été négociée en totalité. Nous ne devons par conséquent pas nous exposer à nouveau à ce reproche et devons en
conséquence nous attacher aux effets que les dispositions que nous examinons sont susceptibles de provoquer.
2. Le conseil conjoint
Une seconde disposition importante concerne le conseil conjoint. En effet, à l'issue du Sommet de Nice, les
membres du Parlement sont de plus en plus sensibles aux décideurs commerciaux. Le présent rapport est destiné au
conseil conjoint qui, pour les Européens est composé de ministres, avec une possibilité de remplacement par des
représentants de la Commission, et du côté mexicain par de hauts fonctionnaires représentant l'Exécutif.
Selon cet accord, le conseil conjoint a l'autorité de gérer l'exécution de l'accord et de mener toute procédure future
de libéralisation. Il n'est cependant pas clair si les mandats futurs seront octroyés au conseil conjoint, et si celui-ci
agira de manière autonome et si les résultats des négociations futures seront soumis au Parlement européen et aux
Mexicains en vue d'une ratification et d'une transposition en droit, tant au sein de l'UE qu'au Mexique. Tout du
moins en ce qui concerne le Mexique, cette procédure est obligatoire pour un certain nombre de questions
"sensibles" (à savoir celles dont traite le rapport) selon la constitution mexicaine. Toutefois, selon les critiques
formulées par les partis politiques et les secteurs de la société civile mexicaine, les procédures instaurées en ce qui
concerne les activités du conseil conjoint sont contraires à la constitution mexicaine. Votre rapporteur espère une
clarification et une éventuelle modification des dispositions en vue de répondre aux nécessités de la constitution
mexicaine. En outre, il nous faut savoir si le Parlement européen sera tenu informé du début d'éventuelles
négociations car ces problèmes doivent être examinés lors de la réunion du conseil conjoint.
Commerce des services
En ce qui concerne la Commission, l'ensemble négocié s'agissant des services commerciaux "revêt du point de vue
de la CE un intérêt à caractère offensif" (18.1.2000). La libéralisation des services couvre tous les secteurs à
l'exception de l'audiovisuel, du cabotage maritime et des transports aériens.
Ses termes et sa couverture sont très larges. "Dès la date d'entrée en vigueur, au travers d'une disposition de statu
quo, l'accord octroiera aux opérateurs de services issus de la CE un accès au marché mexicain qui sera équivalent,
voire supérieur, à celui dont bénéficient actuellement les autres partenaires du Mexique, notamment les États-Unis
et le Canada". Semblable cause de statu quo est extrêmement préoccupante étant donné qu'en interdisant au
Mexique la mise en place de nouvelles normes et conditions, cela pourrait porter gravement atteinte au
développement social et économique ainsi qu'à l'autonomie d'un pays en développement.
S'agissant des services financiers, personne n'ignore la nécessité urgente d'une prévention de d'éventuelles crises
financières et d'effondrements. Toutefois, à la lecture du chapitre III, article 11, se référant aux services financiers,
aucune disposition ne semble effectivement mettre à l'abri d'une autre crise financière, la promotion de la stabilité
des services financiers concernés et, avant tout, la protection des personnes par rapport aux crises financières. La
seule référence à ce problème, cité à l'article 19, est bien trop vague et se borne à la protection des investisseurs et
des systèmes financiers. Or, le programme se limite à la libéralisation et à la déréglementation. Plus encore, le
paragraphe B, 6, d, se réfère par exemple de manière explicite aux objectifs à caractère spéculatif. Si la Banque
mondiale et le FMI s'attellent déjà à la mise en place de dispositifs de sécurité, il apparaît étrange et préoccupant
que la Commission n'ait pas pris les devants.
En outre, l'accord dispose que "… aucun mode d'approvisionnement n'est à priori exclu de toute couverture". Si
cela implique que l'éducation et la santé puissent être couvertes sans mesure de sauvegarde, voilà qui est fort
préoccupant. Votre rapporteur rappelle qu'à la faveur du rapport PE consacré à la manière dont l'UE aborde les
négociations du millénaire, adopté le 18 novembre 1999, il a été spécifiquement exigé que la santé et l'éducation
soient exclues d'une révision du GATT. Tout récemment, lors du Sommet de Nice et à l'occasion de la révision de
l'article 133, le gouvernement français est parvenu à exclure la négociation de ces secteurs qui relevaient de la
compétence de la Commission en matière de commerce, manifestant ainsi une sensibilité spécifique. Il serait par
conséquent incohérent d'incorporer l'éducation et la santé dans l'accord UE-Mexique s'agissant des secteurs à
libéraliser. En outre: "L'accord préviendra l'instauration de toute nouvelle forme de discrimination entre ou parmi
les parties aux secteurs couverts, et permettra l'élimination de toute discrimination substantielle dans les secteurs
couverts dans un délai n'excédant pas 10 ans." Voilà qui explique plus encore qu'une clause de statu quo signifie