BPCO : L’AVIS DE LA FAMGB Rêve de généraliste Chères Consœurs, Chers Confrères, Vous avez reçu le 31 octobre les règles de prescription concernant les pathologies respiratoires à appliquer dès le 1ER novembre. La validité scientifique de ces règles est solide. Elles s'appliquent parfaitement à un patient idéal, discipliné, hygiéniquement correct et rentrant tip top dans les cases, soigné par un médecin idéal, travaillant sans stress et gagnant suffisamment bien sa vie pour s'offrir un(e) secrétaire et un(e) technicien(ne) en spirométrie (question de temps). Quant aux autres patients ... (mais ils sont forcément moins de 20%, pas de problème). Lorsque j'ai ouvert le courrier m'informant de ces nouvelles dispositions, j'ai respiré. Profondément. Puis j'ai essayé de le lire. Mais je ne parvenais pas à me concentrer. Je me demandais d'où me venait cette envie irrépressible de prescrire un bêtamimétique à longue durée d'action à tous mes patients présentant une verrue plantaire. Et c'est là que j'ai compris ! Bien sur. Les MG prescrivent des bêtamimétiques pour des verrues plantaires. C'est irresponsable! De même que prescrire des aérosols en nébulisation à des patients non débiles. Il était vraiment plus que temps de légiférer ! Peu à peu, la tristesse s'est infiltrée en moi. La place centrale du généraliste m'est apparue comme celle de la cible d'un combat qui le dépasse. Je me demandais si nos autorités se rendaient compte que des milliers d'Impulseo ne viendraient jamais à bout du dégoût que des règles sans cesse multipliées inspirent tant aux téméraires candidats MG qu'aux praticiens déjà piégés. La médecine générale malade ... ou empoisonnée? La phrase "ras-le-bol, je change de métier" se mit à m'obséder comme une ritournelle infernale. J'imaginai la fin de la médecine générale, l'enterrement progressif, anesthésiant, la mort faute de combattants, la stèle au milieu du rond-point Montgomery, l'hommage inconscient des automobilistes tournant autour d'elle sous le regard narquois du maréchal. Sans doute cette nouvelle vexation réglementaire n'est-elle qu'une péripétie. Peut-être n'y aura-t-il jamais une application réelle (comme dans l'affaire Spiriva où une victime - une de trop - leur a suffi pour se raviser). Et pour me mettre à couvert, il me suffira d'écrire sur mes ordonnances de produits à nébuliser que le patient n'est pas débile. Finalement, au-delà des agaceries de nos fonctionnaires, plus que le soupçon de notre incompétence que distillent nos planificateurs, c'est leur ignorance de la réalité du terrain de la MG qui blesse; une ignorance profonde, méprisante et niée. Je pense souvent à ce vers de Paul Verlaine qui dit que "rien n'est meilleur à l'âme que de faire une âme moins triste". Aujourd'hui, c'est raté. Axel Hoffman, Président FAMGB.