Si la définition, le choix des contenus peut changer, c'est de fait pour répondre aux besoins et
en prenant en compte les possibilités des élèves, en effet, les ressources "moyens dont
dispose un individu, pour réaliser une activité" (Ph. MEIRIEU Enseigner, oui mais
comment ? 1987) doivent orienter les choix de l'enseignant vers les conditions accessibles à
l'élève, ainsi que la tâche dans laquelle il pourra s'exprimer, la différenciation pédagogique
prônée dans les I.O. a ici sa place, ainsi dans une situation de course de durée, un élève
corpulent, qui s'essouffle vite se verra proposer une tâche plus facile (plus courte, plus lente)
ce qui n'exclue pas d'y inclure les mêmes exigences de régularité que pour un autre qui
pratique cette activité régulièrement.
Par ai1leurs, il nous semble que les contenus doivent avoir un sens pour l'élève, répondant à
une attente, permettant de répondre à une question, à un problème qu'il se pose. Ainsi,
organiser une tâche en volley ball, dans la situation précédemment citée, en obligeant un
renvoi- en trois touches, parce que le volley ball dans certaines conditions propose cette
organisation aura peu de sens pour nos élèves, préoccupés par renvoyer ou conserver.
Comme nous venons de le voir, la mise en œuvre des contenus s'opérationnalise aux travers
des situations d'apprentissage organisées par l'enseignant, "l'élève apprend en se confrontant
au milieu agencé par l'enseignant" (J. MARSENACH opus cité), par ailleurs, P. GOIRAND
fait remarquer que si 1"enseignant doit faire des propositions qui s'adressent à tous les
élèves, il doit aussi viser au développement optimum de chacun. Et de fait, face à des
besoins différents, il nous faudra essayer de proposer des situations différentes. Par ailleurs,
les conceptions avec lesquelles un élève aborde l'apprentissage sont souvent elles-mêmes
diverses. ASTOLFI DEVELAY parlent "d'un déjà là conceptuel qui sert de système
d'explication efficace et fonctionnel pour l'apprenant" (La didactique des sciences 1989). Il
s'agit donc d'essayer de prendre en compte cela, pour éventuellement le remettre en cause,
voire le nier ; l'exemple d'une équipe d'élèves qui va jouer obstinément en trois passes au
volley-ball parce que c'est comme ça qu'on joue, alors qu'elle marque plus de points en
faisant des échanges plus courts ou des renvois directs illustre bien notre propos, ceci nous
fait dire comme 1'écrit A. GIORDAN "On connaît grâce à, à partir de, avec nos savoirs
antérieurs et en même temps on apprend contre ces derniers" (La construction des savoirs,
vers un modèle allostérique 1987)
Actuellement et cette orientation est reprise par J. MARSENACH, la mise en place de
situations de résolution de problèmes semble, une voie intéressante, bien que non exclusive,
dans la mesure où elle va permettre de rendre l'élève acteur de ses apprentissages. En effet,
la construction de celles-ci centrée autour d'un obstacle à franchir doit mettre l'élève en
situation de construire ses propres stratégies "suite d'opérations à réaliser par le sujet pour
parvenir à un apprentissage stabilisé" (MEIRIEU Apprendre, oui mais comment ?). Ainsi,
dans une tâche en escalade, sur un mur, des élèves qui ont tendance à grimper avec les bras
se voient dans l'obligation de franchir une zone large, qui nécessite de s'organiser d'abord au
niveau des jambes ; dans ce type de situation, l'enseignant est en retrait, il observe, il va
pointer les difficultés, relever des points positifs, des stratégies prometteuse, favoriser le
questionnement, les échanges entre les élèves, guider, exercer "une activité de tutelle" pour
reprendre l'expression de J. BRUNER, A. GIORDAN qualifie alors l'enseignant
"d'organisateur de l'apprentissage, de médiateur entre l'élève le savoir et l'environnement
éducatif" (opus cité).
Il nous semble que cette forme de mise en œuvre peut participer à1a constructions des
savoirs tels qu'ils sont définis par les I.O., savoirs qui, nous en faisons l'hypothèse, seront
réinvestissables ultérieurement parce que l'élève y est acteur, parce qu'il apprend à faire un
projet d'action. Or, on peut penser que la gestion de la vie future passe par des choix
pertinents face à des situations inhabituelles. En effet, si "gérer c'est comparer les possibilités
personnelles aux possibilités situationnelles" (P. FRIARD) dans l'optique envisagée par les
I.O., il nous paraît essentiel de mettre régulièrement les élèves dans ce type de situation. La
reproduction de gestes de réponses, si elle peut permettre d'aboutir après répétitions à
l'acquisition d'habiletés spécifiques ne favorise cependant pas les choix stratégiques, les
prises de décisions, ainsi, en sports collectifs la gestion d'alternatives au sein de situations
nous semble importante mais doit se faire dans le contexte en observant les évolutions, en
réalisant les mises en rapport entre moyen mis en œuvre et effets obtenus, afin de pouvoir
juger de la pertinence des décisions prises.
Notre réflexion nous amène maintenant au problème de l'évaluation en E.P.S.. La réponse à
celui-ci fut pendant très longtemps la prise de performance qui de fait, mettait en jeu la
morphologie, les aptitudes du sujet plus que ses apprentissages.
La conception actuelle de l'évaluation telle qu'elle est proposée dans le contrôle en cours de
formation est tout autre.