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Gwenaëlle AUGÉ
Faculté de médecine Paris Ile-de-France Ouest
RAPPORT DE STAGE
HOSPITALIER
DU 18 JUIN AU 13 JUILLET 2012
À MACEIÓ, ALAGOAS, BRÉSIL
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Année universitaire 2011/2012
SOMMAIRE
INTRODUCTION page 3
DESCRIPTION DU STAGE page 4
DESCRIPTION DE L'ACCUEIL REÇU À L'ÉTRANGER page 9
IMPLICATION DANS LE COMITÉ LOCAL DE SA VILLE page 10
REMERCIEMENTS PARTICULIERS page 11
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INTRODUCTION
J'ai effectué un stage de 4 semaines principalement dans un hôpital universitaire à Maceió, capitale
de l'état d'Alagoas au Brésil : du 16 juin au 13 juillet 2012. J'ai eu la possibilité de passer des
journées dans d'autres hôpitaux.
Ayant juste terminé ma 6ème année de médecine et passé l'ECN, j'étais très intéressée par la
possibilité de faire un stage à l'étranger avec l'IFMSA pour allier travail et plaisir.
Etant quelqu'un de curieux, motivé, rigoureux et indépendant, ce stage était une opportunité de
découvrir d'une façon assez ludique, comment les hôpitaux d'un pays si éloigné étaient gérés et
comment les médecins et les étudiants se répartissaient le travail quotidien. De plus cela me
permettait de mettre en pratique de nouveau les connaissances que j'avais acquises et de les
confronter aux méthodes de travail du pays. Evidemment faire un stage à l'étranger doit s'inclure
dans la découverte du pays dans lequel on est, ses habitants et leur culture !
En tant que futur Docteur en médecine, j'ai toujours pensé qu'il était fondamental d'acquérir des
connaissances sur les politiques de santé, les façons de travailler, la relation médecin-patient et en
tant que citoyenne du monde, je pense sincèrement que de nos jours les personnes ont la possibilité
d'être plus proches les uns des autres que jamais. Cela signifie que l'on peut être amené à voyager et
à être confronté dans son travail à des patients et des spécificités propres à différents pays.
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DESCRIPTION DU STAGE
J1 samedi soir de mon arrivée, accueil dès l'aéroport par des étudiants en médecine qui m'emmènent
me détendre un peu dans un bar appelé Coconut avec des groupes qui jouent de la musique locale :
du forró (nom provenant de l'anglais « for all » pour une danse que tout le monde peut s'approprier
rapidement), de la pagode ou de la samba...
J2 dimanche : marche le long des belles plages de Maceió, dégustation de tapioca le soir ; une crêpe
de manioc garnie de noix de coco et de fromage de vache frais et quelques caïpirinhas comme une
vraie touriste. J'apprends que les locaux préfèrent les caïpiroskas à base de vodka aux caïpirinhas à
base de cachaça ; l'alcool de canne à sucre.
J3 lundi : premier jour de stage à l'hôpital "HGE" pour hôpital général d'état offrant des soins
d'urgence générale : gros choc émotionnel ! Ca sent très mauvais. Premières choses qui frappent :
l'odeur et le nombre de patients étendus dans tous les coins qui hurlent de douleur, crachent par
terre, saignent, vomissent directement sur le sol, meurent sous les yeux des médecins et des autres
patients. On intube à tour de bras, les mouches volent, il existe une agitation permanente, un bruit
de fond intense et pourtant toute l'équipe médicale semble détendue. Pas de précipitation comme si
un tri naturel devait se faire parmi les malades...
Un tour dans l'unité de soins intensifs pour étudier le dossier d'un patient qui convulse sous
neuroleptique (Haldol), fort intéressant de voir que le malheureux séjourne là depuis presque un
mois sous ventilation mécanique via sa trachéotomie après avoir reçu une balle en pleine tête. Pas
de quoi s'affoler, cela arrive tous les jours et même de nombreuses fois, pas la peine non plus de
vouloir s'atteler à compter le nombre d'accidentés de la voie publique. Pas étonnant quand on voit la
façon de conduire des habitants de Maceió...
Chaos serait donc un mot un peu fort et négatif, je devrais certainement retenir cette impression de
fameux bordel !
L'atelier suture est ouvert : ici on recoud même les plaies palmaires profondes car la plupart des
patients ne peuvent pas se permettre d'attendre une exploration chirurgicale. Les moyens sont
limités, le matériel à usage multiple, le sterilium se fait rare et le papier pour se sécher les mains
part en lambeaux. J'oubliais : il pleut dans la salle via le ventilo et les brancards sont de vulgaires
tables en métal à roulettes.
On m'enseigne la « technique de guerre » pour recoudre avec un fil sans aiguille et une simple
aiguille creuse ; comprenez que lorsque le fil stérile sertis manque, il est plus économique de
récupérer les chutes de fil, de les passer dans l'aiguille creuse qui a préalablement été introduite
dans les berges de la plaie, et de secondairement ôter l'aiguille tout en veillant à ce que le fil reste en
place pour pouvoir faire le nœud.
Inutile de penser qu'une intimité avec le patient doit être respectée, en effet chaque salle de
consultation est le lieu d'éternels allées et venues de patients tous plus ensanglantés les uns que les
autres qui réclament des soins. C'est bien la première fois depuis ces quelques expériences de garde
aux urgences traumatologiques à Versailles où j'ai parfois dû soigner des SDF à l'hygiène plus que
déplorable, que je veille à ne toucher personne et que je note la saleté des gens...
A côté de ça, existe une salle de repos avec télé écran plat pour les guerriers qui tourne en boucle ;
où les étudiants tentent de réviser leurs cours entre chaque patient à suturer, où les chirurgiens
attendent un appel du bloc et où finalement il fait bon ne rien faire. Le calme après et avant la
tempête qui fait rage quasiment 24h sur 24 de l'autre côté de la porte.
L'activité ne cesse jamais surtout en période de fête où les hommes saouls ont pour habitude de se
battre avec des tessons de bouteille et pendant lesquels les enfants aiment lancer des pétards et feux
d'artifices : grandes causes de brûlures graves et d'amputations de doigts.
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En fin d'après-midi, il me reste un peu de temps pour profiter du beau temps à la plage, d'aller au
marché de fruits et légumes et de cuisiner quelques plats fançais pour le lendemain soir : ratatouille
et gratin dauphinois.
J4 mardi : Premier jour à l'hôpital universitaire de l'UFAL en médecine interne. Je suis censée suivre
un médecin hématologiste, bonne idée puisque j'aime l'hématologie. J'arrive à l'hôpital vers 8h15, la
visite commence tout en portuguais. Un étudiant dévoué José tente de me traduire les paroles du
néphrologue qui fait le tour des chambres. Une fois la visite terminée, il s'agit de discuter plus
sérieusement des différents patients, on se pose dans une grande salle de cours avec les étudiants,
les résidents (internes) et le médecin néphrologue. Durée estimée à 2 heures de cours de portugais,
c'est bien de comprendre que ça parle d'hématurie, de syndrome néphrotique et d'antibiotiques
néphrotoxiques mais c'est long ! Heureusement qu'après ça, un pot en l'honneur des Festas Juninas
nous attend (célébration des Saints Antoine, Pierre et Jean). On mange du maïs et des sucreries à la
cacahuète. Les étudiants sont tous très accueillants et me posent des questions sur les études de
médecine, la France. Je rencontre Léo le médecin hématologue très sympathique mais ne parlant
contre toute attente pas un mot d'anglais. Après ça, une étudiante me propose de voir une de ses
patientes atteinte d'un sarcome avec d'innombrables localisations dures comme du bois : une
énorme masse iliaque appuie sur le réseau lymphatique, elle se plein de sa cuisse et de sa jambe qui
ont triplé de volume et qui sont de plus en plus douloureuses. Pas étonnant quand on sait le temps
que la pauvre a attendu avant d'obtenir un rendez-vous pour une biopsie : plus de 4 mois ! Elle a 17
ans, elle est mariée et son pronostic est plus que sombre. Malheureusement je ne peux que lui
donner mon regard compatissant quand les larmes inondent ses yeux. Elle ne connait pas le nom de
sa maladie et ses parents préfèrent que cela reste un secret pour elle, ainsi que le pronostic afin
qu'elle ne perde pas espoir. Je suis très émue, décidément l'onco-pédiatrie n'est vraiment pas pour
moi !
Le soir, Samila qui m'accueille a proposé à ses amis étudiants en médecine à venir fêter mes 25 ans
sur le toît de l'immeuble près de la piscine, je goûte aux brigadeiros : des sucreries faîtes de lait
concentré sucré et de poudre de cacao cuits.
J5 mercredi : première journée en néonatalogie avec César un étudiant en médecine qui parle super
bien anglais. En effet, après la galère en médecine interne pour me faire comprendre, avec l'accord
des médecins, je décide de poursuivre mon stage en pédiatrie et plus particulièrement en
néonatalogie car c'est un service que je n'ai pas fréquenté en France. Je demande également si
possible de passer dans différents services pour voir un peu comment fonctionne un hôpital
brésilien. César me traduit tout ce que je ne comprends pas : ici les femmes qui viennent
d'accoucher se retrouvent en néonatalogie avec leur bébé si tout va bien après l'examen par un
pédiatre et un gynécologue après l'accouchement. On examine plusieurs nouveau-nés de quelques
heures, il m'apprend qu'au Brésil ils appliquent quasi systématiquement ce score particulier aux
bébés pour déterminer leur terme en fonction des plis plantaires, de l'aspect du pavillon de l'oreille
et des mamelons. Les mères sont très jeunes, 17, 18 ans parfois moins. C'est peut-être la raison pour
laquelle ce n'est souvent pas la mère mais la tante, la soeur, la grand-mère ou une amie proche qui
écoutent nos conseils et apprennent à faire la toilette du bébé, l'hygiène du cordon ombilical et du
périnée. Les mères semblent parfois desabusées, elles sont elles-même encore enfants, dorment
avec leur peluche.
Les étudiants brésiliens doivent préparer des power points sur des cours. Je trouve cette méthode
d'apprentissage très anglo-saxonne très intéressante et interactive car elle permet à l'étudiant de
s'impliquer beaucoup plus dans l'apprentissage du cours qu'il prépare. Aujourd'hui c'est le choc
septique du nouveau-né.
Le soir, nous allons fêter l'anniversaire du frère de Samila et Sanara : Sandro.
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