Histoire politique
De la France
Au XXème siècle
Chapitre 1 : Le régime de Vichy.
IEP 1ère année / MMIII MMIV
2ème Semestre
On étudiera les fondements politiques du régime, les choix fondamentaux, les équipes dirigeantes. Ce
chapitre est axé sur le pouvoir central.
I. De la IIIe République à l'État français.
A. L'effondrement militaire de 1940.
La France est entrée en guerre en 1939 pour soutenir la Pologne. Mais la France ne va pas
commencer les combats tout de suite : l'état-major est en effet fidèle à la doctrine défensive ; on
n’entreprend aucune action contre l'Allemagne, qui est pourtant occupée sur le front de l’Est, et on
garde la frontière. L'Allemagne peut ainsi tranquillement finir l'invasion de la Pologne. C'est la « drôle
de guerre » pendant les mois qui suivent la déclaration de guerre conjointe de la Grande-Bretagne et
de la France. (La formule « drôle de guerre » est de Rolland Dorgelès). Du côté politique,
l'immobilisme est accepté. Les partisans du pacifisme espèrent que la drôle de guerre va déboucher
sur une issue pacifique, une paix négociée. Ce point de vue est notamment défendu par le ministre
des affaires étrangères : George Bonnet. La drôle de guerre apparaît de l'autre côté favorable à la
France pour les partisans de la fermeté : les usines d'armement tournent en effet à plein régime.
Cependant, cette drôle de guerre a un effet non négligeable sur le moral des troupes mobilisées qui
connaissent une crise profonde en janvier et février 1940.
La vie politique est mise en sommeil à l'arrière. Les élections législatives prévues en 1940 sont
repoussées à la fin du conflit. Le courant anticommuniste est renforcé ; on ne comprend pas le pacte
germano-soviétique. Le PCF lui-même est divisée : un tiers du groupe communiste à l'assemblée se
désolidarise du parti, et il y a de nombreuses démissions. Une répression interne est lancée ; le
gouvernement Daladier décide de la dissolution de PCF qui passe alors dans la clandestinité en 1939.
Mais le parti se ressoude autour d'une dénonciation de la guerre impérialiste et capitaliste qui ne
concerne pas la classe ouvrière. Maurice Thorez, a peur d'être arrêté, et s'enfuit et se réfugie à
Moscou jusqu'en 1944. En janvier 1940, tous les élus et tous les députés qui restaient solidaires avec
l'URSS perdent leur mandat.
Les divisions sont maintenues dans la majorité : Daladier s'oppose à Reynaud. Ce premier finit par
démissionner de la présidence du conseil, est remplacé par Raynaud, mais celui-ci nomme Daladier
au ministère de la guerre ; l'opposition entre ces deux personnages forts continue.
La politique militaire française reposait sur la ligne Maginot (ensemble de fortifications construites sur
le frontière terrestre). Pour éviter que l'Allemagne ne contourne la ligne Maginot par le Nord, les
meilleures troupes françaises étaient massées sur la frontière belge. Mais, il se tourne une zone mal
protégée entre ces deux points forts : les Ardennes. Les Allemands ont utilisé une double tactique
pour attaquer la France : la première va consister en une attaque éclair par la Belgique, une attaque
prévue par l'état-major français, mais le plan Allemand comprenait aussi une percée de divisions
blindées au travers des Ardennes, qui prend les troupes françaises au dépourvu ; cette percée est
réussie et contourne par le Sud les troupes françaises qui sont alors prises en étau et contrainte de se
replier sur Dunkerque d’où on va tenter des les évacuer vers l’Angleterre.
Ces revers militaires ont entraîné une véritable panique dans la classe politique. Paul Reynaud
renvoie le commandant en chef de l’Armée, le général Gamelin est remplacé par le général Weygand,
et Paul Reynaud demande aussi au maréchal Pétain d'entrer dans le gouvernement. Le général
Weygand symbolise la victoire de 1918 (il était le bras droit du maréchal Foch) tandis que Philippe
Pétain, est le chef le plus prestigieux de la guerre de 14-18, le vainqueur de Verdun. C'est le
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mécanisme de l'appel à l'homme providentiel mythes et mythologies politiques » Girardet) : c'est
souvent un vieil homme qu'on va chercher dans sa retraite. Mais c'est un appel ambigu.
Paul Reynaud voulait continuer la lutte, mais ces deux hommes vont bientôt appeler à l'armistice !
Weygand tente de reconstituer un front dans la Somme avec les troupes qui lui restent, mais c'est un
échec. Le 10 juin, le gouvernement se retire à Bordeaux, le 14 juin, les Allemands entrent à Paris.
C'est la panique chez les civils, l'exode des 1940 est lancé ; 4,5 millions de Français fuient vers le
sud. La structure administrative s'effondre ; et la vie politique connaît une opposition entre ceux qui
veulent continuer le combat et ceux qui refusent.
Paul Reynaud envisage trois solutions pour pouvoir poursuivre la guerre : c’est d'abord le repli du
gouvernement sur la Bretagne, qui constituerait le dernier bastion de la France (un syndrome Astérix
avant l’heure). Jean Monnet propose une autre solution : c'est l'alliance politique de la France et de
l'Angleterre qui irait jusqu'à la fusion des deux pays. La troisième solution, la plus réaliste, consiste en
un repli sur l’empire, et à installer le gouvernement français à Alger... Reynaud peut compter sur
certains de ses ministres, dont le ministre de l'intérieur et le jeune général de brigade, Charles De
Gaulle, alors sous-secrétaire d'État à la guerre et qui est favorable à la poursuite de la lutte. Le
président Lebrun était également favorable à un départ pour Alger. Mais le camp des partisans pour
l'amnistie grossit. Weygand est le premier à la proposer, suivi par la maréchale Pétain qui préfère
l'amnistie à une capitulation. Pétain refuse par ailleurs de quitter la métropole, pour ne pas priver la
France de ses « élites naturelles ». Le 16 juin 1940, Reynaud, qui estime être minoritaire dans son
gouvernement, démissionne. Pétain est alors chargé de former un nouveau gouvernement dans la
soirée. Le lendemain est formulé une demande armistice, mais qui est mal interprétée par beaucoup
de combattants qui posent les armes dès le 17 juin (ce qui va augmenter le nombre de prisonniers
de guerre). L'Italie s'est également lancée dans la bataille dans les derniers jours. Un armistice est
signé le 21 juin à la fois avec l'Allemagne et avec l'Italie. Ces armistices seront effectifs le 25 juin.
L'Allemagne est le véritable vainqueur et impose de très dures conditions à la France. L'armistice est
signé à Rethondes dans le même wagon quen 1918.
L'armistice comprend 25 articles : les prisonniers de guerre ne sont pas libérés, la France doit payer
des indemnités d'occupation à hauteur de 400 millions de francs par jour, le territoire français est
démantelé entre une zone occupée et une zone libre, la totalité de la façade atlantique passe sous
zone occupée, l'Alsace et la Lorraine sont annexés au Reich, des territoires au Nord et à l'Est
constituent une zone réservée sous contrôle allemand. L'armée est réduite à 100 000 hommes, la
conscription supprimée, et la marine doit être désarmée. Le trafic maritime avec l'empire est
également placé sous le contrôle de l'occupant. De plus la France doit livrer des réfugiés politiques
allemands... L'Italie obtient une zone d'occupation dans le sud-est de la France. De commissions
d'armistices sont créées, l’une à Wiesbaden et l'autre à Turin.
B. La fin de la IIIe République.
Selon Pétain, un nouvel ordre doit commencer, nouvel ordre incompatible avec le système de la IIIe
République. Les partisans de Pétain veulent un changement de régime. Le gouvernement français
s'installe à Vichy le 29 juin 1940. On a choisi Vichy parce qu’il y a de nombreux hôtels, et qu'il est plus
facile d'y assurer la sécurité que dans une grande ville comme Lyon ou Toulouse. Les parlementaires
sont convoqués et on leur propose un projet de révision constitutionnelle. Cette opération de révision
va être menée par Pierre Laval, un des chefs de la droite parlementaire. Laval a 57 ans en 1940, sa
carrière politique a commencé à gauche, à la SFIO, pour finalement évoluer vers la droite. On lui a
beaucoup reproché son opportunisme, c’est l’un des vaincus de 1936, et il est écarté du pouvoir
depuis quatre ans. Il estime qu'il aurait pu, lui, éviter la guerre. Il entend bien prendre sa revanche sur
le Front populaire, et il veut mettre en place un régime d'autorité. Il connaît Pétain depuis 1934 du
gouvernement Domergue, et même si les deux hommes ne s’entendent pas si bien que ça, ils font
cause commune. Laval entre au gouvernement avec le titre de ministre d'État. Il mène les débats au
début de juillet 1940. Aucun parlementaire ne remet en cause la légitimité du maréchal, tous veulent
lui conférer des pouvoirs importants. La question qui se pose est celle de la fin de la république.
Certains voulaient faire de Pétain un chef d'État gouvernant par crets-lois, mais ceux-ci sont très
minoritaires. Laval joue sur la menace d'un coup d'état militaire, et sur le sentiment de culpabilité des
parlementaires exprimés notamment par Charles Spinasse, ministre sous le Front populaire ultra
pacifiste de la SFIO. Selon lui, le parlement doit porter les conséquences de la défaite. Les pleins
pouvoirs sont votés au maréchal Pétain à 569 voix pour et 80 voix contre. Ces voix contre sont des
hommes de gauche : 36 SFIO, 27 radicaux, trois anciens PCF plus six gauche indépendante et un de
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droite. D'autre part, 27 parlementaires favorables à la poursuite de la guerre étaient déjà partis à
Alger, dont Massilia.
Le 11 juillet, le maréchal Pétain va user des pouvoirs constitutionnels et rédige les premiers actes
constitutionnels qui définissent le nouveau régime. Ils sont rédigés dans un style presque
monarchique (« Nous, Philippe Pétain, Maréchal de France… »). La république française devient l'État
français. Philippe Pétain cumule les rôles de chef de l'État et de chef du gouvernement. Il cumule les
pouvoirs exécutifs et législatifs. Les assemblées sont mises en sommeil, les lois sont rédigées et
proclamées par le chef de l'État celui-ci, conformément à l'acte de quatre, désigne son successeur
(Pétain a 84 ans) : ce sera Laval, surnommé le « dauphin » du maréchal.
II. Les fondements du nouveau régime : le poids des choix
initiaux.
La France de 1940 est dévastée est complètement désorganisée. L'État et l'administration sont
également déstabilisés par l'exode. La première chose à faire pour l'État français est d'affirmer son
autorité et de reconstruire un réseau administratif qui lui est soumis.
A. L'affirmation du nouveau pouvoir.
Ce régime est très personnalisé. À partir du 18 juin 1940, tous les pouvoirs procèdent du chef de
l'État.
En 1940, Philippe Pétain a 84 ans, alors que l'espérance de vie est de 57 ans. Il est en 1856, c'est
un homme enraciné dans le XVIIIe siècle. Il a fait une carrière militaire relativement modeste jusqu'en
1914. A l’aube de la première guerre mondiale, il n'a que le grade de colonel, et il allait prendre sa
retraite. Il a un caractère fortement anticonformiste : il est partisan de la tactique défensive alors que
l'état-major dans son ensemble est favorable à une stratégie offensive, il se trouve donc marginalisé.
Mais en 1914, ses pronostics annonçant une guerre de tranchées se réalise ; il connaît alors une
ascension fulgurante qui provoquera chez lui un sentiment de supériorité. En 1916, il est nom
commandant de Verdun, et en 1917 chef de l'armée. C'est un homme qui prend soin de ses soldats
(permissions généralisées), ce qui le rend très populaire au sein des troupes. Néanmoins, certains
membres de la classe politique se méfient de lui (Clemenceau dira de lui quil est défaitiste). En 1918,
Philippe Pétain est le plus jeune des maréchaux vainqueurs. Il restera le chef de l’armée française
jusqu'en 1930, il est vice-président du conseil supérieur de la guerre. De Gaulle dira de Pétain que
c'est un grand homme mort en 1925, en effet, sa vanité et son goût des honneurs vont provoquer son
déclin. Son intérêt pour la politique est tardif, il est membre d'un club de pensée, « le redressement
français », qui regroupe hommes politiques de droite et académiciens. Pétain y rencontre Raphaël
Alibert qui devient son mentor. Alibert est très proche de l’action française, c'est un candidat
malheureux aux législatives, mais aussi un professeur de droit constitutionnel. Il va aider Pétain à
formaliser ses idées.
En 1934, Pétain va participer au gouvernement Doumergue, il y assume les fonctions de ministre de
la guerre. C'est dans ce gouvernement qu'il fera la rencontre de Pierre Laval. Il commence à faire
connaître ses points de vue politiques. Dans un entretien à la revue « les deux mondes » il se
prononce contre le système d'enseignement de la IIIe République, qui est un système d'enseignement
selon lui trop individualiste, et contre les instituteurs qui seraient trop pacifistes. Il explique par ailleurs
qu'il aurait préféré le ministère de l'éducation au ministère de la guerre. Il prononce un autre discourt
important à l'occasion d'une inauguration d'un monument aux morts, où il fait l'éloge de la paysannerie
qui n'est pas dépravée comme le reste de la France. Son nom devient de plus en plus cité à droite.
Mais Pétain reste toujours dans un cadre légal, il ne participera pas, par exemple, au complot de la
cagoule. Il apparaît comme un militaire républicain respectueux des institutions. En 1939, Daladier
nomme Pétain ambassadeur en Espagne auprès de Franco ; Pétain observera la défaite de la France
depuis Madrid. À la défaite de 1940, il est rappelé et est favorable à l'armistice. La défaite lui permet
d'arriver au pouvoir et d'imposer ses choix. Contrairement à ce qu'on a pu dire ou croire, Pétain n'est
pas manipulé ; c'est lui-même qui choisit les grandes lignes du gouvernement et les hommes qui
l'entourent.
Dans son entourage, on trouve beaucoup de membres de la droite antirépublicaine : Alibert (ministre
de la justice). Parmi ceux qui rédigeaient les discours du maréchal, on va trouver des membres de
l'action française comme Massis et Gillouin. Mais on retrouvait également à ses côtés des hommes
Histoire politique de la France au XXème siècle Chapitre 1 : Le régime de Vichy.
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issus de la droite parlementaire : Pierre Laval, Ybarnogaray (adjoint du maréchal La Roque). On
trouve aussi des hommes de gauche comme Bergery (parti radical) René Belin (ancien secrétaire
général de la CGT) qui sera ministre de travail. En général, Pétain se méfie des hommes politiques de
la IIIe République. Il va choisir pour occuper les postes clés essentiellement des technocrates et des
hauts fonctionnaires qui servent de simples exécutants : Yves Bouthillier sera ministre des finances
jusqu'en 1942 ; Marcel Peyrouton sera ministre de l'intérieur... Le gouvernement fonctionne comme un
véritable état-major : les ministres ne sont que des relais, aux ordres du maréchal. Ce gouvernement
est opérationnel dès septembre 1940.
Le 10 octobre 1940, à l'occasion d'un message radiodiffusé, le maréchal Pétain définit la nouvelle
politique du régime autour de deux axes : le régime entend se libérer de ses amitiés et inimitiés
traditionnelles (éloignement d'avec la Grande-Bretagne et collaboration avec l'Allemagne) ; et en
matière de politique intérieure, Pétain entend mettre en place un système hiérarchique et social : c'est
la « révolution nationale ». Le régime de Vichy entend refonder la politique intérieure et extérieure, et
instaurer un état fort et répressif, censé permettre à la France de trouver une place dans une Europe
dominée par l'Allemagne.
B. Vichy : la recherche de la collaboration.
L’historiographie de ces questions a évolué. Le premier livre de référence à ce sujet est « l'histoire de
Vichy », écrit en 1954 par Robert Aron. Celui-ci avait eu accès à des papiers privés, et donne une
vision plutôt magnanime du régime, disant que la collaboration avait été imposée à la France par
l'Allemagne. Mais en 1974, le livre de Paxton « la France de Vichy » va démontrer le contraire : la
collaboration n’avait en rien été imposée, mais recherchée par Vichy. Ce livre poursuit ainsi la lignée
tracée par l'ouvrage de Jackhel en 1966 : « la France dans l’Europe dHitler ».
Ce qui a poussé Vichy à collaborer :
La collaboration permet à Vichy d'exercer son autorité et sa souveraineté sur l'ensemble du
territoire français, même sur la zone occupée... Il a néanmoins besoin de l'accord de
l'occupant, l'armistice laisse l'administration française en place en zone occupée, mais elle est
sous la tutelle des forces d’occupation. La législation de Vichy s'applique en zone occupée,
sous réserve d'acceptation par l'occupant.
La collaboration s'explique aussi par une erreur d'appréciation sur la poursuite du conflit. Les
dirigeants français pensent que l'Allemagne va gagner la guerre. On espère que l'armistice
sera vite suivi d'un traité de paix ; dans cette perspective, la France a tout intérêt à avoir de
bonnes relations avec le vainqueur. On ne parie en aucun cas sur la Grande-Bretagne,
d'ailleurs, les relations avec l’outre-manche se dégradent très vite à partir du 18 juin 1940.
L'armistice signé par la France viole en effet une clause d'un traité stipulant qu'aucun
arrangement séparé ne serait signé avec l'Allemagne. Le principal problème est posé par la
flotte : les Anglais voulaient que la flotte française rejoigne la Grande-Bretagne, les Anglais
ont en effet peur de voir la flotte française se retourner contre elle et servir à un débarquement
allemand. En juillet 1940, l'état-major de la marine anglaise lance « l'opération catapulte »
dont le but est de neutraliser tous les navires français qui ne sont pas dans les ports
métropolitains. Elle se déroule sans trop de difficultés en Grande-Bretagne et en Égypte, mais
à Mers El-Kébir, en Algérie, aucun arrangement n’est trouvé entre l'escadre française et
l’escadre anglaise, et le 4 juillet 1940, les anglais ouvrent le feu ; 1300 marins français vont
trouver la mort. Winston Churchill voulait démontrer que la Grande-Bretagne n'entendait pas
arrêter la guerre, mais en France, l'opération catapulte provoque une vague d’anglophobie
dont va se servir Vichy.
En 1940, Vichy dispose de plusieurs moyens pour mettre en oeuvre la collaboration : la commission
d'armistice tout d'abord, composée d'une délégation française et d'une délégation allemande. Cette
commission a pour vocation de régler des problèmes issus de l'armistice. C'est ainsi qu'après juillet
1940, l'Allemagne permet à la France d'engager des représailles contre la Grande-Bretagne. Ensuite,
il y a les liens avec les autorités d'occupation à Paris. Il y a notamment le Haut commandement
militaire allemand qui s'installe à Paris, et dont le but est de diriger les troupes d'occupations, mais
aussi de surveiller l'administration française. Le haut commandement militaire allemand entretient des
relations étroites avec le régime de Vichy. Mais il y a aussi un le politique à Paris : le ministère
allemand des affaires étrangères envoie un représentant à Paris : Otto Abetz, qui dispose de
nombreux contacts dans la capital, notamment dans les cercles cultivés. Pierre Laval établit des l’été
1940 des relations amicales avec Abetz. Vichy tâtonne et essaie d'établir par tous les moyens des
Histoire politique de la France au XXème siècle Chapitre 1 : Le régime de Vichy.
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contacts pour favoriser la collaboration et lancer la « grande négociation » qui permettrait la signature
d'un traité de paix.
Alors qu'il traverse la France pour rendre visite à Franco, Hitler rencontre Laval le 22 octobre 1940. Au
retour, le 24 octobre 1940, il rencontre le maréchal Pétain. Le 30 octobre 1940, Pétain rend compte de
cette entrevue avec Hitler et annonce qu'il entre dans la voie de la collaboration dans l'honneur
(discours à la radio). Hitler prépare déjà l'invasion de l'URSS et il est nécessaire pour lui de maintenir
la front Ouest stable. La France cherche à défendre son empire colonial contre la Grande-Bretagne,
mais Hitler n'entend pas alléger le régime d'armistice ni traiter la France en alliée. La France fait des
concessions toujours plus importantes, mais sans obtenir les avantages qu'elle attendait.
La « volution nationale » est annoncée dès le 21 juin 1940 : c'est un programme en faveur d'un
redressement intellectuel et moral de la France. Il s'agit d'une véritable volution culturelle dans
l'esprit du régime. La « révolution nationale » est une idéologie de synthèse qui emprunte à toutes les
traditions de la droite française. Elle s'inspire aussi des réflexions des milieux non conformistes des
années 30. Pour beaucoup, c'est la transposition de la pensée maurassienne et de l’action française.
Cette idéologie est fondée sur le rejet de la pensée des lumières, il s'inspire également des idées
libérales : gouvernement des élites ; mais aussi de la tradition bonapartiste : culte du chef. Par
ailleurs, la volonté de trouver une troisième voie s'inspire du non conformiste.
La devise « liberté, égalité, fraternité » disparaît des documents officiels. Elle représenterait en effet
des valeurs abstraites héritées des lumières. Cette pensée abstraite a provoqué l'individualisme que
rejette Pétain. Dans un entretien à la revue « les deux mondes », Pétain dit ne pas croire à la bonté
naturelle des hommes et déclare que la contrainte est une nécessité. L'égalité est également rejetée :
l'idée d'égalité naturelle entre les hommes est fausse et débouche sur l'anarchie. Pétain prône une
vision hiérarchisée de la société. La fraternité a eu pour conséquence de diviser le pays et la lutte des
classes. On assiste alors à l'instauration de la devise : « travail, famille, patrie » qui sont des termes
concrets.
C'est toujours le travail rural qui est mise en avant dans la propagande du régime. Le travail de la terre
est présenté comme une source d'enrichissement certain. Le régime encourage le retour à la terre,
celui-ci est en effet nécessaire dans la situation de pénurie, mais ce mouvement exprime également
une vision agrarienne de la France. Le régime, voulant aussi en finir avec la ligue des classes,
instaure un système corporatiste. La corporation est un organisme professionnel qui regroupe à la fois
les patrons et les ouvriers, sur le modèle de l’ancien régime, de l'Italie fasciste et du Portugal de
Salazar. Cette refonte du monde social fera l'objet de la « charte du travail » de 1941, mais celle-ci a
beaucoup de mal à se mettre en pratique ; il s'agira plutôt d'une mise au pas du syndicalisme.
La famille est présentée comme la cellule de base la société. C’est par la famille que la patrie va se
relever ; le gime est favorable à une politique nataliste. La France doit redresser sa démographie.
C'est une vision très traditionaliste : la législation renforce l'autorité paternelle et pousse les femmes à
rester au foyer. Cette politique explique également la grande importance accordée à la fête des mères
et à l’image de la mère au foyer dans la propagande (notamment les affiches).
La patrie elle est présentée comme étant un imbrication de plusieurs ensembles naturels. Le gime
de Vichy a une vision déterministe de la patrie, elle est basée sur la terre et sur l’héritage, et non pas
sur la volonté, le « vouloir vivre ensemble ». Dès 1940, on promulgue une loi sur les naturalisations.
Vichy entend revenir sur toutes les naturalisations intervenues après 1927. La loi prévoit également
que les fonctionnaires doivent être français, né de père français.
Cette « révolution nationale » s'est mise véritablement en place grâce notamment à de nombreux
relais destinés à permettre le contact avec l'opinion publique, les élections étant suspendues. Des
parlementaires qui avaient voté pour Pétain en juin 1940 défendaient l'idée de la création d'un parti
unique, véritable soutien du gouvernement. Cette idée est notamment défendue par Déat et Bergery.
Mais le régime va plutôt s'appuyer sur les mouvements des anciens combattants. Xavier Vallat va
ainsi créer « la légion française des combattants » mouvement issu de la fusion forcée de tous les
mouvements des anciens combattants (ceux de 14-18 mais aussi ceux de 39-40) une loi fixe les
objectifs de cette organisation : l’entraide entre les anciens combattants, mais elle devient aussi la
principale force de la « révolution nationale ». Des sections locales sont créées, ce seront les yeux et
les oreilles du maréchal. La légion française des combattants joue un rôle de surveillance des
administrations locales. Elle doit aussi informer le régime sur l'opinion publique ; elle est interdite en
zone occupée, mais connaît un grand succès en zone libre et dans l'empire (surtout en Afrique du
Nord), et à son apogée, elle regroupe environ 1 500 000 adhérents. Elle donnera lieu en 1943 à la
formation d'une milice.
D'autre part, il y a des organisations d'encadrement de la jeunesse, qui est un enjeu prioritaire pour le
régime. On assiste à la création de trois nouveaux services :
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