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Effet du vent sur un arbre de
chêne liège dans la région de
Sidi Mechreg.
Photo: © Ghazi Gader 32
de migrer progressivement en altitude pour occuper des sta-
tions plus fraiches qui d’habitude sont colonisées par le chêne
zeen (Quercus canariensis). Dans ces mêmes conditions, les
unités à chêne liège occupant les étages les plus thermophiles
évolueront vers des formations basses de maquis.
La subéraie sera soumise à une recrudescence des feux des
forêts et une apparition plus précoce des parasites et autres
ravageurs.
Les séries très vulnérables au changement climatique
(extrêmes Nord et Sud de la subéraie) auront une surface de
41600 ha, avec un risque de perdre l’équivalent de 18500 ha
en cas de non action en 2050 et selon le scénario A2.
Les pertes économiques subies par l’écosystème subéraie
seraient de 2,5 millions DT selon le scénario B2 et de
38 millions DT selon le scénario A2 sur la période 2010-
2050; ceci correspond à une réduction de la valeur de la
production cumulée 2010-2050 entre 0.4% et 5.6%. Il
faut toutefois noter que ces estimations ne tiennent pas
compte de l’accroissement des risques d’incendies, d’érosion
entrainerait une réduction des productions du liège, du fourrage
et du bois et la dégradation de l’écosystème et par conséquent
des services qu’il fourni. Les forestiers ont toujours adopté des
techniques d’aménagement et d’exploitation standardisées à
l’ensemble des séries de la subéraie sans tenir compte de leur état
de vulnérabilité.
Analyse de vulnérabilité de la subéraie face au
changement climatique
L’approche utilisée pour l’analyse de la vulnérabilité de
l’écosystème subéraie face au changement climatique est une
approche spatiale multifactorielle. Elle permet de définir la
vulnérabilité actuelle et aux horizons 2020 et 2050 selon deux
scenarii du changement climatique : B2 qualifié comme moyen et
A2 qualifié comme sévère. Cette vulnérabilité est rapportée à la
série forestière qui est l’unité d’aménagement de base appliquée
par les gestionnaires forestiers (figure 1).
L’analyse combine cinq (05) principaux facteurs ; à savoir :
le stress hydrique,
l’état de vieillissement des peuplements,
la pression pastorale,
Peuplement de chêne liège clairsemé avec un maquis abondant,
à la lisière des terrains agricoles.
les feux de forêts,
les conditions biophysiques.
L’évaluation économique des biens et services de l’écosystème
considéré a été effectuée selon l’approche proposée par le
Millenium Ecosystem Assessment -2005. Elle a permis dans
un premier temps d’estimer la valeur économique totale de
l’écosystème et d’évaluer dans un deuxième temps la valeur
économique potentielle perdue sous l’effet des différents
scénarios du changement climatique analysés.
Résultats
L’évaluation de cet écosystème selon les approches proposées a
permis d’avoir les principaux résultats suivants :
Le changement climatique est un facteur aggravant de
la vulnérabilité de l’écosystème subéraie. Quel que soit
le scénario climatique adopté, la subéraie souffrirait
énormément de l’action anthropique et surtout des
pâturages sous forêt. A l’horizon 2020, la subéraie devrait
faire face à une surcharge pastorale sur 81% de sa superficie.
Cette surcharge sera encore plus forte et plus étendue à
l’horizon 2050.
Sous l’effet du changement climatique, le chêne liège risque
et de l’impact social de la perte des bénéfices locaux de
l’écosystème. Ces pertes sont composées principalement des
valeurs du liège (29%), des émissions de carbone (27%), des
ressources en eau (18%) et du bois (13%). En conséquence,
les pertes sont subies en premier lieu par l’Etat, propriétaire
des forêts, à hauteur de 37%, puis, par la communauté
globale (28%), la société tunisienne en général (19%) et la
population locale avec une proportion de 16%.
Au-delà des chiffres, il convient de noter que les pertes de
l’écosystème sont irréversibles en termes de biodiversité.
La grande marge d’incertitude sur les pertes en 2050, conduit à
privilégier des solutions d’adaptation de non regret qui seraient
peu coûteuses mais pourront avoir des impacts positifs à long
terme.
Recommendations d’adaptation de la subéraie
au changement climatique
L’importance des impacts directs et indirects du changement
climatique sur les forêts de chêne liège, nécessite de prendre
des mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de
l’écosystème et garantir sa durabilité et les services qu’il fourni
aussi bien pour la population locale que pour l’état, la société et
les autres secteurs.
Appliquer une planification des interventions et leur zonage
en fonction de la vulnérabilité des forêts au changement
climatique.
Clarifier les droits d’accès au pâturage et au prélèvement
de bois de feu, et appliquer la règlementation en cas de
dommages environnementaux causés.
Faire participer les éleveurs dans l’amélioration fourragère
et la gestion du pâturage : application des frais d’accès au
pâturage pour les parcours améliorés.
Figure 1: Schéma simplifié de la méthode spatiale multifactorielle
Figure 2 : Répartition des pertes économique dues au
changement climatique
Liège • 79%
Emission
du carbone • 27%
Ressources
en eau • 18%
Bois • 13%
Pentes
Profondeurs des sols
Profondeur des sols
Texture des sols
Pluviométries
Températures
Altitudes
Densité de Population
Cheptel (UPB)
Vieillissement
Incendies
Vulnéra-
bilité
au CC
Seuillages
Année
2000
Expositions
Nature des sols
Pondérations
Intégration
Seuillages
Pondé-
rations
Intégra-
tion
Réserve Utile
Seuil-
lages
Extrapola-
tions
Intégration
Seuillages Seuillages
ETP
Extrapo-
lations
Intégra-
tion
Seuillages
Pondérations
Intégration
Facteurs Biophysiques
Déficit Hydrique
Pression pastorale
Vieillissement
Incendies