Richelieu dépossède les Parlements provinciaux de leurs privilèges financiers en instaurant de
nouveaux fonctionnaires royaux, les Élus, chargés de collecter les impôts au nom du roi. Au
même moment la misère du peuple est aggravée par un hiver des plus rudes. La noblesse qui
refuse l’Edit des Élus, va se servir de cette situation pour fomenter une révolte contre Paris en
faisant vibrer le sentiment patriotique provençal. Mais, dans la crainte d’être débordée, elle
retrouvera très vite ses vieux réflexes de peur en ralliant Richelieu et en utilisant la bourgeoisie
pour l’aider à mater le peuple.
1983 : La gauche est au pouvoir. Le mouvement occitan a remis ses espoirs dans ses mains.
Une décennie de mobilisation politique et culturelle laisse rapidement la
place à l’attente de la bonne volonté du pouvoir central. On sait ce qu’il en adviendra.
Pour Robert Lafont, le théâtre devra, une fois encore, questionner le présent. Il le fera en
interpellant ce Moyen-âge qui avait nourri jusque-là en grande partie la dynamique
culturelle...et politique occitane.
II écrira donc “La Croisade” dont il justifie la nécessité dans sa préface:
“Où en est-on aujourd’hui ?
On a craché à la face de la société française la violence de l’occitan populaire.
On a aussi, bien souvent, en écho d’un texte français, brodé un texte occitan plus ornemental
que conquérant. On a de cette façon joué pour des occitans désoccitanisés et pour des
spectateurs de tous pays.
Le problème reste entier: celui de la reconquête de son héritage linguistique par une société.
La Croisade prend en charge et au sérieux ce grand problème.”
C’est donc naturellement en occitan que la Croisade aurait dû être écrite. Que Robert Lafont
aurait souhaité l’écrire. Par souci de ne pas limiter l’accès de l’oeuvre au seul public
occitanophone il choisira de l’écrire en grande partie en français. La langue cependant gardera
une présence forte essentiellement à travers la parole orale féminine et celle du “livre”, de
l’écrivain anonyme de la Cançon.
Choisissant d’écrire une pièce sur la “Cançon de la crosada”, plus que sur l’épopée elle-
même, c’est à la responsabilité historique de son auteur qu’il s’attache, en s’interrogeant sur la
façon dont une conscience d’écrivain peut, je le cite, “donner naissance à la conscience
d’histoire”. Et, c’est à celle de l’écrivain occitan d’aujourd’hui que Robert Lafont s’adresse:
Au-delà du combat présent, qu’il soit gagné ou perdu, le livre témoigne de la pérennité du
droit.
Il ne s’agissait donc pas de récrire une nouvelle version du récit historique sous une forme
théâtrale ou de construire une grande fresque avec cavaliers et combats comme cela avait pu
être fait quelques années auparavant dans les arènes de Nîmes. Mais de confronter le combat
intérieur, à la fois de l’écrivain dont l’oeuvre témoignera pour les siècles à venir et celui d’un
Raymond VII qui porte, au présent, le destin de son peuple
Dans ces années quatre-vingts où le combat occitan peut rappeler, toutes proportions gardées,
l’abandon de Raymond VII, où le théâtre, qu’il fût de création collective ou d’auteur, se voit
contraint de s’effacer d’un champ de bataille qu’il avait occupé pendant plus d’une décénie,la
Croisade de RL prend date par la force de son écriture, pour une cause que le temps ne peut
abolir.
El e Ela est un dialogue poétique de vingt pages écrit en 1970 resté à l’état de manuscrit dans
lequel l’espoir de retrouver le pays vivant est symbolisé par la femme et le pessimisme par
l’homme mais où ils se retrouvent finalement