INTRODUCTION
SYMPTÔMES DE BASE ET CRITÈRES DE PRÉDICTION DE LA PSYCHOSE
L’Outil d’Évaluation du Risque Schizophrénique (version Adulte) (OERS-A) (Schizophrenia Proneness
Instrument ou SIP-A) tire son principe du concept de «symptôme de base» décrit pour la première
fois par Gerd Huber (Huber 1966, Huber et Gross 1989, Gross 1989, Gross et Huber 2005, Süllwold et
Huber 1986). Les symptômes de base sont des perturbations discrètes, d’intensité infra clinique, que
le patient/sujet* éprouve subjectivement et qui affectent l’énergie, la tolérance au stress,
l’affectivité, la pensée, la compréhension du langage et la motricité. Leurs caractéristiques
phénoménologiques sont manifestement différentes de celles des symptômes psychotiques. Ces
symptômes ont été opérationnalisés pour la première fois dans la Bonn Scale for the Assessment of
Basic Symptoms (BSABS) (Gross et al. 1987) et le Frankfurt Complaint Questionnaire (FCQ) (Süllwold
1986, 1991). Ils peuvent être présents avant le premier épisode psychotique, entre et après les
épisodes, et même au cours des épisodes eux-mêmes. Ils ont été considérés comme l’expression
psychopathologique la plus immédiate du désordre somatique sous-jacent au développement de la
psychose – d’où le qualificatif «de base».
Sur le plan phénoménologique, les symptômes de base sont différents des états mentaux que le
patient/sujet identifie comme étant ceux émanant du soi «normal», et ils peuvent donc être
clairement distingués des anomalies discrètes décrites comme des traits chez les sujets à «Haut
Risque Génétique» (Parnas et Carter 2002, Jones 2002). De plus, les symptômes de base sont
phénoménologiquement nettement distincts des symptômes psychotiques atténués ou francs,
utilisés comme critères de «Très Haut Risque» (Ultra High Risk ou UHR) pour prédire l’imminence du
premier épisode de psychose (Phillips et al. 2000) dans la mesure où ils ne sont pas nécessairement
observables par les autres comme le sont les pensées et le langage bizarres, les symptômes négatifs
et les troubles formels de la pensée. Ils sont considérés comme s’étant développés dans l’intimité du
sujet, ce qui les distingue des troubles perceptifs et des hallucinations schizotypiques.
*patient/sujet: pour la clarté de la lecture, il a été décidé d’utiliser le genre masculin dans l’ensemble du texte.