Problématique : Pourquoi l’idée d’une France totalement résistante
s’impose-t-elle au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ?
I-L’historien et l’établissement de mémoires sélectives (1945-1969)
A-Une nation française très divisée à la libération…
On observe différentes évolutions pendant différents périodes :
1945-1969
1969-1980
1980 à nos jours
En 1940, le gouvernement français fait le choix de collaborer en instaurant le Régime de
Vichy.
En septembre 1944, une relativement grande partie du territoire est libérée. Charles De
Gaulles impose son pouvoir, prend le contrôle des autorités. Il établit un régime provisoire
(GPRF) de 1944 à 1446 car il veut rétablir une République. Et pour cela, il faut élire des
députés par un référendum qui constitueront l’Assemblée constituante et qui rédigeront
une constitution.
La tension est à son comble, les guerres font rage. Au niveau local, les résistants (FFI) posent
problème. De Gaulle à toutes les peines du monde à imposer son pouvoir sur les résistants
communistes qui prennent le pouvoir. Il va donc y avoir un phénomène d’épuration du 12
Septembre 1944 à Juillet 1945. C’est une quasi-guerre civile très violente.
C’est épuration sauvage/spontanée, c’est-à-dire un règlement de compte entre voisins,
crapuleux dirait-on qui fait environ 9 000 morts. Il y a aussi des résistants qui fusillent sans
forme de justice.
Le cas des femmes tondues est particulièrement troublant. Toutes les femmes soupçonnés à
tort ou à raison et souvent à raison d’avoir eu une relation avec des soldats sont tondues en
place publique par des résistants. On leur tatoue une croix gammée sur le front. Environ 20
000 femmes ont subi ce sort sans justice. Le pire est tant que des enfants sont nés de ces
couples de guerre. Il y a quelque chose de frappant : les femmes du peuple sont tondues
mais pas les célébrités. On s’en prend aux plus faibles, aux plus vulnérables. Le GPRF veut
une épuration dirait-on légale, De Gaulle veut l’organiser avec un court de justice légal dans
les préfectures.
308 000 dossiers ont été ouverts dont des dossiers fantaisistes de dénonciation. Seulement
90 000 sont vrais, il y a donc un jugement avec une accusation et une défense. Il y a eu 7 000
condamnations à mort dont 1 600 seront exécutées, 5 000 commuées. 13 000 personnes ont
été condamné aux travaux forcés, au bagne en Guyenne où Dreyfus a lui-même été déporté.
Ce sont des travaux très durs dans la jungle. Il y a en tout 25 000 peines de prison pour
collaboration et 50 000 condamnations à la dégradation nationale (=suppression de la
qualité de citoyen), souvent provisoire.
Exemple : Louis Ferdinand Celine a collaboré ce fut un procès particulièrement retentissant.
En 1945, le maréchal Pétain a été fait prisonnier puis jugé pour intelligence avec l’ennemi et
condamné à la peine capitale mais De Gaulle a commué la peine à la prison à vie. Durant la
guerre, le peuple français ne voyait pas Pétain comme un monstre absolu mais comme un
héros de la Première Guerre Mondiale. Pierre Laval, lui, ancien ministre a été exécuté.
Il y a une collaboration qui passe totalement inaperçue et qui n’a pas été jugée : l’économie.
Il a fallu calmer certaines colères avec une nationalisation. Outre la réparation des tanks
Allemands, les usines Renault produisent dès 1941 des camions et des tanks pour la
Wehrmacht. Au printemps 1941, les informateurs des services de renseignements gaullistes
décrivent des usines tournant à plein régime, et demandent leur bombardement pour
paralyser l’appareil de guerre Allemand. Ils y recensent Renault comme entreprises «
travaillant pour les Allemands » et produisant voitures de tourisme, camions et tanks. En
Novembre 1944, Louis Renault est mort en prison sans être jugé. La famille Renault se voit
retirer son capital. De 1980 à 1990, l’entreprise a été partiellement puis presque
complètement reprivatisée. Ce fut le même cas de l’entreprise Berlier à Lyon. Des milliers
d’entreprises et banques avaient accepté avec sourire de s’associer dans tous les domaines
(textiles, automobiles,…) avec l’entreprise allemande. Renault était satisfait de cette
collaboration, car si l’Allemagne obtenait la victoire, il aurait la main sur le marché européen,
puisque les allemands avaient le projet de de construire une Europe unie (sans douane).
Photo où l’on voit Louis Renault présentant un prototype à Hitler
Uranus (1990) film de Claude Berri avec Gérard
Depardieu, Michel Blanc et Jean-Pierre Marielle
montre bien l’ambiance de guerre civil qui
régnait en France à cette période de post-
guerre.
Dans cette atmosphère de guerre civile, en 1945, ce fut le retour des populations déportées.
Soyons précis, les déportés sont :
75 000 juifs (dans leur majorité, ils sont quasiment tous morts en Allemagne)
Des travailleurs qui étaient partis en Allemagne à cause du Service Travail Obligatoire
sous le régime de Vichy (Janvier 1943). Le plan a échoué : l’URSS a résisté à l’attaque
donc l’Allemagne est anxieuse et résultat la guerre est fichue. Il faut donc avoir plus
de chars et par conséquent les déportés des camps et les travailleurs du STO
remplissent les usines. Certains s’enfuient ce qui fait donc gonfler l’effectif des
maquis.
Tous ces gens-là reviennent avec chacun son niveau de traumatisme ce qui contribue aussi à
cette ambiance tendue.
B-…reçoit favorablement le courant résistancialiste…
Le résistancialisme est un néologisme créé en 1987 par l'historien français Henry Rousso
pour désigner le mythe, le fantasme développé surtout par les gaullistes et communistes
selon lequel les Français auraient unanimement et naturellement résisté depuis le début de
la Seconde Guerre mondiale. Il dit : « Après la guerre, le traumatisme a été si fort dans la
société française que tout le monde est prêt à croire que chacun à son échelle a résisté. ». Ce
fantasme est entretenu par Charles De Gaulle, car il faut unir le peuple français et quoi de
mieux qu’un mythe pour cela.
La Bataille du rail (1946) est un film de René Clément
commandé par les Gaullistes et le GPRF. Ce film retrace
la résistance des cheminots français pendant la Seconde
Guerre mondiale et les efforts de ces derniers
(sabotage) pour perturber la circulation des trains
pendant l'occupation nazie. Il décrit les tous en tant que
résistants et prêts à sacrifier leur vie. Ce film a tendance
à en faire des êtres quasiment divins. Cela va forger
l’idée que tous les Français sont résistants.
Les Gaullistes et les communistes souhaitent véhiculer la même image qui est mystifiée.
Dans les vingt années qui suivent la guerre, De Gaulle quitte en pourvoir en 1946 et revient
en 1958 à la faveur des évènements de la guerre d’Algérie. Il fait rédiger une nouvelle
constitution. C’est l’apogée du mythe résistancialiste, car le chef des résistants est le
président.
Discours Malraux (1964)
On voit De Gaulle, Georges Pompidou (1er Ministre), et Malraux (Ministre de la Culture) sont
à la cérémonie du transfert des restes de Moulin au Panthéon.
André Malraux a écrit La condition humaine il relate le parcours d'un groupe de
révolutionnaires communistes préparant le soulèvement de la ville de Shanghaï. Au moment
commence le récit, le 21 mars 1927, communistes et nationalistes préparent une
insurrection contre le gouvernement.
Le Panthéon est une église transformée en 1791 en mausolée par la proposition
d’Emmanuel de Pastoret.
Il est décidé que les restes de Moulin auraient cet honneur. Malraux, par son discours, fait
un rappel sombre sur la guerre. On est à l’apogée du mythe résistancialiste.
La grande vadrouille (1966) est un film avec Louis de Funès et Bourvil. C’est un film
résistancialiste tous les Français sont décrits en résistants. Le film fait 17 Millions
d’entrée. On diabolise les Allemands par le rire.
Pour résumé, le mythe « résistancialiste » est entretenue à la fois par la mémoire gaulliste et
la mémoire communiste ; cette convergence rappelle que durant la guerre gaullistes et
communistes étaient côte à côte dans la lutte contre Vichy et l’occupant allemand. Cette
alliance gaullo-communiste est maintenue. Le PCF maintient qu’il est du parti des 75 000
fusillés. Il essaye aussi de faire oublier le pacte germano-soviétique.
C-…alors que déjà montent les conflits dans la mémoire
On observe le phénomène des lois d’amnisties en 1946, 1947, 1951 et 1953 qui concernent
les condamnations après la libération, qui vont créer des tensions.
Louis Ferdinand Destouches dit « Céline » (1894-1961) a été proche de la collaboration.
Après la libération, il a fui pendant six ans avant d’être condamné en 1950 et amnistié un an
après.
On voit aussi la montée du contre-mémoire en soutien au Maréchal Pétain. Jugé en 1945, il
est condamné à la peine capitale mais sa condamnation est commuée. Trois plus tard,
Robert Aron écrit Histoire de Vichy il essaye de réhabiliter l’image du maréchal Pétain. Il
va créer un contre-mythe, il dit : « Certes, De Gaulle était l’épée qui allait permettre de
garder mais qui était le bouclier. ». Aron se révèle sans doute pétaino-gaulliste lorsqu'il écrit:
« tous deux étaient également nécessaires à la France ». Selon le mot que l'on prêtera
successivement à Pétain et à de Gaulle «Le Maréchal était le bouclier, le Général l'épée». Et
à eux deux, ils sont les co-gérants de la France. Cela rentre en choc avec le mythe
résistanciel.
Alain Resnais produit un documentaire Nuit et brouillard en 1956. Le titre est inspiré du
décret allemand « Nacht und Nebel », c’est un décret de répression instauré en décembre
1941. Les allemands rencontrent le problème des résistants, qu’ils appellent terroristes, dans
les pays occupés. A force d’être confrontés à des guérillas, ils instaurent un décret qui
stipule :
ne sont à juger dans les pays occupés que les crimes à coup sûr justiciables de la
peine de mort et à condition que celle-ci puisse être appliquée dans un délai
inférieur ou égal à huit jours ;
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