Globalement, toutes les personnes interrogées pensent que l’intégration à l’Europe a été
une chose positive, les élèves en seconde année de Bachillerato (équivalent de notre
terminal) qui n’étaient pas nés lors de l’entrée de l’Espagne dans la CEE mais qui l’étudient
en cours, pensent que cela a été une bonne chose sans vraiment pouvoir l’expliquer. Aucun
exemple particulier ne leur est venu mais ils ressentaient cela positivement.
Par contre, pour ceux qui se rappellent de l’entrée dans la CEE, c’est plus divers : tous se
rappellent avoir ressenti une part de joie, de contentement, mais si elle était majoritaire
pour certains (Elena, pour qui l’entrée dans l’Europe était la fin définitive de la dictature, qui
avait beaucoup d’espoir, Carlos qui pense aussi que l’entrée dans l’Europe est la
reconnaissance mondiale de la démocratie espagnol et Luis Angel qui pensait que cela était
nécessaire), Elena Grimaldos Sanchez, elle, se rappelle qu’en plus, elle a aussi éprouvé une
certaine peur, face à l’entrée du marché extérieur, pour l’économie notamment (face à la
nouvelle compétition). Fran Grimaldos Sanchez, se rappelle aussi d’une certaine
indifférence, un évènement positif, mais lointain qui « ne se voit pas ».
Quant à l’utilité de l’entrée dans la CEE, les lycéens pensent que cet évènement a bien eu
un effet positif, mais toujours sans vraiment savoir pourquoi, sans donner d’exemples. Pour
les autres, tous pensent que cela a été positif, dans le sens où cela a permis une croissance
plus rapide de l’Espagne, ainsi que sa modernisation, grâce aux aides ; mais Fran GS
souligne qu’il n’est pas sûr que tout le monde l’ait ressenti ; Elena GS rajoute l’idée
d’influence sur l’image de l’Espagne dans le monde, qui change et devient plus positive.
Mais tous parlent aussi de la difficulté de l’adaptation économique, avec dans l’agriculture
les quotas, et le nombre d’employés qui baisse ; tout comme dans l’industrie, par exemple
dans les Asturies : en 1975 il y avait 25 000 mineurs, aujourd’hui 5000, et il y avait 60 000
employés d’ENSIDESA (entreprise de sidérurgie, originaire des Asturies), en 1975, contre
seulement 15 000 aujourd’hui, problèmes dus à la modernisation ainsi qu’aux limites
imposées par l’UE (quotas…).
Mais majoritairement, il y eu plus de positives que de négatifs. Ils pensent donc, encore
aujourd’hui, que l’entrée dans la CEE a été une bonne chose. Mais beaucoup ont soulignés
que maintenant, il faudrait plus, il faudrait que l’UE ait plus de pouvoir politique, Luis Angel
parle d’une intégration « incomplète », Fran et Elena GS souhaiteraient un état européen,
où la nationalité disparaitrait au profit des régions, (les Grimaldos Sanchez ne vivent dans
les Asturies que depuis une vingtaine d’année, déplacement pour le travail, mais toutes leur
famille, des 2 côtés, vit à San Sébastian, dans les pays basque, ils ont donc une forte
identité régional, dixit Fran). Les 2 Elena souhaiteraient aussi un Etat européen, mais Elena
Grimaldos Sanchez souligne qu’eux sont particulièrement ouverts sur l’Europe (avec
Comenius entre autre), qu’elle ne pense pas que ce soit un sentiment partagé par beaucoup
d’espagnols. Les lycéens, ne s’étaient jamais vraiment posé de questions sur l’avenir de
l’Europe ; quand on en a parlé, deux sur trois ont pensé que c’était une bonne idée (pour
faire face aux grandes puissances) et le troisième ne pense pas cela réalisable, il pense qu’il
y a trop de disparité entre les états membres de l’UE. En conséquence de cela, aucune des
personnes interrogées ne se sent entièrement européen, tous m’ont dit qu’ils se sentaient
« en partie » européen, après être espagnol, sauf un des élèves qui se considère seulement
comme espagnol.
Pour eux l’Europe c’est : pour Luis Angel, un espace géographique avec ententes
commerciales et économiques (à quand plus ?), pour les GS, l’UE rapproche les pays (l’euro
a une grande importance pour cela pour eux, cela n’est plus seulement des mots, il y a une
« preuve » de ces liens entre européens). Pour les lycéens, c’est une « union de tout », ils
ressentent globalement une certaine proximité, on leur dit que l’UE intervient dans
beaucoup de lois, ils savent qu’il y a tout un gouvernement européen, mais ne savent pas
vraiment ce que c’est que l’Europe pour eux.
Léa Faugère