte). Des ANOVAs (post hoc de Tukey) ont été utilisées pour comparer les scores des 3
groupes (α=5%).
Les scores neuropsychologiques des patients avec plainte étaient significativement inférieurs à ceux des
patients sans plainte et des témoins en récupération de l’ESR (ps=.02) et au Stroop (ps<.02, sauf interférence
des patients sans plainte : p=.07). Les scores d’anxiété-état, d’anxiété-trait et de dépression des patients avec
plainte cognitive étaient plus importants que ceux des 2 autres groupes (ps<.03), et le degré de fatigue était
plus élevé pour les patients avec plainte que les patients sans plainte (p=.01). Aucune différence significative
n’a été observée entre les patients sans plainte cognitive et les témoins. Concernant la métamémoire, les
indices gamma de JOL ne diffèrent pas significativement entre les 3 groupes, indiquant une précision
d’estimation des capacités mnésiques globalement comparable. Toutefois, une différence significative apparaît
entre les groupes pour le score de surestimation (prédiction positive puis rappel incorrect) : les témoins font
plus de surestimations que les patients avec plainte (p=.036), et une tendance du même type apparaît chez les
patients sans plainte (p=.077).
Une partie des patients présente une plainte cognitive, laquelle est partiellement objectivée par certains scores
cognitifs. Les patients ne présentent pas de déficit de métamémoire. Ils semblent au contraire avoir un insight
aigu de leurs capacités mnésiques, d’autant plus que ces capacités sont affaiblies.
18
Troubles neurocognitifs en Afrique subsaharienne : analyse des données épidémiologiques,
cliniques et étiologiques de patients reçus au centre mémoire a Abidjan en cote d’ivoire
Léonard Kouamé KOUASSI¹, Mariam Doumbia OUATTARA¹, Eric Ange Kouamé ASSOUAN², Zacharia
MAMADOU², Ismaïla DIAKITE1, Thérèse Sonan DOUAYOUA¹, Félix Yapo BOA1.
(1) Service de Neurologie du CHU de Yopougon, Abidjan Côte d’Ivoire
(2) Service de Neurologie du CHU de Cocody, Abidjan Côte d’Ivoire
Contexte : les données sur les troubles neurocognitifs (TNC) en Afrique subsaharienne sont encore
insuffisantes même si le sujet est d’actualité. Ce travail a pour objectif d’analyser les aspects
épidémiologiques, cliniques et étiologiques des TNC dans un Centre mémoire en Côte d’ivoire.
Patients et méthode : une étude transversale d’une durée de 2 ans, de décembre 2014 à novembre 2016, a
inclus les patients consultant pour des TNC au centre mémoire du CHU de Yopougon. Les critères de TNC
majeurs et légers ont été utilisés pour définir la démence et le déficit cognitif léger. Les déficits cognitifs ont
été objectivés avec des tests psychométriques et le seuil de significativité de l’analyse statistique des données
était de 0,05%.
Résultats : 75 patients dont 46 hommes (61,33%) ont été colligés. L’âge moyen global était de 58,88 ± 16,33
ans (15 – 86 ans). Les patients dont l’âge était ≥ 65 ans représentaient 45,33% et étaient en majorité des
femmes (p=0,005). Le niveau socioculturel (NSC) était bas et élevé dans 51,39% et 48,61% des cas. 60% des
patients avaient des TNC majeurs et 40% des TNC Légers. Les principales causes étaient neurodégénératives
(21,33%) dominées par la maladie d’Alzheimer (81,25%), fonctionnelles (20%), mixtes (16%) et vasculaires
(14,67%). Les TNC majeurs étaient associés à un âge avancé (65 ± 10,72 vs 48,07 ± 20,35 ans, p=0,00), à un
NSC bas (64,44% vs 36,67%, p=0,02), à un antécédent de diabète (15,56 % vs 0, p=0,02) et de troubles
psychiatriques (11,11% vs 0, p=0,05), à une origine neurodégénérative (33,33% vs 3,33%, p=0,002) dominée
par la maladie d’Alzheimer (80%) et à une origine mixte (24,44% vs 3,33%, p= 0,01). A l’inverse, les TNC
légers étaient liés aux causes post-traumatiques (p=0,01) et fonctionnelles (p= 0,00).
Discussion : nos résultats confirment bien la prépondérance des TNC majeurs chez le sujet âgé ainsi que
l’origine neurodégénérative. Le NSC bas, l’âge avancé et à un degré moindre le diabète sont des facteurs de
risque habituellement évoqués. Cette étude princeps contribue à une meilleure connaissance des TNC en Côte
d’ivoire, mais devra être complétée par d’autres études.
1- Olayinka OO, Mbuyi NN. Epidemiology of Dementia among the Elderly in Sub-Saharan Africa. Int J
Alzheimers Dis. 2014 ;2014 :195750.
2- Ogunniyi A, Adebiyi AO, Adediran AB, Olakehinde OO, Siwoku AA. Prevalence estimates of major
neurocognitive disorders in a rural Nigerian community. Brain Behav. 2016 May 5 ;6(7) : e00481.
19
Le ralentissement de la vitesse après un AVC ne suffit pas à expliquer les moindres
performances en mémoire de travail : mise en évidence d’un déficit de maintien
Gaën PLANCHER1, Bernadette NAEGELE2, Victoria GUINET1, Agnès MICHON1, Mélanie MOITIEMATHON1, Pascale COLLIOT1
Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs, Université Lumière Lyon 2
Unité de Neurologie Vasculaire, CHU Grenoble
1
2
Les difficultés en mémoire de travail (MdT) sont parmi les plus fréquemment observées à long-terme
chez les patients ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) (Schaapsmeerders et al., 2013). Le
modèle du partage temporel des ressources (TBRS) de Barrouillet et collaborateurs (2011) offre un cadre
théorique qui permet d’isoler les différents processus à l’œuvre dans une tâche de MdT. La tâche de
référence est une tâche d’empan complexe contrôlée temporellement, où alternent les items à mémoriser
et les items à traiter. L’objectif de la présente étude consistait à mieux appréhender les processus
cognitifs impliqués en MdT chez les patients victimes d’un AVC grâce à une tâche d’empan complexe
adaptée à chaque participant. Selon le modèle TBRS, le partage de l’attention se fait de façon rapide et
incessante entre le maintien temporaire en mémoire et le traitement. Dès que l'attention est détournée des
traces, leurs activations souffrent d'un déclin. Pour limiter l'oubli, les traces doivent être maintenues et ce
maintien ne peut se faire que lorsque le sujet dispose de temps entre les items à traiter. De fait, les
performances sont fonction de la proportion de temps disponible pour le maintien des traces sur le temps
total (i.e. coût cognitif). Suite à un AVC, le ralentissement cognitif majore souvent les difficultés en MdT
(Su et al., 2015). Afin de nous affranchir d’un problème de ralentissement, la vitesse de la tâche d’empan
complexe a été adaptée à chaque participant. De plus, les performances de MdT étant dépendantes de
l’empan en mémoire à court-terme, la tâche a également été ajustée à l’empan de chacun. 28 patients
victimes d’un AVC ischémique (Mage=47 ; ET=13), et 22 participants contrôles appariés en âge
(Mage=50; ET=10) et en niveau d’étude ont réalisé une tâche d’empan complexe personnalisée. Il
s’agissait pour chaque participant de mémoriser une série d’images. Entre chaque image, les participants
devaient juger de la parité de trois chiffres. Chaque chiffre était présenté à un rythme lent (CC bas) ou
rapide (CC élevé). Les résultats ont montré que lorsque le CC était élevé les patients et les contrôles ne
différaient pas. En revanche, lorsque le CC était bas, les contrôles parvenaient à bénéficier des
opportunités de maintien en mémoire, ce qui n’était pas le cas des patients. Puisque la vitesse de
traitement et la taille de l’empan ont été contrôlées, les difficultés qui persistent chez les patients
pourraient s’expliquer par un déficit spécifique de maintien en MdT.
Barrouillet, P., Portrat, S., & Camos, V. (2011). On the law relating processing to storage in working memory.
Psychological Review, 118, 175–92.
Schaapsmeerders, P., Maaijwee, N.A., van Dijk, E.J., Rutten-Jacobs, L.C., Arntz, R.M., Schoonderwaldt,
H.C., Dorresteijn, L.D., Kessels, R.P., & de Leeuw, F.E. (2013). Long-term cognitive impairment after firstever ischemic stroke in young adults. Stroke, 44, 1621-1628
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Rôle des psychologues spécialisés en neuropsychologie auprès des patients en état de
conscience altérée : état des lieux et perspectives
Grégoire WAUQUIEZ1, François RADIGUER2, Julie STEPHAN3 & Charlotte MARTIAL4
1 CHU Dijon, pôle Rééducation
2 APHP, département anesthésie-réanimation, CHU Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre
3 CRF Pasori, Cosne-sur-Loire
4 Coma Science Group, Université de Liège, Liège, Belgique
Avec les progrès des techniques de soins intensifs et de réanimation, de nombreuses personnes survivent à des
lésions cérébrales graves et peuvent notamment présenter dans les suites un état de conscience altérée. La
création depuis les années 2000 d’unités spécialisées dites “Etats Végétatifs Chroniques / Etats PauciRelationnels” témoigne du développement de l’offre de soin dédiée à ces problématiques complexes. De plus
en plus d’études scientifiques sont également publiées chaque année sur le sujet de l’évaluation et de la prise
en charge de ces patients (ref1). La question du diagnostic d'état d'éveil non répondant ou d'état de conscience
minimale constitue entre autres un enjeu majeur pour proposer à ces patients une stimulation adaptée (ref2).
Néanmoins, ce domaine d’intervention paraît aujourd'hui encore modérément investi par les psychologues
spécialisés en neuropsychologie, professionnels qui semblent pourtant à même d’y contribuer de manière
pertinente de par leurs connaissances et leurs compétences (ref3).
Où en sont les pratiques sur le terrain et quelles seraient les perspectives de développement à envisager ?
Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons diffusé une enquête en ligne à destination des
neuropsychologues francophones (Belgique, France, Québec et Suisse) en vue de recueillir des données sur la
formation, les activités et les attentes de nos collègues. En parallèle, nous avons réalisé une brève revue de la
littérature scientifique sur le sujet et sollicité l’avis d’experts concernant les pratiques et spécificités des
neuropsychologues auprès de ces patients.
Nos premiers résultats mettent en avant 1°) qu’un nombre non négligeable de psychologues spécialisés en
neuropsychologie travaillent auprès de patients en état de conscience altérée, 2°) qu'ils ont des connaissances
et une pratique spécifique leur permettant d'apporter un réel bénéfice dans le diagnostic et la prise en charge
interdisciplinaire de ces patients, et 3°) que le sujet des états de conscience altérée mériterait une place plus
importante dans la formation initiale et continue des neuropsychologues afin de contribuer au développement
d’une pratique de haut niveau auprès de ces patients tout à fait particuliers.
Ces résultats nous feront discuter des questions de la formation initiale, des variétés de pratiques et de la
perspective d’une enquête élargie aux pays non francophones.
O. Grosserie, N. Zassler & S. Laureys / Brain Injury, 28(9) (2014) 1141–1150. Recent Advances in disorders
of Consciousness : Focus on Diagnosis.
J.T. Giacino et al. / Neurology, 58(3) (2002) 349-53. The minimally conscious state : definition and diagnostic
criteria.
B. Wilson et al. / Brain Impairment, 9(1) (2008) 28-35. Neuropsychological Assessment and Management of
People in States of Impaired Consciousness: An Overview of Some Recent Studies.
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