SERIGNE SALIOU dont nous sommes les heureux
contemporains, était sans nul doute Khadimou Rassoul en
chair et en os. Ayant fait l’unanimité autour de ses actes et de
ses paroles, il a su rallier tout le peuple Sénégalais à la
cause de l’Islam telle qu’enseignée par son Illustre père
Cheikh Ahmadou Bamba. On dira de lui qu’il forçat la
sympathie et le respect de toutes les sensibilités religieuses,
politiques et sociales de ce pays. On retiendra surtout de son
khalifat que le spirituel qu’il incarnait dont on prêche dans la
République sa séparation distincte avec le temporel avait fini par éclipser ce dernier
à travers sa première institution, réduite à ses pieds.
Dès son accession aux fonctions de Khalife en 1990, Serigne Saliou a tout de suite
donné le ton en précisant, de façon claire et indubitable, la ligne qu’il entendait
imprimer à son action à la tête de la Communauté mouride. En effet, dans son
mémorable discours inaugural, il a, d’emblée, indiqué que, hormis l’Islam et par
conséquent la gestion de l’héritage de Serigne Touba Cheikh Ahmadou BAMBA, rien
ne saurait retenir son attention, encore moins susciter de sa part commentaires ou
directives quelconques. Les choses étaient claires et chacun savait désormais à quoi
s’en tenir. Fidèle à cette " profession de foi ", il est demeuré constant dans sa
position, avec, comme unique préoccupation, la promotion de l’Islam à travers la
fructification du legs de son illustre père.
Dans cette entreprise colossale, Serigne Saliou est servi, avec bonheur, par une
connaissance insondable du Coran et des Sciences religieuses, une générosité
incommensurable et une humilité indescriptible. Homme très intelligent et très cultivé,
il a une claire conscience des enjeux qu’implique sa mission de Khalife, et surtout, il
mesure à sa juste valeur l’impact que la conjoncture internationale peut avoir sur le
devenir de l’Islam dont il est l’un des plus ardents défenseurs. Très ouvert à la
modernité et au progrès, il est cependant d’une fermeté inébranlable et d’une
vigilance absolue dans sa croisade pour la défense de la pureté de l’orthodoxie
musulmane, à l’instar de son père.
On comprend aisément la grande tristesse, l’émotion, le
sens dessus dessous voire chaotique que son départ aura
occasionné. Facilement assimilé et assimilable à
l’apocalypse ! Son départ a créé le vide autour des enfants-
talibés de Khelkom, Khabane, Got, Ndoka, Ndiapndal etc.,
temples du Savoir où la prise en charge était gratuite,
alternative crédible contre la mendicité qui les exposeraient.
La relation qu’il a tissée avec ces disciples était
manifestement légendaire. Dans ses daaras, la maîtrise du Saint Coran et des
sciences religieuses ne nécessitaient guère le châtiment corporel.
Serigne Saliou interdisait d’user de la violence histoire d’atteindre ses objectifs. Il
disait aux maîtres coraniques qu’il avait recrutés que « enseigner le Coran est un
acte de Djihad et quiconque châtie l’enfant, en a démissionné ». Exercice difficile
mais réussi chez lui ! Après la formation, le Saint homme facilitait l’insertion des