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Guide du Musée de lInsurrection de Varsovie
1. Le vestiaire Introduction
Bienvenue dans notre musée de lInsurrection de Varsovie, consacré à ce qui fut lune des
plus grandes batailles de la Seconde Guerre Mondiale.
Le 1er août 1944, 25.000 combattants de larmée clandestine peu et mal armés lancent une
offensive contre larmée allemande, bien supérieure en nombre. Avec le temps, les unités
polonaises comptent près de 50.000 hommes. Pendant deux mois de combats acharnés, elles
réussissent à reprendre à lennemi des secteurs importants de la ville et lui infligent des pertes
considérables. Hélas, au bout de soixante-trois jours, le faible soutien des Alliés, la supériori
technique de larmée allemande et le nombre élevé des victimes obligent le haut commandement
de lAK, lArmée de lintérieur, à mettre un terme à cette lutte héroïque pour la liberté.
Prévue pour durer juste quelques jours, linsurrection dure plus de deux mois. Dès les
premiers affrontements, les habitants de la capitale viennent en aide aux insurgés : ils sengagent
dans des actions de combat, dressent des barricades, organisent le ravitaillement. Menacés par
lavance du front de lEst, les Allemands lancent dans la lutte des unités délite qui ont lordre de
mater linsurrection en utilisant tous les moyens disponibles afin que cette répression serve
dexemple et terrifie toute lEurope. La ville doit être rasée et dinnombrables actes de génocide
sont commis. Les soldats dAdolf Hitler causeront la mort de 180.000 civils.
« Nous voulions être libres et ne devoir notre liberté quà nous seuls. » Toute lexposition se
déroule sous lexergue de ces mots de Jan Stanisław Jankowski, nom de guerre « Soból », vice-
Premier ministre du gouvernement polonais en exil à Londres et Délégué du gouvernement en
Pologne. Cette phrase montre bien à quel point la vérité sur les cinq années doccupation du pays
et les deux mois de lInsurrection de Varsovie est complexe. Car linsurrection nest pas, comme
certains ont voulu le faire croire, un élan romantique insensé de quelques têtes brûlées. Il sagit
dune décision politique aux conséquences tragiques, certes, mais mûrement réfléchie des autorités
légales du pays. Les Polonais ont lexpérience de deux occupations cruelles et ils ont parfaitement
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compris les desseins de Staline. Ils savent que lArmée rouge progresse à lEst et quelle ne se bat
pas pour libérer la Pologne mais pour y remplacer le système totalitaire nazi par le système
totalitaire communiste. Les insurgés de Varsovie veulent libérer la capitale avec leur propre armée
afin dy accueillir les troupes soviétiques en maîtres des lieux. Cest une ultime tentative pour
sauver la Pologne de loppression.
1. Le hall
Dès vos premiers pas dans le musée de lInsurrection de Varsovie, vous rencontrez un signe
en forme dancre composé de la lettre P comme Polska, Pologne, et de la lettre W, comme
Walcząca, Combattante. Vous retrouverez ce signe de la Pologne Combattante tout au long de
votre visite. Depuis 1942, il symbolise lEtat polonais clandestin. Il est peint et repeint presque
tous les jours sur les murs de toutes les villes de Pologne, témoignage de la résistance à
lenvahisseur et de la volonté des Polonais de se battre pour leur liberté.
Le bâtiment du musée date de 1904-1905. Cest lun des rares vestiges de larchitecture
industrielle de Varsovie. Pendant la guerre, les Allemands endommagent sérieusement la centrale
électrique des tramways qui sy trouve. Ils en achèvent la destruction pendant lInsurrection de
Varsovie. Reconstruite et transformée après guerre, la centrale sest petit à petit dégradée.
La décision dy installer le musée de lInsurrection a permis de redonner vie à ce patrimoine.
Lintérieur a été entièrement rénové daprès le projet de larchitecte Wojciech Obtułowicz. On a
découvert sous lépais crépi qui recouvrait lédifice une superbe façade de brique caractéristique
de larchitecture industrielle du XIXe siècle. Le site de lancienne centrale électrique est
aujourdhui un jardin unique en son genre, le Parc de la Liberté. On peut y voir le Mur de la
Mémoire, de 156 m de long, constitué de plaques de granit gris dans lesquelles sont gravées les
noms des milliers dinsurgés morts au combat en août et septembre 1944.
Vous êtes également invités à visiter la chapelle dédiée au bienheureux père pallotin Józef
Stanek. Laumônier du musée y célèbre une messe tous les dimanches à 12h30.
1. Les téléphones. Linsurrection soixante ans après
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Le régime imposé par Staline à la Pologne au lendemain de la guerre ne peut en aucune
manière tolérer que soit révélée la vérité sur une insurrection déclenchée pour empêcher
lassujettissement de la Pologne à lUnion soviétique. Le pouvoir communiste va donc déformer
limage de lInsurrection de Varsovie et persécuter les insurgés pendant des décennies. La
situation est particulièrement difficile pendant la période stalinienne, de la fin des années 40 au
milieu des années 50. Il suffit souvent davoir appartenu à lArmée de lIntérieur pour se voir
condamné à la peine capitale. Après le Dégel amorcé en 1956, les dirigeants de la République
Populaire de Pologne, la PRL, arrêtent de critiquer les soldats du rang, pour accuser avec dautant
plus de violence les chefs de linsurrection et les responsables politiques du Gouvernement
polonais en exil. Ce nest quen 1989, après la chute du régime communiste, que souvre un débat
sur lInsurrection de Varsovie et tous ses aspects, et que peut être envisagée la création dun
musée. Il faudra quinze longues années pour que le projet aboutisse.
Louverture officielle du musée a eu lieu le 31 juillet 2004, à la veille du soixantième
anniversaire du déclenchement des combats pour libérer la capitale de la Pologne. Des milliers
danciens insurgés, venus de toute la Pologne et de létranger, y assistèrent. Ils furent les premiers
à pénétrer dans les murs de ce musée qui est le leur, ils y ont fait revivre leurs souvenirs, leurs
réflexions, et libéré des émotions retenues pendant des années.
Nous vous invitons à vous approcher des téléphones pour écouter certains des souvenirs
quils ont évoqués soixante ans après.
1. La salle du Petit Insurgé
Par la porte située sur votre droite, nous entrons dans la salle du Petit Insurgé, destinée aux
jeunes visiteurs. En semaine, y sont proposés des ateliers et des conférences pour les enfants des
écoles maternelles et des petites classes du primaire. Ici, ils découvrent dune manière adaptée à
leur âge lHistoire, et les valeurs qui animaient les insurgés en 1944. Le week-end, les parents
peuvent y laisser leurs enfants sous la surveillance dun animateur expérimenté. Entourés de jeux
et de jouets de lépoque, les enfants peuvent dessiner, jouer avec des marionnettes, construire une
barricade ou encore imiter les jeunes scouts et louveteaux de la Poste de campagne, qui avaient
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leur âge pendant linsurrection.
Cette salle veut aussi montrer que la ville prise sous le feu des combats était pour les enfants
une réalité implacable, sans doute encore plus terrible pour eux que pour les adultes. Les
fusillades, les bombardement quotidiens, la nécessité de se terrer dans les caves, tout cela était
pour eux incompréhensible, semant la mort et leffroi
« Sauvez les enfants, les nôtres, les vôtres, les enfants polonais, les enfants de Varsovie ! »
Telle est la devise des insurgés. Dès les premiers jours sont mis en place des cuisines et des dépôts
de lait en poudre et daliments pour bébés et enfants en bas âge. Tous unissent leurs efforts pour
protéger les enfants de la cruauté de la guerre.
On commence par leur interdire dapprocher des zones de combat. Tout est fait pour
sauvegarder les apparences dune vie normale : on organise des spectacles de marionnettes, des
jeux et des divertissements ; on distribue aux enfants des illustrés, comme Jawnutka ou Dziennik
Dziecka, Le Quotidien de lEnfant, qui leur permettent de se réfugier un court instant dans le
monde des rêves et de limagination.
Mais certains enfants nobservent pas les événements que de loin. Beaucoup dentre eux
aident les insurgés à leur manière. De très jeunes gens, âgés dà peine dix ou douze ans, souvent
sans famille, veulent apporter leur pierre à la victoire. Dès les premiers jours daoût, naît la Poste
de Campagne des Scouts. Chaque jour voit croître les rangs des porteurs de messages et des guides
qui circulent dans les égouts. Il leur est interdit de se battre, mais personne ne peut les empêcher
de transporter colis de nourriture, bouteilles incendiaires ou messages. La Salle du Petit Insurgé est
dédiée au caporal Witold Modelski, nom de guerre « Warszawiak », qui fut à lâge de douze ans le
courrier des bataillons « Gozdawa » et « Parasol ». Benjamin des insurgés, décoré de la Croix des
Valeureux pour sa bravoure et son courage, il fut tué le 20 septembre 1944 en défendant lune des
dernières poches de résistance dans le quartier de Czerniaków.
Dans la salle du Petit Insurgé, les enfants ont le droit de toucher la plupart des objets. Mais
certains de ces objets, uniques, sont protégés par des vitrines, comme cette prière quune fillette de
huit ans a écrite pour son Père qui partait rejoindre les insurgés. Très ému, celui-ci a glissé le
papier dans son portefeuille quil portait dans sa poche de poitrine gauche. Il est sorti vivant de
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lInsurrection, la balle qui la touché au cours dun combat a été stoppée par la prière. Soixante ans
plus tard, son auteur en a fait don au musée. Le coin gauche a été déchiqueté par la balle.
On peut aussi admirer dans une autre vitrine une petite locomotive en bois. Profitant du fait
que les patrouilles allemandes ne sintéressaient pas aux bébés dans leurs poussettes, des femmes
courriers transportaient en toute sécurité les messages secrets de la résistance polonaise glissés
dans ce genre de locomotive.
1. Le monument.
Cette haute construction dacier qui traverse tous les niveaux du musée représente le « cœur
battant de Varsovie en lutte ». Vous voyez en relief sur les parois les dates des soixante-trois jours
de linsurrection et des traces de balle. Si vous collez une oreille aux trous faits par les balles, vous
pouvez entendre « les bruits de linsurrection » : des cliquetis darmes, des bribes de chanson, une
prière, des communiqués à la radio ou des échos de bombardements.
1. Le début de la guerre et loccupation
Le 1er septembre 1939, larmée allemande attaque la Pologne. Les Polonais lui opposent une
résistance farouche. Le 17 septembre, lArmée Rouge frappe à son tour la Pologne, à lest, scellant
ainsi le sort du pays. A lautomne 1939, la population polonaise se trouve donc sous la coupe de
deux occupants : le IIIe Reich et lUnion soviétique.
Varsovie est dans une situation particulièrement délicate. Cette ville est le cœur de la culture
polonaise que lAllemagne veut anéantir à tout prix. De la fin mai à lautomne 1940, les nazis
mènent dans Varsovie lOpération AB, Ausserordentliche Befriedungsaktion, dont lobjectif est
déliminer toute lintelligentsia. Ils procèdent à des arrestations et à des exécutions massives. La
plupart des personnes arrêtées sont fusillées à Palmiry, près de la forêt de Kampinos, au nord de
Varsovie. Le 20 et le 21 juin 1940, 358 personnes y périssent dune balle dans la nuque, dont
Maciej Rataj, le maréchal de la Diète, et Janusz Kusociński, champion du 10.000 m, qui avait
remporté la médaille dor aux Jeux Olympiques de 1932.
LUnion soviétique poursuit le même objectif que lAllemagne. Au printemps 1940, sur
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