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XVèmes journées d’étude sur
Les données longitudinales dans l’analyse du marché du travail
Clersé Lille 22 et 23 mai 2008
Titre : Compétences des diplômés de l’enseignement supérieur
(le cas de la Russie, région de Volgograd)
Auteur : Bydanova Lisa, post-doctorant, IREDU - Institut de recherche en économie et
sociologie de l’éducation, CNRS/Université de Bourgogne
Institut de recherche sur l'Education, Sociologie et Economie de l'Education (IREDU)
Université de Bourgogne
Pôle AAFE - Esplanade Erasme - B.P. 26513
F - 21065 Dijon Cedex (France)
Tel : + 33 3 80 39 54 55 Fax : +33 3 80 39 54 79
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Les chercheurs européens, en s’appuyant sur les résultats d’une grande enquête auprès des diplômés de
l’enseignement supérieur, conduite dans les 11 pays de l’Europe et au Japon en 1998-2000, dans le cadre du
projet « CHEERS » (Careers of graduates after higher education), ont remarqqu’actuellement les diplômés
ont besoin de posséder un éventail très large de compétences. Il ne suffit plus de maîtriser un « savoir expert »
(les connaissances approfondies dans un domaine particulier), mais il faut être capable également d’apprendre
rapidement des nouvelles connaissances, communiquer d’une façon efficace, savoir coordonner les activités des
autres, etc. Selon les chercheurs européens, les employeurs ont besoin d’un nouveau type de spécialiste, un
« professionnel flexible », et les diplômés actuels doivent maîtriser au moins quatre grands champs de
compétences : 1) le savoir expert, 2) la flexibilité fonctionnelle, 3) innovation et gestion des connaissances, 4) la
mobilisation des ressources humaines.
En 2005, dans le cadre d’un autre grand projet européen « Flexible Professional in the Knowledgable
Society » (REFLEX)
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portant sur l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur en
Europe, une étude sur les parcours de formation et d’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur en Russie
a été menée en collaboration entre l’Université de Volgograd, Russie et l’IREDU, Université de Bourgogne. Une
enquête auprès 2000 diplômés d’une grande université publique dans la région de Volgograd, 5 ans après la
sortie, a été réalisée. A travers cette enquête, nous avons cherché à appréhender les compétences demandées
dans un pays en transition économique, comme la Russie. La question était de savoir : « Est-ce qu’en Russie,
les défis auxquels doivent faire face les diplômés sont les mêmes que dans les autres pays d’Europe ? Est-ce que
les diplômés russes ont besoin de se procurer un éventail plus large de compétences afin de mieux réussir sur le
marché du travail ? ». Nous cherchons à savoir également si l’enseignement universitaire permet d’acquérir
toutes les compétences demandées par les employeurs. Ainsi, cette communication apporte un éclairage
particulier sur les compétences des diplômés de l’enseignement supérieur requises sur le marché du travail et
acquises durant les études. Dans un premier temps, nous examinons quelles sont les compétences demandées sur
le marché du travail, comment ces demandes varient en fonction de l’emploi occupé et de la filière d’études.
Dans un deuxième temps, nous mettons un accent particulier sur la capacité de « polyvalence » des diplômés et
analysons le rendement salarial de cette compétence sur le marché du travail. Nous terminons par éclairer sur
l’impact de l’enseignement supérieur sur le développement des compétences demandées dans l’emploi.
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Selon les différentes sources récentes, la Russie se place aujourd’hui soit comme le pays le plus
« éduqué » du monde, soit figure parmi les trois pays les plus « éduqués » au monde. Selon les données des
Nations Unies, au début des années 2000, en Russie, le pourcentage de la population âgée de 25 à 65 ans ayant
suivi des études supérieures s’élève à 54 %, la moyenne des pays de l’OCDE étant de 24 %, avec le maximum de
41 % pour le Canada (UNDP, 2004). En 2000, le nombre d’étudiants inscrits dans un établissement
d’enseignement supérieur par 1 000 habitants s’élève à 54 en Finlande, 50 en Russie, à 49 aux Etats-Unis, à 40
en Suède, à 35 en Grande Bretagne, à 34 en France, ou à 31 au Japon (Goskomstat, 2003). Ainsi, la Russie
affiche l’un des taux de participation à l’enseignement supérieur les plus élevés au monde. Néanmoins, les hauts
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Ce projet mené en 2005 2007 a permit d’interroger récemment 35 000 diplômés de l’enseignement supérieur
dans 11 pays d’Europe sur leur situation professionnelle actuelle, 5 ans après la sortie de leurs études
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indices du développement du capital humain ne s’accompagnent pas d’un haut niveau de développement
économique (UNDP, 2004).
Il apparaît qu’une des raisons de cette discordance est liée à un manque d’appariement entre les
compétences demandées par les employeurs et celles acquises dans l’enseignement supérieur. D’importantes
modifications ont eu lieu dans l’économie russe ces quinze dernières années, mais il semble que les institutions
d’enseignement supérieur n’ont pas fait suffisamment d’effort pour adapter les curriculums académiques afin de
mieux préparer les jeunes à l’entrée dans la vie active dans la société du marché libre. Ainsi on constate que
l’économie a changé, mais l’enseignement supérieur n’a pas suivi ces transformations.
Au début des années 90, l’économie russe a vécu une période de transformation. Le pays est passé
d’une économie de planification à celle du marché libre. Ces reformes ont été suivies par une forte crise
économique entraînant une baisse du PIB de 38 % entre 1989 et 1995 et une diminution du taux d’emploi
estimée à 12 %, pour cette même période. A partir de 1999, l’économie du pays commence à se redresser. On
observe une réduction constante du taux de chômage, une croissance du PIB (environ 6 % par an), une
augmentation des salaires et une amélioration du niveau de vie. Cette « renaissance » économique apparaît être
fortement liée à la hausse des prix du pétrole et du gaz sur le marché international.
Pourtant, à l’époque actuelle, un pays ne peut plus se permettre de s’appuyer uniquement sur
l’exploitation des ressources naturelles. Aujourd’hui, comme le soulignent de nombreux auteurs, notamment les
« fondateurs » de la théorie du capital humain, Gary Becker et Teodore Schultz, mais aussi beaucoup d’autres
économistes contemporains, la productivité et la croissance économique d’un pays dépendent peu de
l’abondance des ressources naturelles qu’il possède. En revanche, elles sont grandement liées à la qualité du
capital humain (David et Foray, 2000).
Le contexte actuel de la Russie est influencé par les deux dominantes. D’un côté, le pays vit encore une
période de transition, en subissant de fortes pertes économiques suite à l’effondrement du régime soviétique et
l’abandon de l’économie de planification à la fin des années 80. De l’autre té, la Russie ne reste pas à l’écart
d’un mouvement global vers l’économie basée sur les connaissances. Certaines de ces caractéristiques sont de
plus en plus présentes dans le pays, comme par exemple, la pénétration de nouvelles technologies de
l’information et de la communication dans toutes les sphères et à tous les niveaux.
La transformation soudaine de la structure économique du pays a entraîné de nombreuses inadéquations
entre l’offre en main d’œuvre formée par l’enseignement supérieur et la demande en personnel qualifié sur le
marché du travail. Ces inadéquations sont de natures différentes et concernent les profils par filière de formation,
le niveau de l’enseignement (enseignement secondaire vs. enseignement supérieur), les écarts entre les
compétences demandées par les employeurs et les compétences possédées par les diplômés. Au début du
troisième millénaire, on constate que seulement 40 % à 50 % des diplômés de l’enseignement supérieur
travaillent dans le domaine de leurs études ; environ 10 % des diplômés n’ont pas besoin d’un enseignement
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supérieur dans leur profession exercée
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(ISA SPAM, 2002, « Reitor », 2005). Environ 20 % des employeurs
enquêtés ne sont pas satisfaits de la qualité de la formation des diplômés. Parmi les points faibles de la formation
universitaire sont cités la méconnaissance de la culture organisationnelle, les difficultés à travailler en groupe et
à suivre les règles établies par l’entreprise, le manque de compétences dans la communication.
Si l’on regarde l’évolution des inscriptions dans l’enseignement supérieur au cours des années 90,
nous remarquons un fort accroissement. Le nombre d’inscrits a augmenté de 140 % entre 1994 et 2002. Cette
croissance est essentiellement due à l’augmentation des inscriptions dans les études par correspondance
(augmentation de 180 % entre 1995 et 2002) et les inscriptions dans les universités privées (inscriptions
multipliées par cinq entre 1993 et 2002) (Goskomstat, 2003).
Le nombre des diplômés de l’enseignement supérieur augmente, mais une question se pose : avec
quelles compétences sortent-ils sur le marché du travail ? Est-ce que leurs compétences leur permettent de
réussir dans la vie professionnelle ? Correspondent-elles aux attentes des employeurs ?
La figure 1 montre l’importance des différentes compétences dans le travail actuel des diplômés
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. Nous
avons proposé aux diplômés d’évaluer l’importance de dix-neuf compétences, telles que l’aptitude à acquérir
rapidement de nouvelles connaissances, l’aptitude à négocier d’une façon efficace, l’aptitude à gérer le temps de
façon efficace, l’aptitude à assurer son autorité, etc., sur une échelle de 1 (peu important) à 7 (très important).
Cette liste de compétences a été élaborée par un groupe de chercheurs européens dans le cadre du projet
« REFLEX » (« Flexible Professional in the Knowledge Society »), mentionné précédemment.
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Sondage auprès 2000 diplômés dans toutes les régions fédérales (ISA SPAM, 2002), sondage auprès de 2 800
diplômés des quarante et une institutions situées à Moscou et dans sa région (« Reitor », 2005)
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Les diplômés (niveau Bac +5) devaient répondre à la question : « Quel est le niveau de compétence requis dans
votre emploi actuel ? (5 ans après la fin des études supérieures) ».
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Figure 1: Les compétences demandées dans l’emploi actuel des diplômés
(Volgograd, Russie)
Note : 1 (peu important) - 7 (très important), N=300
Légende : KS maîtrise de son propre domaine de discipline savoir expert »), GK connaissance
d’autres domaines ou d’autres disciplines, ATH esprit analytique, ANK aptitude à acquérir rapidement de
nouvelles connaissances, N aptitude à négocier de façon efficiente, ST aptitude à travailler avec efficacité
sous pression, NP - rester à l’affût d’opportunités nouvelles, M aptitude à coordonner les activités, MT
aptitude à gérer le temps de façon efficace, WG aptitude à travailler de façon productive avec les autres, MO
aptitude à mobiliser les capacités des autres, A aptitude à assurer son autorité, IL aptitude à utiliser
l’Internet et l’informatique, EY aptitude à rendre les explications claires pour les autres, NI aptitude à
émettre de nouvelles solutions et de nouvelles idées, QI aptitude à mettre en question ses idées et celles des
autres, PP aptitude à présenter en public des produits, des idées et des rapports, WR aptitude à rédiger des
rapports et de la documentation, FL aptitude à écrire et à parler dans une autre langue.
Nos analyses montrent qu’il existe une dizaine de compétences (parmi les 19 compétences proposées)
qui sont aussi importantes (voire plus importantes) que le « savoir expert » (la maîtrise de son propre domaine de
discipline). C’est le cas des compétences comme la capacité d’acquérir rapidement des nouvelles connaissances,
la capacité de gérer le temps de façon efficace, l’aptitude à rédiger des rapports et de la documentation, l’aptitude
à travailler sous pression, la capacité de négocier, l’aptitude à émettre de nouvelles idées, l’aptitude à travailler
de façon productive avec les autres, etc. Ainsi, nous pouvons constater que le « savoir expert » est loin d’être la
seule compétence demandée dans l’emploi des diplômés. Ce résultat reste le même si l’on prend en compte
l’emploi occupé (cadres supérieurs, cadres moyens, techniciens, ou autres). Indépendamment du type d’emploi,
le « savoir expert » reste entre les 5ème et 10ème positions parmi les 19 compétences, étant le plus demandé dans le
travail des cadres moyens (la note 5.2 comparé, par exemple, à 4.6 pour les cadres supérieurs ou 4.4 pour les
techniciens).
On pourrait remarquer que l’importance des compétences autres que le « savoir expert » dans l’emploi
reste valable pour les diplômés de toutes les filières. Pour les diplômés des sciences exactes, les diplômés en
économie et en droit, la place du « savoir expert » dans le classement des compétences varie entre 7 et 12. La
position du « savoir expert » est particulières basse pour les sciences humaines telles que sociologie, histoire,
etc., ce qui s’explique par le fait que une grande partie des diplômés de ces filières ne travaille pas dans leur
domaine.
KS
GK
ATH
ANK
N
ST
M
WG
MO
EY
A
IL
NI
QI
WR
FL
0 1 2 3 4 5 6 7
KS
ATH
N
NP
MT
MO
A
NI
PP
FL
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