Communauté Paroissiale St Tugdual Trame Caté dimanche 4 Mars
passe sur une haute montagne devant les Apôtres Pierre, Jacques et Jean, ceux-là même qu’on
retrouvera à l’agonie à Gethsémani. Déjà, nous pressentons un lien entre la gloire qui se
manifeste dans cet épisode et la Croix que devra affronter Jésus.
C’est une expérience indicible que la Transfiguration. Elle ne pourra être relatée qu’à travers des
comparaisons : le visage de Jésus brille comme le soleil et ses vêtements deviennent blancs
comme la lumière, d’une blancheur telle qu’aucun foulon sur la terre ne peut blanchir ainsi. Le
mystère s’intensifie avec l’apparition des deux témoins de l’Ancien Testament : Moïse et Élie qui,
selon les Pères de l’Église, symbolisent la Loi et les Prophètes. La nuée lumineuse évoque la nuée
qui protégeait la marche au désert du peuple d’Israël, quittant l’esclavage d’Égypte pour la terre
promise – nuée des manifestations de Dieu dans l’Ancien Testament. De cette nuée, que la
tradition a identifiée à l’Esprit Saint, retentit la voix du Père qui confirme la mission du Fils à
l’égard de tous les hommes : « Écoutez-le ».
« Écoutez-le, car il a les paroles de la Vie Éternelle » commente saint Jean Damascène en se
référant à un verset de l’Évangile selon saint Jean.
Les chrétiens d’Orient ont célébré très tôt la fête de la Transfiguration comme un événement
central de la révélation. C’est, en effet, un événement trinitaire qui manifeste la divinité de Jésus «
la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9) ; il préfigure sa Résurrection ; il nous
révèle la glorification à laquelle nous sommes nous-mêmes appelés par la grâce de Dieu ; il
annonce la transfiguration finale de tout le Cosmos.
Les chrétiens occidentaux qui l’ont introduite plus tardivement dans leur Liturgie en redécouvrent
toute la richesse de signification. Le Pape Jean-Paul II en a fait l’arrière-fond de son exhortation
apostolique Vita Consecrata en 1996, soulignant comment la contemplation du Christ en sa
Transfiguration peut éclairer notre vie de chaque jour, faite de grâces et d’épreuves : « les
disciples qui ont joui de l’intimité du Maître, un moment enveloppés par la splendeur de la vie
trinitaire et par la communion des saints, sont comme emportés dans l’éternité. Puis ils sont
soudain ramenés à la réalité quotidienne ; ils ne voient plus que ‘Jésus seul’ dans l’humilité de la
nature humaine et ils sont invités à retourner dans la vallée, pour partager ses efforts dans la
réalisation du dessein de Dieu et pour prendre avec courage le chemin de la Croix. »
Il l’a introduite dans le Rosaire comme mystère lumineux en 2002, écrivant dans sa lettre
Rosarium Virginis Mariae : « L’épisode évangélique de la transfiguration du Christ, dans lequel
les trois Apôtres Pierre, Jacques et Jean apparaissent comme ravis par la beauté du Rédempteur,
peut être considéré comme une icône de la contemplation chrétienne. »
La méditation de ce mystère peut nous faire entrer dans une connaissance de plus en plus
profonde de Dieu Trinité et de son dessein d’amour pour nous.
Abbaye Notre Dame Venière. 71700
C.
- Chaque année, le deuxième dimanche de carême nous fait relire l’un des trois récits de la
Transfiguration dans les évangiles ; je ne m’attacherai donc ici qu’à un aspect de ce texte de
Marc, un aspect un peu surprenant, il faut bien le dire : pourquoi cette consigne du secret donnée
par Jésus à ses disciples : "Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant
que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts." ?
Tout d’abord, qu’ont-ils vu ? Jésus leur est apparu ici en gloire sur une montagne entre deux des
plus grandes figures d’Israël : Moïse le libérateur, celui qui a transmis la Loi ; et Elie le prophète
de l’Horeb. Nous qui connaissons la fin de l’histoire, si j’ose dire, nous savons (ce que les
disciples ne savent pas encore) que, quelque temps plus tard, Jésus sera sur une autre montagne,
crucifié entre deux brigands.
Jésus, lui, sait bien que la plus grande difficulté de la foi des apôtres sera de reconnaître dans ces
deux visages du Messie l’image même du Père : "Qui m’a vu a vu le Père" dira Jésus à Philippe la
veille de sa mort. (Jn 14, 9). Je crois qu’on a là une phrase-clé du mystère du Christ.
Car ces deux images, la gloire et la souffrance, sont les deux faces du même amour de Dieu pour
l’humanité ; comme dit Saint Paul dans la lettre aux Romains, l’amour de Dieu est "manifesté"
(rendu visible) en Jésus-Christ (Rm 8, 39). Et, à plusieurs reprises, Jésus lui-même a fait le lien