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Annexe 1 : projet général de l’axe 4 du LMI MESO
Épistémologie comparée de la discipline anthropologique
(à partir d’Haïti, de Cuba, et du Guatemala)
Depuis sa naissance, l’anthropologie est intimement liée aux projets coloniaux et/ou
nationaux des États dans lesquels cette discipline a vu le jour et s’est développée. S’interrogeant
entre autres sur les notions d’identité et d’altérité, elle a par la suite contribué à modifier la
perception que les groupes sociaux et leurs institutions avaient d’eux-mêmes et de leurs voisins.
En ce qui concerne Cuba et Haïti, l’anthropologie sociale, qui s’est surtout développée après les
indépendances, a joué un rôle considérable dans la construction des identités culturelles
nationales.
Les membres de cet axe souhaitent donc engager ensemble une étude critique et
comparative de l’histoire de trois anthropologies sociales nationales (Cuba, Haïti, Guatemala).
Dans un premier temps, il s’agira de répertorier, systématiser et analyser les méthodes et les
études produites dans et sur chacun de ces pays, en les situant dans leur contexte. Comment s’est
élaboré le savoir ethnologique, et quelles sont les modalités à partir desquelles ce dernier s’est
respectivement institutionnalisé ? Histoire de l’ethnologie et histoire des idées politiques seront
ainsi saisies dans leurs effets réciproques. Nous nous interrogerons également sur les interactions
entre anthropologues, intellectuels, artistes et « informateurs » de ces derniers. Parallèlement,
une attention particulière sera portée aux échanges, débats et circulations régionales et/ou
transnationales d’idées, pour une grande part méconnus, qui ont alimenté le développement de
ces ethnologies à des époques charnières qu’il conviendra d’identifier. Enfin, nous tenterons de
repérer les thématiques fondatrices communes (fait religieux, pratiques culturelles, paysannerie
et monde rural, patrimoine) et les grands courants de pensée qu’elles ont nourris, ainsi que celles
qui au contraire ont été longtemps considérées comme peu légitimes (anthropologie urbaine,
émigration, discriminations contemporaines).
Ce projet de recherche entend aussi développer et/ ou consolider des masters
d’anthropologie sociale et la mise en place d’écoles doctorales en anthropologie sociale dans ces
trois pays. Nous prévoyons d’impliquer les étudiants tant dans les enquêtes et réunions de travail
que dans la production de résultats (colloques, publications), dans une perspective de formation
continue par la recherche. Nous envisageons de nous appuyer sur ces initiatives pour relancer
l’intérêt pour l’anthropologie sociale et culturelle, en consolider la présence ou en accompagner
le renouveau dans les paysages universitaires concernés. Enfin, cette dynamique entend aussi
favoriser l’insertion des collègues haïtiens, cubains et guatémaltèques dans les réseaux de
recherche régionaux et internationaux autour du thème général de la circulation des personnes,
des savoirs, des idées, des biens symboliques et des objets culturels dans le contexte de la
mondialisation.
Équipes participantes :
L’ethnologie en Haïti : Écrire l’histoire de la discipline pour accompagner son
renouveau, JEHAI (2012-2016), LADIREP, Faculté d’Ethnologie, Université d’État
d’Haïti / IRD. Coordonnateurs : Jhon Picard Byron (FE-UEH) ; Maud Laëthier (IRD-
URMIS/FE-UEH).
La antropología social y cultural en Cuba. Reconstruyendo el pasado para cimentar el
futuro, Instituto Cubano de Investigación Cultural « Juan Marinello » / Instituto Cubano
de Antropología. Coordinatrice : Niurka Núñez González (ICIC).
Guatemala, Isabel Rodas Núñez, Instituto de Investigaciones Históricas, Antropológicas
y Arqueológicas de la Universidad de San Carlos de Guatemala (USAC)