Russie le premier Etat prolétarien. Sortir de la guerre s'avèrera en réalité plus compliqué
mais à partir de ce moment la révolution russe devient pour les alliés un sujet d'inquiétude.
Il en est de même pour les troupes russes qui combattent en France et que l'on soupçonne
de vouloir propager des idées révolutionnaires.
A la fin de la guerre, les idées venues de Russie se sont effectivement propagées en
Europe, qui connaît une vague révolutionnaire. Elle avait commencé à se diffuser parmi les
soldats dès le conflit. La lecture de leurs lettres, de leurs carnets, des journaux de
tranchées ou encore des rapports de police sur les surveillances des gares montrent que
des propos pacifistes et internationalistes sont exprimés à partir de 1917 (atelier 2, doc.
2). Une fois la guerre terminée, ces idées perdurent parmi les soldats non encore
démobilisés, comme en témoigne Maurice Digo décrivant en juin 1919 ce qui constitue tout
à la fois un désir de paix, un désir de retour chez soi et une opposition au pouvoir militaire
(atelier 2, doc. 3).
Au moment où Digo écrit plusieurs mouvements insurrectionnels ont éclaté et parfois déjà
échoué. En Allemagne, les mouvements de grève se sont multipliés en décembre 1918,
s’inspirant de l’exemple russe (atelier 2, doc. 1). Mais la révolution échoue à Berlin après
une semaine sanglante en janvier 1919. En Hongrie une république bolchevique se maintient
uniquement de mars à août 1919. En Bavière, la République des Conseils, qui n’est pas
directement d’inspiration bolchevique, dure d’avril à mai 1919 et se termine là encore par
une répression. Tout comme la tentative de prise de pouvoir et de gouvernement ouvrier
allemand en 1920. La création du Komintern et de la IIIe Internationale dans le but de
coordonner ces mouvements, en mars 1919, ne change rien à ces échecs.
En France aussi les idées bolcheviques se diffusent parmi les ouvriers (atelier 2, doc. 4) et
s’il n’y a pas de tentative de révolution des mouvements de grève inscrivent le pays dans
cette évolution générale. En février 1920 les grèves sont massives. Et les dockers français
ont pu suivre les dockers européens qui tentent d’empêcher, dans un élan de solidarité avec
la Russie, la défense de Varsovie par un blocage des déchargements sur les quais.
A la suite de ces échecs, l’adhésion des partis socialistes européens à la IIIe
Internationale devient un enjeu majeur. Les 21 conditions à respecter sont très strictes,
comme le dénoncera Léon Blum lors du congrès de Tours en évoquant une bolchevisation de
la SFIO. Mais le régime russe est devenu un modèle, le modèle du premier et véritable
pouvoir ouvrier (atelier 3, doc. 1) et c’est à ce titre qu’il est défendu. La dénonciation du
caractère dictatorial du régime bolchevique par la presse, comme le fait
Le Populaire
par
exemple (atelier 3, doc. 2) ne suffit pas.
Car si les socialistes français sont divisés, une majorité se dessine progressivement pour
cette adhésion. En novembre 1920 la SFIO se prononce fédération par fédération sur une
adhésion à la IIIe Internationale. La fédération de la Seine y est majoritairement
favorable et
Le Populaire
y voit une possible scission du parti (atelier 3, doc. 3). Cette
dernière intervient un mois plus tard lors du Congrès de Tours. Le 29 décembre, le vote
des délégués est sans appel : 1022 voix contre et 3208 pour la IIIe Internationale. La
majorité devient alors la SFIC ou PCF.
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