Revue Médicale Suisse
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5 octobre 2011 1917
métrie du sourire progressivement dans les six mois après
le transfert du muscle. La finesse du muscle gracilis chez
l’enfant permet de conserver la symétrie faciale. A l’âge
adulte, le muscle est plus épais et une asymétrie de volume
est souvent observée. Le syndrome de Moebius est une pa-
ralysie faciale congénitale avec une absence bilatérale du
nerf facial. Dans ce cas, la réanimation au moyen du muscle
gracilis se fait en un temps avec une réinnervation immé-
diate sur le nerf masséter homolatéral (branche du V).10
De bons résultats sont également observés avec le
transfert du muscle temporal selon Labbé, avec l’avantage
d’avoir un effet immédiat. Le désavantage est l’innervation
du muscle par la branche motrice du nerf trijumeau, qui ne
peut en principe reproduire les mouvements spontanés
dépendant du VII. Cependant, grâce à la plasticité céré-
brale chez l’enfant et le jeune adulte, on observe souvent
des mouvements spontanés, probablement secondaires à
de nouvelles connexions entre les noyaux du V et du VII
controlatéral et au niveau cortical.12 Les résultats obtenus
avec ces techniques correspondent à un grade HB IV.
conclusion
La réhabilitation de la face paralysée reste un challenge
pour le chirurgien. La restauration complète et symétrique
des mouvements fins et spontanés n’est toujours pas pos-
sible, malgré un éventail de techniques microchirurgicales
complexes. Les synkinésies et les mouvements de masses
restent toujours un écueil qui sera peut-être maîtrisé grâce
à un meilleur contrôle de la repousse nerveuse à un niveau
moléculaire.
l’on n’observe pas de récupération au-delà de douze à
quatorze mois. Dans cette situation, la plaque motrice est
encore présente mais le nerf facial proximal n’est pas utili-
sable et la technique la plus souvent utilisée est l’anasto-
mose XII-VII, dont les meil leurs résultats s’observent lors-
qu’elle est réalisée dans les douze mois après l’apparition
de la paralysie. Dans la majorité des cas, les résultats ne
dépassent pas le grade HB III, qui peut être considéré comme
un bon résultat (figure 7).2,3 Chez les patients de plus de 70
ans, une myoplastie du muscle temporal est à considérer.
Paralysie faciale après une chirurgie de l’angle
ponto-cérébelleux
Dans cette situation, la partie proximale du nerf facial
n’est plus fonctionnelle. Lorsque le nerf est sacrifié pen-
dant l’intervention, on réalise immédiatement ou dans les
dix jours une anastomose hypoglosso-faciale. Si le nerf n’a
pas été coupé, un délai de douze mois s’impose avant une
anastomose XII-VII. L’alternative chez les patients âgés est
la myoplastie du muscle temporal.
Paralysie faciale de longue durée (> 3 ans)
ou congénitale
Dans cette situation, la plaque motrice, le nerf proximal
et le noyau du nerf facial ont dégénéré et ne sont plus uti-
lisables. Trois techniques sont applicables suivant l’âge et
la situation clinique :
• une suspension passive ;
• une myoplastie du muscle temporal ;
• un transfert du muscle gracilis microanastomosé.
Cette dernière technique est relativement complexe et
s’applique à des patients motivés puisqu’il faut attendre
un an et demi avant de voir les premiers résultats. Elle est
souvent réservée aux enfants et aux jeunes adultes.7,10-12
La myoplastie du muscle temporal est une bonne alterna-
tive chez les adultes même au-delà de 70 ans.
La paralysie faciale congénitale représente une situa-
tion particulière à cause de son impact sur le développe-
ment de l’enfant. En général, elle touche principalement
les muscles élévateurs de la commissure labiale et affecte
donc le sourire de l’enfant. L’occlusion palpébrale est en
général possible. L’enfant peut bénéficier d’une réanima-
tion faciale dès que l’on peut obtenir une collaboration, soit
vers l’âge de cinq ans. La technique de choix est la greffe
transfaciale suivie d’un transfert du muscle gracilis (figure 8).
Grâce à ses facultés d’adaptation, l’enfant récupère une sy-
Figure 7. Réanimation faciale G par une greffe XII-
VII après une chirurgie de l’angle ponto-cérébelleux
Figure 8. Réanimation d’une paralysie faciale congé-
nitale D par un transfert de muscle gracilis
Implications pratiques
Toute paralysie faciale, quelle que soit sa cause, doit bénéfi-
cier d’une prise en charge précoce par un physiothérapeute
ou une logopédiste formés à une technique bien spécifique
Une réanimation faciale chirurgicale doit être envisagée dans
une paralysie faciale persistant après dix mois et doit être
réalisée si possible dans les douze à quinze mois après sa sur-
venue
La paralysie faciale congénitale peut être traitée chirurgicale-
ment dès l’âge de cinq ans
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