Homélie pour le 1er dimanche de l`Avent C Kuttolsheim le 1er

publicité
Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent C
Kuttolsheim le 1er décembre – Fessenheim-le-Bas et Woellenheim le 2 décembre 2012 – 600 mots
Nous avons bel et bien le sentiment qu’un monde est en train de disparaître. Personne ne sait ce
que sera demain. Rares sont ceux qui croient encore au progrès à tout prix. Pour beaucoup l’avenir est
source d’angoisse. Il représente la perte de ce que nous avons acquis et la destruction d’un passé que
nous aimerions retenir. Les textes de ce premier dimanche de l’Avent sont un peu dans cette tonalité.
Voyez Jérémie. Aucun prophète n’a eu conscience comme lui d’assister à la fin d’une époque. Il voit
que le Royaume d’Israël court à sa perte. Lui-même est rejeté. Personne ne l’écoute. Il n’en continue
pas moins à espérer, à annoncer un Germe de justice, quelqu’un qui exercera le droit et la justice !
Quant à l’évangile de ce dimanche, il est marqué par cette littérature juive qui annonçait dans
une période difficile l’intervention décisive de Dieu sur terre. Pour impressionner les lecteurs, les
auteurs d’apocalypses ont utilisé des images de cataclysmes et de bouleversements comme si on
retournait au chaos primitif avant la création du monde. De nos jours cette imagerie a été largement
utilisée par l’industrie du cinéma si bien que le mot apocalypse est pris au sens de catastrophe alors
qu’il veut dire « révélation ».
Que faut-il garder de cet évangile ? Relevons d’abord une affirmation étonnante : « Les
hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde. » Mourir de peur, cela
ne vaut pas le coup ! L’évangile met ensemble l’annonce des bouleversements du monde avec celle de
la venue du Fils de l’homme. Il prend ainsi le contre-pied de tous les prophètes de malheur. Les
croyants opposent une attente confiante à l’angoisse et au pessimisme. Non pas pour se consoler
facilement mais parce que la foi invite à un sursaut !
Ce sursaut nous le trouvons dans cinq paroles avec des verbes à l’impératif. C’est dire que ce
sursaut est nécessaire. « Redressez-vous, relevez la tête, tenez-vous sur vos gardes, restez éveillés et
priez en tout temps ! » Sacré programme. Se redresser, relever la tête, c’est la position de celui qui ne
se laisse pas abattre, qui porte son regard plus loin, qui avance avec courage. Quant à se tenir sur ses
gardes et à rester éveillé, cela permet de ne pas s’alourdir, de ne pas se laisser aller. Reste un dernier
verbe : prier en tout temps. A quoi cela peut bien servir ?
La prière est un temps gratuit où nos paroles et notre silence rejoignent le silence apparent de
Dieu. En priant, de manière désintéressée, nous affirmons que finalement il y a quelqu’un qui prend
soin de nous. Dieu a pris chair de notre chair. Il s’est engagé lui-même dans nos luttes pour un monde
viable, juste, fraternel, paisible. Ce combat n’est pas jamais gagné. Mais nous affirmons que notre
monde est sauvé par le don sans mesure de l’amour de Dieu en Jésus. Parce que notre monde est
sauvé, nous pouvons suivre ce que recommande l’apôtre Paul aux Thessaloniciens, vivre un amour
intense et débordant et faire de nouveaux progrès. Celui qui prend ce chemin, n’a pas peur. Il paraîtra
« debout devant le Fils de l’homme. »
Debout ! Aujourd’hui, nous dirions : « Libres et responsables ! » Libres de la peur qui paralyse,
ce qui n’est pas toujours facile. Responsables de l’espérance dans notre monde. Nous avons une
responsabilité particulière vis-à-vis des jeunes générations. Ils habitent déjà un autre monde. Mais ils
ont besoin de trouver des raisons d’espérer, donner sens à ce monde qui émerge. Partageons-leur notre
espérance !
© Etienne HELBERT
Téléchargement