encore, telles qu´elles « sont en réalité ». Ce
problème, qui n´est d´autre pour le philosophe
que celui de la représentation en général dans
l´ordre de la connaissance du monde, est facile à
saisir : le cadre que nous allons choisir pour le
cliché que nous prenons, l´objectif sélectionné, le
grain de la pellicule, etc. sont autant d´éléments
qui montrent qu´il existe toujours une infinité de
photographies possibles pour un même objet
photographié. Ceux qui auraient été assez
distraits pour ne jamais y avoir réfléchi à propos
de la peinture figurative (dont on voit mal
pourtant comment on pourrait penser un seul
instant qu´elle puisse être une représentation «
objective » de la réalité) le découvriront donc
tout de suite avec la photographie.
2. Le cinéma
Le cinéma est une image-
mouvement, et une image-
temps, pour reprendre les
titres des deux volumes de
l´ouvrage du philosophe Gilles
Deleuze consacré à cet art.
Les possibilités narratives et
le pouvoir de fascination qu´il
suscite ont entraîné un
développement vertigineux de
cet art au cours du XXe
siècle.
On pourra remarquer
tout de suite que l´apparition
d´un art absolument nouveau
aurait pu être accompagnée
d´un bouleversement
immédiat des catégories
esthétiques traditionnelles.
Ce ne fut pas le cas, du moins
en ce qui concerne la
construction des genres,
calqués sur la distribution la
plus classique de la littérature
: genre comique, historique,
dramatique, et, chose
finalement surprenante, «
cinéma d´art et d´essai », ce
qui désigne en général des
films peu prisés par les
sociétés commerciales de
distribution.
On pressent bien que
ce critère ne tient pas : un
film de Bergman ou de Resnais
n´est pas moins (mais pas
plus) artistique parce qu´il
utilise moins d´effets
spéciaux et de techniques de
pointe. Un film n´est donc pas
un avion, objet d´une
catégorie dans laquelle on
peut admettre que le plus
souvent (mais pas toujours
donc :l´histoire des
techniques n´est pas si
linéaire) le modèle le plus
récent est le meilleur. La
technique cinématographique
a bien sûr un autre sens
:c´est la façon de construire
une narration, de filmer, de
faire intervenir musique et
dialogues.
3. La musique
L´opposition entre art populaire ou de
masse et art savant et élitiste semble parfois
portée au plus haut point dans la musique du XXe
siècle :nul art ne participe autant à notre vie
quotidienne, justifiant que l´on puisse parler
d´une véritable consommation musicale, tout en
étant dans sa forme « contemporaine » le plus
souvent inaccessible et ignoré des foules.
En France, la musique contemporaine est attachée au nom de Pierre Boulez (1925), compositeur,
théoricien de la musique et par ailleurs exceptionnel interprète de la musique dite classique. Aujourd´hui, au
milieu d´une riche et diverse floraison de styles, on notera pour certains compositeurs une large utilisation
des nouvelles technologies, notamment de logiciels spécialisés et
d´environnements informatiques participant à la composition (en
conservant ou non les catégories traditionnelles de la musicologie
comme la note), ou, pour d´autres, une ouverture éclectique à
d´autres traditions musicales comme les musiques extra-
européennes, le jazz ou le rock.