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1 Outil d’évaluation du risque schizophrénique
Giovanni Fioriti Editore s.r.l.
via Archimede 179, 00197 Roma
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www.clinicalneuropsychiatry.org
Psychiatry: diretta da Alfonso Troisi
Frauke Schultze-Lutter, Jean Addington,
Stephan Ruhrmann, Joachim Klosterkötter
OUTIL D’ÉVALUATION DU RISQUE
SCHIZOPHRÉNIQUE (OERS-A)
Version Adulte
Traduction : Jean-Raymond Teyssier avec la collaboration de Franziska Gamma et Patricia
Loulergue
SOMMAIRE
INTRODUCTION :
Symptômes de base et critères de prédiction de la psychose
L'outil d'évaluation du risque schizophrénique
Critères généraux d'évaluation
MANUEL, EXEMPLES, QUESTIONS ET CRITERES DE COTATION
A. Troubles affectivo-dynamiques (A, ADYN)
A1. Diminution de la tolérance à certains facteurs de stress (A.8/B.1)
A1.1. Sollicitations nouvelles, inhabituelles, imprévues ou spécifiques (A.8.1/B.1.2)
A1.2. Certaines situations sociales de la vie quotidienne (A.8.2/B.1.3)
A1.3. Travailler sous la contrainte du temps et du changement rapide des tâches
(A.8.3/B.1.4)
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A2. Modification de l’humeur et de la capacité émotionnelle (A.6.1.)
A2.1. Modification de l’humeur
A2.2. Modification de la capacité émotionnelle
A3. Diminution de la capacité émotionnelle positive vis-à-vis d’autrui (A.6.3)
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B. Déficits de la cognitivo-attentionnnels (B, ATTENT)
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B1. Incapacité à partager son attention (A.8.4)
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B2. Sensation d’être exagérément distrait par les stimuli (C.2.8)
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B3. Difficultés de concentration (C.1.5)
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B4. Difficultés à conserver en mémoire des éléments pendant moins d’une heure (C.1.9)
B5. Ralentissement de la pensée (C.1.12)
B6. Manque « d’énergie cognitive » ou de pensées orientées vers un but (C.1.13)
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C. Troubles cognitifs (C, COGNIT)
C1. Indécision accrue vis-à-vis de choix anodins entre des alternatives équivalentes (A.5)
C2. Interférence de la pensée (C.1.1)
C3. Blocages de la pensée (C.1.4)
C4. Trouble de la compréhension du langage (C.1.6)
C5. Trouble de l’expression langagière (C.1.7)
C6. Trouble du rappel immédiat (C.1.8)
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D. Troubles de l’expérience du soi et de l’environnement (D, SOI)
D1. Affaiblissement de la capacité à distinguer différents types d’émotions (A.6.2)
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D2. Augmentation de la réactivité émotionnelle aux interactions sociales courantes
impliquant le patient ou ses proches (B.2.2)
D3. Pression de la pensée (C.1.3)
D4. Idées de référence fugaces, «centralité subjective» (C.1.17)
D5. Modification de la perception du visage ou du corps d’autrui (C.2.3.5)
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E. Troubles de la perception corporelle (E, CORPS)
Commentaire généraux
E1. Sensations corporelles inhabituelles d’engourdissement et de raideur (D.1)
E2. Sensations corporelles inhabituelles de douleur localisée (D.3)
E3. Sensations physiques migratoires parcourant le corps (D.4)
E4. Sensations corporelles électriques, impression d’être électrifié (D.5)
E5. Sensations corporelles de mouvement, de traction ou de pression dans le corps ou à sa
surface (D.7)
E6. Sensations d’accroissement, de diminution, de rétrécissement, d’élargissement, de
croissance ou de constriction du corps ou de ses parties (D.9)
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F. Troubles de la perception (F, PERCEPT)
Commentaires généraux
F1. Hypersensibilité à la lumière ou à certains stimuli visuels (C.2.2.1)
F2. Photopsies (C.2.2.2)
F3. Micropsie, macropsie (C.2.3.2)
F4. Hypersensibilité aux sons et aux bruits (C.2.4.1)
F5. Modifications de l’intensité perçue ou de la qualité des stimuli acoustiques (C.2.5.1)
F6. Dépersonnalisation corporelle somatopsychique (D.1.1)
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O. Items optionnels : items affectés d’une valeur prédictive positive supérieure ou égale a
0.70 selon l’étude prospective CER (O)
O1. Persévération de la pensée (C.1.2)
O2. Diminution de la capacité à faire la distinction entre d’une part, idées et perception, et de
l’autre, imagination et souvenirs réels (C.1.15)
O3. Troubles de la pensée abstraite (C.1.16)
O4. Autres troubles de la perception visuelle
O4.1. Rapprochement et éloignement des objets visuels (C.2.3.1)
O4.2. Métamorphopsie (C.2.3.3)
O4.3. Modification de la vision des couleurs (C.2.3.4)
O4.4. Modification de la perception qu’a le patient de son propre visage (C.2.3.6)
O4.5. Pseudomouvements des stimuli visuels (C.2.3.7)
O4.6. Diplopie et vision oblique (C.2.3.8)
O4.7. Troubles de l’estimation des distances et des tailles (C.2.3.9)
O4.8. Troubles de la perception des lignes droites et des contours (C.2.3.10)
O4.9. Persistance des stimuli visuels, ‘échos visuels’ (C.2.3.12)
O4.10. Vision partielle incluant la vision tubulaire (C.2.1.3)
O5. Autres troubles de la perception auditive
O5.1. Acoasmes (C.2.4.2)
O5.2. Persistance des stimuli auditifs, « échos auditifs’ »(C.2.5.2)
O6. Troubles de la perception olfactive, gustative ou tactile (C.2.6)
O7. Capture de l’attention par des détails du champ visuel (C.2.9)
O8. Déréalisation (C.2.11)
O9. Interférence motrice excédant le simple déficit de coordination (C.3.1)
O10. Blocages moteurs (C.3.2)
O11. Perte des habiletés automatiques (C.3. 3.)
REFERENCES
Appendice I. Critères de cotation par ordre de pertinence
Grilles de cotation
Prezzo e-book: € 14,00, pp. 123
ISBN: 978-88-95930-45-9
Prezzo cartaceo: € 25,00, pp. 123
ISBN: 978-88-95930-47-3
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INTRODUCTION
SYMPTÔMES DE BASE ET CRITÈRES DE PRÉDICTION DE LA PSYCHOSE
L’Outil d’Évaluation du Risque Schizophrénique (version Adulte) (OERS-A) (Schizophrenia Proneness
Instrument ou SIP-A) tire son principe du concept de «symptôme de base» décrit pour la première
fois par Gerd Huber (Huber 1966, Huber et Gross 1989, Gross 1989, Gross et Huber 2005, Süllwold et
Huber 1986). Les symptômes de base sont des perturbations discrètes, d’intensité infra clinique, que
le patient/sujet* éprouve subjectivement et qui affectent l’énergie, la tolérance au stress,
l’affectivité, la pensée, la compréhension du langage et la motricité. Leurs caractéristiques
phénoménologiques sont manifestement différentes de celles des symptômes psychotiques. Ces
symptômes ont été opérationnalisés pour la première fois dans la Bonn Scale for the Assessment of
Basic Symptoms (BSABS) (Gross et al. 1987) et le Frankfurt Complaint Questionnaire (FCQ) (Süllwold
1986, 1991). Ils peuvent être présents avant le premier épisode psychotique, entre et après les
épisodes, et même au cours des épisodes eux-mêmes. Ils ont été considérés comme l’expression
psychopathologique la plus immédiate du désordre somatique sous-jacent au développement de la
psychose – d’où le qualificatif «de base».
Sur le plan phénoménologique, les symptômes de base sont différents des états mentaux que le
patient/sujet identifie comme étant ceux émanant du soi «normal», et ils peuvent donc être
clairement distingués des anomalies discrètes décrites comme des traits chez les sujets à «Haut
Risque Génétique» (Parnas et Carter 2002, Jones 2002). De plus, les symptômes de base sont
phénoménologiquement nettement distincts des symptômes psychotiques atténués ou francs,
utilisés comme critères de «Très Haut Risque» (Ultra High Risk ou UHR) pour prédire l’imminence du
premier épisode de psychose (Phillips et al. 2000) dans la mesure où ils ne sont pas nécessairement
observables par les autres comme le sont les pensées et le langage bizarres, les symptômes négatifs
et les troubles formels de la pensée. Ils sont considérés comme s’étant développés dans l’intimité du
sujet, ce qui les distingue des troubles perceptifs et des hallucinations schizotypiques.
*patient/sujet: pour la clarté de la lecture, il a été décidé d’utiliser le genre masculin dans l’ensemble du texte.
Ils n’affectent pas principalement le contenu de la pensée comme le font les pensées magiques, les idées
de référence, les idéations paranoïaques et les idées délirantes.
Deux systèmes de critères se recoupant partiellement, utilisent les symptômes de base pour définir les
prodromes initiaux de la psychose, en particulier de la schizophrénie. Ils ont été développés à partir des
données de l’étude Cologne Early Recognition (CER) (Klosterkötter et al. 2001). Le premier dénommé
COPER (Cognitive-Perceptive Basic Symptoms) consiste en dix troubles perceptifs-cognitifs. Il a été élaboré
après la mise en évidence de la valeur prédictive de symptômes de base individuels, ce qui a conduit (en
l’absence de tout symptôme psychotique atténué ou transitoire) à l’intégrer dans les critères du Early Initial
Prodomal State (EIPS) du German Research Network Schizophrenia (Table 1) (Häfner et al. 2004;
Klosterkötter et al. 2001; Ruhrmann et al. 2003; Schultze-Lutter et al. 2004, 2006). Le second dérive d’une
étude méthodologique utilisant les mêmes données (Schultze-Lutter 2001) qui a sélectionné à plusieurs
reprises un groupe de neuf symptômes de base cognitifs comme ayant la meilleure valeur prédictive parmi
les sept groupes évalués. Ce groupe a été appelé «Troubles Cognitifs» (High-risk criterion COGnitive
DISturbances ou COGDIS) (Table 1).
Les niveaux de fiabilité prédictive des deux types de symptômes sélectionnés sont similaires: la sensibilité
et le pouvoir prédictif positif des dix symptômes COPER sont respectivement d’au moins 0.25 et 0.70. et la
valeur hautement significative de leur surface sous la courbe ROC (Receiver Operating Characteristic) est de
0.83. La surface sous la courbe ROC des neufs symptômes élémentaires COPER (Schultze-Lutter et al. 2006)
est identique (0.82). Un symptôme dans le système COPER et deux symptômes dans le COGDIS
définissaient les meilleurs seuils symptomatiques. Ces niveaux de seuil assurent une fiabilité satisfaisante
des deux systèmes, les critères COGDIS étant plus restrictifs que les COPER (Table 2) (Schultze-Lutter et al.
2006).
Table 1. Définitions de l’état prodromal initial de la psychose selon les symptômes de
base
Symptômes de Base Cognitivo-Perceptifs
(Cognitive-Perceptive Basic Symptoms : COPER)
Présence d’au moins un des dix symptômes de base suivants avec un score OERS-A ≥ 3 au cours
des trois derniers mois et une première manifestation survenue au moins 12 mois auparavant:

interférence de la pensée (C2)

persévération de la pensée (O1)

pression de la pensée (D3)

blocage de la pensée (C3)

trouble de la compréhension du langage (C4)

diminution de la capacité à faire la distinction d’une part idées et perceptions, et d’autre
part imagination et souvenirs réels (O2)

idées de référence fugaces (D4)

déréalisation (O8)

trouble de la perception visuelle (D5, F2, F3. O4)

trouble de la perception auditive (F5, O5)
Perturbations Cognitives à Haut Risque
(High-risk Criterion Cognitive Disturbances : COGDIS)
Présence d’au moins deux des neuf symptômes de base suivants avec un score OERS-A ≥ 3 au cours
des trois derniers mois:

incapacité à partager son attention (B1)

interférence de la pensée (C2)

pression de la pensée (D3)

blocage de la pensée (C3)

trouble de la compréhension du langage (C4)

trouble de l’expression langagière (C5)

idées de référence fugaces (D4)

trouble de la pensée abstraite (O3)

attention captivée par des détails du champ visuel (O7)
Les critères COGDIS se sont révélés plus fiables que les critères COPER pour prédire l’installation d’une
schizophrénie (bien qu’ils soient moins performants pour l’exclure) et ils semblent de plus constituer des
facteurs de risque d’une éclosion imminente de la psychose (Schultze-Lutter et al. 2006) : parmi les
patients/sujets manifestant les critères COGDIS, 23.9% ont développé une psychose au cours de la
première année suivant l’évaluation, 22.4% au cours de la seconde, 14.9% au cours de la troisième et 17.9%
au cours des années suivantes. Ces chiffres étaient respectivement de 19.8%, 17%, 13.2% et 15.1% lorsque
les critères COPER étaient utilisés. Environ 28% (n = 30) des sujets rapportant au moins un des dix
symptômes de base prédictifs (COPER) et 37% de ceux rapportant au moins deux des troubles cognitifs
(COGDIS) ont développé des symptômes positifs de la schizophrénie au cours d’une période inférieure à 36
mois, un seul individu ayant présenté ces symptômes au cours des 12 premiers mois. La comparaison des
délais de transition et des valeurs prédictives a amené à considérer que les critères COPER définissaient un
risque plus faible et moins immédiat que les critères COGDIS. Ils permettaient donc de recourir à des
interventions présentant peu de risque d’effets secondaires indésirables, comme les stratégies de prise en
charge psychothérapique centrée sur les symptômes. Les critères COGDIS autorisaient un traitement
pharmacologique prudent, par exemple par de faibles doses d’anti-psychotiques (Schultze-Lutter et al.
2006).
Simon et al. (2006) ont comparé du point de vue de la performance neurocognitive les critères UHR, les
critères de «Haut Risque Clinique» (Clinical High Risk ou CHR) qui incluent les symptômes psychotiques
atténués (Attenuated Psychotic Symptoms ou APS) et transitoires (Bref Limited Intermittent Psychotic
Symptoms ou BLIPS), ainsi que les symptômes négatifs atténués (Cornblatt et al. 2003), et les critères EIPS
des symptômes de base (COPER à l’exclusion des APS et des BLIPS). Ils ont constaté que l’inclusion des
symptômes de base dans les critères THR permet la définition d’une population plus homogène de sujets
présentant une détérioration clinique et cognitive. Ils en ont conclu que «l’augmentation de l’homogénéité
de l’échantillon suggère que cette approche (c.à.d. les critères EIPS) permettrait de sélectionner avec une
plus grande sensibilité, les sujets qui développeront à terme une schizophrénie» (Simon et al. 2006, p.89).
Table 2. Fiabilité de la valeur prédictive des symptômes de base
1 des 10 symptômes
(COPER)
2 des 9 symptômes
(COGDIS)
Sensibilité
0.87
0.67
Spécificité
0.54
0.83
Valeur prédictive positive
0.65
0.79
Valeur prédictive négative
0.82
0.72
Rapport de vraisemblance de diagnostic
positif
1.89
3.94
Rapport de vraisemblance de diagnostic
négatif
0.24
0.40
Odds ratio
7.86
9,91
Prédiction des faux positifs
23.1%
8.8%
Prédiction des faux négatifs
6.3%
16.3%
Mesures de la fiabilité
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