Mercantilistes et physiocrates - E

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Les Pensées Economiques
I. Les Mercantilistes (1450-1750) :
1. Le contexte historique :
a. Les transformations dans les domaines religieux, culturels et scientifiques :
Renaissance et émancipation de l’homme à l’égard de la religion et de l’église (laïcité).
Développement des sciences (mathématiques, astronomie, chimie, …).
Recours à la méthode expérimentale.
Remise en cause de l’ordre féodal et ecclésiastique.
Modification de l’attitude religieuse traditionnelle à l’égard du travail, du commerce, de la richesse et
surtout vis-à-vis du profit et de l’intérêt.
b. Les transformations dans les domaines poltiques institutionnel et social :
Apparition des Etats-nations à la place des seigneuries dans le cadre d’une seule communauté
chrétienne.
Montée de la bourgeoisie sur les plans économiques, commercials, bancaires, financiers et politiques (ex
J.B. Colbert sous Louis 14).
Désarticulation de la société paysanne.
c.
Les transformations au niveau des rapports entre régions :
Les progrès de la navigation (boussole, téléscope, cannons, …) →baisse du coût de transport et des
risques.
Les grandes découvertes (Guinée, l’Afrique du Sud, l’Amérique, l’Inde) et le déplacement du centre du
monde de la Méditerranée vers l’Atlantique (les principaux ports).
L’expansion coloniale européenne et le développement du commerce mondiale.
2.
Les grandes lignes de la pensée mercantiliste :
a. La problématique et les caractéristiques communes :
La problématique générale : « comment enrichir la Nation (Etat) et comment la rendre prospère et
puissante ».
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Une pensée tournée vers la pratique.
Une pensée ouvertement nationaliste (universalisme ?).
Une pensée explicitement colonialiste.
Une pensée fondée sur l’idée d’un Etat acteur et l’économie nationale.
b. Les variantes du mercantilisme :
Les bullionnistes ou les chrysohédonistes (essentiellement espagnoles) – Bullion : lingot – Auteurs :
Geronymo de Uztaritz et Bernardo de Ulloa.
Les commercialistes (Surtout anglais) :
 Balance commerciale favorable.
 Auteurs : Thomas MUN, Josiah CHILD, William PETTY, BOIGULLEBERT, Richard CANTILLON, David
HUME (l’équilibre automatique de la Balance des paiements).
Les industrialistes (essentiellement français) (Colbert)
c. Les principaux thèmes de la pensée mercantiliste :
1) Monnaie et prix :
o Monnaie, prix, taux d’intérêt et activité économique.
o Créer une monnaie nationale et l’ajuster en fonction des besoins de la nation (J. Law) : pour J. Law, la
croissance du commerce, de l’emploi et de la population dépend de la qualité disponible de monnaie. Une
monnaie abondante mettrait plus d’hommes au travail et produirait un surplus exportable.
o D’une monnaie active à la théorie quantitative de la monnaie (D. Hume) :
« long terme, il existe une relation de proportionnalité entre la variation de la masse monétaire et la
variation des prix.
 A long terme, la variation de la masse monétaire n’a pas de conséquence sur l’activité économique.
 La plus ou moins grande quantité de monnaie dans un Etat n’a pas d’influence sur l’intérêt.
 A court terme, les prix ne suivant pas instantanément la variation de la quantité de monnaie et des
effets heureux sur l’activité économique peuvent accompagner un accroissement de la masse monétaire :
Un certain temps est requis avant que la monnaie ne circule dans le pays tout entier …. Ce n’est que dans
cet intervalle de temps, ou période de transition, entre l’acquisition de monnaie et la hausse des prix, que la
quantité croissante d’or et d’argent est bénéfique à l’industrie ».
o Rééquilibrage automatique de la balance commerciale.
2) Commerce extérieur :
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De l’objectif d’afflux des métaux précieux à celui du surplus exportable.
La protection en fonction des besoins de la nation.
La division mercantile et coloniale du travail.
« le commerce extérieur est la richesse du souverain, l’honneur du royaume, la noble vocation des
marchands, notre subsistance et l’emploi de nos pauvres, l’amélioration de nos terres, l’école de nos marins, le
nerf de notre guerre, la terreur de nos ennemis » (Th. Mun).
3) Le populationnisme :
« il n’y a de richesse ni de force que l’homme » (J. Bodin).
« le travail est le père et le principe actif de la richesse, tandis que la terre en est la mère » (W. Petty).
4) La croissance économique :
Repérer les facteurs déterminants sur lesquels il importe d’agir afin d’induire l’expansion de la richesse
nationale.
3.
Conclusion :
L’analyse mercantiliste est l’une des premières tentatives d’analyse de type scientifique des phénomènes
économiques. C’est une première démarcation par rapport à la religion. Les mercantilistes ont été les premiers
à avoir posé la problématique du rôle de l’Etat dans l’économie. Problématique qui va marquer l’histoire de la
pensée économique.
II. Les physiocrates :
Physiocratie = gouvernence de la nature
A la différence de la pensée mercantiliste, la pensée physiocrate s’est développée sur une courte période
(1756 – 1776), dans un seule pays (la France) et grâce à un seule maître (F. Quesney). C’est une véritable école.
Pour Marx, ils sont « les véritables pères de l’économie moderne ».
Pour Walras, l’école des physiocrates est « non seulement la première, mais la seule école d’économistes
qui, en France, aient eu une économie politique pure originale, et aussi au milieu de leurs erreurs apparaissent
des vues d’une profondeur et d’une justesse extraordinaires ».
Ils étaient à la base de la macroéconomie et de la comptabilité nationale.
Principaux auteurs : François Quesnay (1694 – 1774), le marquis de Mirabeau (1715 – 1789), Lemercier de
Larivière (1720 – 1793), Beaudeau (1730 – 1792), La Trosne (1728 – 1780), Du Pont de Nemours (1739 – 1817).
1.
Contexte historique :
La France : un pays encore rural et une agriculture en crise suite aux politiques économiques proposées par
les mercantilistes et la dominance des anglais.
L’accaparement par la classe dominante de la majeure partie du produit agricole (droits des seigneurs, les
dîmes ; la rente foncière, les impôts royaux …)
Une industrie non encore développé malgré le soutien de l’Etat.
Un environnement intellectuel et culturel prospère (encyclopédie, revues, ouvrages).
Publication en 1755 de l’ouvrage de R. Cantillon « essai sur le commerce en général ».
Publication en 1758 de l’ouvrage de F. Quesnay (médecin et chef de fil de l’école physiocrate) « Le tableau
économique ».
2. La conception économique des physiocrates :
a. Le cadre philosophique et méthodolgique : l’ordre naturel.
1) La notion de l’ordre naturel (absolue, immuable et universel) :
Il est providentiel, car voulu par Dieu pour le bonheur des hommes, essentiel, car nécessaire au bon
fonctionnement de la société, et, évident parce que connaissable par la raison humain.
Donc l’objectif est de découvrir cet ordre naturel de l’enseigner pour le respecter et atteindre par
conséquent la prospérité.
2) Le contenu de l’ordre naturel :
D’après Mirabeau « La condition essentielle, nécessaire et suffisante, des succès et des progrès de la
culture de la terre, est la liberté et l’immunité des droits et des devoirs de tous : la propriété, la sûreté, la
liberté ».
3) Les implications méthodologiques :
Vison matérialiste (production des substistances) et ahistorique.
Etudier la société humaine sur le modèle des sciences de la nature (influencer de la médecine).
Utilisation des mathématiques pour faire des démonstrations logiques (équations, modèles, tableaux, …).
b. La conception de la richesse et des moyens de son développement :
Les véritables richesses : elles sont des richesses toujours renaissantes, reproductibles, vénales et être
objet de jouissance.
La source de la richesse : La terre.
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Grande agriculture capitaliste moderne (grands frais).
La stérilité ne signifie pas inutilité.
L’expression de la richesse : Le produit net.
Le moyen de développer la richesse : les avances.
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Les avances foncières : travaux de défrichissement, d’assainissement et d’irrigation …
Les avances primitives : biens d’équipement, prévention des accidents et des risques …
Les avances annuelles : subsistance des travailleurs, semences, engrais … (capital circulant).
3.
a.
Le tableau économique :
Hypothèses de l’ordre naturel :
Niveau de production maximum.
Rapports de productions inchangés.
Abstraction de l’Etat car il respect les lois naturelles.
Economie fermée.
Concurrence, prix constants et absence de thésaurisation.
Echange dans le cadre d’une société réduite à trois classes :
o La classe productive : exploitation de la terre qui donne le produit net.
o La classe de propriétaires : le souverain, les possesseurs de terres … qui vit grâce au produit net.
o La classe stérile : autre que l’agriculture.
b. Le tableau économique :
Avances annuelles de la
classe productive
Revenu des propriétaires
fonciers
Avances de la classe
stériles
2
2
1
1
1
1
1
1
2
5
TOTAUX
2
Flux Monétaires :
 La classe productive :
o Elle reçoit :
 1 en contrepartie de la vente des biens agricoles de subsistance à la classe des propriétaires fonciers.
 1 en contrepartie de la vente des matières premières à la classe stérile.
 1 en contrepartie de la vente des produits de subsistance à la classe stérile.
o Elle achète :
 1 de produits manufacturés d’entretien.
o Elle paie :
 2 au titre de revenu pour les propriétaires fonciers.
 La classe des propriétaires fonciers :
o Elle reçoit :
 2 au titre de revenu pour la classe productive.
o Elle achète :
 1 de produits de subsistance auprès de la classe productive.
 1 de produits manufacturés de consommation auprès de la classe stérile.
 La classe stérile :
o Elle reçoit :
 1 en contrepartie de la vente de produits manufacturés à la classe de propriétaires fonciers.
 1 en contrepartie des ouvrages fournis à la classe productive.
o Elle achète :
 1 de matières premières agricoles.
 1 de subsistance.
Flux Réels :
 La classe productive :
Avec la terre : Elle avance 3 (=2+1) et récolte 5 ⇒ +2
Avec les autres classes : Elle reçoit 1 et fournit 3 (=1+1+1) ⇒ -2
 La classe des propriétaires fonciers :
Elle reçoit 2 (=1+1) et ne fournit rien ⇒ +2
 La classe stérile :
Elle reçoit 2 (=1+1) et céde 2 (=1+1) ⇒ 0
4.
La politique économique :
Une politique libérale favorisant les échanges et la concurrence afin de valoriser le blé et rendre son prix
stable : suppression des monopoles, des droits de douanes et de toute mesure entravant la libre circulation des
marchandises et l’amélioration des moyens de communication.
Une politique de modernisation et de développement agricole.
Les dépenses de l’Etat et de la classe des propriétaires fonciers doivent s’orienter vers l’agriculture pour
assurer la reproduction au lieu de la consommation de biens de lux.
Une politique fiscale qui s’affecte pas les conditions de reproduction : impôt unique réduit et assis que sur
le produit net.
Conculsion :
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