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Contexte
En Tunisie, les écosysmes forestiers du Nord sont déjà
très fragilisés par une surexploitation séculaire et parfois
anarchique des ressources. Le 4ème rapport du Groupement
Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rapporte
que le changement climatique va affecter directement les
écosystèmes entrainant une diminution de la productivité, une
augmentation de la fréquence des incendies et une augmentation
du dérissement. Ceci entrainerait une réduction des
productions du bois, du liège, du fourrage et la dégradation de
l’écosysme et les services qu’il fournie. Lécosystème subéraie
dans la région des Kroumirie-Mogods n’est pas à l’abri. Les
techniques d’aménagement, de conduite et dexploitation du
liège sont mise en œuvre d’une manière standard et ne prennent
pas en considération la vulnérabilité des séries forestières au
changement climatique.
Faits et chiffres clés
La forêt de chêne liège (subéraie) occupe une superficie de
90.000 ha dans la région de Kroumirie-Mogods qui s’étend sur
les gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte (DGF, 2005). Elle
fournit de nombreux services écosysmiques :
Services d’approvisionnement : Liège, fourrage,
champignons, myrte, bois de feu, souches de bruyère,
chasse, glands, escargots, miel, autres plantes aromatiques
et médicinales.
Services de régulation : protection des sols et des ressources
en eau, purification de l’eau, séquestration du carbone,
Lécosystème subéraie
face au changement climatique
Photo: © Ghazi Gader
Vue d’ensemble sur un peuplement de chêne liège dans la région
des Kroumirie-Mogods
Arbres de chêne liège démasclés.
protection contre les inondations, contrôle de l’érosion des
sols et la fertili, pollinisation, lutte biologique.
Services de soutien : Habitat pour les espèces, maintien de la
diversité génétique.
Services culturels et d’agrément : Recréation, qualité du
paysage, cultures et traditions.
Projections climatiques – Kroumiri-Mogods
Modèle Climatique : HadCM3
L’analyse de la vulnérabilité face au changement climatique
effectuée en 2011 a montré que les séries forestières ts
vulnérables de la subéraie ont une surface d’environ 41600 ha,
avec un risque de perdre à l’horizon 2050 l’équivalent de 18500
ha en cas de non action selon le scénario A2 du GIEC (cf. tableau).
En effet, la baisse de la disponibilité en eau entrainerait une
diminution de la productivité, une augmentation de la fréquence
des incendies et une augmentation du dépérissement. Ceci
Scénario B2
Horizon Augmentation de la
Température (°C)*
Baisse des précipitations
(%)*
2020 0,6 -4%
2050 1,4 -10%
Scénario A2
Horizon Augmentation de la
Température (°C)*
Baisse des précipitations
(%)*
2020 0,8 -6%
2050 1,8 -11%
* : par rapport à la période de référence 1961-1990
En cooperation avec :
Minisre de l’Agriculture
2 3
Effet du vent sur un arbre de
chêne liège dans la région de
Sidi Mechreg.
Photo: © Ghazi Gader 32
de migrer progressivement en altitude pour occuper des sta-
tions plus fraiches qui d’habitude sont colonisées par le chêne
zeen (Quercus canariensis). Dans ces mêmes conditions, les
unités à chêne liège occupant les étages les plus thermophiles
évolueront vers des formations basses de maquis.
La subéraie sera soumise à une recrudescence des feux des
forêts et une apparition plus précoce des parasites et autres
ravageurs.
Les séries très vulnérables au changement climatique
(extrêmes Nord et Sud de la subéraie) auront une surface de
41600 ha, avec un risque de perdre l’équivalent de 18500 ha
en cas de non action en 2050 et selon le scénario A2.
Les pertes économiques subies par l’écosystème subéraie
seraient de 2,5 millions DT selon le scénario B2 et de
38 millions DT selon le scénario A2 sur la période 2010-
2050; ceci correspond à une réduction de la valeur de la
production cumulée 2010-2050 entre 0.4% et 5.6%. Il
faut toutefois noter que ces estimations ne tiennent pas
compte de l’accroissement des risques d’incendies, dérosion
entrainerait une réduction des productions du liège, du fourrage
et du bois et la dégradation de l’écosystème et par conséquent
des services qu’il fourni. Les forestiers ont toujours adopté des
techniques d’aménagement et dexploitation standardisées à
l’ensemble des séries de la subéraie sans tenir compte de leur état
de vulnérabilité.
Analyse de vulnérabilité de la subéraie face au
changement climatique
L’approche utilisée pour l’analyse de la vulnérabilité de
l’écosysme subéraie face au changement climatique est une
approche spatiale multifactorielle. Elle permet de définir la
vulnérabilité actuelle et aux horizons 2020 et 2050 selon deux
scenarii du changement climatique : B2 qualifié comme moyen et
A2 qualif comme sévère. Cette vulnérabilité est rapportée à la
série forestière qui est l’unité d’aménagement de base appliquée
par les gestionnaires forestiers (figure 1).
L’analyse combine cinq (05) principaux facteurs ; à savoir :
le stress hydrique,
l’état de vieillissement des peuplements,
la pression pastorale,
Peuplement de chêne liège clairsemé avec un maquis abondant,
à la lisière des terrains agricoles.
les feux de forêts,
les conditions biophysiques.
Lévaluation économique des biens et services de l’écosystème
considéré a été effecte selon l’approche proposée par le
Millenium Ecosystem Assessment -2005. Elle a permis dans
un premier temps destimer la valeur économique totale de
l’écosysme et dévaluer dans un deuxième temps la valeur
économique potentielle perdue sous l’effet des difrents
scénarios du changement climatique analysés.
Résultats
Lévaluation de cet écosystème selon les approches proposées a
permis d’avoir les principaux résultats suivants :
Le changement climatique est un facteur aggravant de
la vulrabilité de l’écosysme subéraie. Quel que soit
le scénario climatique adopté, la subéraie souffrirait
énormément de l’action anthropique et surtout des
pâturages sous forêt. A l’horizon 2020, la subéraie devrait
faire face à une surcharge pastorale sur 81% de sa superficie.
Cette surcharge sera encore plus forte et plus étendue à
l’horizon 2050.
Sous l’effet du changement climatique, le chêne liège risque
et de l’impact social de la perte des bénéfices locaux de
l’écosysme. Ces pertes sont composées principalement des
valeurs du lge (29%), des émissions de carbone (27%), des
ressources en eau (18%) et du bois (13%). En conséquence,
les pertes sont subies en premier lieu par l’Etat, propriétaire
des forêts, à hauteur de 37%, puis, par la communauté
globale (28%), la société tunisienne en général (19%) et la
population locale avec une proportion de 16%.
Au-delà des chiffres, il convient de noter que les pertes de
l’écosysme sont irréversibles en termes de biodiversité.
La grande marge d’incertitude sur les pertes en 2050, conduit à
privilégier des solutions d’adaptation de non regret qui seraient
peu coûteuses mais pourront avoir des impacts positifs à long
terme.
Recommendations d’adaptation de la subéraie
au changement climatique
L’importance des impacts directs et indirects du changement
climatique sur les forêts de chêne liège, nécessite de prendre
des mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de
l’écosysme et garantir sa durabilité et les services qu’il fourni
aussi bien pour la population locale que pour l’état, la société et
les autres secteurs.
Appliquer une planification des interventions et leur zonage
en fonction de la vulnérabilité des forêts au changement
climatique.
Clarifier les droits d’accès au pâturage et au prélèvement
de bois de feu, et appliquer la règlementation en cas de
dommages environnementaux causés.
Faire participer les éleveurs dans l’amélioration fourragère
et la gestion du pâturage : application des frais d’accès au
pâturage pour les parcours améliorés.
Figure 1: Schéma simplifié de la méthode spatiale multifactorielle
Figure 2 : Répartition des pertes économique dues au
changement climatique
Liège • 79%
Emission
du carbone • 27%
Ressources
en eau • 18%
Bois • 13%
Pentes
Profondeurs des sols
Profondeur des sols
Texture des sols
Pluviométries
Températures
Altitudes
Densité de Population
Cheptel (UPB)
Vieillissement
Incendies
Vulnéra-
bilité
au CC
Seuillages
Année
2000
Expositions
Nature des sols
Pondérations
Intégration
Seuillages
Pondé-
rations
Intégra-
tion
Réserve Utile
Seuil-
lages
Extrapola-
tions
Intégration
Seuillages Seuillages
ETP
Extrapo-
lations
Intégra-
tion
Seuillages
Pondérations
Intégration
Facteurs Biophysiques
Déficit Hydrique
Pression pastorale
Vieillissement
Incendies
Accompagner la stratégie nationale de développement
durable de la subéraie par une composante transversale
qui visera essentiellement l’atténuation des coûts socio-
économiques et environnementaux des perturbations
aggravées par le changement climatique et le maintien des
valeurs sociales des systèmes écologiques et économiques
actuels de la subéraie en préservant les économies liées au
liège et les moyens de subsistance des populations qui en
dépendent.
Sur le plan technique, trois propositions concrètes de
mesures d’adaptation peuvent être mises en œuvre pour
augmenter la résilience de lécosystème subéraie face au
changement climatique :
Migration assistée de la forêt de chêne liège vers la forêt
de chêne zeen et transformation en Déhésa sur 3000 ha.
Le système de gestion Déhésa consiste en une réduction
de la densité des arbres (taux de recouvrement à 25%), et
une amélioration pastorale.
Maintien de la subéraie claire jusqu’à 25 % de couvert
et son orientation vers un système type : « Désa » ou
«Montado » sur 24000 ha.
Evolution vers une pinède mixte de pin maritime à chêne
liège où le chêne liège joue surtout un rôle de protection
et d’amélioration des stations (taillis sous futaie de pin
et de chêne liège) sur 15000 ha.
Pour le reste des subéraies , appliquer les règles de
conduite sylvicoles et d’aménagement selon des sysmes
standardisés et adaptés tel que préconisé par ladite
stratégie. Par exemple, tenir compte des possibilités de
diminution de la croissance des arbres due au changement
climatique et réviser ainsi les rotations des coupes et des
délgeages.
Références
Daly, H., Gader, G., Potthast, M. 2011 : Towards an economic
assessment of ecosystem services under climate change : Cases of
cork oak forest and alfagrass in Tunisia.
Daly, H. 2013 : Economic valuation of forest goods and services,
Tunisia, http://browse.feedreader.com/c/TEEB_The_Economics_
of_Ecosystems_and_Biodiversity/410899984.
Direction nérale des Fots 2005 : Inventaire Forestier et
Pastoral National, Minstère de lAgriculture.
Minisre de l’Agriculture et GTZ 2007 : Stratégie Nationale
d’adaptation de l’Agriculture tunisienne et des écosystèmes au
changement climatique.
Minisre de l’Environnement et GIZ 2011 : Etude sur la
vulnérabilité de la subéraie face au changement climatique.
Publié par Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
Siège de la société : Bonn et Eschborn
Projet « Appui à la mise en œuvre
de la Convention Cadre des Nations Unies
sur le Changement Climatique en Tunisie»
B.P. 753, 1080 Tunis-dex, Tunisie
T +216. 70 728 622
F +2016 70 728 417
www.giz.de
Responsable Anselm Duchrow
Texte Ghazi Gader
Mise à jour Août 2013
Impression/ Conception Kréa - 1002 Tunis
Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ.
En coopération avec Ministère de l’Agriculture (Tunisie)
Sur mandat du Ministère fédéral de la Coopération économique
et du Développement (Allemagne)
Division Afrique du Nord, Politique de la méditerrae
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53113 Bonn, Deutschland 10963 Berlin, Germany
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Contact
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