Réactiver les dépenses passives du chômage, c’est se donner les moyens,
l’opportunité de former, de réorienter, d’accompagner toutes les personnes dans ce
moment de transition de vie que constitue le chômage… (Re)donner aux chômeurs des
« envies d’agir », de (re)construire des liens sociaux, afin de les (re)situer comme des
citoyens actifs, participants à un réel projet de société, stimulant l’initiative et la
créativité dans le cadre de l’économie sociale de proximité.
Ignorant cela, collectivement, depuis plus de 30 ans, nous nous sommes révélés
incapables ou impuissants de réduire le chômage. Nous n’avons pas pu ou voulu saisir
cette chance représentée par la réactivation du coût du chômage. C’est alors que
s’appuyant sur le constat d’échec du traitement du chômage, nous voyons les partisans
de la « fin du travail », qui proposent la création d’un « Revenu Universel pour tous »,
idée soutenue de façon étonnante, par de nombreux libéraux, ce qui devrait
inquiéter ceux qui, à gauche soutiennent cette idée !
Ce Revenu Universel serait réservé à toute personne sans contrepartie
sociale, tout au long de la vie, de la naissance à la mort, sans condition de ressources
autres. Cette idée, présentée par certains comme nouvelle ou moderne, alimente le
débat de la campagne des élections présidentielles 2017.
Pourtant cette proposition n’est pas nouvelle. Le premier à avoir théorisé cette
« solution à la pauvreté », c’est le philosophe Thomas More qui développe au XVIème
siècle, ce « remède à la pauvreté » dans un livre intitulé « Utopia ». (voir article d’Hubert
Reys sur le Clairon de janvier)
Ce fameux « revenu universel » avait déjà été testé aux Etats-Unis dans quatre
villes auprès de 7500 personnes, sous l’impulsion notamment du très
« révolutionnaire » Richard Nixon, ainsi qu’au Canada, en Inde, au Brésil ou encore en
Namibie. L’objectif est de permettre une adaptation à la crise des couches sociale les
plus défavorisées en leur octroyant les moyens minimums de survie.
En 2013 le prix Nobel d’économie Paul Krugman, économiste libéral, a développé
cette idée sous le vocable de « revenu de base » dans son livre « Capitalisme et Liberté ».
Il s’est fait le chantre de cette mesure (du moins de la philosophie qui la sous-tend) avec
l’idée d’un « impôt négatif » qui revient à attribuer une prime de l’État à ceux qui
n’auraient pas assez travaillé dans l’année, pour compenser l’absence de revenus.
De telles références auraient-elles inspiré la mesure phare du candidat du Parti
Socialiste en 2017 ! ?!!!
Un tel revenu présenterait dans l’esprit libéral un avantage considérable :
évacuer toutes les interrogations qui permettraient de comprendre pourquoi des
millions d’individus sont exclus de l’emploi, de la vie sociale, du salaire, d’où le choix de
tester des rustines permettant de maintenir la paix sociale au moindre coût.
Avec le faible niveau de revenu annoncé, en tout état de cause en dessous du seuil
de pauvreté, on nous annonce un revenu universel qui permettrait de ne pas mourir de
faim ! Mais alors nous assisterons pour compléter ce revenu insuffisant à une
augmentation considérable de travaux précaires, à la multiplication des « petits
boulots » alternant avec des phases de chômage plus ou moins longues.
Enfin, comme toutes les mesures sociales, le revenu universel ne sera qu’une
situation transitoire, il sera combattu, parce que « pas rentable », par les propriétaires
de capitaux. Pour les néolibéraux favorables au revenu universel, une telle option leur
permettrait de « liquider » les droits sociaux en mettant une somme forfaitaire à
disposition de chacun pour « solde de tout compte »… Mais aussi de se séparer de
salariés « récalcitrants ». Et la prochaine étape inéluctable fera qu’à leur initiative le
revenu universel sera soumis à condition dans une conception punitive de l’aide sociale.