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1. L’approche de l’estimation coût-avantage
environnementale
En Tunisie, dans le contexte des études sur la vulnérabilité
des écosysmes de la subéraie (limites de lécosystème à
Jendouba et Béja) et des nappes alfatières (Kasserine), menées
en 2010/2011, à l’initiative du projet « Appui à la mise en oeuvre
de la convention cadre des nations unies sur le changement
climatique» (CCC/GIZ), la méthode a été appliquée pour
conduire une estimation des valeurs économiques des différents
biens et services que fournissent ces écosystèmes, et apprécier
la perte potentielle de cette valeur économique sous l’effet du
changement climatique. Les résultats obtenus devraient être pris
en considération dans la révision des plans d’aménagement des
nappes alfatières et dans le cadre de l’identification de mesures
d’optimisation des biens et services de la suberaie.
Inventaire de méthodes d’adaptation au changement climatique
Méthode coût-avantage environnementale
2. Points de départ
La démarche répondait au besoin immédiat d’améliorer
l’information sur les impacts du changement climatique sous
l’angle du risque économique, pour favoriser les meilleures
mesures d’adaptation, au niveau des processus de décision au
sein de la Direction Générale des Forêts. Limpératif de disposer
de données et de méthodes pour l’évaluation économiques
des biens et services des écosystèmes est aujourd’hui reconnu.
La nouvelle stratégie nationale de développement forestier,
dont l’élaboration commence en 2013, inclura l’adaptation au
changement climatique et les évaluations économiques des biens
et services des écosystèmes forestiers en vue de leur optimisation
durable.
3. Comment réaliser une estimation coût-
avantage environnementale ?
Trois principales étapes ont jalonné la mise en œuvre de cette
méthode. Une quatrième étape aurait dû être consacrée à
l’évaluation des options d’adaptation au changement climatique.
Elle n’a pas été réalisée dans le cadre du pilote.
Schéma 1: Etapes et principales sous-étapes de mise en œuvre
de la méthode
1Identification des biens et services
de la subéraie et des nappes alfatières
Classification des biens et
services (marchands et non
marchands) écosystémiques
Identification des biens et
services écosystémiques
Analyse qualitative des bénéfices
2Evaluation économique de la subéraie
et des nappes alfatières
Présentation des valeurs
économiques des services de ces
écosystèmes à partir des documents
Estimation de la valeur
économique totale (VET)
3Evaluation de la valeur économique perdue
des différents biens et services de la subéraie
et des nappes alfatières sous l’effet du CCC
Identification des pertes de
production sous l’effet de deux
scenarii du CC à l’horizon 2050
Estimation des coûts
monétaires actualisés des pertes
à l’horizon 2050
4Evaluation économique
des options d’adaptation
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Étape 1
La classification qualitative des biens et services des écosystèmes
s’est basée sur le concept de la valeur économique totale (VET –
voir source Merlo et Coitoru (2005)). Elle a été faite à la fois par
type de fonction (production, écologique, sociale soit services
d’approvisionnement/ prélèvement, services de régulation,
services culturels, services d’auto-entretien) et par type de
bénéficiaire (Etat, population des usagers, la société tunisienne
et la communauté internationale), afin d’identifier les valeurs
des différents avantages pour la société et leur distribution (voir
Schéma 1).
Schéma 1 : Biens et services fournis par la subéraie et leur
distribution
Biens et services néficiaires
Services d'approvisionnement
Liège, champignons myrte, bois de feu, chasse
Fourrages, glands, bois de feu, escargots, miel, PAM,
chasse
Gouvernement
Eleveurs
Chasseurs
Services de régulation Protection contre l’érosion hydrique (envasement) /
questration du carbone
Société tunisienne
Communauté globale
Services culturels Récréation, paysage, cultures et traditions Société tunisienne
Services de soutien Conservation de la biodiversité Société et Communauté globale
Étape 2
Différentes techniques selon le type de valeur ont été utilisées
dans des travaux antérieurs (en jaune dans le schéma 1). Ce
sont les résultats de l’application de ces techniques qui ont é
exploitées pour les estimations économiques.
Pour l’écosystème chêne liège, les principales méthodes utilisées
sont basées sur les prix de marché, la méthode de la fonction
de production, la méthode de coût de voyage et l’approche des
dépenses de protection.
Pour les nappes alfatières, les techniques d’évaluation se réfèrent
au prix de marché pour la feuille d’alfa, le prix international
pour la quantité de carbone fixée, le prix de substitution pour la
production fourragère, les changements de production pour les
services ls à la réduction de l’érosion, le coût des mesures de
protection pour la conservation de la biodiversité.
La VET a été estimée par l’agrégation des valeurs de tous les
biens et services.
Étape 3
Afin de déterminer, économiquement, les effets du changement
climatique (selon deux scenarii) sur le changement de flux de
biens et services fournis par ces écosystèmes, une procédure à
deux étapes a été retenue :
premièrement, détermination des effets physiques (négatifs
ou positifs) des changements de l’environnement sur
l’activité économique selon les deux perspectives ;
deuxièmement, évaluation économiques des changements
engendrés dans la production ou la consommation en
utilisant les mêmes méthodes que pour l’étape 2.
Les méthodes des coûts de dommages et des coûts de
remplacement ont été utilisées pour l’évaluation des coûts liés à
la dégradation.
Par ailleurs, l’actualisation a été effectuée pour traduire les
valeurs futurs à leur valeur daujourd’hui. Le choix du taux
d’actualisation (2%) a été raisonné
principalement en tenant compte de la longue période d’analyse,
des perspectives d’évolution des prix des biens et services, en
fonction de l’existence de produits et services concurrentiels, de
l’offre et de la demande.
4. Conditions d’application
4.1. Acteurs et structures institutionnelles
La Direction Gérale des Forêts (DGF) a été le chef de file du
pilote. Les arrondissements forestiers concernés ont fourni des
informations et se sont impliqs dans les travaux de terrain.
Le Projet CCC/GIZ a joué un rôle facilitateur en plus du
financement de laction (élaboration des termes de références,
encadrement de léquipe des experts, mise au point périodiques,
ateliers déchanges).
4.2. Apports
En amont, l’apport de données est impératif (en provenance de
la DGF, des arrondissements forestiers, de l’Institut National de
Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts (INRGREF) et d’autres
instituts de recherche). Il faut vérifier leur disponibilité et si
possible leur fiabili.
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Il faut disposer d’une équipe de spécialistes fonctionnant en
interdisciplinarité. Un expert en économie forestière aura pour
che spécifique l’application de cette méthode, en coordination
étroite avec les autres membres du groupe qui menaient les
analyses biophysiques de vulnérabilité.
La réalisation de l’évaluation des biens et services nécessite ainsi
environ de 2 mois mais dans le cadre plus large de l’analyse de sa
vulnérabilité, soit sur 18 mois.
4.3. Produits
1. Tableaux et diagrammes de compilation de données sur la
nature, la valeur des bénéfices et leur répartition selon les
biens et services des deux écosystèmes.
2. Visualisation des valeurs réelles des pertes en biens et services
dues au changement climatique selon les scénarios, comparées
à ceux des biens et services sans effet CC en 2020 et en 2050.
4.4. Capacités nécessaires et facilités d’utilisation
En Tunisie, les profils dexperts requis (économie
environnementale en coopération avec des spécialistes
techniques de l’érosion, des ressources hydriques etc…) existent
mais sont mobilisables essentiellement par le biais de la
consultance et via des projets dassistance technique externe.
Lévaluation des biens et services d’un écosysme ne peut se faire
idéalement que dans le contexte de l’analyse de sa vulnérabilité,
compte tenu de la diversité des données nécessaires.
La contrainte principale est le besoin en données en amont qui
ne peuvent être produites que dans le cadre de programmes de
recherche cohérents et à long terme. Or la recherche souffre
du manque chronique de budget et de déficits en terme
d’identification et d’intégration des thèmes de recherche.
S’y ajoute des difficultés de coordination intersectorielle.
5. Conclusions pour des applications futures
5.1. Résultats et valeur ajoutée
La nouvelle stratégie de développement forestier 2013 -2022
va intégrer le renforcement des mesures d’adaptation et
d’atténuation du changement climatique et la prise en compte
de la valeur économique des biens et services des écosystèmes
dans une optique de valorisation et doptimisation durable de ces
ressources.
Dans le court terme, une révision des termes de références
pour l’établissement des procès verbals d’aménagement afin
de prendre en compte la production de biens et de services
marchands et non marchands (notamment la production de bois
est classée en quatrième position dans les biens forestiers en
Tunisie), va être engagée avec le soutien de la GIZ.
5.2. Ratio coûts – bénéfices
Cet aspect est difficile à cerner, l’évaluation économique des
biens et services d’un écosystème ne pouvant être dissocié
de l’analyse de sa vulnérabilité au changement climatique.
Cependant les résultats de ces évaluations sont des arguments
très forts pour aider les décideurs à engager et soutenir des
actions d’adaptation. Néanmoins, compte-tenu de l’importance
des ressources à mobiliser, la méthode ne peut être pertinente
que pour des champs dapplication prioritaires.
5.3. Potentiel pour une reproduction
Le choix de méthodes dévaluation des coûts des biens et services
a été fait en privilégiant la disponibilité des informations et leur
facilité de mise en pratique dans un temps acceptable ; ceci
en vue de faciliter la réplication de la méthode. Les méthodes
d’évaluation plus complexes, telles que l’évaluation contingente,
ont ainsi été écares.
La nouvelle stratégie de développement forestier 2013 –2022
va intégrer le renforcement des mesures d’adaptation et
d’atténuation du changement climatique et la prise en compte
de la valeur économique des biens et services des écosystèmes
dans une optique de valorisation et doptimisation durable de ces
ressources. Ceci offre un cadre favorable de réplication.
Cependant son application n’étant possible que dans le contexte
plus large et complexe des analyses de vulnérabili, son
utilisation se heurte à la contrainte des coûts à mobiliser pour sa
mise en œuvre.
D’autre part, il faut rappeler :
Les difficultés dobtention des données nécessaires, qui
parfois ne peuvent être produites que dans le cadre de
programmes de recherche à moyen et long terme.
La nécessité de développer l’étape dévaluation des options
d’adaptation ; en effet la conduite d’une analyse coûts
bénéfices permettrait de choisir la meilleure option (la plus
rentable) et la période d’intervention adéquate (immédiate
ou différée).
Le besoin d’une harmonisation des méthodes dévaluation
des biens et services privilégiant des méthodes maîtrisables
en terme de temps et de coûts.
6. Sources
Documents :
1. Etude sur la vulnérabilité de la subéraie face au changement
climatique, Ministère de lenvironnement – GIZ - 2011 - Tunis.
2. Etudes sur la vulrabilité de l’écosystème alfatier face au
changement climatique dans le Gouvernorat de Kasserine,
Ministère de l’environnement – GIZ – 2011Tunis
3. Economie des écosystèmes et de la biodiversité de la
subéraie et des nappes alfatières (dans le cadre des études
sur la vulnérabilité de la subéraie (limites de l’écosystème
à Jendouba et Béja) et des nappes alfatières (Kasserine) –
Hamed Daly - Ministère de l’Environnement - GIZ - 2011
Contact
Hamed Daly,
Directeur de recherche à l’INRAT
daly@gnet.tn
GIZ en Tunisie
giz-tunesien@giz.de
Publié par Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
Siège de la société : Bonn et Eschborn
Projet « Appui à la mise en œuvre
de la Convention Cadre des Nations Unies
sur le Changement Climatique en Tunisie»
B.P. 753, 1080 Tunis-Cédex, Tunisie
T +216. 70 728 622
F +2016 70 728 417
www.giz.de
Responsable Anselm Duchrow
Texte Ghazi Gader
En collaboration avec Projet : Inventaire des Méthodes pour l’Adaptation au
Changement Climatique (IMACC)
Mise à jour Novembre 2013
Impression/ Conception Kréa - 1002 Tunis
Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ.
En coopération avec Ministère de l’Agriculture (Tunisie)
Sur mandat du Ministère de la Coopération économique
et du Développement (Allemagne)
Division Afrique du Nord, Politique de la méditerrae
Adresses des BMZ Bonn BMZ Berlin
Bureaux du BMZ Dahlmannstraße 4 Stresemannstraße 94
53113 Bonn, Deutschland 10963 Berlin, Germany
T +49 228 99 535 - 0 T +49 30 18 535 - 0
F +49 228 99 535 - 3500 F +49 30 18 535 - 2501
poststelle@bmz.bund.de
www.bmz.de
4. Guide méthodologique de l’approche dévaluation des biens et
services des écosystèmes, Ministère de l’Environnement - GIZ
- 2012
5. Evaluation des écosystèmes pour le Millénaire - Source :
Millenium Ecosystem Assessment, 2005
6. Projet doptimisation de la production de biens et services par
les écosystèmes boisés méditerranéens dans un contexte de
changements globaux (www.ffem.fr)
7. Evaluation économique des biens et services des forêts
tunisiennes, note de synthèse – Ministère de lAgriculture –
Direction Générale des Forêts – National forest programme
facility – FAO _ juillet 2012
8. The economics of ecosystems and Biodiversity for local and
regional policy makers. TEEB, 2010. Earthscan, London.
Sites web:
www.teebweb.org
http://teeb-tunis.yolasite.com
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