1 AXE 4 DU LMI MESO MISSION PORT-AU-PRINCE – LA HAVANE, 17-30 NOVEMBRE 2014 Kali Argyriadis (IRD, URMIS), Jhon Picard Byron (Faculté d’Ethnologie de l’UEH, Haïti), Lázara Carrazana Fuentes (ICAN, Cuba), Emma Gobin (associée à l’URMIS), Maud Laëthier (IRD, URMIS), Niurka Nuñez González (ICIC, Cuba) Cette mission collective et bi-située avait pour objectif principal de lancer les activités de recherche et de formation de l’axe 4 du LMI MESO (http://meso.hypotheses.org ) intitulé Épistémologie comparée de la discipline anthropologique à partir d’Haïti, de Cuba et du Guatemala (voir détail en annexe). Faute de ressources financières suffisantes1, nous regrettons toutefois de n’avoir pu bénéficier de la participation de notre collègue Isabel Rodas Nuñez (Instituto de Investigaciones Históricas, Antropológicas y Arqueológicas de la Universidad de San Carlos de Guatemala). Cette mission a également été l’occasion pour Kali Argyriadis et Emma Gobin de poursuivre les actions engagées en termes de recherche et de formation avec leurs partenaires cubains de l’Instituto Cubano de Antropología (ICAN) et de l’Instituto Cubano de Investigación Cultural « Juan Marinello » (ICIC). Nous avons tout d’abord participé conjointement à deux événements académiques qui ont eu lieu respectivement à Port-au-Prince et à La Havane : Les Journées d’Étude “Ethnologie haïtienne et ethnologie d’Haïti : histoire et mémoires d’une discipline (suite)”, coordonnées par Jhon Picard Byron et Maud Laëthier, qui ont eu lieu les 19, 20 et 21 novembre 2014 à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’État d’Haïti (voir programme joint, en particulier, la session VI Ethnologies comparées : perspective cubaine). Le colloque biennal Antropología 2014, organisé du 26 au 28 novembre 2014 par l’Instituto Cubano de Antropología à la Havane, avec un panel coordonné par Niurka Núñez González : Antropología en Cuba y Haití. Historia comparada (voir détail en annexe). Pour pallier au problème de la langue, nous avons fait le choix de préparer des présentations powerpoint détaillées, lesquelles ont été traduites en amont en français et en espagnol par K. Argyriadis et E. Gobin, qui ont aussi fait office d’interprètes des exposés, des débats et des échanges durant toute la mission. Dans une ambiance chaleureuse, les membres des équipes haïtiennes et cubaines ont donc présenté leurs travaux pendant ces événements. Le projet général de chaque équipe, la méthodologie employée, les premiers résultats, les plans de formation et les thématiques personnelles de recherche ont été présentés intégralement aux principaux coordinateurs de l’axe. Précisons que l’enthousiasme de part et d’autre, lié au caractère novateur du projet, puisait aussi ses racines dans la cohérence et la confluence d’une histoire en partie commune aux deux pays voisins, dont les échanges, politiques, migratoires, et intellectuels sont anciens. Ainsi, la révolution haïtienne, débutée à la fin du XVIIIème siècle, et ses penseurs ont eu une influence 1 Cette mission a été financée sur les crédits incitatifs demandés par K. Argyriadis et M. Laëthier et octroyés spécifiquement par l’IRD au LMI MESO pour les projets en partenariat avec Cuba et Haïti. 2 considérable sur la structuration à Cuba des luttes abolitionnistes et anti-indépendantistes tout au long du XIXème siècle. Les colons qui de Saint Domingue qui ont fui la révolution avec leurs esclaves se sont installés en masse à Cuba. Un siècle plus tard, ce sont plus de 300 000 travailleurs haïtiens « sous contrat » qui s’y sont établis, contraints dans leur grande majorité à rester dans l’île pour rembourser leur « dette ». Dans les années vingt, les deux pays ont subi l’ingérence et l’occupation des États-Unis d’Amérique, tandis que les pratiques religieuses d’origine africaine y étaient sévèrement condamnées et réprimées. Les mouvements de revendication identitaire et politique qui ont émergé dans ces contextes (indigénisme, noirisme, afrocubanisme) ont pour particularité commune de s’être abondamment nourris de l’anthropologie pour asseoir leurs arguments. Enfin à son tour la révolution cubaine a influencé un certain nombre d’intellectuels haïtiens, notamment dans le contexte de la lutte contre le régime duvaliériste. Plus récemment, la présence humanitaire cubaine en Haïti, au plus près de la population (envoi de médecins, construction d’écoles et d’hôpitaux, bourses universitaires cubaines pour la formation à Cuba de médecins et instituteurs haïtiens), a fortement marqué les esprits de part et d’autre. À l’issue de ces rencontres, un plan de travail collectif a donc été mis en chantier. La première échéance de l’axe concernera la publication prochaine dans la revue en ligne Perfiles de la Cultura Cubana (http://www.perfiles.cult.cu) d’un dossier consacré à l’histoire comparée de plusieurs ethnologies nationales (Cuba, Haïti, Guatemala, Mexique, France) afin de poursuivre la démarche comparative annoncée. Nous avons également le projet de constituer une bibliothèque virtuelle commune tout en rendant visibles nos activités (utilisation possible de NUMERISUD, et archivage régulier sur clés USB transmises à l’occasion des missions des différents membres de l’axe, pour pallier au problème de l’accès à internet dans les 2 pays). Dans un premier temps, les textes des présentations des journées de Port-au-Prince et du colloque de La Havane y seront échangés et archivés. Ensuite, nous y ajouterons au fur et à mesure des textes permettant de nourrir la réflexion commune et d’engager le travail comparatif. En 2015, nous allons par ailleurs renouveler la demande auprès de l’IRD pour que l’équipe cubaine soit constituée en Jeune Équipe Associée à l’International (JEAI), et chercher d’autres sources financières pour le projet de l’axe 4 (ANR, FOKAL, Ambassades de France en Haïti et à Cuba…). Enfin nous souhaitons à moyen terme réfléchir au socle institutionnel qui permettrait de susciter l’échange d’étudiants de master entre Haïti et Cuba (qui n’ont besoin de visas ni dans un sens ni dans l’autre), afin qu’ils puissent suivre les cours proposés dans les deux formations et qu’ils puissent réaliser le cas échéant des enquêtes de terrain inédites. Détail de la mission : 17-18 novembre : Accueil à Port-au-Prince de K. Argyriadis, L. Carrazana, E. Gobin et N. Núñez. Travail de traduction sur les exposés. 19-21 novembre : Journées d’études Ethnologie haïtienne et ethnologie d’Haïti. Prises de contacts, premiers échanges et identifications de problématiques communes pour la démarche comparative. Présentation de l’ouvrage dirigé par Jhon Picard Byron, 2014, Production du savoir et construction sociale. L’ethnologie en Haïti, Port-au-Prince, éds de l’UEH (don de 2 exemplaires à l’ICAN et à l’ICIC). Inauguration de l’exposition Odette Mennesson-Rigaud. Une expérience vodou (LADIREP, Faculté d’ethnologie, UEH). 3 22 novembre : Départ/retour à La Havane de K. Argyriadis, L. Carrazana et N. Núñez. 24 novembre : Départ pour La Havane de E. Gobin et J. Picard Byron. Visite de K. Argyriadis à l’ICIC afin de faire le point sur le projet d’accord-cadre entre cette institution et l’IRD. Point également sur les projets de publication dans la revue Perfiles (dossier Historia comparada de antropologías nacionales, textes en cours de révision ou en fin de rédaction) et sur le projet de publication d’un ouvrage collectif (Antropología y sociología de prácticas musicales ilegítimas), coordonné par Rosilín Bayona. Visite à la Asociación Caribeña de Cuba et prise de rendez-vous avec Maritza Donatien Texidor, représentante pour cette association de la communauté haïtienne à Cuba. Visite à l’ICAN, inscription au colloque. Point sur les projets de publication (en commun avec l’ICIC). Point sur l’état d’avancement du Diplomado de antropología qui sera mis en place à l’Université de La Havane en 2015 pour proposer une mise à niveau aux futurs étudiants de la Maestria de antropología dont une nouvelle édition est prévue en 2017. Confirmation de la participation de K. Argyriadis pour donner un cours intensif de 20h sur une semaine (thème : Épistémologie des études afro-cubaines), de préférence au mois de juillet 2015. Confirmation de la sollicitation toujours ouverte à E. Gobin et d’autres collègues ayant participé à l’atelier thématique d’avril 20142 à donner également des cours intensif dans ce cadre. 25 novembre : Départ pour La Havane de Maud Laëthier. Visite à l’ICAN et inscription au colloque d’E. Gobin et J. Picard Byron. Travail de traduction sur les exposés. 26 novembre : Colloque Antropología 2014. RV collectif à l’ambassade de France avec Françoise Cochaud, conseillère de coopération et action culturelle, et Olivier Tenes, attaché de coopération universitaire et scientifique, qui renouvellent leur volonté de soutien aux actions de formation et aux échanges scientifiques entre institutions cubaines et institutions françaises de recherche en sciences sociales. Proposition de relais médiatique et d’aide logistique et financière ponctuelle. RV collectif à la Asociación Caribeña de Cuba avec Maritza Donatien Texidor, qui prépare une thèse de sciences sociales à la Universidad Central "Marta Abreu" de Las Villas sur les descendants de migrants haïtiens à Cuba. Elle souhaite entreprendre également une enquête en Haïti pour réaliser des entretiens avec les migrants qui sont rentrés dans les années 30 et leurs descendants. Contact pris avec M. Laëthier et J. Picard Byron pour un séjour de terrain à Port-auPrince en janvier prochain. 27 novembre : Panel Antropología en Cuba y Haití. Historia comparada. Réunion de travail avec tous les membres de l’équipe cubaine. Présentation de chacun, rapport oral sur la mission en Haïti, propositions pour élaborer un plan de travail. 28 novembre : Visite de K. Argyriadis à l’ICIC et remise par la directrice, Elena Socarras, de 4 exemplaires signés de l’accord-cadre ICIC-IRD. Départ de K. Argyriadis pour Paris. Pour E. Gobin, M. Laëthier et J. Picard Byron, suite du colloque et participation au repas de clôture. 29 novembre : En compagnie de Maritza Donatien, entretiens de J. P. Byron et M. Laëthier avec trois « descendants d’Haïtiens » présentés comme des représentants de la « communauté haïtienne ». Thèmes abordés : la révolution cubaine et l’intégration des migrants Haïtiens ; le rayonnement de la révolution haïtienne à Cuba; la place de la langue créole dans la transmission d’une « culture haïtienne » ; l’insertion économique des premiers migrants et les acquis sociaux pour ceux nés en Haïti. 2 Antropología social y cultural comparada (Francia, México, Cuba). Historia, implicaciones sociales, métodos, 1425 avril 2014, La Havane, ICAN / ICIC / ENAH / CIESAS / El Colegio de Jalisco / IRD / URMIS / FMSH / Ambassade de France à Cuba. 4 30 novembre : Visite d’E. Gobin et M. Laëthier au Callejón de Hamel à La Havane, « projet communautaire » artistique et culturel dédié à la promotion de la « culture afro-cubaine » et entretien avec Elías Aseff Alfonso, promoteur culturel du projet et aspirant au Diplomado de antropología de l’ICAN. Participation à l’activité culturelle (rumba) qui s’y tient chaque dimanche après-midi. Départ pour Port-au-Prince de J. P. Byron. 1er décembre : RV d’E. Gobin et M. Laëthier avec Lázara Carrazana à l’ICAN pour rediscuter de la chronologie des futurs projets. Échanges mutuels de textes avec différents collègues de l’ICAN et remerciements. Rencontre d’E. Gobin avec Hadrien Saiag (CNRS-Laios), collègue débutant un terrain à Cuba sur la question de l’économie informelle. Départ de M. Laëthier. 2-4 décembre : Entretiens d’E. Gobin avec N. Núñez concernant la publication du numéro de Perfiles (ICIC). Entretiens avec Pablo Rodriguez et Estrella González (directrice de l’ICAN) sur les prochaines échéances scientifiques de l’ICAN (congrès international d’anthropologie en mars 2015 http://www.cubaarqueologica.org/index.php?q=node/1062, VIII Coloquio Internacional sobre Investigaciones de las Religiones Afroamericanas en mai 2015) et en particulier sur la mise en place du Diplomado de antropología et sur les modalités d’intervention d’E. Gobin et L. Karnoouh qui doivent y mettre en place un cours d’anthropologie (thème : Mythe et rituel). Évocation de la possibilité de transformer ultérieurement ce cours et celui d’éventuels autres intervenants de l’URMIS (Carlos Agudelo, thème : Altérité et pouvoir (dans les Amériques) : les populations d’origine africaine dans les sociétés post-esclavagistes ) ou du CIESAS (María Teresa Rodríguez, thème : La méthode ethnographique) en une formation de post-grado de l’ICAN. Terrain au Callejón de Hamel. Entretiens avec H. Saiag et échanges d’informations mutuelles concernant les projets collectifs en cours, des questions de bibliographies spécialisées et d’éventuelles sources de financements. Retour à Paris. 5 Annexe 1 : projet général de l’axe 4 du LMI MESO Épistémologie comparée de la discipline anthropologique (à partir d’Haïti, de Cuba, et du Guatemala) Depuis sa naissance, l’anthropologie est intimement liée aux projets coloniaux et/ou nationaux des États dans lesquels cette discipline a vu le jour et s’est développée. S’interrogeant entre autres sur les notions d’identité et d’altérité, elle a par la suite contribué à modifier la perception que les groupes sociaux et leurs institutions avaient d’eux-mêmes et de leurs voisins. En ce qui concerne Cuba et Haïti, l’anthropologie sociale, qui s’est surtout développée après les indépendances, a joué un rôle considérable dans la construction des identités culturelles nationales. Les membres de cet axe souhaitent donc engager ensemble une étude critique et comparative de l’histoire de trois anthropologies sociales nationales (Cuba, Haïti, Guatemala). Dans un premier temps, il s’agira de répertorier, systématiser et analyser les méthodes et les études produites dans et sur chacun de ces pays, en les situant dans leur contexte. Comment s’est élaboré le savoir ethnologique, et quelles sont les modalités à partir desquelles ce dernier s’est respectivement institutionnalisé ? Histoire de l’ethnologie et histoire des idées politiques seront ainsi saisies dans leurs effets réciproques. Nous nous interrogerons également sur les interactions entre anthropologues, intellectuels, artistes et « informateurs » de ces derniers. Parallèlement, une attention particulière sera portée aux échanges, débats et circulations régionales et/ou transnationales d’idées, pour une grande part méconnus, qui ont alimenté le développement de ces ethnologies à des époques charnières qu’il conviendra d’identifier. Enfin, nous tenterons de repérer les thématiques fondatrices communes (fait religieux, pratiques culturelles, paysannerie et monde rural, patrimoine) et les grands courants de pensée qu’elles ont nourris, ainsi que celles qui au contraire ont été longtemps considérées comme peu légitimes (anthropologie urbaine, émigration, discriminations contemporaines). Ce projet de recherche entend aussi développer et/ ou consolider des masters d’anthropologie sociale et la mise en place d’écoles doctorales en anthropologie sociale dans ces trois pays. Nous prévoyons d’impliquer les étudiants tant dans les enquêtes et réunions de travail que dans la production de résultats (colloques, publications), dans une perspective de formation continue par la recherche. Nous envisageons de nous appuyer sur ces initiatives pour relancer l’intérêt pour l’anthropologie sociale et culturelle, en consolider la présence ou en accompagner le renouveau dans les paysages universitaires concernés. Enfin, cette dynamique entend aussi favoriser l’insertion des collègues haïtiens, cubains et guatémaltèques dans les réseaux de recherche régionaux et internationaux autour du thème général de la circulation des personnes, des savoirs, des idées, des biens symboliques et des objets culturels dans le contexte de la mondialisation. Équipes participantes : L’ethnologie en Haïti : Écrire l’histoire de la discipline pour accompagner son renouveau, JEHAI (2012-2016), LADIREP, Faculté d’Ethnologie, Université d’État d’Haïti / IRD. Coordonnateurs : Jhon Picard Byron (FE-UEH) ; Maud Laëthier (IRDURMIS/FE-UEH). La antropología social y cultural en Cuba. Reconstruyendo el pasado para cimentar el futuro, Instituto Cubano de Investigación Cultural « Juan Marinello » / Instituto Cubano de Antropología. Coordinatrice : Niurka Núñez González (ICIC). Guatemala, Isabel Rodas Núñez, Instituto de Investigaciones Históricas, Antropológicas y Arqueológicas de la Universidad de San Carlos de Guatemala (USAC) 6 Annexe 2 : Programme du panel Antropología en Cuba y Haití. Historia comparada La Havane, ICAN, 27 novembre 2014 Anabel Hernández Acosta y María Luisa Serrano Camejo (ICAN, Cuba) Los inicios de la antropología sociocultural en Cuba. Aproximación a las publicaciones Revista Cubana y Cuba Contemporánea. Anderson Calzada Escalona (ICAN, Cuba) La antropología en la Revista de Arqueología y Etnología. Niurka Núñez González (ICIC, Cuba) La Revista de Etnología y Folklore y los estudios antropológicos en Cuba en los años 60 del siglo XX Lazara Carrazana Fuentes (ICAN, Cuba) El Instituto de Etnología y Folklore “por dentro”: análisis de la correspondencia institucional Leyma Hidalgo Valdés (ICIC, Cuba) La antropología en la Revista Debates Americanos Rodrigo Espina Prieto (ICIC, Cuba) Elogio de nuestra antropología Kali Argyriadis (IRD, URMIS, Francia) Los estudios afrocubanos dentro del marco de los estudios afroamericanos: unas pistas de contextualización (1900-1940) Emma Gobin (URMIS, Francia) Tendencias contemporáneas en los estudios religiosos sobre Cuba desde USA y Europa (1990-2014) Maud Laëthier (IRD, URMIS, Francia) La etnología en Haití de 1885 a 1985: escribir la historia de la disciplina para acompañar su renuevo Jhon Picard Byron (LADIREP, FE, UEH, Haiti) Price-Mars y el vudú