assimilant systématiquement les technologies occidentales et leur savoir faire. Voilà pour
quoi les japonais se sont mis à se développer, à s’industrialiser et pourquoi ils ont réussi
sur le plan économique. Les autres pays asiatiques sont dans une situation pas trop
éloignée de celle du Japon.
Toutefois, au plan strictement technique et schématiquement, toute croissance
économique est le produit des politiques publiques qui doivent réaliser une combinaison
optimale des déterminants que sont le travail, le capital, la technologie et les ressources
naturelles. De l’Ecole classique anglaise (A. Smith, Ricardo) jusqu’aux théoriciens
contemporains de la croissance endogène (Romer, Lucas, Barro) en passant par les
keynésiens (Keynes, Harrod-Domar, Kalecki, Hicks) et les néo-classiques (Solow, Von
Mises et Hayek), ces différentes théories enseignent que la réalisation des taux de
croissance les plus élevés est fonction du dosage des différents déterminants et du niveau
de productivité des facteurs (compétitivité). De nos jours, les variables de cette équation se
modifient. Le capital et les technologies circulent plus librement et les différences vont se
jouer principalement sur les avantages comparatifs des coûts de main-d’œuvre et la qualité
des infrastructures. Cette opinion est quotidiennement rappelée par le Président Abdoulaye
Wade.
A ces déterminants s’ajoutent d’autres pour constituer les bases des modèles de
développement économique et social. Si les variables quantitatives et mêmes qualitatives
sont bien connues, ce qui l’est moins, c’est la compréhension de leurs enchaînements, de
leur mise en œuvre, dans les politiques économiques appropriées. Dans le cas de l’Asie, le
modèle de développement asiatique et ses performances se fondent sur quatre préalables :
philosophiques et culturels, économiques, institutionnels et sociaux.
1) Les préalables philosophiques et culturels
Ces préalables sont au nombre de deux : d’une part le mode d’organisation sociale
inspirée de CONFUCIUS où l’individu acquiert son identité par son appartenance à la
famille, d’autre part et par extension à la société entière le respect de la hiérarchie dans
l’activité productive de même que le développement de l’esprit de solidarité et de groupe.
A y regardes de prés, ces valeurs ne sont pas étrangères aux africains. Les tentatives de
théorisation sur le communautarisme caractéristique du fonctionnement des sociétés
africaines le montrent assez largement. Les années 60 ont vu la production de plusieurs
recherches sur ces thème :le « Consciencism » de K. NKrumah, le « communaucratisme »
de L. Senghor et le « communalisme » de J. Nyerere. Pourquoi ces décideurs de premier
plan n’ont-ils pas pu traduire leurs idées en actions concrètes au service du progrès
économique comme cela a été fait en Asie ? Pourquoi n’ont-ils pas réussi à traduire le
travail de la communauté, par la communauté, pour la communauté en actions qui
combineraient salariat et bénévolat pour effectuer des tâches de développement comme :
organiser le travail productif collectif, aider et former la jeunesse, assister les personnes
dépendantes, embellir les cités et les rues, organiser les fêtes, grâce à un tiers secteur qui se
développe déjà dans les milieux associatifs, coopératifs et alternatifs.
Le second aspect du préalable concerne les relations sociales ramenées à une
relation hiérarchique : liens sociaux verticaux de supérieur à inférieur, plutôt
qu’horizontaux entre égaux. Cette relation fonctionne en Afrique mais avec une
organisation sociale à tendance égalitariste qui se matérialise par la destruction
systématique de toute velléité de formation de surplus pour empêcher la formation de
différenciation sociale par enrichissement matériel. Cela explique la persistance de ces
formes contemporaines de liquidation des surplus par son utilisation improductive dans les
multiples cérémonies familiales (naissance, mariage et mort, autres manifestations sociales
d’obédience religieuses).