
5
la généralisation des lettres de change et l’échange mutuel des produits. A l’inverse des
banques commerciales qui délivrent des billets convertibles en monnaie métallique en
contrepartie d’effets escomptés, la Banque d’échange fournit des bons d’échange non
convertibles en or mais avec cours légal auprès des membres en contrepartie de marchandises
livrées ou « au moins acceptées ». Sans but lucratif et sans obligation de convertibilité or, la
Banque d’échange organise gratuitement le crédit pour ses membres. Comme le montre EGE
(2000), l’organisation du crédit de PROUDHON nécessite un environnement certain sans
problème d’information et où toutes les anticipations sont réalisées.
La Banque d’Echange ambitionne de dépasser les limites de la monnaie-or par
l’émission de bons d’échanges non convertibles mais conservant les fonctions d’étalon de
mesure et de moyen d’échange. Admettant les limites de la Banque d’échange et son échec
(EGE 2000, GUESLIN, 1998, RIST, 1944), la conception proudhonienne de l’organisation du
crédit présente plusieurs intérêts : elle met en cause la monnaie métallique dans les crises de
la circulation, elle propose une gestion collective et non lucrative du crédit reposant sur le
mutuellisme entre les membres à la fois prêteurs et emprunteurs.
b) La finance solidaire contemporaine : l’enchevêtrement des liens financiers et les
liens sociaux
Les rapports du Centre Walras « Exclusion et liens financiers », publiés depuis 1997
sous la direction de JM SERVET, et des publications complémentaires des chercheurs de ce
groupe (en particulier les travaux de JM SERVET, I. GUERIN, J. BLANC ET D. VALLAT) ont
démontré que les liens financiers s’enracinent dans des liens sociaux. La finance solidaire,
vecteur de lien social, est analysée comme une instrumentalisation d’outils de financement
(crédits, participations, garantie…) capable de récréer du lien social et démarrer un processus
de réinsertion au sens large (réinsertion professionnelle, sociale…) (SERVET JM & VALLAT D,
1999/2000). Elle permet de lutter contre les problèmes d’asymétrie d’information ex ante et
ex post par l’accompagnement socio-financier et l’encastrement socio politique et socio
économique des liens financiers : elle a un rôle de sélection, d’accompagnement, de validation
et de contrôle des emprunteurs (VALLAT, 1999, VALLAT & GUERIN, 1999, GUERIN, 1999).
Cette conception de la finance solidaire se fonde sur la sociologie économique et sur
une approche anthropologique de la dette pour montrer la dimension sociale de la monnaie :
les relations monétaires et financières sont imbriquées dans les relations sociales, au delà d’un
simple contrat financier. Le rôle de la finance solidaire consiste à réduire les risques liés à
l’activité de financement pour la petite économie correspondant au rez-de-chaussée de la