CLÉMENT-CHARPENTIER Sophie
Ingénieur de recherche à l’EHESS, Groupe de géographie sociale et d’études urbaines
La protection de deux villes historiques d’Asie du Sud-est, Chiengmai et Luang
Prabang
Au moment où se pose à Qufu le problème de la requalification de la cité des Ming, on
se propose ici, pour mener une réflexion sur la protection du patrimoine urbain, de présenter
deux villes historiques d’Asie du Sud-Est, Chiangmai et Luang Prabang.
Ce sont, comme Qufu, des villes de taille moyenne fondées à des époques anciennes.
Toutefois ni l’une ni l’autre ne peuvent se targuer d’avoir accueilli un habitant célèbre. Aussi
n’ont-elles pas un temple omniprésent comme à Qufu, mais de nombreuses pagodes bien
conservées. A Chiangmai la ville était autrefois entourée de remparts dont il reste des
vestiges, et de fossés en eau encore existants. Ces structures matérialisent aujourd’hui la
forme carrée, régulière et orientée de la ville ancienne. A Luang Prabang la ville offre, en plus
de ses monuments, un tissu résidentiel bien conservé. Ses structures architecturales et
urbaines, inscrites dans un site exceptionnel, ont permis l’inscription de Luang Prabang sur la
liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour ces deux villes on examinera les politiques de conservation, les mesures
auxquelles celles-ci ont abouti, et les problèmes auxquels elles sont confrontées. Quelle
importance accorder aux mesures de protection face aux exigences des politiques de
développement, quelle place donner au tourisme, à la société locale, et comment diversifier
l’économie.
Chiangmai a adopté des mesures de protection qui étaient dans la ligne de la politique
nationale de conservation du patrimoine urbain. Luang Prabang a été protégé par des mesures
inspirées directement d’expériences étrangères, françaises en l’occurrence. Si dans les deux
villes les monuments religieux ont été préservés, il n’en est pas de même pour le tissu urbain
ordinaire. A Chiangmai, on a pu assister au processus classique de transformation des villes
asiatiques en cours depuis quelques décennies. En l’absence de règles de protection du bâti et
dans le contexte d’un développement économique rapide, le tissu résidentiel traditionnel a
disparu. A Luang Prabang, la mise en œuvre d’une politique de sauvegarde s’est opérée à un
moment où pour diverses raisons liées à l’histoire contemporaine du Laos, le tissu résidentiel
ancien était encore largement présent. Ces actions ont figé le tissu traditionnel, lui conférant
une authenticité très appréciée des Occidentaux, mais posant des problèmes aux populations
locales.