Pascal Combemale, Thierry Rogel : « L`argent, une passion

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CHAPITRE MONNAIE ET FINANCES 2015 2016
I) LA MONNAIE
A) QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ?
1) Fonctions économiques et non économiques de la monnaie
Document 1 : Les fonctions économiques de la monnaie
La monnaie est l'un des instruments les plus utilisés dans notre vie quotidienne. En effet, dans une
économie d'échange complexe et décentralisée comme la nôtre, la monnaie remplit une triple fonction de
calcul économique, de paiement et de réserve de valeur.
La monnaie sert, en premier lieu, à évaluer le prix de tous les biens, c'est une unité de compte qui permet
de mesurer la valeur de biens hétérogènes. Elle ramène les multiples évaluations possibles d'un bien en
termes d'autres biens (prix réels ou relatifs) à une seule évaluation en monnaie (prix nominal ou absolu).
L'utilisation de la monnaie permet une économie d'information et de calcul, grâce à la simplification du
système de prix.
La monnaie est ensuite un bien directement échangeable contre tous les autres biens, un instrument de
paiement qui permet d'acquérir n'importe quel bien ou service, y compris le travail humain. On dit qu'elle
est un « équivalent général ». C'est, en effet, un instrument admis partout et par tout le monde, en toutes
circonstances, et dont le simple transfert entraîne de façon définitive l'extinction des dettes. Nos
économies sont monétaires dans la mesure où les produits ne s'échangent pas contre des produits, mais
contre de la monnaie qui, à son tour, s'échange contre des produits. Cela suppose évidemment qu'il existe
un consensus social et la croyance que l'on peut obtenir à tout moment n'importe quel bien en échange de
monnaie. Cette confiance peut être renforcée par l'autorité de l'Etat et de la banque centrale qui oblige
l'ensemble des acteurs économiques à accepter la monnaie en lui donnant un pouvoir libératoire et légal.
(...).
La monnaie, enfin, est une réserve de valeur, elle est une des formes de la richesse - un actif de
patrimoine - qui présente la particularité de pouvoir à la fois être conservée et rester parfaitement liquide,
c'est-à-dire de garder sa valeur et d'être immédiatement utilisable pour l'échange de biens et services.
Dominique Plihon, “La monnaie et ses mécanismes”, La Découverte, 5ème Edition, 2008
Document 2
Dans le paiement de l’impôt, il n’y a pas de contrepartie monétaire si ce n’est celle, éventuelle et non nécessaire,
d’une redistribution ultérieure sans rapport direct avec le montant de l’impôt ; la seule contrepartie est un devoir
de protection, sans garantie d’exécution (autre que par la médiation du processus de légitimation de l’État), et le
tarif fiscal n’est pas fixé en fonction de cette contrepartie (sauf pour les économistes libéraux qui, afin de réduire
l’État à un simple producteur marchand, violent le réel en faisant comme si l’impôt était le prix des services
que l’État fournit). L’impôt est en fait un paiement unilatéral qui témoigne d’une soumission à une souveraineté.
Il ouvre certes le droit de bénéficier, dans certaines circonstances, de prestations sociales ou corporatives, mais
celles-ci sont établies selon leur propre logique de protection, indépendamment de la contribution fiscale de
chacun. Aucune logique d’équivalence et de libération du lien ne joue ici.
(Bruno Théret : « Monnaie et dettes de vie » - L'Homme - 2009/2 - n° 190)
Document 3
Simmel nous dépeint un tableau qui n’est pas sans rappeler les analyses classiques du passage de la
Communauté à la Société car l’argent a des effets à la fois créateurs et destructeurs pour les liens sociaux.
Il favorise les échanges sociaux où l’on n’a pas besoin d’engager la totalité de sa personnalité et permet
donc l’association entre personnes différentes mais, parallèlement, il tend à détruire les relations fondées
sur l’investissement de la totalité de la personnalité des individus en ne sauvegardant, du moins Simmel le
croyait il, que les rapports individuels amicaux et familiaux et les grandes communautés comme la Patrie.
(Thierry Rogel : « La légitimité monétaire - quels enseignements tirer de la Philosophie de l’argent de Georg
Simmel ? » - Revue Portique n°19 – 2007 - Philosophies de l’argent)
1
Document 4
(…) l’argent est d’abord un moyen : on désire posséder de l’argent dans le but de se procurer des biens
dont on tire une satisfaction. Mais sa particularité est d’être un moyen absolu : il permet d’acquérir tout ce
qui est à vendre. La valeur d’un outil étant déterminée par ce à quoi il sert, cet outil universel est le plus
valorisé de tous. Ainsi une somme d’argent vaut-elle plus que la somme des biens qu’elle permet
d’acheter car elle apporte à son possesseur quelque chose de plus : la liberté de choix. Cela explique
aussi, dans une transaction, l’avantage de l’acheteur, qui détient l’argent, sur le vendeur, qui n’offre qu’un
bien particulier. (…) Il a partie liée avec l’individualisme en ce qu’il offre la possibilité de se désengager
des relations familiales ou communautaires et suscite un sentiment d’indépendance : dans une économie
monétaire on dépend de tout le monde en général, mais de personne en particulier. L’argent « refroidit »
les relations : elles sont dépersonnalisées, deviennent purement utilitaires ou fonctionnelles(…)
(Pascal Combemale, Thierry Rogel : « L'argent, une passion moderne » - Alternatives Economiques n° 288 - février
2010 )
Document 5 : les fonctions de la monnaie en BD
2
(Michel Greg : « L’archipel de Sanzunron »- Dargaud- BD créée pour le journal interne du Crédit Lyonnais)
(NB : cette histoire selon laquelle la monnaie serait née des difficultés liées au troc est souvent racontée, y compris
par des économistes. Elle a le mérite de montrer les avantages de l’utilistion de la monnaie mais elle est
historiquement fausse. C’est ce qu’on appelle « la fable du troc »)
2) Formes monétaires
Document 6
La monnaie est traditionnellement définie comme l’intermédiaire des échanges par excellence (…) Ceci signifie
aussi que, bien que nous supposions habituellement qu'il existe une distinction claire entre ce qui est
monnaie et ce qui n'en est pas — et la législation s'efforce généralement de poser une telle démarcation —, cette
dichotomie n'existe pas dès lors que l'on considère les propriétés qui confèrent à un bien la qualité de monnaie. Ce que nous observons est bien davantage un continuum dans lequel des biens dotés de
différents degrés de liquidité, ou dont les valeurs fluctuent indépendamment les unes des autres, se
confondent partiellement par le degré auquel ils peuvent être utilisés en tant que monnaie.
(Friedrich Hayek « Pour une vraie concurrence des monnaies » - PUF – 2015)
Document 7
Document 8 : les composantes de la masse monétaire
Masse Monétaire
Ensemble des moyens de paiement effectivement ou potentiellement en circulation dans une économie
nationale donnée. Se mesure habituellement soit par M1(liquidités) soit par M3(liquidités+placements
liquides).
M1 : Agrégat monétaire comprenant l'ensemble des moyens de paiement directement utilisables dans une
transaction: monnaie fiduciaire (argent liquide, c'est-à-dire pièces et billets ayant cours légal) et monnaie
scripturale (dépôts à vue mobilisables par chèque, virement ou carte bancaire).
M1 désigne les moyens de paiement (ou disponibilités monétaires) au sens strict du terme: la monnaie
utilisable pour un paiement. Mais, de plus en plus fréquemment, les agents économiques disposent
également de placements suffisamment liquides (c'est-à-dire transformables en monnaie) pour que l'on ne
3
limite pas leurs avoirs monétaires au seul agrégat M1. Par exemple, si je dispose d'un compte-chèques et
d'un compte d'épargne sur livret et que, dans la convention que j'ai passée avec le gestionnaire de mes
comptes, il est prévu que, dès que mes dépenses excèdent le montant de mon compte de dépôt, un
virement automatique transfère de l'argent de mon compte d'épargne à mon compte de dépôt, la monnaie
dont je dispose ne se limite pas, à l'évidence, à ces avoirs sur le compte de dépôt. D'où le calcul d'autres
agrégats monétaires, qui ajoutent à M1 d'autres éléments qui peuvent facilement se transformer en
monnaie.
M2 : Agrégat monétaire composé de M1 (disponibilités monétaires, monnaie au sens strict du terme) et
de l'ensemble des placements mobilisables à vue et sans incertitude sur le montant mobilisable.
livret d'épargne : ce type de placement ne comporte aucun risque. Quant à la liquidité, c'est-à-dire la
capacité de transformer le placement en monnaie, elle est totale pour un certain nombre de livrets (livrets
d'épargne, livrets développement durable, comptes d'épargne logement). C'est pourquoi ces placements
sans risque et mobilisables à vue (c'est-à-dire transformables sans délai en monnaie) sont ajoutés à M1
pour composer le deuxième agrégat monétaire, M2.
M3 : Agrégat monétaire qui comprend, outre M2 (disponibilités monétaires, placements sur livrets à vue),
les placements mobilisables sans délai (c'est-à-dire qui peuvent être liquidés et transformés quasi
instantanément en monnaie utilisable pour un paiement), mais comportant une incertitude quant à leur
valeur de liquidation.
M3 comprend les placements immédiatement mobilisables, mais comportant un élément d'incertitude. Par
exemple, si je détiens des devises, elles font partie de M3: je peux les revendre sans délai dans n'importe
quelle banque, mais le cours est variable. De même, les Sicavet les FCP (Fonds commun de
placement)font partie de M3, parce qu'il s'agit de titres de placement dont le marché est suffisamment
important et animé pour qu'une décision de mise en vente puisse être exécutée immédiatement. En
revanche, comme le cours dépend de l'offre et de la demande, il peut changer, ce qui crée un élément
d'incertitude. Les actions et les obligations pourraient, à la rigueur, faire partie de M3, mais il a été décidé
de les exclure car, s'il est possible de les revendre sans délai, il s'agit malgré tout de titres à longue durée
de vie et l'élément d'incertitude est plus fort. A fortiori, une maison ou un terrain sont des formes de
placement, mais fort peu liquides: le délai pour les vendre exclut qu'on puisse comptabiliser ces formes de
placements dans M3. Cet agrégat est donc caractérisé par la rapidité de la mobilisation de monnaie et par
la faible incertitude quant à la valeur de liquidation des titres qui en font partie. Dans la plupart des pays,
M3 est considéré comme l'agrégat monétaire le plus significatif, celui qui mesure le mieux la liquidité
effective et potentielle des agents.
(Lexique Alternatives Economiques)
3) Qu’est ce qui fait monnaie ?
Document 9
(…) une monnaie ne peut être utilisée largement que si ses utilisateurs font assez confiance à celui qui l'a
émise pour ne pas devoir vérifier constamment sa valeur. Ainsi, les pièces d'argent qui ont longtemps
servi de monnaie en Europe étaient acceptées sans que tous les utilisateurs vérifient leur poids et leur
teneur en métal. D'ailleurs, si la vérification du poids était assez simple (à condition d'avoir une balance et
un poids de référence dans lesquels on ait confiance...), celle de la teneur en métal ne pouvait être réalisée
précisément qu'en... fondant la pièce ! Certains rois ont abusé de cette confiance en émettant des pièces
aux teneurs métalliques faibles, mais un certain nombre de spécialistes (les orfèvres) étaient capables de
le détecter. La confiance diminuait une fois que l'information se diffusait. Elle revenait quand les rois
s'engageaient à produire des pièces de qualité et que l'on pouvait le vérifier. La confiance est devenue plus
difficile à obtenir quand on est passé de la monnaie métallique à la monnaie fiduciaire pure, c'est-à-dire
dont la valeur ne repose pas sur un contenu intrinsèque mais uniquement sur la confiance que l'on fait à
l'émetteur. Longtemps (jusqu'en 1914 en France), les billets émis par les banques centrales furent
convertibles à volonté en pièces métalliques qui avaient une valeur intrinsèque, ce qui rassurait les
détenteurs de billets. Quand la confiance en ces billets fut bien établie, on put imposer leur cours forcé
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(supprimer cette convertibilité). Les billets étaient alors acceptés parce que l'on pouvait les convertir en
biens ou en monnaies étrangères pour des prix raisonnablement stables, parce que les banques centrales
n'en émettaient (en général) pas trop. Dans certains cas, l'émission de billets devint exagérée (les assignats
lors de la Révolution, ou les billets allemands après la première Guerre Mondiale), les utilisateurs
perdirent confiance, et exigèrent de grandes quantités de monnaie en échange de tout bien réel: c'était
l'hyperinflation (les prix des biens devenaient très élevés en termes de monnaie). Aujourd'hui, les
utilisateurs de monnaie la détiennent parce qu'ils ont confiance dans la capacité des banques centrales de
contrôler la production de monnaie (leurs billets mais surtout les dépôts bancaires) en maintenant une
certaine stabilité des prix. Quand ce n'est pas le cas, l'inflation - au moins lorsqu'elle dépasse un certain
seuil - mine la confiance dans la monnaie. D'autres monnaies peuvent alors circuler: on parle ainsi de
dollarisation pour certains pays où le dollar est utilisé à défaut d'une monnaie nationale suffisamment
acceptée.
(Pierre-Cyrille Hautcoeur entretien dans le manuel « sesame » http://sesame.apses.org/index.php?option=com_content&view=article&id=245:entretien-avec-pierre-cyrillehautcoeur-et-bruno-theret&catid=23:dou-vient-la-monnaie-
Document 10
L'extension de l'argent à l'ensemble de la société a été rendue possible grâce à une dématérialisation de la
monnaie se traduisant par la diffusion de la monnaie, fiduciaire et scripturale, les paiements par virement
et, surtout, les différentes formes de monnaie-crédit. Cette dématérialisation confère à l'argent une
signification relativiste : sa valeur n'est plus liée à une substance, généralement un métal précieux, mais à
la mise en relation des objets, des hommes et de leurs désirs. Autrement dit, l'argent est devenu
l'expression de la dépendance réciproque des hommes. La valeur économique émerge en raison de leur
complémentarité et de leur capacité à échanger grâce à la monnaie. L'État centralisateur a joué dans ce
processus un rôle essentiel, à travers l'exercice d'un monopole sur la frappe des monnaies. La garantie
politique est ainsi devenue le fondement de la confiance dans la monnaie, laquelle a permis à son tour de
renforcer la centralisation étatique grâce à la systématisation du prélèvement fiscal qu'elle a rendue
possible.
(Cusin – Benamouzig : « Sociologie et Economie » - PUF)
Document 11
On oppose souvent monnaie de métal précieux et monnaie dite fiduciaire. Nous apercevons maintenant
que toute monnaie est « fiduciaire ». L'or, à ce jour, n'est que la première des monnaies fiduciaires : il n'est pas
plus. Mais il n'est pas moins.
(François Simiand : « Critique sociologique de l’économie »-(1934) – PUF -2006)
B) LA CREATION MONETAIRE
Document 12 : le conte de la dame de Condé
« Nous sommes à Condé-sur-Gartempe. Son hôtel de la Gare est réputé pour ses ortolans et pour sa
discrétion ! Un vendredi après-midi débarque une jeune femme, d'apparence convenable, bien qu'un peu
trop fardée.
Elle réserve une chambre à un grand lit pour la nuit et, comme elle n'a pas de bagage, elle laisse en
acompte un billet de 500 F, tout neuf. Puis, elle s'en va visiter la vieille ville.
Le pâtissier qui a vu la scène dit au patron: "Ça fait 6 semaines que vous me devez 500 F pour la pièce
montée que j'ai livrée à l'occasion de la communion de votre fille". Le patron lui donne le billet de bonne
grâce.
Comme cette scène a été vue par d'autres, elle se reproduisit 5 nouvelles fois car le pâtissier devait aussi
500 F au minotier,.., qui en devait autant au garagiste,... lui-même débiteur de cette somme au boucher,...
5
qui avait à régler 500 F au représentant de la maison Elida,... lequel devait à son tour acquitter sa chambre
à l'hôtel de la Gare pour 500 F.
Au moment où le représentant donne le billet au patron de l'hôtel, notre dame revient de promenade. Elle
annonce qu'elle annule sa réservation. L'hôtelier lui rend donc son billet qu'elle brûle aussitôt. "Il était
faux", dit-elle en souriant...
Vrai ou faux, ce billet a permis d'annuler 3 000 F de dettes qui, sans lui, seraient restées impayées. »
Document 13 : Le processus de création monétaire dans un système de banque unique
La monnaie contemporaine est principalement scripturale et émise par les banques, comme on vient de le
voir. Il est donc important de préciser par quels mécanismes les banques créent de la monnaie et
participent à la croissance de la masse monétaire.
La monnaie scripturale correspond aux dépôts à vue (DAV), inscrits au passif des banques et détenus par
les agents non bancaires. La monnaie scripturale circule par l'intermédiaire des différents instruments qui
en permettent la circulation (chèques, cartes bancaires). Le dépôt est la provision d'un compte, celui-ci
pouvant être alimenté soit par une remise de billets, soit par un virement d'un autre compte, soit grâce à
un crédit accordé par la banque. Ce dernier procédé est celui qui provoque l'augmentation de la masse de
monnaie en circulation.
Dans un système de banque unique
Supposons, pour simplifier, que le système bancaire soit composé d'une seule banque (...). Prenons le cas
d'une entreprise qui emprunte auprès de sa banque. Le mécanisme de la création monétaire se réalise par
un accroissement simultané de l'actif et du passif de l'établissement bancaire concerné, illustré par le
schéma ci-après :
Banque
Entreprise
Actif
passif
actif
passif
Crédit accordé à
Compte de dépôt de
Compte de dépôt à Dette vis à vis de la banque
l’entreprise
l’entreprise
la banque
+ 100
+ 100
+ 100
+ 100
La monnaie créée se concrétise par une inscription au compte (DAV, pour dépôts à vue) du client
emprunteur qui figure au passif du bilan bancaire ; la contrepartie est inscrite a l'actif à un poste créance
sur le client. Le remboursement du crédit aboutira, de façon symétrique, à une destruction de monnaie en
diminuant à la fois l'actif et le passif du bilan bancaire. La masse monétaire - constituée essentiellement
par la monnaie scripturale - s'accroît lorsque les flux de remboursements sont inférieurs aux flux des
crédits nouveaux, de la même manière que le niveau d'une piscine s'élève lorsque le flux d'écoulement est
inférieur au flux de remplissage. (...)
Dominique Plihon, “La monnaie et ses mécanismes”, La Découverte, 5ème Edition, 2008
C) MONNAIE ET ACTIVITE ECONOMIQUE
1) La monnaie, la demande et la production : Les taux d’intérêt
Document 14 : Qu’est ce que le taux d’intérêt ?
Le taux d'intérêt est un prix : c'est le prix qu'il faut payer pour emprunter de l'argent, c'est aussi le prix que
l'on reçoit quand on prête de l'argent. Ce prix s'exprime sous la forme d'un taux, par exemple 5.5%. Cela
signifie que si l'on emprunte 1000 € pour un an, on paiera des intérêts s'élevant à 55 €. La banque, en
nous prêtant 1000 €, nous a rendu un service, service qu'elle nous fait payer 55 € par année d'emprunt.
L'intérêt est donc la rémunération d'un service, le prêt d'argent.
(http://ses.webclass.fr/6b/notion/taux-interet)
6
Document 15
TAUX D’INTÉRÊT REEL, TAUX D’INTÉRÊT NOMINAL, TAUX D’INFLATION.
Du côté du prêteur.
Une histoire de CD
Pour le jour de l’an, vous avez eu la chance de recevoir 1000 Euros de la part de votre vieille
tante. 1000 Euros ! C’est une somme ! En mélomane averti, vous vous précipitez vers le marchand de
musique en tube le plus proche afin de compléter votre collection de CD de Lorie, de Britney Spears
et de Paris Hilton (ben oui ! elle s’est mise à chanter). A 20 Euros le Cd, çà vous fait 50 Cd et des
heures d’extase musicale (évidemment, il n’est pas question de téléchargement). Mais en cours de
route, vous vous dites qu’il serait peut être plus judicieux d’attendre et de placer le cadeau de votre
tante sur un compte à 6% par an. Vous calculez qu’au 31 Décembre de l’année en cours, vous pourrez
récupérer 1000 euros + 6% de 1000 Euros soit 1060 Euros, c’est à dire que vous pourrez acheter
1060/20 soit 53 Cd et vous estimez que cela vaut la peine d’attendre un an pour avoir trois Cd de
plus. Evidemment, vous avez toutes les chances d’être déçu et il n’est pas difficile de comprendre
pourquoi.
Question
1) Pourquoi ? A vous de répondre ….
.
Généralisation.
Maintenant, il est possible d’examiner une situation plus générale : au lieu de prendre le seul prix des
Cd, supposons que nous retenions la moyenne des prix des biens achetés par un ménage moyen
français, c’est à dire ce qu’on appelle le « taux d’inflation ». On voit que ce qui compte, ce n’est pas
ce qu’on gagne en apparence en plaçant sa monnaie (ce qu’on appelle le « taux d’intérêt nominal »)
mais la différence entre ce que rapporte le placement et l’augmentation des prix (ou le taux
d’inflation), ce qu’on appelle le taux d’intérêt réel. Sa formule est la suivante :
TAUX D’INTÉRÊT REEL = TAUX D’INTÉRÊT NOMINAL – TAUX D’INFLATION
Conséquences.
On comprend alors que l’inflation tend à réduire le revenu du placement, c’est dire qu’en cas
d’inflation forte on n’a guère intérêt à placer et guère intérêt à épargner. On peut donc supposer que
l’inflation a plutôt un effet négatif sur l’épargne (ce qui peut poser problème puisqu’on a besoin que
les individus épargnent pour pouvoir faire des prêts et notamment pour financer l’investissement)..
Du côté de l’emprunteur.
Toujours une histoire de CD
Puisque le prêteur est perdant en situation d’inflation, l’emprunteur sera probablement
gagnant. Dans ce cas, il faut supposer que vous travaillez régulièrement et que votre salaire suit
exactement le taux d’inflation. Supposons que vous gagniez 2000 Euros par mois au mois de Janvier
et que vous empruntiez 1000 Euros pour acheter les 50 Cd des chanteuses citées ci-dessus (quand on
aime, on ne compte pas !). Votre contrat prévoit que vous remboursiez les 1000 Euros en fin d’année
avec un taux d’intérêt de 6% par an (en réalité, çà ne se passe pas de manière aussi simple). Vous
prévoyez donc de rembourser en fin d’année : 1000 x 1,06 soit 1060 Euros ce qui représenterait
(1060/2000) x 100 soit 53% de votre revenu mensuel du mois de Décembre. Mais l’inflation a
augmenté et votre salaire a suivi selon les trois mêmes cas que ci-dessus (2%, 6%, 12%).
Question
7
2) A vous de calculer votre charge de remboursement en pourcentage du revenu
pour chacun des trois cas.
On le voit, la charge de remboursement en pourcentage baisse à mesure que l’inflation augmente
(mais cela à deux conditions : que le salaire augmente comme l’inflation et que le taux d’intérêt soit
fixe , c’est à dire qu’il ne change pas en cours de route. En effet, il existe aussi des taux d’intérêt
variable qui changent en fonction e l’inflation).
Généralisation
La formule du taux d’intérêt réel s’applique là aussi et on voit qu’un emprunteur peut
bénéficier d’un « taux d’intérêt réel négatif »,
Conséquences
On voit donc que si un faible taux d’intérêt réel n’incite pas à prêter (et à épargner) ce qui
n’est probablement pas bon pour le financement de l’investissement mais incite à emprunter, ce qui
permet de soutenir la demande (de consommation et d’investissement). Comme souvent en économie,
nous avons des effets contradictoires.
Document 16 : il existe même des taux d’intérêt nominaux négatifs
La situation semble défier le bon sens : l’Etat français emprunte depuis fin août 2014 à des taux
négatifs – en tout cas, lorsqu’il s’agit d’emprunts pour une durée inférieure ou égale à quatre ans.
Cela signifie que les investisseurs perdent de l’argent en prêtant à la France, pour qui, au contraire,
emprunter sur ces échéances devient rémunérateur.
L’Agence France Trésor n’est pas la seule dans ce cas : ses homologues en Allemagne, en Suisse ou
au Japon sont dans la même situation. Au niveau mondial, selon un calcul de Bloomberg, fin février,
c’est plus d’un quart du montant total des emprunts d’Etat qui affiche désormais un rendement
négatif, soit l’équivalent d’environ 6 000 milliards d’euros.
L’ère des taux négatifs prévaut aussi du côté des banques centrales. Certaines d’entre elles acceptent
de payer pour prêter de l’argent aux banques. Ces derniers mois, la Banque nationale de Suisse et la
Banque de Suède (Riksbank) ont adopté un taux de refinancement négatif : en Suède, une banque qui
emprunte 100 à la Riksbank ne remboursera, à terme, que 99,90.
Inversement, ces institutions monétaires ont aussi adopté un taux de dépôt négatif, à l’image de la
Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque du Japon : cela signifie que les banques doivent
payer pour placer des liquidités à court terme dans les coffres des banques centrales. Jeudi 10 mars, la
BCE a de nouveau abaissé son taux de dépôt de - 0,3 % à - 0,4 %.
(…)
Pourquoi en est-on arrivé là ?
Dans le cas des obligations d’Etat, les investisseurs cherchent avant tout la sécurité : ils sont donc
prêts à payer pour placer leur argent en prêtant à un pays considéré comme « sûr ». Une sécurité que
les emprunts émis par les grands pays sont a priori de nature à leur apporter.
(…)
Qui emprunte à taux négatif ?
Les Etats et les banques commerciales, mais pas les particuliers : (…)
Qui accepte de payer pour prêter et pourquoi ?
En ce qui concerne les emprunts d’Etat, ce sont les grandes banques, les compagnies d’assurance, les
fonds de pension… Dans une situation d’excès de liquidités, la question est davantage de ne pas trop
perdre d’argent que d’en gagner.
(Mathilde Damgé : « Taux négatifs : qui accepte de payer pour prêter ? » - Le Monde.fr | 10.03.2016 )
http://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/10/taux-negatifs-qui-accepte-de-payer-pourpreter_4880059_4355770.html
8
2) La monnaie et l’inflation
a) Qu’est que l’inflation ?
Document 17 : Inflation et déflation, qu'est-ce que c'est ?
Inflation : définition
L’inflation désigne l’augmentation générale et durable des prix des biens et services de
consommation. Elle entraîne la diminution du pouvoir d’achat d’une monnaie (par exemple, de
l’euro).
Comment est calculé le taux d’inflation ?
L’instrument de mesure de l’inflation en France est l’indice des prix à la consommation (IPC) calculé
par l’Insee.
Indice des prix à la consommation (IPC) en France
Chaque mois, l’Insee relève sur l’ensemble du territoire les prix d’un éventail très large de produits et
services représentatifs de la consommation des ménages français.
Par exemple : large gamme de produits alimentaires, loyers d’habitation, prix de l’essence,
ordinateurs, places de cinéma, etc. Les achats de biens immobiliers ne sont pas retenus car il ne s’agit
pas de biens de consommation mais de dépenses d’investissement.
L’IPC permet de mesurer l’évolution (mensuelle et annuelle) moyenne de ces prix. C’est une mesure
synthétique de l’évolution des prix des produits et services, à qualité constante.
Déflation : définition
On parle de déflation en cas de diminution générale et durable des prix des biens et services de
consommation. Il s’agit d’une inflation négative durable. Si les prix ralentissent, ou baissent
ponctuellement, on parle de désinflation.
https://www.lcl.com/guides-pratiques/zooms-economiques/inflation.jsp
Document 18
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Document 19
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