HISTOIRE D’OLNE Quelques points de repère L’ancien régime Moyen Age et Renaissance Le territoire sur lequel fut progressivement construit le village fut l’objet d’une donation faite par l’empereur de Germanie, Henri II, le 13 août 1005, et confirmée en 1010, aux chanoines de Saint-Adalbert, d’Aix-la-Chapelle. Dès 1103, Ce pouvoir y délégua un seigneur (avoué) charger de protéger par la force, les habitants, les possessions et les revenus de l’église St Adalbert. Le plus célèbre avoué fut certes Godefroid de Bouillon en 1095. Dès la fin du XIè siècle, le déclin de l’autorité impériale se fait sentir : de nombreux comtes s’émancipent et regroupent alors, à partir de leur circonscription, des terres qu’ils dirigent en leur propre nom. C’est ainsi que se constituent dans l’Entre-Vesdre et Meuse le comté (puis duché) de Limbourg et le conté de Dalhem. En 1239, le duc de Brabant s’empara de la terre de Dalhem afin de s’assurer le contrôle des voies commerciales entre la Meuse et le Rhin. Les chanoines d’Aix le prirent alors, en tant que comte de Dalhem, comme « avoué de leurs sujets et défenseur, à cause des nombreuses incursions des Limbourgeois ». C’est ainsi qu’Olne suivi, dès ce moment, le destin de Dalhem et des autres villages du comté. Il fut soumis à l’autorité du duc de Brabant, lequel fut aussi, selon les époques, le roi d’Espagne ou l’empereur d’Autriche. La Principauté de Liège, toute proche et puissante, entraînait plus ou moins dans son orbite les régions voisines. On utilisait volontiers à Olne la monnaie et les mesures liégeoises. Lors de la déclaration de guerre faite par le Prince-Evêque au duc de Bourgogne (successeur du duc de Brabant), le 28 août 1465, la populace liégeoise envahit le Limbourg et dévasta le pays de Herve. Dalhem fut saccagé. XVII – XVIII siècles Le fait notable qui a eu des répercussions décisives et même à longue échéance sur Olne est une clause du traité de Munster qui accordait aux Etats Généraux des Pays-Bas la ville de Dalhem, Olne, Trembleur, Bombaye, d’autres villages encore dont les Fourons. C’est ce qu’on appelait les Pays d’Outre-Meuse qui dépendaient de Maastricht. A l’origine de la décision, c’est une question religieuse qui a joué un rôle déterminant : la population de ces villages comptait une grosse proportion de gens appartenant à la religion réformée. Cette situation fut assez gênante pour tout le monde. Olne constituait une enclave protestante au milieu de pays catholiques, avec une puissante voisine : la principauté épiscopale de Liège. Des heurs s’y produisirent, sous l’impulsion du fameux curé Delva. Au point de vue économique, social et administratif, ces enclaves, très nombreuses sous l’ancien régime, étaient des causes de complications. L’arrivée des troupes de Louis XIV dans les Pays d’Outre-Meuse et la prise de Maastricht en 1673 donna beaucoup d’espoir aux catholiques de voir Olne séparé des Provinces-Unies. Bien que le libre exercice du culte ait été maintenu aux Calvinistes, ceux-ci souffrirent de l’occupation française qui dura 6 ans. Olne resta néanmoins hollandais mais les guerres de la fin du XVIIè siècle ne lui furent pas favorables. Témoins d’un XVIIIè siècle naissant, le château d’Olne fut construit en 1703 par le seigneur Guillaume d’Olne, en style Louis XIII avec ferme attenante. Le régime calviniste dura près de 125 ans. La rétrocession de la région à l’autorité de Joseph II, empereur des Pays-Bas autrichiens eu lieu le 8 novembre 1785 par le Traité de Fontainebleau. Dalhem a cessé d’être comté. En 1789, les réformes politiques et religieuses que veut imposer Joseph II provoque l’insurrection. Ainsi éclata la révolution brabançonne qui coïncida avec la révolution liégeoise. Au cours de ces évènements, se déroula à Olne une assez forte escarmouche, dite « bataille du Filpeau ». Telles furent les dernières secousses de l’ancien régime, Olne, rentré sous domination autrichienne, allait bientôt connaître l’invasion française et des temps forts troublés… La révolution et l’empire C’est à ce moment que tout un monde bascule. Les excès et les sévices des patriotes brabançons nous jetèrent dans le camp de l’Autriche. Les Français entrèrent en Belgique en 1792 et le 17 décembre de cette même année, le commandant des troupes dans la province du Limbourg exigea que la municipalité fût organisée selon les idées révolutionnaires. A cet effet, l’assemblée du peuple du ban d’Olne se tint le lundi 31 décembre à 10 heure du matin. Au nom de la liberté, les Français imposèrent assignats et contributions de guerre contre les Autrichiens. On comprend que ceux-ci furent accueillis en « triomphateurs » en 1793. En juillet 1794, les Français envahirent à nouveau nos régions. Cette fois, l’occupation fut plus durable : elle assura la paix pour plusieurs années mais bouleversa de fond en comble la vie de notre village. Ce fut des années noires à vivre tant au point de vue religieux qu’au point de vue économique. La période napoléonienne se termina pour les Olnois dans les ennuis identiques à ceux qu’ils avaient subis vingt ans auparavant. L’automne 1813 fut marqué par les revers des armées françaises en Allemagne. Les réquisitions recommencèrent aussitôt. Le régime hollandais ne causera aucun trouble en s’installant : bien au contraire, les affaires reprirent. La période contemporaine Le village subit les événements de l’histoire générale. Dans l’ensemble, ce fut une période calme et pendant quelques décennies, prospère, bien que des changements notables fussent observés qui modifièrent la vie des gens. Les cultures cédèrent progressivement la place à l’élevage, la récolte des chardons (industrie textile) et la fabrication artisanale des clous furent bientôt abandonnées, victimes de la révolution industrielle. En 1815, Olne retrouve le régime Hollandais, celui du roi Guillaume, mais cette fois avec le reste de la Belgique. C’est à cette époque que le Mont-Saint-Hadelin, dit « Le Fief », fut rattaché à Olne en 1821 (cette seigneurie dépendait de la principauté de Stavelot). Comme sous l’ancien régime, Olne, situé sur l’axe Cologne-Paris, fut victime du passage des armées ; heureusement, la Belgique avait évité la guerre de 1870 ; elle ne réussit pas à échapper à celle de 1914. Dès le second jour de la guerre, les troupes allemandes envahirent Olne. Il y eu de nombreuses personnes massacrées, plusieurs fermes et habitations brûlèrent. Ensuite le village vécu les heures sombres de la guerre qui marquèrent la fin d’un monde. Ainsi disparurent par exemple, témoins d’un autre âge, le château d’Olne et la fabrication des canons de Damas si florissante au cours du XIXè siècle à Nessonvaux, Fraipont, Olne, Trooz et Forêt. La guerre de 1940, heureusement moins meurtrière pour les Olnois, laisse cependant le souvenir de plusieurs jeunes gens qui payèrent de leur vie l’attachement de toute une population aux principes d’honneur et de liberté si brutalement bafoués. Le village d’Olne parut alors s’assoupir dangereusement : le chiffre de population atteignit un seuil critique, ce dont se rendirent compte vers 1960 les dirigeants municipaux. Une politique d’accueil fut préconisée pour encourager la venue à Olne de nouveaux habitants qui, grâce à l’automobile et aux progrès du confort ménager, bénéficiaient du calme de la campagne sans souffrir des inconvénients d’une vie trop rustique. Aussi le dernier événement de l’histoire d’Olne, qui aurait pu le rayer de la carte administrative, n’eut aucune conséquence. Le projet sur les fusions des communes n’affecta en rien le village. L’essentiel était sauvé, et sans doute pour quelques décennies : jusqu’à ce que l’évolution de l’habitat, du paysage et des populations justifie une nouvelle restructuration pour laquelle se battront nos (arrières)-petits enfants. Sources principales : Limet, Henri. Histoire d’Olne : les faits et les gens. Liège : G. Thone, 1995. Limet, Henri. Quelques aspects de l’histoire d’Olne. Olne : « Olne ma commune », 1991.