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Une Église en marche 1 (Flambeau de l'Évangile)
Message donné en juin 1987 au Québec (Canada)
Il m'est tellement agréable de me trouver parmi vous pour cette journée à
l'occasion de votre assemblée annuelle… Nous formulons le vœu que Dieu
bénisse abondamment ces moments à passer ensemble à l'écoute de Sa Parole.
Le thème général retenu est : "Pour une Église en marche" et, dans ce cadre,
nous traiterons aujourd'hui le sujet "Flambeau de l'Évangile ".
Lecture : 15e chapitre de la première lettre aux Corinthiens, à partir du verset 1er.
Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu,
dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le
retenez dans les termes je vous l'ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en
vain. Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que Christ est
mort pour nos péchés, selon les Écritures ; qu'Il a été enseveli, et qu'Il est
ressuscité le troisième jour, selon les Écritures.
L'Évangile.
Dans un autre texte en 1 Corinthiens 9, l'apôtre affirme au verset 12 b : Nous
souffrons tout, afin de ne pas créer d'obstacle à l'Évangile de Christ. Un peu
plus loin, et au verset 23, Paul d'ajouter encore ce qui suit : Je fais tout à cause
de l'Évangile, afin d'y avoir part.
L'Évangile.
A ces textes, je joindrai une parole de Guillaume Farel (célèbre réformateur
français contemporain de Calvin), qui déclara un jour à propos de l'Évangile :
" Tout pour qu'Il flamboie. "
Le terme Évangile en français nous vient du grec "euaguelione" qui signifie
bonne nouvelle. "Évangile" est un mot spécifiquement chrétien qui n'a pas une
longue histoire en dehors du Nouveau Testament. Dans l'ancienne Grèce, ce mot
réunissait au moins trois significations et pour que nous puissions le cerner au
mieux, "euaguelione" signifiait la récompense que l'on accordait au messager de
bonnes nouvelles, puis "euaguelione-Évangile" a désigné les sacrifices
couramment offerts aux dieux païens lorsqu'on recevait de bonnes nouvelles.
Enfin, ce terme "euaguelione" apparaît plusieurs fois dans la version des
Septante, version grecque de l'Ancien Testament. La plupart du temps, ce terme-
est très intéressant à étudier. L'Ancien Testament a été principalement rédigé
en hébreu mais nous savons qu'il existe une version grecque qu'il est convenu
d'appeler la version des Septante et dans cette version, le mot Évangile a
généralement trait à la venue de Dieu Lui-même sur cette terre. C'est déjà
remarquable que Christ ait été annoncé de cette manière-là, Dieu incarné parmi
les hommes. Par exemple en Ésaïe chapitre 40 verset 9, nous pouvons lire :
Monte sur une haute montagne, Sion, pour publier la bonne nouvelle. Élève ta
voix, ne crains point, dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu ! Voici, le
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Seigneur, l'Éternel vient avec puissance. C'était la bonne nouvelle. Et puis aussi
ce terme euaguelione parlait de paix, proclamait la paix en même temps que le
salut. Ésaïe chapitre 52 verset 7 : Qu'ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds
de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie la paix ! De celui qui
apporte de bonnes nouvelles, Qui publie le salut ! Déjà, dans l'Ancien
Testament, annoncer une bonne nouvelle était précisément annoncer le salut.
Dans la Grèce ancienne, toujours, le verbe évangéliser était pour sa part très
rarement employé. A la limite, ce verbe revêtait un sens péjoratif. Pourquoi ?
Parce qu'il revenait aux esclaves de porter de bonnes nouvelles. On n'aimait pas
avoir l'air d'esclaves qui ont à transmettre les bonnes nouvelles. Ceci nous fait
penser à Jésus-Christ, Lequel s'est fait esclave pour nous porter la bonne
nouvelle de la part de son Père. En Philippiens 2/7, il est dit qu'existant en forme
de Dieu, Il (le Christ) n'a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie
à arracher, Il s'est dépouillé Lui-même, en prenant une forme de serviteur…
pour nous porter ce merveilleux message. Après Christ, l'Évangile demande des
serviteurs et des esclaves pour être amené aux autres. Il peut se faire aussi que
l'on nous regarde d'une manière bizarre lorsque, rendus serviteurs du plus beau
des messages, nous portons aux autres l'Évangile de Jésus-Christ. Mais c'est
dans le Nouveau Testament que ce terme d'Évangile prend tout son sens, sa
portée, sa signification. Ce terme revient 72 fois dans le Nouveau Testament, 50
fois dans les seules lettres de l'apôtre Paul. Et ce terme "Évangile" résume,
renferme en même temps qu'il contient, tout le message chrétien.
Vous ne pouvez imaginer combien cela me réjouit de rappeler à ma mémoire
que Christ Lui-même, bien avant moi, a prêché ce beau message de l'Évangile !
Christ a prêché l'Évangile, Il l'a prêché aux Juifs de son vivant sur cette terre.
Ainsi pouvons-nous lire par exemple en Marc 1/14, après la mort de Jean-
Baptiste : Jésus parcourut la Galilée, prêchant l'Évangile de Dieu. L'Évangile
de Son Père. La Bible ( en particulier l'Évangile) nous présente précisément la
bonne nouvelle comme étant la bonne nouvelle de Dieu. L'évangile est la
bonne nouvelle de Dieu. Précisons que l'Évangile n'a pas sa source dans
l'homme car il ne provient pas de l'homme. Nous n'aurions pas pu inventer un tel
message tellement il est extraordinaire, admirable ! D'ailleurs Calvin a écrit un
jour : " Si l'homme avait voulu, il n'aurait pas pu. " Certainement qu'il n'aurait
pas pu ! De Dieu, l'Évangile, pourquoi ? Parce qu'il nous vient de Dieu, parce
qu'il a sa source en Dieu, l'Évangile n'étant pas le fruit de cogitations humaines
au plus haut niveau métaphysique. L'Évangile prend sa source dans l'éternité de
Dieu, dans l'amour de Dieu : Car Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné Son
Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse point mais qu'il ait la vie
éternelle. L'Évangile est donc l'Évangile de Dieu. Aucune Église, aucune
religion, aucun homme, ne peut prétendre au monopole de l'Évangile. Avant
d'être celui d'une dénomination quelconque, avant d'être celui d'une religion, il
est avant tout l'Évangile de Dieu parce qu'il émane de Dieu, et cet Évangile a
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pour vocation de nous faire connaître Dieu, la personne de Dieu, les plans de
Dieu, Ses desseins, Jésus ayant dit aux Juifs en Jean 5/37 : Ce Dieu-là propos
duquel vous vous gargarisez), vous ne L'avez pas vu, vous n'avez pas entendu Sa
voix, vous n'avez pas vu sa face. Et d'ajouter encore un peu plus loin en Jean
14/9 ce texte que nous connaissons : Celui qui m'a vu a vu le Père. En d'autres
endroits, Jésus a proclamé : Qui me voit voit Celui qui m'a envoyé. Cet Évangile
ayant pour but de nous faire connaître Dieu dans la personne de Son Fils Jésus-
Christ, quel texte encore que ce 2 Corinthiens 4/6 qui nous permet de savoir que
Dieu a fait resplendir la connaissance de Sa gloire sur la face de Christ ! Quel
glorieux Évangile que l'Évangile de Dieu !
Cet Évangile de Dieu est aussi celui de Jésus-Christ. Ceci est mentionné
plusieurs fois non seulement dans les Évangiles eux-mêmes mais aussi ailleurs.
Marc, par exemple a débuté son texte par ces mots : Commencement de
l'Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Si l'Évangile est donc aussi celui de
Jésus-Christ, c'est pour deux raisons au moins. La première : c'est le Christ qui
l'amena de la part de Son Père. Sans Lui, nous ne l'aurions jamais reçu. Le plus
grand des prophètes, Jean-Baptiste (Jésus le déclare en Matthieu 11/11) qui a été
plus qu'un prophète et même l'homme le plus grand que la terre ait jamais porté,
ce Jean-Baptiste, n'a pourtant réalisé aucun miracle. Le plus grand des prophètes
? Nous aurions pensé à Moïse, homme d'une stature tout à fait remarquable. Il y
a quelque temps, à la séance de clôture de l'Institut Biblique de Nogent-sur-
Marne où j'ai moi-même suivi mes études de théologie, j'ai prêché sur Moïse, un
homme aux profils (au pluriel) considérables, en présence duquel nous aurions
certainement tous fait d'énormes complexes. Eh bien, selon une parole du Christ,
ce Moïse n'a pas été le plus grand prophète mais il s'agissait bien de Jean-
Baptiste, eh bien même malgré cela, Jean-Baptiste ne pouvait pas nous porter la
Parole de Dieu, pourquoi ? Parce que l'Évangile avait besoin d'une personne
pour s'incarner en elle parmi les hommes, et Christ, non seulement nous a prêché
l'Évangile mais Il l'a vécu au milieu de nous, au milieu des hommes de Sa
génération. Ayant été, comme dit Jean l'évangéliste, la parole faite chair, Christ
a représenté précisément cet Évangile de chair et d'os parmi les hommes. En
regardant à Lui, il était possible de comprendre le message d'En-Haut et
malheureusement, nous ne l'avons pas compris. Voilà pourquoi seul Christ
pouvait nous apporter l'Évangile de la part de Son Père et voilà pourquoi
l'Évangile est aussi appelé l'Évangile de Jésus-Christ. Christ ne s'est donc pas
contenté de le prêcher mais Il l'a incarné. Et Jean dit encore que non seulement
la parole a été faite chair mais elle a été (en grec littéralement) "tabernaclée"
parmi les hommes, mot que mon texte rend par elle a habité parmi les hommes.
De Son vivant sur cette terre, Christ a constitué en somme le tabernacle de Dieu
parmi les hommes, selon le texte original, et dans ce sens-là, nous pouvons dire
que Christ a incarné l'Évangile.
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Après cela, ce même Évangile, cet Évangile de Dieu et de Jésus-Christ, l'apôtre
Paul l'a appelé " mon Évangile " Quel toupet ! Son Évangile ? Eh bien oui, cet
Évangile, l'apôtre Paul se l'était approprié ! Et plusieurs textes nous rapportent
que l'apôtre a nommé cet Évangile, le sien. Oui, car cet Évangile de Jésus-Christ
était passé dans sa vie, dans son être tout entier, il occupait tout son cœur, son
esprit, cet Évangile avait atteint l'apôtre jusqu'à la moelle des os.
L'Évangile nous a-t-il atteints de cette manière-là ?
Au fond, nous disons bien à propos de Jésus qu'Il est au plan personnel de
chacun, notre Sauveur et surtout "mon" Sauveur. Si l'Évangile a été réellement
reçu et assimilé, nous pouvons dire aussi, sans pour autant lui porter atteinte,
qu'il est notre Évangile. Dieu fasse que nous ne lui portions jamais atteinte
parce que ce message est le plus beau, le plus grand, le plus extraordinaire des
messages qu'une oreille d'homme puisse entendre aujourd'hui, tout comme ce fut
le cas hier ! Seulement voilà, très souvent nous, même chrétiens, nous n'en
sommes pas très convaincus. Je veux croire alors que dans cette journée de
réflexion sur l'Évangile et surtout sur ce thème "Pour une Église en marche",
nous saisirons réellement ce que représente être chrétien aujourd'hui dans notre
génération.
En abondant dans le sens de Paul à propos de "mon" Évangile, nous ne pouvons
pas dire (moi je n'oserai pas aller jusque là) que nous sommes destinés à incarner
cet Évangile. Il me semble que seul Jésus l'a incarné, parfaitement incarné. Il a
été le seul à représenter parmi les hommes la Parole de Dieu faite chair. Mais
quant à nous, nous pourrions établir un parallèle utile entre Christ et nous afin de
nous permettre de comprendre ce que nous devrions être au regard de l'Évangile.
Par exemple, il est dit dans l'Évangile que Jésus-Christ est né de la chair de la
vierge Marie. Il est donc né d'une mère. Pour ce qui nous concerne, nous
sommes tous nés de parents physiques comme ce fut en partie son cas. Lui est
donc venu au monde par la vierge Marie avec la différence qu'Il a été sans
péché. Christ est du Saint Esprit. Le Saint Esprit ayant couvert Marie de Son
ombre, Christ a été conçu du Saint Esprit. Et nous ? Si nous sommes nés de
nouveau, nous sommes, nous aussi, nés du Saint Esprit selon une parole de
Christ Lui-même en Jean 3/6 à propos de nouvelle naissance : Ce qui est de
la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est Esprit. Selon une parole de
l'apôtre Jean, nous sommes aussi invités à marcher comme Christ a marché.
Selon une autre parole de Jean en Jean 14/12, rapportant un enseignement de
Jésus, nous sommes appelés à faire les œuvres qu'Il a faites, parallèle encore
tout à fait précieux et nécessaire à étudier entre Christ et le chrétien.
Il nous revient aussi de nous identifier à Christ dans sa mort et sa résurrection.
Romains 6/5. Ensuite bien sûr, la Parole a été faite chair, nous l'avons dit. Et
pour ce qui nous concerne ? Voilà pourquoi mon hésitation à affirmer que nous
devrions incarner l'Évangile, je crois que nous lui ferions beaucoup trop de mal,
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mais à la lecture de l'apôtre Paul en 2 Corinthiens 3/3, nous ne sommes pas
parole faite chair mais lettre de Christ : Vous êtes manifestement une lettre de
Christ. En d'autres termes, nous sommes le courrier de Dieu aux hommes de
notre génération. Le courrier de Dieu, le courrier de Christ aux hommes et aux
femmes habitant la belle province du Québec…
Je ne sais pas si nous avons pris conscience du sens de notre vocation, nous
sommes chacun une lettre de Christ pour être lue des hommes autour de nous,
que nous évoluions, que nous vivions, qui que nous soyons… A partir du
moment nous nous disons chrétiens, nous devons être lus des hommes. Mais
convenons ensemble que très souvent, cette lettre que nous sommes reste poche
restante. Cela me fait souvenir que j'ai là trois lettres écrites depuis quarante-huit
heures que je n'ai pas eu le temps de poster, bien cachetées, poche restante ! Il
me semble que très souvent nous sommes des chrétiens poche restante. Nos
lettres sont cachetées, fermées, de sorte que l'on n'arrive pas à nous lire ! Nous
vivons notre christianisme en cachette, en douce mais l'Évangile ne souffre pas
l'égoïsme, l'apôtre Paul nous l'enseigne, l'Évangile est une bonne nouvelle qui
doit se partager. Il faut que l'on nous lise. Certains diraient que c'est prendre des
risques que de se manifester ouvertement afin que l'on puisse nous lire
publiquement, à la maison, au travail, dans nos loisirs, à l'Église. Nous ne
pouvons pas garder l'Évangile pour nous-mêmes de manière égoïste, mais
l'apôtre Paul dit que, pour l'Évangile, nous devrions être prêts à tout risquer. A
tout risquer ? En Marc 10/29, Christ parla en ces termes : Il n'est personne qui,
ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison ou ses
frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres… ne
s'expose à des persécutions. Tout risquer ! Un philosophe français a dit : "
L'homme ne peut être heureux tant qu'il n'a pas trouvé une cause pour laquelle il
vaut la peine qu'il vive, mais qu'il meure aussi. " Pour nous chrétiens, c'est
l'Évangile : telle est la cause pour laquelle il vaut la peine que nous vivions et
que nous mourions.
Avec les élèves au CT, nous avons parlé du martyre d'Étienne. A partir du
martyre d'Étienne, mais que de choses se sont passées ! L'évangélisation est
allée plus loin. A partir de ce martyre d'Étienne a eu lieu la conversion de Saul
de Tarse. A partir du martyre d'Étienne, l'Église d'Antioche a été fondée. A
partir du martyre d'Étienne, la Samarie a été évangélisée et d'autres régions. Une
cause pour laquelle il vaut la peine que nous risquions tout ! Jésus a encore dit
ceci en Marc 8/35 : Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la
perdra à cause de moi et de la bonne nouvelle, la sauvera. Cet Évangile de la
gloire du Dieu bienheureux ! Alors il faut que l'on nous lise, et que doit-on lire
en regardant à nous ? Qu'il y a un formidable espoir pour la génération
d'aujourd'hui ! Lisons-nous cela à l'heure qu'il est autour de nous, en nous
regardant vivre en famille, en nous regardant vivre au travail et partout, dans le
voisinage ? Lisons-nous qu'il y a une espérance extraordinaire à saisir en Jésus-
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