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Les chercheurs européens, en s’appuyant sur les résultats d’une grande enquête auprès des diplômés de
l’enseignement supérieur, conduite dans les 11 pays de l’Europe et au Japon en 1998-2000, dans le cadre du
projet « CHEERS » (Careers of graduates after higher education), ont remarqué qu’actuellement les diplômés
ont besoin de posséder un éventail très large de compétences. Il ne suffit plus de maîtriser un « savoir expert »
(les connaissances approfondies dans un domaine particulier), mais il faut être capable également d’apprendre
rapidement des nouvelles connaissances, communiquer d’une façon efficace, savoir coordonner les activités des
autres, etc. Selon les chercheurs européens, les employeurs ont besoin d’un nouveau type de spécialiste, un
« professionnel flexible », et les diplômés actuels doivent maîtriser au moins quatre grands champs de
compétences : 1) le savoir expert, 2) la flexibilité fonctionnelle, 3) innovation et gestion des connaissances, 4) la
mobilisation des ressources humaines.
En 2005, dans le cadre d’un autre grand projet européen « Flexible Professional in the Knowledgable
Society » (REFLEX)
portant sur l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur en
Europe, une étude sur les parcours de formation et d’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur en Russie
a été menée en collaboration entre l’Université de Volgograd, Russie et l’IREDU, Université de Bourgogne. Une
enquête auprès 2000 diplômés d’une grande université publique dans la région de Volgograd, 5 ans après la
sortie, a été réalisée. A travers cette enquête, nous avons cherché à appréhender les compétences demandées
dans un pays en transition économique, comme la Russie. La question était de savoir : « Est-ce qu’en Russie,
les défis auxquels doivent faire face les diplômés sont les mêmes que dans les autres pays d’Europe ? Est-ce que
les diplômés russes ont besoin de se procurer un éventail plus large de compétences afin de mieux réussir sur le
marché du travail ? ». Nous cherchons à savoir également si l’enseignement universitaire permet d’acquérir
toutes les compétences demandées par les employeurs. Ainsi, cette communication apporte un éclairage
particulier sur les compétences des diplômés de l’enseignement supérieur requises sur le marché du travail et
acquises durant les études. Dans un premier temps, nous examinons quelles sont les compétences demandées sur
le marché du travail, comment ces demandes varient en fonction de l’emploi occupé et de la filière d’études.
Dans un deuxième temps, nous mettons un accent particulier sur la capacité de « polyvalence » des diplômés et
analysons le rendement salarial de cette compétence sur le marché du travail. Nous terminons par éclairer sur
l’impact de l’enseignement supérieur sur le développement des compétences demandées dans l’emploi.
* * *
Selon les différentes sources récentes, la Russie se place aujourd’hui soit comme le pays le plus
« éduqué » du monde, soit figure parmi les trois pays les plus « éduqués » au monde. Selon les données des
Nations Unies, au début des années 2000, en Russie, le pourcentage de la population âgée de 25 à 65 ans ayant
suivi des études supérieures s’élève à 54 %, la moyenne des pays de l’OCDE étant de 24 %, avec le maximum de
41 % pour le Canada (UNDP, 2004). En 2000, le nombre d’étudiants inscrits dans un établissement
d’enseignement supérieur par 1 000 habitants s’élève à 54 en Finlande, 50 en Russie, à 49 aux Etats-Unis, à 40
en Suède, à 35 en Grande Bretagne, à 34 en France, ou à 31 au Japon (Goskomstat, 2003). Ainsi, la Russie
affiche l’un des taux de participation à l’enseignement supérieur les plus élevés au monde. Néanmoins, les hauts
Ce projet mené en 2005 – 2007 a permit d’interroger récemment 35 000 diplômés de l’enseignement supérieur
dans 11 pays d’Europe sur leur situation professionnelle actuelle, 5 ans après la sortie de leurs études