Deuxième choc : l’indifférence des pouvoirs publics.
Dans la mesure où ces problèmes se vivaient à
l’intérieur des communautés, pourquoi s’en mêler ? Un
déficit de connaissances de l’islam et des musulmans
laissait les islamistes libres d’imposer leur vision.
L’islam du savoir et de la tolérance qui a marqué ma
jeunesse au Maroc se transformait sous mes yeux, au
Canada, en une camisole de force, réduit à une série
d’interdits, imposés le plus souvent aux femmes. Puis, la
perception qu’on a des musulmans se dégradera à la
faveur d’images de violence venues du Moyen-Orient,
d’Afrique, d’Asie, et plus près de nous, suite du 11
septembre, des Etats-Unis.
Des groupes islamistes, profitant de l’indifférence et de
la méconnaissance ambiantes, ont raffiné leurs
stratégies. Ils sont parvenus à s’ériger en «porte-parole»
des communautés, au grand désarroi des musulmans
démocrates qui peinent à s’intégrer et ne demandent
qu’à vivre en harmonie avec leurs concitoyens. D’où la
vulnérabilité de ces communautés, dont la majorité
silencieuse n’ose pas confronter les islamistes sur leur
terrain. Un leadership fragmenté, de faibles structures
communautaires et le sentiment d’exclusion des jeunes
aussi contribuent à leur marginalisation. Pourtant leur
contribution en capital humain, compétences, apport
économique et culturel est considérable.
Lorsqu’on observe la montée des extrémismes religieux
et les menaces qu’ils font peser sur des acquis gagnés
de haute lutte, l’égalité entre les hommes et les femmes
notamment, on ne peut rester silencieux. Adoptant, il y a
près de 50 ans, une Déclaration des droits, le Premier
ministre d’alors, John Diefenbaker, avait déclaré: «Aucun
Canadien ne tolérera le fanatisme.» La Charte des droits
et libertés, dont on célèbre le 25e, est venue renforcer
ces droits.