Sport, Santé et Préparation Physique N° 58
Lettre électronique des entraîneurs du Val-de-Marne JANVIER 2008
… Université Paris 12 – Conseil général du Val-de-Marne …
Sommaire de ce numéro :
1) CANCER(S) ET ACTIVITES PHYSIQUES
2) HYPERTENSION ARTERIELLE ET ACTIVITES PHYSIQUES
3) COLLOQUE RUGBY DU 12 NOVEMBRE :
Intervention de Philippe SARREMEJANE :
« L’impossible éthique du sport »
Intervention de Gérard DINE :
« Face au dopage, l’attitude du rugby professionnel Français »
1) CANCER(S) ET ACTIVITES PHYSIQUES
R. Ziane
Le cancer : un type de maladie qui défraie la chronique et effraie les plus combatifs. Les
sportifs ne sont pas épargnés. Pour la plupart, des questions essentielles restent sans réponses
précises :
- Qu’est-ce qu’un cancer ?
- Les risques de développer un cancer sont-ils minorés par la pratique d’activités
physiques et sportives ?
- Guérit-on mieux d’un cancer en pratiquant une activité physique ?
Qu’est-ce qu’un cancer ?
C’est une affection pathologique : la multiplication anormale de cellules d'un tissu, formant
des tuméfactions, des nodules ou des tumeurs malignes dans un organe (poumon, foie,
sein…).
Le développement du cancer peut se faire :
- localement : dans l'organe où il a émergé.
- à distance : les cellules cancéreuses peuvent migrer vers un autre organe, s’y
multiplier et former des métastases.
En France, 25% des décès sont dus à un cancer. Pourtant 50% des personnes cancéreuses sont
guéries.
Le sport, préventif du cancer
Il semblerait qu’une demi-heure d’activité physique quotidienne réduise les risques de
tumeurs, notamment du côlon et du sein.
De récentes études montrent que la diminution, du risque de développer un cancer du sein,
soit proportionnelle au nombre d’heures d’entraînement hebdomadaires.
Surpoids et obésité produiraient l’effet inverse
1
.
Activités physiques et rémission
L’apparition d’un cancer rend difficile voire impossible la pratique d’un sport pendant le
traitement, bien que cela dépende :
- du type de cancer,
- du traitement,
- de l’activité physique envisagée.
C’est plus encore l’état du malade qui est déterminant.
La natation sans recherche de performance peut être pratiquée dans de nombreux cas. Mais il
ne faut en attendre de rémission
2
; c’est essentiellement le suivi rigoureux du traitement qui
augmente les chances de survie.
Le cycliste Lance Armstrong : victime d’un cancer en 1996, puis 7
fois vainqueur du Tour de France de 1999 à 2005, a créé sa propre
fondation pour la recherche contre le cancer.
(Fig. extraite de : picasaweb.google.fr)
La reprise d’un sport peut aider les personnes guéries à se reconstruire physiquement et
mentalement. Cependant, certaines séquelles liées au traitement (curetage ganglionnaire,
ablation, amputation) peuvent limiter le choix de pratique sportive.
Conclusion
Le sport peut jouer un rôle non-négligeable de prévention du cancer. En effet, la dépense
énergétique qu’il occasionne, la sollicitation saine de nombreux organes et plus généralement
l’hygiène de vie qu’il impose (alimentaire, respiratoire…) jouent en faveur de la santé.
Cela ne dispense pas pour autant d’éviter de s’exposer aux autres facteurs à risque (soleil,
amiante, alcool, produits chimiques…).
Il est très rare qu’une personne guérie soit inapte à l’ensemble des activités physiques et
sportives.
Références :
De Thé, G., Fideman, W-H & Tubiana, M. (2004). Cancer. In Encyclopedia Universalis.
Mérignac.
Freidenreich , C. (2007). Uncovering the preventive power of exercice. Alberta Cancer Board
and Foundation. En ligne.

2) HYPERTENSION ARTERIELLE ET ACTIVITES PHYSIQUES
R. Ziane
Toute visite médicale conduite avec sérieux comprend une mesure de la tension. Le résultat
seul fait l’effet d’une note d’écolier : sans interprétation, elle peut laisser amer :
Qu’est-ce que la tension ?
Quelle est la différence avec la pression sanguine ?
Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?
Quels sont ses causes et les risques pour l’organisme ?
Quelle est la relation avec la pratique des activités physiques et sportives ?
1
Selon l’étude européene Epic. Il s’agit de la plus grande étude réalisée sur les relations entre l’alimentation et le
cancer : suivi de 500.000 hommes et femmes, d’Europe centrale, du nord et du sud. Cette étude est
coordonnée par le Centre International de Recherches sur le Cancer (CRIC).
2
Rémission : diminution des symptômes d'une maladie.
Tension pariétale et pression sanguine artérielle
Le terme de tension artérielle est employé à tord pour désigner la pression sanguine qui
s’exerce dans les artères.
Sa mesure, lors d’une visite médicale, abouti à deux nombres (ex. : 13/7) :
- Le premier correspond à la pression sanguine lorsque le cœur est en phase de
contraction appelée diastole.
- Le second correspond à la pression sanguine lorsque le cœur est en phase de
relâchement appelée systole.
Tensiomètre
3
.
(Fig. extraite de : www.hypertension-online.com)
L’hypertension artérielle
C’est l’augmentation anormale de la pression sanguine au niveau des artères.
Chez l‘adulte, il y a hypertension lorsque la tension artérielle est supérieure à 16/9,5. Ces
nombres n’ont pas la même signification chez les enfants et chez les personnes âgées. Il y a
hypertension pour des valeurs :
très inférieurs chez les jeunes enfants,
supérieurs chez les personnes âgées.
Causes
L’augmentation de la pression sanguine peut être due à l’activité physique. Mais
l’hypertension artérielle pathologique est due :
au stress,
à une maladie des reins,
à une maladie des glandes surrénales,
à un étrécissement de l’artère aorte,
au tabagisme, au diabète, à l’hypercholestérolémie
4
,
à des excès alimentaires (sel, café ou thé, alcool, sucre et sucreries, graisses saturée
5
),
à la sédentarité, au vieillissement,
à l’obésité.
Ces causes sont à l’origine de divers phénomènes qui aboutissent à l’augmentation de la
pression sanguine. Par exemple :
Lors d’épisodes de stress, les sécrétions de diverses hormones dont l’adrénaline
stimulent l’activité du cœur, ce qui augmente la pression sanguine.
La consommation de tabac stimule aussi immédiatement la contraction du cœur.
Les dépôts de graisses sur les parois des artères (athérome) en diminuent le diamètre
augmentant ainsi la pression sanguine.
Le surpoids contraint le cœur à se contracter plus fort et plus souvent pour des efforts
identiques.
Tous ces phénomènes produisent des effets délétères sur l’organisme.
Risques pour l’organisme
Ces risques sont :
une insuffisance cardiaque,
une rupture d’anévrisme,
une attaque cérébrale,
3
Aussi appelé sphygmomanomètre.
4
Hypercholestérolémie : excès de cholestérol.
5
fromages, beurre, charcuteries, sauces, crèmes.
une crise cardiaque,
le décès.
Hypertension et activités physiques
La pratique d’une activité physique entraîne inévitablement une augmentation significative de
la fréquence cardiaque et de la force des contractions du cœur et par voie de conséquence de
la pression sanguine. Cependant, en sport, cette augmentation se produit dans des conditions
favorables :
suite à un échauffement,
avec progressivité,
simultanément à une vasodilatation
de façon non-permanente.
Cependant, certains exercices sportifs peuvent provoquer une augmentation dangereusement
élevée de la pression sanguine :
musculation lourde,
haltérophilie,
apnée sans entraînement.
Conclusion
Les activités physiques et sportives, en particulier de longue durée (marche rapide, cyclisme,
course à pied) sont des moyens efficaces de lutter contre l’hypertension. Les effets sont
durables à conditions que les séances soient régulières. Leur efficacité se combine à celle
d’autres mesures hygiéniques : diététiques, sommeil, gestion du stress.
Références :
Baillet, J. (2006). Tension artérielle. In Encyclopedia Universalis. Mérignac.
Jeunemaître, X, Julien, J. & Michel, J-B. (2004). Hypertension artérielle. In Encyclopedia
Universalis. Mérignac.

4) COLLOQUE RUGBY DU 12 NOVEMBRE 2007
« L’impossible éthique du sport ? »
Philippe Sarremejane. Université de Paris Est.
Le sport est désormais placé devant une contradiction insupportable : se vouloir le véhicule
d’un idéal éthique et être le lieu permanent de négation de cet idéal.
L’hypothèse que nous allons soutenir est la suivante : le système actuel du sport - son
financement, sa médiatisation, sa réglementation et sa visée éthique - est parcouru par des
logiques internes contradictoires qui tendent, in fine, à affaiblir la dimension éthique ou à la
cantonner de manière cynique dans un espace purement intentionnel idéalisé très peu réalisé
et réalisable dans les « faits ».
Premier constat :
Dans le domaine du sport de haut niveau, les infractions, les délits, les irrégularités, la triche
défraient la chronique quasiment au quotidien. Les manquements aux règles morales ou
éthiques dans le domaine du sport heurtent beaucoup plus l’opinion que ces mêmes
manquements constatés dans le domaine de la politique ou de l’économie. Pourquoi ? Parce
que le sport est associé à une image positive et intrinsèquement éthique. Quelles sont ces
valeurs ? Les valeurs universelles des droits de l’homme, l’aspect ludique et désintéressé,
l’exemplarité et la portée éducative, la convivialité, la fraternité, la paix.
Les trois ordres chez Pascal.
Nous disions que le système sportif est composé de sous-ensembles finance, réglementation,
éthique dont on suppose qu’ils sont indépendants. Cette idée reprend la notion des trois
ordres pascaliens considérés eux-aussi comme indépendants et donc source de
disfonctionnement quand on pense que c’est l’éthique qui doit gouverner la totalité.
Pascal distingue trois ordres:
- la justice, le cœur et la charité qui représente l’ordre de l’éthique,
- la puissance et la force qui représente l’ordre du politique,
- la vérité qui représente l’ordre de l’esprit et de la raison,
Pascal fait le constat que si on sort du caractère indépendant de ces trois ordres on risque le
ridicule ou la tyrannie. On ne peut imposer l’amour, par exemple, ni par la loi, ni par la
raison. On ne peut imposer la vérité, ni par la politique, ni par amour. Autrement dit, pour lui,
la science, la politique et la charité sont définitivement scindées.
Sur le même modèle on peut considérer que le sport de haut niveau comporte trois ordres :
1- L’ordre éthique du sport :
Les valeurs universelles de l’Olympisme
Le pacifisme, la fraternité, le respect de l’autre, la solidarité, l’amitié
But de cet ordre : considérer l’autre comme un « prochain », porteur de tous les
traits caractéristiques de l’humain dans l’homme.
2- L’ordre politique de la réglementation sociale et culturelle du sport :
Les règles du jeu, le respect de la règle (le fair-play)
Les réglementations nationales et internationales
But de cet ordre : vaincre l’adversaire (parfois en lui faisant mal, physiquement
ou psychologiquement).
3- L’ordre médiatico-économique du sport :
La collusion médiatico-économique : sponsoring, image et profit
But de cet ordre : faire du profit en instrumentalisant l’athlète.
On constate que l’ordre 2 et l’ordre 3 reposent sur des logiques qui entrent en contradiction
avec l’ordre 1. Car si l’ordre éthique est celui de la générosité, du respect de l’autre (le
« prochain » au sens religieux du terme) et de l’altruisme, les deux autres sont mus
essentiellement par une logique de la rivalité et de la victoire (ordre 2) et une logique du profit
(ordre 3).
Actuellement on constate que c’est l’ordre 3 (médiatico-économique) qui exerce la plus forte
pression sur les deux autres. Bref, c’est l’argent qui semble régner sur le sport. Peut-on
renverser l’ordre des prévalences et donner à l’éthique le rôle directeur ?
Peut-il y avoir un « pilotage » éthique du système sportif ?
Trop d’éthique dans la réglementation du sport détruit son principe d’existence : la
rivalité, le record, la prouesse, le spectacle. L’adversaire n’est pas le « prochain », il
faut le vaincre.
Trop d’éthique dans l’économie du sport est un contresens : le client n’est pas le
« prochain » il est celui qui doit acheter le produit sportif (images, vêtements, athlètes,
produits légaux ou illégaux de l’entraînement etc…).
Par contre :
Pas suffisamment d’éthique (trop de triche, trop de « business », trop d’atteintes à
l’intégrité physique) décrédibilise le sport et risque de l’anéantir.
Quelles solutions ?
Réduire l’éthique à la « réglementation » et accentuer les sanctions pour les
contrevenants ? Dans ce cas il faut continuer à accepter la plupart des violences
générées par le sport (physiques et psychologiques).
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