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Article d’après MSN-ENCARTA
1851 2 décembre Au petit matin, le président de la
République Louis-Napoléon Bonaparte (élu en
décembre 1848) organise un Coup d'Etat dans le
but de restaurer l'empire. Les murs de Paris sont
placardés d'affiches annonçant la dissolution de
l'Assemblée et du Conseil. Les nouvelles
dispositions prises par le prince-président,
prévoient aussi de consulter le peuple par voie de
référendum sur l'instauration d'une nouvelle
Constitution. Le neveu de Napoléon Ier choisit
d'agir le 2 décembre en souvenir du sacre de son
oncle et de sa grandeur militaire le jour de la
bataille. Tout comme son aïeul il deviendra
empereur sous le nom de Napoléon III, le 2
décembre 1852
1851 4 décembre Deux jours après son Coup d'Etat, le
président Louis-Napoléon Bonaparte organise une
sanglante répression contre les insurgés (en
majorité des ouvriers) s'opposant à sa prise de
pouvoir. Les barricades qui se sont élevées depuis
la veille sur les boulevarda parisiens sont prises
d'assaut par l'armée. Les fusillades font environ 400
morts. En deux jours, la police du prince-président
procède à plus de 25 000 arrestations. En province,
32 départements sont mis en état de siège, mais la
résistance des paysans sera elle aussi écrasée dans
le sang.
1852 17 février Le président de la République Louis-
Napoléon Bonaparte établit un ensemble de
mesures préventives et de sanctions visant à
museler la presse. Par décret, il est interdit aux
journaux de rendre compte des bats
parlementaires et des procès autrement qu'en
reproduisant les procès-verbaux officiels. La
censure des images est rétablie. Les journaux ne
respectant pas ce décret pourront être suspendus
après un avertissement et définitivement supprimés
s'ils récidivent. Entre mars 1852 et juin 1853, 91
avertissements seront délivrés par le ministre de la
Police, Maupas.
1852 21 novembre Le Sénat convoque les Français aux
urnes en organisant un plébiscite sur le
rétablissement de l'Empire. Le "oui" l'emporte très
majoritairement, mais près de 2 millions d'électeurs
se sont abstenus. Le Second Empire sera
officiellement proclamé le 2 décembre. Louis-
Napoléon Bonaparte deviendra le nouveau
souverain des Français sous le nom de Napoléon III.
1853 29 janvier Eperdument amoureux depuis plusieurs
mois, Napoléon III épouse la jeune espagnole
Eugenia Maria de Montijo de Guzman, comtesse de
Teba. Le mariage est célébà Notre-Dame de Paris.
Les festivités dureront deux jours. Le 16 mars 1856,
l'impératrice Eugénie donnera naissance à son unique
enfant, le prince impérial Napoléon-Louis.
1858 14 janvier L'empereur Napoléon III et l'impératrice
Eugénie échappent de peu à un attentat à la bombe
perpétré par le révolutionnaire italien Felice Orsini.
L'explosion cause la mort de 8 personnes et fait 150
blessés. Orsini, partisan de la réunification italienne,
reprochait à l'empereur d'entraver l'unification de son
pays. Il sera condamné à mort et guillotiné le 13
mars.
1858 19 février La loi de sûreté générale est adoptée par
l'Assemblée à 227 voix contre 24. Napoléon III, qui
a été victime d'un attentat le 14 janvier, entend grâce
à cette loi interner ou expulser toute personne ayant
déjà subi des condamnations politiques. A partir du
24, des "suspects" seront arrêtés dans toute la France.
Présentés à des commissions départementales, une
centaine d'entre eux sera déportée en Algérie.
1859 3 mai A la suite de l'alliance conclue entre la France
et la Sardaigne pour la formation de l'unité italienne,
les forces franco-sardes, d'une part, et les troupes
autrichiennes, de l'autre, entrent en guerre. Napoléon
III, redoutant une intervention de la Prusse et suivant
les conseils de modération de la Russie, mettra fin à
la campagne en signant avec l'empereur d'Autriche
François-Joseph l'armistice de Villafranca (Italie) en
juillet 1859. Nice et la Savoie seront rattachés à la
France.
1873 9 janvier L'ex-empereur des Français meurt dans sa
résidence de Camdem Place, dans le comté de Kent
en Angleterre, il vivait en exil depuis le sastre
de 1870. Atteint de la maladie de la pierre, l'ex-
Napoléon III était fortement handicapé. Deux
interventions chirurgicales survenues le 2 et le 7
janvier avaient considérablement affecté son état
général. Le neveu de Napoléon Ier et dernier
souverain de France s'éteint quelques minutes avant
que son chirurgien, le Docteur Thompson, ne tente
une dernière opération. Il est 10h45.
Le Second Empire 2
I. N
APOLEON
III
1
Charles Louis Napoléon Bonaparte, prince français à sa naissance, dit Louis-Napoléon Bonaparte
(conformément à l'usage du Premier Empire, repris sous le Second, son nom patronymique était Napoléon et non
Bonaparte) (20 avril 1808 - 9 janvier 1873), est le premier président de la République française, élu le
10 décembre 1848 avec 74 % des voix au suffrage universel
masculin, ainsi que le troisième empereur des Français (1852-
1870) sous le nom de Napoléon III. Il est donc à la fois le premier
président de la République française et le dernier empereur
français.
Issu de la maison Bonaparte, il est le neveu de Napoléon I
er
, il est
le troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et de
Hortense de Beauharnais, fille de l'impératrice Joséphine, donc il
était prince hollandais durant le règne de son père. Il devient l'aîné
des Napoléon après les morts successives de ses frères aînés et du
duc de Reichstadt (Napoléon II) dit « l'Aiglon ».
Ses premières tentatives de coup d'État, mal conçues et sans bases
populaires, échouent; mais la vague révolutionnaire de 1848 le
conduit à prendre les devants en politique.
Le coup d'État du 2 décembre 1851 lui permet ensuite de mener
enfin la restauration impériale à son profit et d'exercer un pouvoir
personnel sans partage, même si le caractère très autoritaire du
Second Empire ne cesse de s'atténuer après 1859 pour faire place
progressivement à « l'empire libéral ».
Le futur Napoléon III fait connaître tôt sa philosophie politique
dans Idées napoléoniennes et dans L'Extinction du Paupérisme
(1844), mélange de romantisme, de libéralisme autoritaire, et de socialisme utopique. Admirateur de la
modernité britannique, son règne est marqué par une œuvre de développement industriel, économique et
financier considérable, notamment par la transformation de Paris par le préfet Haussmann. La fin de son régime
est scellée par sa défaite de 1870 lors de la guerre franco-prussienne.
Longtemps, il est resté l'objet d'une légende noire, due à l'opposition et à l'œuvre hostile de Victor Hugo
1
, et
beaucoup à la III
e
République, dont les programmes d'histoire était très largement orientés. Napoléon III a été
récemment redécouvert par l' historiographie contemporaine mais reste un sujet hautement controversé.
Jeunesse
Troisième fils de Louis Bonaparte et de Hortense de Beauharnais, le futur empereur voit le jour à Paris
le mercredi 20 avril 1808 à une heure du matin, onze mois après le décès de son frère aîné Napoléon Louis
Charles Bonaparte. Ils sont, avec le roi de Rome, les seuls princes de la famille qui naquirent sous le régime
impérial ; aussi furent-ils les deux seuls qui reçurent à leur naissance les honneurs militaires. Des salves
d'artillerie annoncèrent la naissance du prince Louis Napoléon dans toute la vaste étendue de l'Empire. Son oncle
l'empereur Napoléon étant absent, on ne prénomma l'enfant que le 2 juin suivant
2
.
La loi du 1
er
janvier 1816, bannissant tous les Bonaparte du territoire français, contraint la reine
Hortense de Hollande, divorcée, à s'exiler en Suisse elle achète en 1817 le château d'Arenenberg, dominant le
lac de Constance. Elle s'y installe avec ses deux fils survivants.
Sans soucis d'ordre matériel, Louis-Napoléon est élevé par sa mère en Suisse ou à Rome. Il y rencontre sa grand
mère Laetitia Bonaparte. Bien que se plaignant de n'avoir conservé que peu de souvenirs de son oncle, il l'a
toutefois connu, enfant.
Il est élevé dans culte de Napoléon I et dans la certitude de sa vocation dynastique. Il reçoit à Constance
l'enseignement de nombreux professeurs, en particulier de Philippe Le Bas, fils d'un conventionnel jacobin. Un
ancien officier de son oncle Napoléon I
er
, lui enseigne, par ailleurs, l'art de la guerre.
Proche de la charbonnerie, il tente, avec son frère ainé Louis, lors d'un complot à Rome en 1830, de favoriser la
cause de l'unité italienne : ils projettent alors de faire prisonniers les cardinaux, afin de déposséder le Pape de son
pouvoir séculier. Après leur expulsion en Suisse, son frère regagne l'Italie lors du soulèvement des duchés
1
D’après Wikipédia
Le Second Empire 3
centraux en 1831, durant lequel il trouve la mort
3
, à Forlì. Hortense ramène son dernier fils, malade
4
, à Paris,
elle obtient de Louis Philippe un sauf-conduit vers la Suisse.
Volontaire dans l'armée suisse depuis 1830, Louis-Napoléon accède au grade de capitaine d'artillerie en 1834. Il
obtient la nationalité suisse dans le canton de Thurgovie, en 1832, ce qui fera dire à certains historiens que
Louis-Napoléon Bonaparte aura été « le seul suisse à régner sur la France »
5
.
Tentative de soulèvement à Strasbourg
Après la mort du duc de Reichstadt le 22 juillet 1832, et dans la mesure son frère aîné est mort en
1831, Louis-Napoléon se considère comme l'héritier de la couronne impériale, après avoir rencontré son oncle
Joseph Bonaparte. Il organise ses réseaux en France, et prépare sa prise de pouvoir.
Le 30 octobre 1836, le prince Louis-Napoléon Bonaparte, avec une poignée de complices, effectue une
tentative de soulèvement de Strasbourg
6
. Il espère soulever la garnison et, ensuite, marcher sur Paris et renverser
la monarchie de Juillet. Son plan est de rassembler sur son passage les troupes et les populations, sur le modèle
du retour de l'île d'Elbe en 1815. Strasbourg, importante place militaire, est aisément accessible depuis
l'Allemagne et, surtout, c'est une ville de gauche et patriote.
Sur place, l'âme du complot est le colonel Vaudrey, qui commande le 4
e
régiment d'artillerie, dans
lequel Napoléon Bonaparte a servi à Toulon en 1793, et qui s'estime mal traité par la monarchie de Juillet.
L'opération est engagée le 30 octobre 1836 au matin. Elle tourne court presque aussitôt. Le prince et ses
complices sont arrêtés. Le roi Louis et les oncles du jeune prince condamnent aussitôt l'opération. La reine
Hortense écrit à Louis-Philippe pour lui suggérer de laisser son fils quitter la France. Le roi convainc son
gouvernement qui, en dehors de toute procédure légale, fait conduire le prince à Lorient où, muni d'une somme
d'argent, il est embarqué sur L'Andromède le 21 novembre 1836 à destination des États-Unis d'Amérique, il
sera débarqué le 30 mars 1837.
Pendant ce temps, ses complices sont jugés à Strasbourg devant la cour d'assises, et acquittés par le
jury, sous les acclamations du public, le 18 janvier 1837. Si la tentative a été un échec complet, elle a fait
connaître le prince Louis-Napoléon en France et l'a identifié à la cause bonapartiste.
Retour en Europe
Le prince ne reste pas longtemps aux États-Unis. Il rentre bientôt en Europe et revient s'installer en
Suisse. En juin 1838, l'un des conjurés de Strasbourg, l'ex-lieutenant Armand Laity, lointainement apparenté à la
famille de Beauharnais, publie à 10 000 exemplaires une brochure, sans doute financée par Louis-Napoléon,
intitulée Relation historique des événements du 30 octobre 1836, qui est une apologie du bonapartisme. La
brochure est saisie, Laity est arrêté et jugé devant la Cour des pairs qui le condamne à 5 ans de détention et
10 000 francs d'amende le 11 juillet 1838. À la suite de cet incident, le gouvernement français demande à la
Suisse, au début du mois d'août 1838, l'expulsion du prince Louis-Napoléon et, sûr de l'appui de l'Autriche,
menace la confédération d'une rupture des relations diplomatiques et même d'une guerre, allant jusqu’à
concentrer dans le Jura une armée de 25 000 hommes. Le gouvernement suisse, indigné, invoque la qualité de
bourgeois de Thurgovie du prince. En définitive, celui-ci annonce, le 22 août, son intention de s'installer en
Angleterre. Par une note du 6 octobre, la Diète fédérale helvétique peut donc repousser la demande d'expulsion
du gouvernement français, non sans préciser que le prince Bonaparte va bientôt quitter la Suisse.
Héritant de sa mère en 1839, Louis-Napoléon a les moyens d'imprimer à 500 000 exemplaires une
brochure détaillant son programme politique : Les Idées napoléoniennes, dans laquelle il fait de Napoléon I
er
le
précurseur de la liberté. Au début de 1840, son fidèle Fialin lance à son tour ses Lettres de Londres, qui exaltent
ce prince qui « ose seul et sans appui, entreprendre la grande mission de continuer l'œuvre de son oncle »
7
.
Depuis Londres, le prince prépare une nouvelle tentative de coup d'État. Voulant profiter du
mouvement de ferveur bonapartiste suscité par la cision du cabinet Thiers de ramener de Sainte-Hélène les
cendres de l'empereur, il débarque à Boulogne-sur-Mer, le 6 août 1840, en compagnie de quelques comparses
parmi lesquels un compagnon de Napoléon I
er
à Sainte-Hélène, le général de Montholon
8
, avec l'espoir de rallier
le 42
e
régiment de ligne. L'opération est un échec total : Louis-Napoléon et ses complices sont arrêtés, écroués
sur ordre du procureur Legagneur et incarcérés au fort de Ham. Leur procès se tient devant la Chambre des pairs
du 28 septembre au 6 octobre, dans une indifférence générale
9
. Le prince, défendu par le célèbre avocat
légitimiste Berryer, prononce un discours éloquent :
« Je représente devant vous un principe, une cause, une faite. Le principe, c'est la souveraineté du
peuple, la cause celle de l'Empire, la faite Waterloo. Le principe, vous l'avez reconnu ; la cause, vous
l'avez servie ; la défaite, vous voulez la venger. […] Représentant d'une cause politique, je ne puis
Le Second Empire 4
accepter, comme juge de mes volontés et de mes actes, une juridiction politique. […] Je n'ai pas de
justice à attendre de vous, et je ne veux pas de votre générosité. »
10
Il n'en est pas moins condamné à l'emprisonnement à perpétuité
11
.
À la forteresse de Ham, il écrit De l'extinction du paupérisme (1844), ouvrage influencé par les idées saint-
simoniennes et développant un moyen populiste pour accéder au pouvoir : « Aujourd'hui, le règne des castes est
fini, on ne peut gouverner qu'avec les masses ». Le 25 mai 1846, il s'évada de sa prison, avec le concours de
Henri Conneau, après six années de détention en empruntant les vêtements et les papiers d'un peintre qui, selon
certains, s'appelait Badinguet. Il s'établit à Londres avant de revenir pendant la révolution française de 1848 pour
se présenter à de nouvelles élections.
Prince-président
Le 4 juin 1848, il est élu (dans 4 départements) et siège à l'Assemblée en septembre. Il a la chance de ne
pas être compromis dans la répression sanglante des ouvriers parisiens voltés lors des journées
insurrectionnelles des 22-26 juin. À la suite de la promulgation, le 4 novembre 1848, de la Constitution de la II
e
République, il est candidat à l'élection présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Il est
élu pour quatre ans le 10 décembre 1848, avec près de 75 % des voix, issues notamment du parti de l'Ordre,
profitant de la division des gauches et de la légende impériale, surtout depuis le retour des cendres de Napoléon
Ier en 1840
12
.
Il prête serment à l'Assemblée constituante le 20 décembre 1848 et s'installe le soir même à l'Élysée.
La Constitution de 1848 limite largement les pouvoirs du Président qui est soumis soit à l'Assemblée
soit au Conseil d'État. La présidence de Louis-Napoléon est ainsi marquée par son opposition à la politique
conservatrice de l'assemblée élue en mai 1849 : envoi à Rome des troupes pour mater une rébellion contre le
pape ; vote de la loi Falloux, favorable à l'enseignement religieux…
Le 31 mai 1850, l'Assemblée vote une loi électorale qui abolit le suffrage universel masculin en
imposant une résidence de trois ans pour les électeurs ce qui élimine 3 millions de personnes du corps électoral
dont des artisans et des ouvriers saisonniers. Le 4 novembre 1851 Louis Napoléon propose à l'Assemblée, sur le
conseil de Morny, l'abrogation de cette loi, proposition qui est rejetée par 355 voix contre 348
13
.
Au but de l'année 1851, Louis-Napoléon fait pression pour augmenter la durée de son mandat tandis
que l'Assemblée nationale est opposée à tout projet de révision constitutionnelle.
Coup d’État du 2 décembre 1851
Motifs
Depuis qu’il a été élu au suffrage universel avec 74% des voix et avec le soutien du parti de l'Ordre
« Président des Français » en 1848 contre Louis Eugène Cavaignac, Louis-Napoléon Bonaparte est en
confrontation politique perpétuelle avec les députés de l’Assemblée nationale.
Ce « crétin que l’on mènera », selon l’expression d’Adolphe Thiers qui croyait avoir affaire à un
imbécile manipulable quand il l’avait soutenu pour être candidat à la présidence de la république, s’avère
finalement beaucoup plus intelligent et retors. Il parvint à imposer ses propres choix et ne pas être sous le
contrôle de l’Assemblée, redevenue conservatrice après les journées de Juin 1848. Il s’éloigne du parti de
l’Ordre, qui l’a élu, et forme le « ministère des Commis » avec le général Hautpoul à ses ordres, en 1849. Le 3
janvier 1851, il renvoie Changarnier, un opposant, ce qui provoque une crise ouverte avec son parti. Cette même
année, il commence à financer des journaux anti-parlementaires, et forme un groupe de 150 députés acquis à sa
cause, le « parti de l'Élysée ».
La constitution établissant la non-rééligibilité du président condamne Louis-Napoléon à quitter le
pouvoir en décembre 1852. La première moitié de l’année 1851 est passée à proposer des réformes de la
constitution afin qu’il soit rééligible ; Bonaparte organise des tournées en province, des pétitions. Les deux tiers
des conseils généraux se rallient à sa cause, mais les orléanistes de Thiers s’allient à la fraction ouverte de
gauche « Montagne parlementaire » pour le contrer. Cette majorité vote la défiance du ministère des Commis en
janvier 1851. L’Assemblée refuse en bloc la réforme constitutionnelle le 19 juillet 1851, et supprime même le
suffrage universel. Les classes populaires ne se reconnaissent plus dans le régime.
Préparatifs
Le coup d’État est minutieusement préparé à partir du 20 août 1851 à Saint-Cloud. Le complot regroupe
le duc de Persigny, un fidèle de Louis-Napoléon, le duc de Morny, son demi-frère, et le général de Saint-Arnaud.
Le 14 octobre, Louis-Napoléon redemande à l’Assemblée nationale de rétablir le suffrage universel, mais elle
refuse, tout comme (le 13 novembre) sa nouvelle proposition de révision de la Constitution devant lui permettre
Le Second Empire 5
d’être rééligible en tant que « président de la République ». Organisé, il nomme le général de Saint-Arnaud au
ministère de la Guerre (27 octobre), qui rappelle aux militaires leur devoir « d’obéissance passive », le 1er
novembre 1851, par une circulaire qui demande de « veiller au salut de la société ». D’autres proches sont placés
aux postes clés : le général Magnan est nom commandant des troupes de Paris ; le préfet de la Haute-
Garonne, Maupas, est promu préfet de police de Paris. Convaincu de la nécessité d’un coup d’État du fait des
derniers refus de l’Assemblée, Louis-Napoléon le fixe lui-même pour le 2 décembre, jour anniversaire du sacre
de Napoléon en 1804 et de la victoire d’Austerlitz en 1805. L’opération est baptisée Rubicon, par allusion à Jules
César.
Coup d’État du 2 décembre 1851
Au matin du 2 décembre, les troupes de Saint-Arnaud occupent tous les points stratégiques, des
Champs-Élysées aux Tuileries. Après avoir fait arrêter les principaux opposants, Louis-Napoléon édicte six
décrets décisifs, fait afficher une « proclamation au peuple » à destination des Français, et une autre à destination
de l’armée, qui déclare l’état de siège. Des six décrets, l’un dissout l’Assemblée nationale, un autre rétablit le
suffrage universel, un autre déclare qu’une nouvelle Constitution est en préparation. Son Appel au peuple
annonce son intention de restaurer « le système créé par le Premier Consul ».
Ce coup d’État ne va pas sans agitation. Les parlementaires se réfugient dans la mairie du 10e
arrondissement et 220 députés votent la déchéance de Louis-Napoléon, notamment des orléanistes libéraux
comme Rémusat ou Salmon et des républicains modérés comme Pascal Duprat. Ils sont aussitôt arrêtés. Malgré
l’habile contrôle par l’armée de ce fief républicain qu’est la capitale, une insurrection parisienne débute avec à sa
tête plusieurs parlementaires républicains, comme Victor Schoelcher ou Victor Hugo. Plus de 70 barricades sont
dressées et des insurgés sont abattus. Le 3 décembre, le député Jean-Baptiste Baudin est tué alors qu’il tient la
barricade du faubourg Saint-Antoine. Dans l’après-midi du 4 décembre 1851, la fusillade des Boulevards fait
200 victimes. Au soir, la révolte populaire est matée, Paris est sous contrôle, les Parisiens retournent à leur vie
quotidienne. Les dernières barricades, dont faisait partie Hugo, ne tombèrent que le 5 décembre.
L’agitation nationale
La nouvelle du coup d’État se diffuse encore à travers la France et déclenche dans d’autres lieux
quelques insurrections. Le 5 décembre, des mouvements populaires sont signalés dans plusieurs grandes villes,
mais particulièrement dans le Sud-Est (Aups, Les Mées, Apt, Digne, Manosque, etc.). Zola prendra l'insurrection
du Var comme point de départ de sa grande saga Les Rougon-Macquart. Le département des Basses-Alpes en
vient même à être administré par un « Comité départemental de résistance », le 7 décembre 1851, mais l’armée,
fidèle au Président s’organise pour rétablir la volonté de l’exécutif. Trente-deux départements sont mis en état de
siège dès le 8 décembre, les zones de « résistance » républicaine au coup d’État sont maîtrisées en quelques
jours, les opposants sont arrêtés ou doivent s’enfuir, tel Victor Hugo qui part de lui-même à Bruxelles. Vingt-six
mille personnes sont arrêtées, 15 000 sont condamnées dont 9 530 déportées en Algérie, 239 au bagne de
Cayenne. Quatre-vingts députés sont bannis.
L’apaisement
La victoire assurée, l’ordre rétabli, les bonapartistes s’installent. Les généraux Vaillant et Harispe sont faits
maréchaux de France le 11 décembre. Une constitution est en cours d’élaboration. Un référendum est également
prévu afin de demander aux Français de ratifier le nouvel ordre. Le coup d’État est présenté comme une
opération de sécurité face au péril rouge[réf. nécessaire].
Le 20-21 décembre, c’est finalement par plébiscite que les Français acceptent les réformes du « prince-
président », le coup d’État est ratifié par l’immense majorité des 7 481 000 de « oui » face à 647 000 « non ».
Seuls les bulletins Oui étaient imprimés, les Non devaient être écrits à la main ; de plus, on donnait le bulletin au
président du bureau de vote qui le glissait lui-même dans l’urne[1]. Louis-Napoléon se voit confier les pouvoirs
nécessaires pour établir une nouvelle constitution.
Conséquences
La Constitution française est donc modifiée. Celle-ci confie le pouvoir exécutif à un Président élu pour dix ans,
titulaire de l’initiative législative, réduisant ainsi très fortement la marge d’action du corps législatif dans la
tradition des régimes autoritaires concentrant les pouvoirs entre les mains de l’exécutif.
Le 21 cembre 1851, le corps électoral se prononce favorablement sur la révision par 7 439 216 « oui » contre
640 737 « non » (résultats provisoires du 31 décembre 1851) ou 7 481 231 « oui » contre 647 292 « non », pour
les résultats définitifs publiés par le décret du 14 janvier 1852 (pour environ 10 millions d’inscrits et 8 165 630
votants dont 37 107 nuls)
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