SCIENCES ET
TECHNOLOGIES
177 STC 07 F bis
Original : anglais
Assemblée parlementaire de lOTAN
CHANGEMENT CLIMATIQUE : L'APRES-KYOTO
RAPPORT SPECIAL
PIERRE CLAUDE NOLIN (CANADA)
RAPPORTEUR SPECIAL
Secrétariat international 6 octobre 2007
Les documents de l’Assemblée sont disponibles sur son site internet, http://www.nato-pa.int
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TABLE DES MATIERES
I. INTRODUCTION ................................................................................................................... 1
II. LE POINT SUR LA QUESTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ...................................... 2
A. LA RECONNAISSANCE DU RECHAUFFEMENT DE LA PLANETE ET DE
L'INFLUENCE DE L’HOMME ....................................................................................... 2
B. LES MESURES D’ATTENUATION ET LE PROTOCOLE DE KYOTO .......................... 6
C. L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ..................................................... 8
III. L’APRES-KYOTO .................................................................................................................. 9
A. LA POSITION DES ETATS-UNIS ............................................................................... 10
B. LA PARTICIPATION DES PAYS EN DEVELOPPEMENT .......................................... 13
C. LA POURSUITE DE LA REDUCTION DES EMISSIONS ET LA POSITION DE L'UE 13
D. L’ACCENT SUR LES MESURES D’ADAPTATION ..................................................... 14
E. LES SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES ..................................................................... 15
IV. CONCLUSIONS .................................................................................................................. 15
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1
I. INTRODUCTION
1. Plus question de discuter : le changement climatique est une réalité. Cela a été confirmé par
les plus grands savants scientifiques de la planète, qui n’ont rien à voir avec ceux qui nous ont
averti du faux « bogue de l’an 2000 ». Les preuves scientifiques manifestes de la responsabilité de
l’homme sont si nombreuses que l'on constate un revirement complet de l'état d'esprit de l'opinion
publique au niveau mondial. Les sceptiques d'hier vont même jusqu'à plaider avec beaucoup de
dynamisme pour que des actions soient engagées d’urgence en vue de remédier à cet énorme
problème. Si la Terre se réchauffe de plus de 2 °C au cours du XXIe siècle, ce qui est très
plausible, le changement climatique deviendra impossible à gérer et tout effort humain sera vain.
2. Le changement climatique est devenu un thème récurrent dans le débat politique
international. Il ne préoccupe plus comme autrefois un nombre limité de militants, mais est
aujourd'hui un problème qui concerne tout le monde. Il est indispensable que l’Assemblée
parlementaire de l’OTAN continue de s’y intéresser et contribue, dans la mesure de ses
compétences, aux actions entreprises à cet égard au niveau international. Le changement
climatique aura et a déjà des incidences dans presque tous les domaines de notre vie, dont la
sécurité et la situation géopolitique. On s’attend à ce qu’il entrne une nouvelle redistribution des
richesses et provoque par voie de conséquence une migration des populations. Les régions qui
ont toujours été en marge du monde, comme par exemple le Groenland ou la Sibérie, risquent de
jouer un rôle stratégique important. Le Canada a d’ores et déjà des différends avec les Etats-Unis
concernant la souveraineté des voies de passage maritimes à travers l'Arctique canadien. Le
conflit au Darfour serait « la première guerre du changement climatique » causée par des années
de sécheresse et la famine qui s’en est suivie dans la région.
1
3. En avril 2007, un groupe de 11 des plus éminents amiraux et généraux à la retraite des
Etats-Unis dont le général Anthony Zinni, ex-commandant en chef du Commandement central
des Etats-Unis, et le général Gordon Sullivan, ex-chef d’état-major de l’armée de terre a publié
une étude sur la menace que représente le changement climatique pour la sécurité nationale des
Etats-Unis. Ce groupe a appelé les dirigeants du monde entier à prendre sans tarder des mesures
pour régler le problème du changement climatique. Comme l’a déclaré le général Zinni : « Soit
nous payons pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dès aujourd’hui, et nous allons
subir d’une façon ou d’une autre un choc économique. Soit nous paierons le prix plus tard sur le
plan militaire. Et cela coûtera des vies humaines. Il y aura des victimes
2
. » Ce point de vue a été
partagé par de nombreux responsables politiques influents, comme par exemple Margaret Beckett
qui, alors qu’elle était secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, a exhorté le
Conseil de sécurité des Nations unies à se pencher sur la question du changement climatique en
raison de ses graves implications sur la paix et la sécurité internationales
3
. Jock Stirrup, chef de
l’état-major militaire britannique, a déclaré que le calcul des effets du changement climatique
devait être inclus dans la planification militaire, car les pays affaiblis par ces effets sont plus
vulnérables face à des groupes armés
4
.
4. Cela fait de nombreuses années que la Commission des sciences et des technologies suit
avec une grande régularité la question du changement climatique, notamment par la préparation
de rapports sur le Protocole de Kyoto en 1998 et 2002, puis d’un rapport sur les effets du
réchauffement de la planète dans la région de l’Arctique en 2005. Le présent rapport a pour but de
faire le point sur la question du changement climatique, notamment en présentant les nouvelles
tendances qui consistent à reconnaître les changements, à en atténuer les effets et à s’y adapter.
Il s’intéressera également aux mesures qui peuvent être prises pour mieux faire face au défi qu'est
1
Rainfall Records Could Warn of War”, Jim Giles, New Scientist, 30 mai 2007.
2
Top ex-military leaders call global warming major security risk, The Associated Press, 15 avril 2007.
3
First climate debate divides UN”, BBC News, 18 avril 2007.
4
British army chief: climate change could fuel conflict and terror”, The Associated Press, 26 juin 2007.
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2
le réchauffement de la planète, en particulier après l'arrivée à échéance du Protocole de Kyoto en
2012.
II. LE POINT SUR LA QUESTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
A. LA RECONNAISSANCE DU RECHAUFFEMENT DE LA PLANETE ET DE
L'INFLUENCE DE L’HOMME
5. En 2007, le message le plus frappant concernant la menace du changement climatique nous
est venu du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
5
, qui a publié
son quatrième rapport d’évaluation intitulé « Bilan 2007 des changements climatiques ». La
première partie de ce rapport, rendue publique en février 2007, envoyait un message fort aux
décideurs politiques en les avertissant que le changement climatique avait lieu plus rapidement
que prévu, et qu'il était « très probablement » (c’est-à-dire, avec 90 % de certitude)
6
aux
activités humaines. Les nouvelles données scientifiques confirment que le réchauffement de la
planète est « sans équivoque ». Selon les différents scénarios, la Terre se réchauffera de 1,8 à
4,0 °C au XXIe siècle, ce qui entraînera une élévation du niveau de la mer de 0,18 à 0,59 mètres.
Le GIEC prédit en outre que les glaciers de l’océan Arctique disparaîtront presque complètement
en été. Les typhons et les ouragans seront plus intenses et les vagues de chaleur plus fréquentes.
D’ici 2050, la présence de l'eau devrait augmenter de 10 à 40 % dans les zones humides, et
baisser de 10 à 30 % dans certaines régions sèches. Même en tablant sur une stabilisation des
émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement de la planète se poursuivrait pendant plusieurs
décennies
7
.
6. La deuxième partie du quatrième rapport d’évaluation, qui a été finalisée en avril 2007,
contient des révélations saisissantes sur les conséquences du réchauffement de la planète pour
l'Homme et la nature. En voici quelques exemples :
- De 20 à 30 % des espèces animales et végétales risquent de disparaître si la température
mondiale moyenne augmente de plus de 1,5 - 2,5 °C.
- La production alimentaire mondiale devrait s'accroître si la température moyenne augmente
de 1 à 3 °C, mais elle devrait au contraire diminuer si la hausse des températures dépasse
cette fourchette. Par ailleurs, dans un grand nombre de pays en développement, le
rendement des cultures est amené à reculer, même si les hausses de température sont
faibles (1 à 2 °C).
- Plusieurs millions d’habitations devraient être englouties chaque année d’ici les années 2080
à cause de l’élévation du niveau de la mer, en particulier dans les grands deltas d’Asie et
d’Afrique.
- Le réchauffement de la planète aura des incidences sur la santé de millions de personnes,
notamment dans les pays pauvres, en raison de l’augmentation de la malnutrition et de la
fréquence accrue des canicules, inondations, orages, incendies, sécheresses, etc. Les pays
riches ne seront pas épargnés non plus, comme l’ont déjà montré la dramatique canicule qui
5
Le GIEC, créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des
Nations unies pour l’environnement (PNUE), regroupe des centaines de responsables et d’experts
provenant des ministères, agences et institutions de recherche compétents des pays membres et des
organisations participantes. Le GIEC se compose de trois groupes de travail : le Groupe de travail I
examine les aspects scientifiques du changement climatique ; le Groupe de travail II évalue les
conséquences négatives et positives de l'évolution du climat et les possibilités dont on dispose pour
s'y adapter ; enfin, le Groupe de travail III étudie les mesures d’atténuation. Les travaux du GIEC
s’appuient principalement sur des publications scientifiques/techniques révisées par des pairs.
6
Le troisième rapport d’évaluation du GIEC, qui datait de 2001, était plus modéré dans son jugement,
employant le terme « probablement » (66 % de certitude).
7
Quatrième rapport d’évaluation du GIEC “Changement Climatique 2007”.
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3
a frappé la France en août 2003 et les inondations catastrophiques en juillet 2007 en
Grande-Bretagne.
- La fonte des glaces dans l’Himalaya entraînera une augmentation des inondations et des
éboulis de roches et, à long terme, la diminution des réserves d'eau douce en Asie, ce qui
aura des conséquences dramatiques pour plus d’un milliard de personnes d’ici les années
2050.
- En Afrique, entre 75 et 250 millions de personnes seront frappées d’ici 2020 par la pénurie
d’eau et la baisse de la production agricole. Le réchauffement de la planète aggravera
considérablement la malnutrition sur le continent. Dans certains pays, le rendement des
cultures pluviales pourrait reculer d’un maximum de 50 % d’ici 2020.
7. Il convient de noter que depuis son premier rapport en 1990, le GIEC a prédit l’avenir avec
une justesse remarquable. Les conclusions du quatrième rapport d’évaluation ont été accueillies
avec énormément d’attention, y compris par les dirigeants des grandes puissances. Néanmoins,
ces conclusions pourtant alarmantes ont été jugées par un certain nombre d’experts comme
quelque peu « édulcorées » et trop modérées. Le magazine New Scientist et d’autres sources
fiables ont recensé plusieurs problèmes graves qui ont été ignorés par le rapport :
- De nombreux glaciologues sont en désaccord avec les modestes prévisions du rapport
concernant l'augmentation du niveau de la mer. Le quatrième rapport d’évaluation suppose
que les épais blocs de glace du Groenland et de l’Antarctique vont fondre progressivement,
alors que selon les glaciologues, ces blocs vont se fracturer et se disloquer à mesure qu’ils
fondront. L’eau de mer va donc y pénétrer et accélérer considérablement leur fonte. Cela
entraînerait une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres au cours du siècle, et non
de quelques centimètres. Ces conclusions dérangeantes sont validées par des institutions
scientifiques respectables, comme par exemple l’Arctic Climate Impact Assessment, le
British Antarctic Survey et le Potsdam Institute for Climate Impact Research.
8
Elliot Morley,
député et représentant spécial du Premier ministre britannique pour le Dialogue convenu à
Gleneagles, a assuré aux membres de la Commission des sciences et des technologies que
la fonte des glaciers au Groenland et dans l'Antarctique pourrait provoquer une élévation de
12 mètres du niveau de la mer.
9
Si cela se produisait, plus de 600 millions de personnes
devraient abandonner leurs habitations.
10
Les pays pauvres sont les plus menacés.
- Le sumé du quatrième rapport d’évaluation a en outre quasiment ignoré la menace de
l’affaiblissement du Gulf Stream. Le GIEC a invoqué le « manque de preuves », alors qu’un
certain nombre d’institutions scientifiques, dont le Centre océanographique national du
Royaume-Uni, ont indiqué que ce courant avait diminué de 30 % entre 1957 et 2004.
11
- Le GIEC a également omis de parler de l'émission dans l'atmosphère d'autres gaz à effet de
serre provenant du réchauffement des sols, des forêts, du pergélisol et des fonds marins. Le
rejet de méthane par les sols réchauffés de la Sibérie et de l’Arctique est une menace
particulièrement réaliste.
12
- Une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences (Etats-Unis) en
avril 2007 a révélé que le rythme des émissions mondiales de gaz à effet de serre
s’accélérait : entre 2000 et 2004, il a été trois fois plus élevé que dans les années 90.
13
La
réalité dépasse donc les prédictions les plus pessimistes du quatrième rapport d’évaluation.
- L’ampleur du réchauffement de la planète pourrait également être plus grande que ne l'a
prédit le quatrième rapport d’évaluation, car les océans risquent de ne plus être capables
8
But Here’s What They Didn’t Tell Us”, Fred Pearce, New Scientist, 10 février 2007.
9
Visite à Londres de la Sous-commission sur la prolifération des technologies militaires,
19-20 mars 2007.
10
Voir l’étude de Gordon McGranahan de l’International Institute for Environment and Development,
Deborah Balk et Bridget Anderson, université de la ville de New York et université Columbia.
11
But Here’s What They Didn’t Tell Us”, Fred Pearce, New Scientist, 10 février 2007.
12
Ibid.
13
Carbon-Dioxyde Output Outstrips Expectations”, Gautam Naik, The Wall Street Journal, 21 mai 2007.
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