Les formes de l’art moderne Les formes d'art modernes ont évolué au fil des années et enregistré une évolution éblouissante. La modernité en art Le mot « moderne », qui apparaît au VIe siècle en bas latin (« modernus »), signifiait alors ce qui est le propre du « modo », ce qui estjuste, mesuré, adapté à la mesure : la limite à ne pas franchir, nous explique Jean Clair (La Responsabilité de l´artiste, Le débat/Gallimard, 1997, p. 21 et suivantes). Aujourd´hui, la modernité semble impliquer dans son concept même tout à la fois une notion d´adéquation au présent (« être moderne » serait au sens faible de l´expression « être de son temps ») et une notion de rupture :dans l´art contemporain, on retrouve assez clairement cette double et par là un peu paradoxale revendication. En élargissant l´analyse, on peut proposer un autre diagnostic : la modernité en art serait le reflet de l´idéologie moderne générale selon laquelle l´individu doit sans cesse rompre avec l´héritage des traditions au nom de son autonomie. « L´idée fondamentale du modernisme, la tendance répandue dans la civilisation occidentale depuis le XVIe siècle est la suivante :l´unité de la société n´est ni le groupe, ni la corporation, ni la tribu, ni la cité, mais l´individu», disait Daniel Bell dans son essai intitulé“ Les Contradictions culturelles du capitalisme “ . Nous ne retiendrons ici que tres exemples. Mais il est évident que la photographie, le cinema, la musique mériteraient ici tout autant d´être examinés. Le déplacement des formes artistiques Nous ne retiendrons ici que quatre exemples. Mais il est évident que la littérature, le théâtre, la danse et l´architecture mériteraient ici tout autant d´être examinés. Les éléments d´information et de réflexion qui suivent étant limités, on notera également que des types d´art évoqués, comme la vidéo par exemple, pourraient en eux-mêmes largement justifier des développements particuliers. 1. La photographie L´art photographique émerge dans la seconde moitié du XIXe siècle, mais va prendre toute son ampleur au XXe siècle. On ne fera pas ici l´histoire de cet art : on se bornera à évoquer quelques traits saillants qui intéressent l´évolution de l´art en général. La première évidence est ici celle de la la photographie est qu´il n´y a pas de possibilité apparemment enfin donnée d'une reproduction innocente et objective du réel :si reproduction à l´identique du réel : la figuration nous photographions un objet quelconque, aucune en peinture « photographie ne sera jamais neutre, comme si réaliste » devient l´on pouvait faire abstraction du regard que nous inutile ou portons sur les choses pour les reproduire telles redondante. Dans le qu´elles « nous même temps, ce que apparaissent en réalité nous apprend très vite » ou, plus ambitieux encore, telles qu´elles « sont en réalité ». Ce problème, qui n´est d´autre pour le philosophe que celui de la représentation en général dans l´ordre de la connaissance du monde, est facile à saisir : le cadre que nous allons choisir pour le cliché que nous prenons, l´objectif sélectionné, le grain de la pellicule, etc. sont autant d´éléments qui montrent qu´il existe toujours une infinité de 2. Le cinéma Le cinéma est une imagemouvement, et une imagetemps, pour reprendre les titres des deux volumes de l´ouvrage du philosophe Gilles Deleuze consacré à cet art. Les possibilités narratives et le pouvoir de fascination qu´il suscite ont entraîné un développement vertigineux de cet art au cours du XXe siècle. 3. photographies possibles pour un même objet photographié. Ceux qui auraient été assez distraits pour ne jamais y avoir réfléchi à propos de la peinture figurative (dont on voit mal pourtant comment on pourrait penser un seul instant qu´elle puisse être une représentation « objective » de la réalité) le découvriront donc tout de suite avec la photographie. On pourra remarquer tout de suite que l´apparition d´un art absolument nouveau aurait pu être accompagnée d´un bouleversement immédiat des catégories esthétiques traditionnelles. Ce ne fut pas le cas, du moins en ce qui concerne la construction des genres, calqués sur la distribution la plus classique de la littérature : genre comique, historique, dramatique, et, chose finalement surprenante, « cinéma d´art et d´essai », ce qui désigne en général des films peu prisés par les sociétés commerciales de distribution. On pressent bien que ce critère ne tient pas : un film de Bergman ou de Resnais n´est pas moins (mais pas plus) artistique parce qu´il utilise moins d´effets spéciaux et de techniques de pointe. Un film n´est donc pas un avion, objet d´une catégorie dans laquelle on peut admettre que le plus souvent (mais pas toujours donc :l´histoire des techniques n´est pas si linéaire) le modèle le plus récent est le meilleur. La technique cinématographique a bien sûr un autre sens :c´est la façon de construire une narration, de filmer, de faire intervenir musique et dialogues. La musique L´opposition entre art populaire ou de masse et art savant et élitiste semble parfois portée au plus haut point dans la musique du XXe siècle :nul art ne participe autant à notre vie quotidienne, justifiant que l´on puisse parler d´une véritable consommation musicale, tout en étant dans sa forme « contemporaine » le plus souvent inaccessible et ignoré des foules. En France, la musique contemporaine est attachée au nom de Pierre Boulez (1925), compositeur, théoricien de la musique et par ailleurs exceptionnel interprète de la musique dite classique. Aujourd´hui, au milieu d´une riche et diverse floraison de styles, on notera pour certains compositeurs une large utilisation des nouvelles technologies, notamment de logiciels spécialisés et d´environnements informatiques participant à la composition (en conservant ou non les catégories traditionnelles de la musicologie comme la note), ou, pour d´autres, une ouverture éclectique à d´autres traditions musicales comme les musiques extraeuropéennes, le jazz ou le rock.