Royaume du Maroc Ministère de la justice Institut Supérieur De la Magistrature Programme Euro.Med Justice ********* THEME 3 : DIMENSION INTERNATIONALE DES PROCEDURDES FINANCIERES : Criminalité économique et financières en particulier, le blanchiment de capitaux Séminaire 4 : « Opérations financières de blanchiment d’argent » Jordanie- Amman Du 17 au 20 Juillet 2006 B.P, 1007 Avenue Ben Barka - Rabat - الرباط- شارع المهدي بن بركة السويسي1007 ،ب.ص Tél :037 75 19 92 – Fax : 037 75 49 02 : الفاكس037 75 19 92 : الهاتف site web : www.ism.ma :الموقع اإللكتروني La contribution du Maroc Sur le sujet « Opérations financières de blanchiment d’argent » Par M. RAISSI ABDELJOUAD Avocat général près la Cour suprême Enseignant à l’ Institut Supérieur De la Magistrature & Mme DINIA Fatima- Zohra Commissaire judiciaire divisionnaire Chef de service de la coopération internationale à l’ Institut Supérieur De la Magistrature 2 Opération financières de blanchiment de capitaux Etat de lieu au Maroc Je me réjouis encore une fois, de participer aujourd’hui dans les travaux de ce séminaire, en présence d’une pléiade d’experts représentant des Etats membres de l’union européenne et des partenaires méditerranéens, et de vous situer sur l’état actuel au Maroc, concernant le sujet pour lequel nous sommes tous ici réunis, à savoir les différentes manipulations et opérations douteuses entreprises dans le domaine financier par ceux qui s’adonnent au blanchiment des capitaux. Avant de procéder à l’analyse des composantes de ce sujet, j’aimerai vous rappeler, la position géographique occupée par le royaume du Maroc. Ce pays surplombe la méditerranée du côté nord et l’océan atlantique du côté ouest, s’étend sur plus de 3500 km, de côtes se situe à moins de 15 km des côtes sud de l’Espagne « le détroit de Gibraltar » qui nous sépare du vieux continent. Carrefour des civilisations, pays en pleine expansion économique, de libre circulation qui le caractérise et caractérise son économie, avec un respect des droits individuels, garantis par la loi suprême du pays, à savoir la constitution ; pays de transit tant pour les personnes physiques que pour les capitaux, le Maroc, par ces acquis, qui ne sont pas des moindres, n’est pas à l’abri de toutes sortes de manœuvres qui concourent à entraver son développement dans tous les secteurs économiques qu’ils soient financiers ou autres. Ainsi, le Maroc se voit-il un but ciblé et un point centrifuge de certaines transactions criminelles qui engendrent le blanchiment des capitaux et amplifient les potentialités des blancheurs . 3 Il n’est pas exagéré de dire que la communauté internationale, vit actuellement sous l’empire d’une métastase mondiale de trafics de tous genres, et qui affectent l’essentiel des activités humaines, citons à titre d’exemple, les activités criminelles classiques, comme le trafic des drogues, le commerce frauduleux des armes, les méfaits dûs aux enlèvements, au proxénétisme, le trafic de la main d’œuvre clandestine, les réseaux de pédophilie, les nouvelles formes d’esclavage moderne, les différentes formes de dilapidations, aux vols, aux contrefaçons, à la contrebande multiforme, la prolifération de la fausse monnaie et des fausses factures, la fraude et l’évasion fiscale, des activités noirâtres des centres financiers off shore où sont blanchis et réinvestis environ 500 milliards de dollars annuellement de part le monde, soit presque un milliard et demi de dollars par jour, le détournement des denrées publics et les marchés de l’Etat truqués, tachés par la corruption, le piratage et les crimes informatiques, l’acquisition illégale d’objets d’art et des biens culturels, sans oublier les réseaux de vols transfrontalières des voitures, le commerce frauduleux des espèces protégées, des organes humains, et la liste de l’ingénierie criminelle est loin d’être exhaustive. Depuis son indépendance en 1955, le Maroc n’a cessé d’entreprendre une stratégie à la fois politique, économique et sociale pour contrecarrer toutes les opérations financières visant à déstabiliser son économie, voire l’ordre publique national, monopolisant, pour la circonstance, toutes ses ressources afin d’anéantir toutes manœuvres d’enrichissement illicite de quiconque sur son territoire, on peut citer entre autres : 1er - le phénomène de la corruption : compte tenu des retombées néfastes de ce phénomène sur plusieurs domaines, le Maroc a entrepris une lutte acharnée contre la corruption, qu’elle soit active ou passive. Le premier texte de loi promulgué après l’indépendance et qui s’intéresse à cette spécialisation pénale a montré du doigt la gravité de ce crime . 4 En effet, des articles du dahir n° 1-59- 413 en date du 26 Novembre 1962, répriment tous ceux qui s’adonnent à la corruption et au trafic d’influences sous ses multiples facettes : corruption judiciaire, corruption médicale, corruption administrative et corruption politique. Ce texte a connu depuis lors, un certain nombre de modifications, la plus importante, la création d’une cour spéciale pour juger ceux qui sont poursuivis par cette qualification juridique, un grand nombre de jurisprudences et de jugements font éloge à cette cour, récemment, cette cour spéciale de justice a été supprimée, et on a intégré ses compétences aux juridictions ordinaires. Il faut dire que dans le cadre de la politique générale de l’Etat, en particulier dans le cadre de la moralisation de l’administration le gouvernement marocain, a toujours affirmé sa volonté de combattre ce fléau de la corruption, ( le Maroc a adhéré à la convention des nations-unies sur la corruption, le 9 décembre 2003), et on peut souligner dans ce contexte, que le code pénal marocain, énonce dans son article 255 « il n’est jamais fait restitution au corrupteur des choses qu’il a livrées ou de leur valeur, elles doivent être confisquées et déclarées acquises au trésor par le jugement ». D’une manière générale, et pour bien assurer un contrôle des biens des commis de l’Etat dans la transparence totale et dans la sérénité, par les instances compétentes, une loi cadre, été promulguée, soumettant les fonctionnaires et les agents de l’Etat, des collectivités locales et des établissements publics, ainsi que les membres du gouvernement, des parlementaires, à la déclaration des biens immobiliers et valeurs mobilières leur appartenant ou appartenant à leurs enfants mineurs, et à leurs conjoints, une fois un préposé est en charge d’une fonction du sein du secteur public « loi n° 25/92 en date du 7 Décembre 1992 ( B,O n° 4184 du 6 Janvier 1993) », qui, on en conviendrait, est un ultime pas en avant dans le cadre de la moralisation de l’administration. Ajoutons à cela, l’adaptation de la réglementation des marchés publics aux exigences du contexte économique et financier, et ce, en vue de garantir une meilleure gestion des fonds 5 publics, et de préserver une transparence dans l’octroi des marchés et leur exécution. Ceci se révèle également, un outil efficace dans le contrôle de la provenance des fonds transitant par les établissements financiers «Décret n° 2-98-482 du 30 Décembre 1998, fixant les conditions et les formes de passation des marchés de l’Etat, ainsi que certains dispositifs relatifs à leur contrôle, et à leur gestion ». 2- Le trafic des stupéfiants : Le Maroc a mené une lutte sans merci afin de déraciner ce fléau, et ce, en dépit de certaines contraintes qui rendaient parfois la tache très ardue . Le Maroc désire, en premier lieu, se donner les moyens d’effacer cette image de pays laxiste envers l’argent sale et d’assainir son économie de placements mal conçus. Pour les établissements financiers, la lutte contre le blanchiment de l’argent provenant des stupéfiants est une activité nouvelle qui remet en cause un certain nombre de principes bancaires fondamentaux, notamment le droit au secret professionnel et le droit à la non-ingérence dont doivent bénéficier les clients des banques,. Ces établissements se voient aujourd’hui dans l’obligation absolue de déclarer le soupçon, chaque fois qu’il y a des doutes quant à l’origine de n’importe quelle opération traitée par leurs établissements, en se referant à l’autorité compétente. Ces directives sont valables aussi bien pour les notaires , les agents immobiliers, … Notons enfin, que les revenus de ces activités criminelles sont, dans leur quasi-totalité des revenus en espèces, susceptibles d’attirer l’attention. Ces revenus se situent bien au delà de 500 milliards de dollars, tirés annuellement à travers le monde selon l’observatoire de la mondialisation, (le produit criminel mondial brut ou Word Gross criminal pruduct, se situe bien au delà des 1000 milliards de dollars par an), le Maroc n’est pas en reste. 3- Le terrorisme : le Maroc à été frappé de plein fouet le 16 mai 2003 par une série d’attentats terroristes, qui portent la signature du terrorisme international comme cela a été souligné par des responsables marocains lors 6 des premiers éléments résultant de l’enquête menée, et depuis, une bataille rigoureuse a été menée contre ce fléau barbare, avec toutes ses formes et procédés. Le Maroc s’est engagé sur plusieurs fronts, notamment celui de s’attaquer aux procédés et circuits de financement de cette infraction, en adoptant un texte de loi ( loi 03/03 du 28 mai 2003) qui modifie et complète le code pénal marocain, et répertorie l’ensemble des infractions qui sont qualifiées d’acte de terrorisme, ainsi que les peines applicables dans les derniers articles qui se sont intéressés au financement du terrorisme. En définitive, on peut conclure que la vigilance est le mot d’ordre général aussi bien pour ce crime que pour les autres crimes que nous avons cités auparavant, ceux-ci y sont bien encadrés par des textes législatifs qui se comparent à plus d’un, dans la plupart des pays qui se distinguent en la matière. 7