Histoire politique de la France au XXème siècle – Chapitre 1 : Le régime de Vichy.
mécanisme de l'appel à l'homme providentiel (« mythes et mythologies politiques » Girardet) : c'est
souvent un vieil homme qu'on va chercher dans sa retraite. Mais c'est un appel ambigu.
Paul Reynaud voulait continuer la lutte, mais ces deux hommes vont bientôt appeler à l'armistice !
Weygand tente de reconstituer un front dans la Somme avec les troupes qui lui restent, mais c'est un
échec. Le 10 juin, le gouvernement se retire à Bordeaux, le 14 juin, les Allemands entrent à Paris.
C'est la panique chez les civils, l'exode des 1940 est lancé ; 4,5 millions de Français fuient vers le
sud. La structure administrative s'effondre ; et la vie politique connaît une opposition entre ceux qui
veulent continuer le combat et ceux qui refusent.
Paul Reynaud envisage trois solutions pour pouvoir poursuivre la guerre : c’est d'abord le repli du
gouvernement sur la Bretagne, qui constituerait le dernier bastion de la France (un syndrome Astérix
avant l’heure). Jean Monnet propose une autre solution : c'est l'alliance politique de la France et de
l'Angleterre qui irait jusqu'à la fusion des deux pays. La troisième solution, la plus réaliste, consiste en
un repli sur l’empire, et à installer le gouvernement français à Alger... Reynaud peut compter sur
certains de ses ministres, dont le ministre de l'intérieur et le jeune général de brigade, Charles De
Gaulle, alors sous-secrétaire d'État à la guerre et qui est favorable à la poursuite de la lutte. Le
président Lebrun était également favorable à un départ pour Alger. Mais le camp des partisans pour
l'amnistie grossit. Weygand est le premier à la proposer, suivi par la maréchale Pétain qui préfère
l'amnistie à une capitulation. Pétain refuse par ailleurs de quitter la métropole, pour ne pas priver la
France de ses « élites naturelles ». Le 16 juin 1940, Reynaud, qui estime être minoritaire dans son
gouvernement, démissionne. Pétain est alors chargé de former un nouveau gouvernement dans la
soirée. Le lendemain est formulé une demande armistice, mais qui est mal interprétée par beaucoup
de combattants qui déposent les armes dès le 17 juin (ce qui va augmenter le nombre de prisonniers
de guerre). L'Italie s'est également lancée dans la bataille dans les derniers jours. Un armistice est
signé le 21 juin à la fois avec l'Allemagne et avec l'Italie. Ces armistices seront effectifs le 25 juin.
L'Allemagne est le véritable vainqueur et impose de très dures conditions à la France. L'armistice est
signé à Rethondes dans le même wagon qu’en 1918.
L'armistice comprend 25 articles : les prisonniers de guerre ne sont pas libérés, la France doit payer
des indemnités d'occupation à hauteur de 400 millions de francs par jour, le territoire français est
démantelé entre une zone occupée et une zone libre, la totalité de la façade atlantique passe sous
zone occupée, l'Alsace et la Lorraine sont annexés au Reich, des territoires au Nord et à l'Est
constituent une zone réservée sous contrôle allemand. L'armée est réduite à 100 000 hommes, la
conscription supprimée, et la marine doit être désarmée. Le trafic maritime avec l'empire est
également placé sous le contrôle de l'occupant. De plus la France doit livrer des réfugiés politiques
allemands... L'Italie obtient une zone d'occupation dans le sud-est de la France. De commissions
d'armistices sont créées, l’une à Wiesbaden et l'autre à Turin.
B. La fin de la IIIe République.
Selon Pétain, un nouvel ordre doit commencer, nouvel ordre incompatible avec le système de la IIIe
République. Les partisans de Pétain veulent un changement de régime. Le gouvernement français
s'installe à Vichy le 29 juin 1940. On a choisi Vichy parce qu’il y a de nombreux hôtels, et qu'il est plus
facile d'y assurer la sécurité que dans une grande ville comme Lyon ou Toulouse. Les parlementaires
sont convoqués et on leur propose un projet de révision constitutionnelle. Cette opération de révision
va être menée par Pierre Laval, un des chefs de la droite parlementaire. Laval a 57 ans en 1940, sa
carrière politique a commencé à gauche, à la SFIO, pour finalement évoluer vers la droite. On lui a
beaucoup reproché son opportunisme, c’est l’un des vaincus de 1936, et il est écarté du pouvoir
depuis quatre ans. Il estime qu'il aurait pu, lui, éviter la guerre. Il entend bien prendre sa revanche sur
le Front populaire, et il veut mettre en place un régime d'autorité. Il connaît Pétain depuis 1934 du
gouvernement Domergue, et même si les deux hommes ne s’entendent pas si bien que ça, ils font
cause commune. Laval entre au gouvernement avec le titre de ministre d'État. Il mène les débats au
début de juillet 1940. Aucun parlementaire ne remet en cause la légitimité du maréchal, tous veulent
lui conférer des pouvoirs importants. La question qui se pose est celle de la fin de la république.
Certains voulaient faire de Pétain un chef d'État gouvernant par décrets-lois, mais ceux-ci sont très
minoritaires. Laval joue sur la menace d'un coup d'état militaire, et sur le sentiment de culpabilité des
parlementaires exprimés notamment par Charles Spinasse, ministre sous le Front populaire ultra
pacifiste de la SFIO. Selon lui, le parlement doit porter les conséquences de la défaite. Les pleins
pouvoirs sont votés au maréchal Pétain à 569 voix pour et 80 voix contre. Ces voix contre sont des
hommes de gauche : 36 SFIO, 27 radicaux, trois anciens PCF plus six gauche indépendante et un de