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En fin d'après-midi, il me reste un peu de temps pour profiter du beau temps à la plage, d'aller au
marché de fruits et légumes et de cuisiner quelques plats fançais pour le lendemain soir : ratatouille
et gratin dauphinois.
J4 mardi : Premier jour à l'hôpital universitaire de l'UFAL en médecine interne. Je suis censée suivre
un médecin hématologiste, bonne idée puisque j'aime l'hématologie. J'arrive à l'hôpital vers 8h15, la
visite commence tout en portuguais. Un étudiant dévoué José tente de me traduire les paroles du
néphrologue qui fait le tour des chambres. Une fois la visite terminée, il s'agit de discuter plus
sérieusement des différents patients, on se pose dans une grande salle de cours avec les étudiants,
les résidents (internes) et le médecin néphrologue. Durée estimée à 2 heures de cours de portugais,
c'est bien de comprendre que ça parle d'hématurie, de syndrome néphrotique et d'antibiotiques
néphrotoxiques mais c'est long ! Heureusement qu'après ça, un pot en l'honneur des Festas Juninas
nous attend (célébration des Saints Antoine, Pierre et Jean). On mange du maïs et des sucreries à la
cacahuète. Les étudiants sont tous très accueillants et me posent des questions sur les études de
médecine, la France. Je rencontre Léo le médecin hématologue très sympathique mais ne parlant
contre toute attente pas un mot d'anglais. Après ça, une étudiante me propose de voir une de ses
patientes atteinte d'un sarcome avec d'innombrables localisations dures comme du bois : une
énorme masse iliaque appuie sur le réseau lymphatique, elle se plein de sa cuisse et de sa jambe qui
ont triplé de volume et qui sont de plus en plus douloureuses. Pas étonnant quand on sait le temps
que la pauvre a attendu avant d'obtenir un rendez-vous pour une biopsie : plus de 4 mois ! Elle a 17
ans, elle est mariée et son pronostic est plus que sombre. Malheureusement je ne peux que lui
donner mon regard compatissant quand les larmes inondent ses yeux. Elle ne connait pas le nom de
sa maladie et ses parents préfèrent que cela reste un secret pour elle, ainsi que le pronostic afin
qu'elle ne perde pas espoir. Je suis très émue, décidément l'onco-pédiatrie n'est vraiment pas pour
moi !
Le soir, Samila qui m'accueille a proposé à ses amis étudiants en médecine à venir fêter mes 25 ans
sur le toît de l'immeuble près de la piscine, je goûte aux brigadeiros : des sucreries faîtes de lait
concentré sucré et de poudre de cacao cuits.
J5 mercredi : première journée en néonatalogie avec César un étudiant en médecine qui parle super
bien anglais. En effet, après la galère en médecine interne pour me faire comprendre, avec l'accord
des médecins, je décide de poursuivre mon stage en pédiatrie et plus particulièrement en
néonatalogie car c'est un service que je n'ai pas fréquenté en France. Je demande également si
possible de passer dans différents services pour voir un peu comment fonctionne un hôpital
brésilien. César me traduit tout ce que je ne comprends pas : ici les femmes qui viennent
d'accoucher se retrouvent en néonatalogie avec leur bébé si tout va bien après l'examen par un
pédiatre et un gynécologue après l'accouchement. On examine plusieurs nouveau-nés de quelques
heures, il m'apprend qu'au Brésil ils appliquent quasi systématiquement ce score particulier aux
bébés pour déterminer leur terme en fonction des plis plantaires, de l'aspect du pavillon de l'oreille
et des mamelons. Les mères sont très jeunes, 17, 18 ans parfois moins. C'est peut-être la raison pour
laquelle ce n'est souvent pas la mère mais la tante, la soeur, la grand-mère ou une amie proche qui
écoutent nos conseils et apprennent à faire la toilette du bébé, l'hygiène du cordon ombilical et du
périnée. Les mères semblent parfois desabusées, elles sont elles-même encore enfants, dorment
avec leur peluche.
Les étudiants brésiliens doivent préparer des power points sur des cours. Je trouve cette méthode
d'apprentissage très anglo-saxonne très intéressante et interactive car elle permet à l'étudiant de
s'impliquer beaucoup plus dans l'apprentissage du cours qu'il prépare. Aujourd'hui c'est le choc
septique du nouveau-né.
Le soir, nous allons fêter l'anniversaire du frère de Samila et Sanara : Sandro.