on retrouve deux variantes de
A Portrait of V.I. Lenin in the Style of Jackson Pollock
,
double chanson qui fait écho à une série de peintures du même nom qui
questionnent, par une sorte d'illusion d'optique (le profil de Lénine se dégageant d'un
tableau a priori abstrait à la Pollock), les rapports entre deux orthodoxies plastiques:
le réalisme soviétique et l'
abstract expressionism
américain. En parallèle ou en écho,
les paroles de la chanson critiquent la vision naïve et communément répandue de
l'autonomie artistique d'un peintre tel que Pollock en juxtaposant des affirmations pas
fausses mais partielles et banalisées par une répétition irréfléchie – «
Il était l'action
painter qui se rebellait contre les règles
» ou «
L'art était pour Pollock une nécessité
intérieure
» – à des affirmations nouvelles qui changent l'appréhension de son œuvre
– «
Jackson Pollock était l'artiste du Plan Marshall »
– en la déplaçant du champ de
l'art-pour-l'art à celui de la politique extérieure et du rayonnement culturel
international des États-Unis. Une réflexion et une implication critique qui permettent à
Emmanuel Levaufre (opus cit.) d'affirmer que «
Ce n'est donc pas du dehors, comme
un groupe 'arty' qui récupère les signes extérieurs de la pratique artistique, figés en
imagerie, que Red Krayola a participé au projet d'Art & Language
».
En 2007, vingt-cinq ans après leur dernier disque commun, contre toute attente,
Mayo Thompson sort « Sighs Trapped by Liars » sous la bannière The Red Krayola
(à la musique) with Art & Language (aux paroles). Une fois encore, le titre (de l'album
et du dernier morceau) correspond à une œuvre plastique du collectif A & L, dont une
image sert d'ailleurs ici de pochette. Datée des années 1996-1997 et exposée entre
autre à la Dokumenta X de Kassel et au MAC's du Grand Hornu, il s'agit d'une
installation de meubles – petites tables, chaises et/ou lit – pour le moins orthogonaux
dont les parois sont constituées de toiles sur lesquelles sont peintes/imprimées une
série de doubles pages de textes. Sans doute peut-on par exemple y voir une œuvre
de plus d'A & L questionnant les trop superficielles fausses évidences et la double