L’impression biologique en 3d fournis de grands espoirs en médecine, car les cellules qui
composent l’encre étant directement prélevés sur le patient, le risque de rejet sera nul.
De plus cette méthode d’impression pourrait devenir une alternative au don d’organe.
Une alternative au don d’organes
« La bio-impression pourrait pallier au manque de greffons disponibles », veut croire M. Guillemot. En
2012, en France, 17 627 personnes étaient en attente de greffe. Une révolution donc, permise
par les avancées récentes en médecine régénérative. En travaillant à partir des cellules de
l’organe et du patient, les scientifiques pourront de surcroît éviter les problèmes de rejet de
greffe, qui se posaient également avec l’utilisation de cellules souches.
Aujourd’hui, plus de 80 équipes de recherche à travers le monde tentent de relever ce défi. La
firme californienne Organovo, créée en 2007 par des chercheurs du MIT (Institut de technologie
du Massachussetts), est l’une des pionnières. En 2010, la bio-imprimante 3D qu’ils ont mise au
point faisait partie des 50 meilleures innovations du classement de Time Magazine. En avril 2013,
les chercheurs de la start-up ont réussi à imprimer le premier tissu organique fonctionnel : un
morceau de foie d’une dimension de 4 mm sur 0,5 mm. Mais ce modèle, si innovant soit-il, ne
peut toujours pas faire l’objet d’une greffe en l’état « L’impression d’organe est excessivement
complexe et il nous faudra encore 30 ou 40 ans avant d’y arriver, tempère David Kolesky, chercheur
en bio-impression au Wyss Institute d’Harvard. Des étapes intermédiaires doivent nécessairement être
franchies. »
Peaufineant sa technique d’impression en 3D, l’équipe de David Kolesky, encadrée par
l’ingénieure biologiste Jennifer Lewis, reproduit quotidiennement divers éléments microscopiques
comme des batteries, des capteurs et des tissus humains. Dans un coin de leur laboratoire, entre
les ordinateurs et les étagères débordantes de composants, une machine passerait presque
inaperçue, posée sur son socle en granit. « Les têtes d’impression, par un système de coussins d’air,
se déplacent de manière tridimensionnelle avec une précision nanométrique », décrit Kolesky, qui
mène la visite ce jour-là.
d’Organovo impriment également des modèles malades de tissus hépatiques ou rénaux, « afin de
mieux comprendre la maladie et sa progression », poursuit Michael Renard.
Homme imprimé, homme augmenté
« La bio-impression peut améliorer le confort et la qualité des soins face au vieillissement et à certaines
pathologies, espère Fabien Guillemot. En revanche, si la finalité est d’augmenter les performances des
tissus naturels, cela pose de vraies questions éthiques. » Le courant transhumaniste, défenseur de
cette théorie, prône l’utilisation de la technologie à des fins d’amélioration du corps. Un moyen de
créer un être humain “augmenté”.
Dans cette lignée, des travaux de recherche portent sur l’impression d’organes qui mêlent
cellules humaines et composants nano-électroniques. En 2013, Michael McAlpine à Princeton
(États-Unis) est parvenu à imprimer une oreille bionique, capable de détecter un champ de
fréquences un million de fois plus élevé qu’une oreille normale. Des organes imprimés aux
organes augmentés qui décuplent les sens conventionnels, il n’y a qu’un pas que d’aucuns ont
déjà franchi vers l’homme-cyborg.