Structure interne des nerfs périphériques

publicité
SEMEIOLOGIE DES NERFS PERIPHERIQUES
Le système nerveux périphérique est constitué
- de fibres myélinisées : fibres motrices, fibres proprioceptives et fibres
extéroceptives pour la sensibilité épicritique discriminative (tact fin,
reconnaissance de dessins sur la peau)
- de fibres amyéliniques : sensibilité protopathique (thermoalgésique), et
majeure partie du systéme nerveux autonome
Les fibres motrices font partie de l’unité motrice qui comprend le motoneurone
situé dans la corne antérieure de la moelle (ou les noyaux moteurs des nerfs
crâniens dans le tronc cérébral), l’axone moteur qui sort de la moelle par la
racine antérieure (ventrale) correspondante pour innerver les fibres musculaires
de l’unité motrice
Les fibres sensitives partent de récepteurs spécifiques pour former les nerfs
sensitifs dont les corps cellulaires sont situés dans le ganglion rachidien
postérieur qui envoie l'information sensitive vers la moelle via la racine
postérieure (dorsale). Les fibres sensitives amyéliniques se terminent dans la
corne postérieure de la moelle et les fibres sensitives myélinisées
(proprioceptives et sensibilité épicritique) ont un prolongement « central » dans
les cordons postérieurs de la moelle pour se terminer au niveau du bulbe.
Les fibres proprioceptive 1A sont la voie afférente des réflexes tendineux
(monosynaptiques)
Le système autonome assure l'innervation du coeur, des vaisseaux, des viscères
et de certaines structures de la peau. Les afférences viscérales sont sensibles à la
mobilisation ou à la distension. Les fibres efférentes sont soit de type
sympathique avec un relais dans le ganglion autonome de la chaîne sympathique
à distance de l'organe à innerver, soit de type parasympathique avec un relais au
voisinage de la paroi des viscères.
Structure interne des nerfs périphériques
Les fibres nerveuses sont regroupées dans des fascicules où elles sont séparées
les une des autres par l’endonévre. Les fascicules sont entourés par le périnévre
et séparés les uns des autres par l’épinévre. Ces différentes structures peuvent
impliquées dans l’atteinte des nerfs périphériques y compris les vaisseaux
(visibles sur le schéma dans l’épinévre)
En microscopie électronique on voit que le nerf est constitué de fibres
myélinisées (gaine « noire » sur la coupe) entourant un seul axone par cellule de
Schwann et plus larges que les fibres amyéliniques regroupés à plusieurs pour
une seule cellule de Schwann. Les fibres myélinisées ont une conduction plus
rapides (saltatoire : d’un nœud de Ranvier à l’autre) que les fibres amyéliniques.
En électrophysiologie clinique de routine les vitesses de conduction sont
uniquement effectuées pour les fibres myélinisées.
Pour les fibres amyéliniques des tests plus sophistiqués (pas en routine) sont
nécessaire pour mesurer la conduction.
Pour le système nerveux autonome on dispose d’un certain nombre de tests pour
étudier les variations de la fréquence cardiaque et de la TA. En
électrophysiologie de routine on peut étudier la réponse cutanée sympathique.
Au cours d’une atteinte des nerfs périphériques on peut avoir une atteinte
axonale (neuropathies axonales) pouvant toucher tous les types de fibres
(myélinisées et amyéliniques) ou démyélinisante (neuropathies démyélinisantes
spécifiques des fibres myélinisées).
Les atteintes sévères entraîne une désintégration de l’axone et de la myéline :
c’est la dégénérescence Wallérienne.
-
Ce schéma d’atteinte de fibres myélinisées montre la différence entre l’atteinte
axonale avec dégénérescence distale (rétrograde avec souffrance du
motoneurone) et la démyélinisation pure de distribution multifocale sans
souffrance du motoneurone
Examen d’un patient atteint d’une neuropathie périphérique
interrogatoire : les signes fonctionnels.
Douleur : trajet, type, horaire
Trouble de la perception : objets dans les mains, sol sous les pieds.
déficit moteur : topographie, signes associés (crampes, fasciculations)
la rapidité d’installation des symptômes : aiguë en moins de 4 semaines,
subaiguë entre 4semaines et 2 mois ou chronique progressive (aggravation > 2
mois)
Les antécédents personnels (par exemple diabète : cause fréquente de différents
types de neuropathies, prise de médicaments neurotoxiques) et familiaux (autres
cas de neuropathie dans la famille) dans l’hypothèse d’une neuropathie
héréditaire
Examen
Une analyse méthodique (ascendante en cas de polyneuropathie longueurdépendante) et comparative est faite pour la force, l’atrophie, les sensibilités au
tact, à la piqûre, à la température, le sens de position du gros orteil et à la
vibration. Cette analyse doit permettre de systématiser le déficit en territoire
radiculaire, plexus, tronculaire ou plus diffus et symétrique ou non.
En cas d’atteinte des membres inférieurs un bon moyen d’évaluer un déficit
moteur est d’étudier la marche sur la pointe des pieds qui teste les loges
postérieures de jambe, sur les talons qui teste les loges antérieures de jambe et se
relever de la position accroupie pour la musculature proximale.
On précise les caractéristique trouble de la marche notamment un steppage par
déficit des releveurs des pieds ou une marche talonnante par ataxie sensitive.
Quantification des déficits
La motricité : atrophie et déficit moteur
L’atrophie est visible (parfois par comparaison avec l’autre côté lorsqu’elle est
unilatérale) et mesurable en utilisant des repères fixes (mètre souple de
couturière).
Le déficit s’évalue par un score moteur : score MRC de 0 à 5
0: pas de contraction
1: contraction sans déplacement segmentaire
2: déplacement du segment dans un plan horizontal
3: déplacement contre pesanteur mais sans résistance face à l'examinateur
4: déplacement contre pesanteur avec une résistance insuffisante face à
l'examinateur
5: résistance normale
La sensibilité : les signes subjectifs et objectifs ont été étudiés dans le chapitre
séméiologie des troubles sensitifs. Ils incluent les paresthésies, les douleurs,
l’ataxie (aggravée par la fermeture des yeux), l’hypo(an)esthésie vibratoire, la
perte du sens de position des articulations, l’hypo(an)esthésie tactile, la perte de
sensibilité à la piqûre, au chaud et froid
L’atteinte sensitive peut être quantifiée
Pour la piqûre et la vibration, la quantification se fait en fonction de l’extension
0: sensibilité normale
1: anormale à l'articulation interphalangienne distale
2: anormale à la cheville ou au poignet
3: anormale au coude ou au genou
4: anormale à l'épaule ou à la hanche
Pour la sensibilité discriminative par l’épreuve du compas de Weber à la
phalange distale de la face antérieure de l’index, en évaluant la distance
nécessaire à la perception de 2 piqûres
0: normale pour une discrimination < 4 mm
1: discrimination entre 5 et 9mm
2: discrimination entre 10 et 14mm
3: discrimination entre 15 et 19 mm
4: discrimination > 20mm
Pour l’ataxie on peut utiliser le Score d'ataxie
0: tient sur un pied les yeux fermés
1: station debout et marche normale les yeux fermés
2: station debout et marche discrètement altérées les yeux fermés, mais normales
les yeux ouverts
3: station debout et marche altérées les yeux ouverts
4: élargissement du polygone de sustentation à la station debout et à la marche
5: station debout et marche impossible sans aide
On étudie également
les réflexes (l’abolition est un signe en faveur d’une atteinte périphérique)
les paires crâniennes
On recherche
des signes de dysautonomie
- troubles de la sudation : anhydrose,
- du transit intestinal : diarrhée matinale, gastroparésie,
- du rythme cardiaque : bradycardie ou tachycardie inadaptée et de la
régulation de la pression artérielle : hypotension orthostatique,
- de l'accommodation pupillaire,
- des sécrétions lacrymales : xérophtalmie et gustatives : xérostomie,
- des fonctions sexuelles : impuissance et vésico-sphinctériennes
des troubles trophiques (maux perforants) en rapport avec la dysautonomie ou
une atteinte sensitive sévère
des ondulations musculaires au repos correspondant à des fasciculations et
souvent accompagnées de crampes ou des myokimies (grosses fasciculations
pouvant déplacer un segment de membre).
- On regarde l'aspect des pieds : pieds creux dans l’hypothèse d’une
neuropathie héréditaire et on recherche passivement des rétractions tendineuses.
Un tremblement peut être présent.
Examens paracliniques
Le bilan biologique dépend de la cause de l’atteinte nerveuse périphérique
L’examen électrophysiologique (ENMG) est l’examen complémentaire
incontournable lorsqu’une neuropathie périphérique est suspectée. Il inclue la
mesure (avec électrodes de surface) des vitesses de conduction nerveuses
motrices et sensitives et l’électromyogramme de détection à l’aiguille électrode.
En cas d’atteinte axonale les vitesses de conduction sont normales mais
l’amplitude des réponses musculaires dans l’étude des conduction motrices et
des potentiels sensitifs dans celle des conductions sensitives sont diminués.
L’examen de détection montre des tracés neurogènes (appauvris avec une
fréquence de battement élevée des potentiels enregistrés) et une activité
anormale au repos (potentiels de fibrillation)
En cas d’atteinte démyélinisante les vitesses de conduction sont ralenties, avec
au niveau des fibres motrices un allongement de la latence distale et en cas de
démyélinisation acquise (polyradiculonévrite) il y a des blocs de conduction.
On peut étudier la conduction proximale des fibres motrices dans la partie non
accessible à la mesure directe de la conduction en mesurant la latence de ce
qu’on appelle l’onde F. On peut aussi étudier l’arc réflexe monosynaptique par
la technique du réflexe H.
L’examen ENMG peut aussi apporter des informations supplémentaires par
rapport à la clinique concernant l’atteinte des fibres nerveuses et la topographie
en montrant par exemple une atteinte sensitive ou une diffusion de l’atteinte
neurogène dite infra-clinique (non détecté à l’examen clinique)
exemple : vitesse de conduction motrice du nerf médian : aspect de bloc de
conduction entre le poignet et le coude
La ponction lombaire est envisagée lorsqu’on suspecte une atteinte
démyélinisante inflammatoire où elle montre une hyperprotéinorachie, ou
lorsqu’on suspecte une méningo-radiculite pour rechercher une réaction
cellulaire lymphocytaire et réaliser sérologies et PCR dans le LCR.
La biopsie nerveuse est envisagée lorsque les autres examens (biologie, ENMG,
PL) n’ont pas permis de déterminer l’étiologie. Le nerf prélevé est un nerf
superficiel de la jambe soit le nerf sural ou la branche sensitive du musculocutané du membre inférieur avec prélèvement du muscle court péronier latéral
dans le même temps (des lésions peuvent intéresser à la fois le nerf et le muscle).
Le nerf est étudié en microscopie optique, électronique, et immunologie. Les
anomalies observées dépendent de la cause.
Formes topographique
1 Atteinte du neurone moteur ( 2éme motoneurone dans la corne antérieure) :
amyotrophie et déficit moteur pur. Ce déficit peut être symétrique ou
asymétrique, il peut être localisé à un segment de membre, à un membre, ou
atteindre plusieurs membres, la face, la langue. Cette atteinte regroupe toutes les
pathologies du motoneurone acquises aiguës (poliomyélite antérieure aiguë) ou
chroniques acquises ou héréditaires. Les réflexes tendineux sont abolis dans le
territoire musculaire atteint (interruption de l’arc réflexe sur le versant efférent)..
Dans la sclérose latérale amyotrophique il y a aussi une atteinte du 1er
motoneurone (syndrome pyramidal).
2 Atteinte du neurone sensitif (atteinte du corps cellulaire sensitif dans le
ganglion rachidien postérieur) appelée neuronopathie sensitive ou
ganglionopathie. Un exemple de forme localisée d’atteinte du neurone sensitif
est le zona avec douleurs à type de cuisson et perte de la sensibilité dans
territoire concerné (le plus souvent intercostal). Dans les formes diffuses
(maladies de système comme le syndrome de Sjögren, ou neuropathies
paranéoplasique accompagnant un cancer) le patient se plaint de douleurs aux
4 membres avec une perte de sensibilité à tous les modes. Le patient ne
reconnaît pas correctement la position des divers segments de membre, a des
troubles de la pallesthésie (reconnaissance de la vibration du diapason) et de la
perception de la température. Il ne reconnaît pas des objets placés dans ses
mains. Il peut également avoir un tremblement au maintien de position et est
ataxique au repos (signe de Romberg) et à la marche.
3 Atteintes radiculaires (atteinte des racines)
Le plus souvent il s’agit d'un conflit mécanique entre la racine et les différentes
structures du rachis, notamment le disque inter-vertébral (hernie discale) ou les
parties osseuses de la vertèbre (pédicule, massif articulaire)
L’atteinte est sensitive, ou/et motrice et ou/et végétative.
Les troubles sensitifs sont les plus fréquents et les plus marqués avec une
douleur la radiculalgie, qui est souvent le symptôme essentiel. Cette douleur
lancinante, diurne et nocturne, est majorée par les efforts (toux, éternuement). Il
s’y associe parfois une hypoesthésie dans le territoire radiculaire ou parfois par
une hyperalgie (anesthésie douloureuse). L’hypoesthésie est le plus souvent
limitée à la partie distale du territoire radiculaire.
Les troubles moteurs sont moins fréquents.
Les réflexes tendineux sont diminués ou le plus souvent abolis en fonction de la
racine atteinte.
Les troubles végétatifs lorsqu’ils sont présents comportent surtout des troubles
vasomoteurs (cyanose, trouble de la température et de la sudation), parfois des
troubles trophiques.
Devant toute atteinte radiculaire, il faut rechercher une atteinte de la moelle
entraînant un syndrome sous-lésionnel avec un syndrome pyramidal, des
troubles sensitifs et sphinctériens : syndrome radiculo-médullaire. Il peut aussi
s’agir d’une polyradiculite (atteinte de plusieurs racines), d’une méningoradiculite (exemple : maladie de Lyme).
Les examens paracliniques utiles sont l’électrophysiologie, qui précise la racine
atteinte notamment l'electromyogramme explorant les muscles lorsqu’il y a une
atteinte motrice et permet d’écarter d’autres diagnostics, les radiographies du
rachis, l’IRM et/ou le scanner centrés sur le territoire rachidien concerné, en
vérifiant toujours les niveaux sus et sous-jacents.
Atteintes radiculaires des membres inférieurs
Au niveau lombo-sacré
Radiculalgie L4 donne une cruralgie : douleur partant du pli de l’aine et
irradiant sur la face antéro-interne de la cuisse jusqu’au genou. Le déficit moteur
intéresse le quadriceps et les adducteurs (EMG). Le réflexe rotulien est aboli.
L’hypoesthésie souvent limitée à la partie interne de la jambe et du pied.
Radiculalgie L5 : douleur partant du bas du dos, allant de la fesse à la face
externe de la cuisse, à la face antéro-externe de la jambe, au dos du pied,
jusqu’au gros orteil. Le trajet de cette radiculalgie peut être tronqué et
s’interrompre plus haut. Dans la forme commune de sciatique le déficit moteur
est absent. Le déficit moteur, lorsqu’il existe, est un critère de gravité (sciatique
paralysante). Il touche moins le muscle jambier antérieur (tibial antérieur)
dépendant également de la racine L4, que les muscles extenseur du gros orteil
(long extenseur de l'halgus) et les péroniers latéraux. Il existe également un
déficit du tenseur du fascia lata, du moyen fessier et des muscles paravertébraux
de niveau L5 (EMG). Le déficit sensitif s’étend sur la face antéro-externe de la
jambe et le dos du pied jusqu’au gros orteil (où il peut se limiter).Cette atteinte
radiculaire ne donne pas d’anomalie de réflexe ostéo-tendineux.
Radiculagie S1 : douleur partant du bas du dos, passant dans la fesse et irradiant
successivement dans la face postérieure de la cuisse, le mollet, le bord externe
de la plante du pied. Il y a une abolition du réflexe achilléen. Le déficit moteur,
lorsqu’il existe ce qui n’est pas commun, intéresse les muscles jumeaux, soléaire
et plantaires internes (territoire du nerf tibial postérieur), biceps crural (territoire
du sciatique) et grand fessier (territoire du fessier inférieur). Les troubles
sensitifs intéressent uniquement le bord externe du pied.
Le syndrome de la queue de cheval : atteinte pluriradiculaire intéressant
l’ensemble des dernières racines de L2 à S3. Ce tableau doit être reconnu
rapidement car les conséquences peuvent en être sévères. Il comporte une
atteinte motrice globale des membres inférieurs avec paralysie, amyotrophie,
hypotonie, aréflexie, des troubles sensitifs subjectifs et objectifs avec des
douleurs, des paresthésies, une hypo ou anesthésie complète à tous les modes,
touchant surtout les zones péri-anale et génitale (anesthésie en selle) et enfin des
troubles génito-sphinctériens précoces.
Atteinte radiculaire des membres supérieurs
La douleur est appelée névralgie cervico-brachiale
Quelque soit le niveau il y a cervicalgies
Névralgie C5-C6, peu fréquente, entraîne une douleur allant du cou, à l’espace
inter-scapulaire, puis à la face antérieure du bras et en regard du brachio-radialis.
Le déficit moteur reste partiel pour les muscles biceps brachial et le deltoïde et
complet pour le muscle brachio-radial. Les réflexes bicipital et stylo-radial sont
diminués ou abolis.
Névralgie C7, la plus fréquente, donne une radiculalgie de topographie
postérieure au bras et à l’avant-bras. Les muscles extenseurs dépendants du nerf
radial (triceps, radiaux, extenseurs des doigts) sont partiellement déficitaires
ainsi que les muscles palmaires dépendants du médian. Le déficit sensitif siège
sur la face externe de l’avant-bras. Le réflexe tricipital est diminué ou aboli.
Névralgie C8 est rare. La douleur intéresse la face interne du bras et de l’avantbras. L’atteinte motrice intéresse les muscles court abducteur du pouce
dépendant du nerf médian, 1er interosseux dorsal et cubital antérieur (fléchisseur
ulnaire du carpe) dépendant du nerf cubital (ulnaire). Le déficit sensitif est situé
sur la face antéro-interne de l’avant-bras.
4 Atteinte des Plexus
associe une atteinte motrice et une atteinte sensitive dont la topographie dépend
du siége de la lésion.
Plexus brachial : l’atteinte du tronc primaire supérieur correspond à une
atteinte sensitive et motrice des racines C5 et C6, celle du tronc primaire moyen
à la racine C7 et celle du tronc primaire inférieur aux racines C8 et D1.
Plexus lombaire : l’atteinte donne un déficit à la fois du quadriceps, du psoas,
des adducteurs et une hypoesthésie dans le territoire fémoro-cutané et de la face
antérieure de la cuisse et de la jambe. Il y a une abolition du réflexe rotulien.
Plexus sacré : l’atteinte donne un déficit moteur des muscles postérieurs de la
cuisse, de la jambe et du pied. L'hypoesthésie de la face postérieure du membre
inférieur s'accompagne d'une hypoesthésie périnéale et péri-anale : anesthésie en
selle. Il y a abolition des réflexes achilléen, bulbo-caverneux et anal.
5 Atteinte tronculaire
La mononeuropathie est l’atteinte d’un seul tronc nerveux. Elle peut être
d'expression purement motrice ou sensitive ou les deux.
Principales mononeuropathies
Aux membres supérieurs
Le nerf médian (racines C8 moteur C6, C7 sensitif). L’atteinte la plus féquente
est le syndrome du canal carpien : paresthésies à type d'engourdissements et
picotements des 3 premiers doigts de la main avec recrudescence nocturne.
Parfois la douleur est ascendante (s'étend à la main voire à la face antérieure de
l'avant-bras). On peut reproduire ses symptômes au cours des manoeuvres de
Tinel (percussion sur la face antérieure du poignet en regard du trajet du nerf
reproduisant les paresthésies) et Phalen (hyperflexion prolongée du poignet
durant 1 minute reproduisant les paresthésies). L'hypoesthésie à la piqûre
intéresse la face palmaire des 1er, 2ème, 3ème doigts et face externe des 2 dernières
phalanges du 4ème doigt. Dans les formes avancées il peut s'y associer une
atteinte motrice avec une amyotrophie des muscles de l'éminence thénarienne et
un déficit moteur qui intéresse le court abducteur du pouce, et l'opposant du
pouce.
Le nerf ulnaire (cubital) (dépendant des racines C8 et D1) est atteint le plus
fréquemment au coude. Une douleur au coude et parfois à l'avant-bras voire à la
main s'associe à un engourdissement et une hypoesthésie du 5ème doigt et de la
moitié interne du 4ème doigt. L'atteinte motrice intéresse les interosseux (signe
de Froment), les deux derniers lombricaux, l'adducteur du pouce, le fléchisseur
du V et le fléchisseur profond des IV éme et V éme doigts et les muscles de
l'éminence hypothénarienne. Dans les atteintes évoluées on a une « griffe
cubitale »
Le nerf radial (dépendant des racines C6,C7>C5,C8) L'étiologie la plus
fréquente est la compression prolongée du nerf dans sa gouttière humérale au
cours de sommeil profond, la face postérieure du bras reposant sur une surface
dure. Cette compression conduit à un déficit des muscles extenseurs des doigts,
de la main (radiaux), du brachio-radial : main en col de cygne bras tendu. Le
triceps est épargné. Au cours de la préhension la main se met en coup de vent
cubital (latéro-flexion de la main vers le bord cubital). L'hypoesthésie, peu
fréquente, se situe sur la face externe et dorsale de l'avant-bras et de la main.
Aux membres inférieurs
Nerf fémoral (crural) (dépendant des racines L4>L3>L2) se traduit parfois par
une douleur ou cruralgie irradiant du pli inguinal à la face antéro-interne de la
cuisse. L'examen note une amyotrophie du quadriceps et une abolition du réflexe
rotulien inconstante (  radiculaire L4). Il existe par ailleurs une hypoesthésie
dans le territoire du nerf saphène interne à la face antéro-interne de la cuisse et
de la face interne de la jambe.
Nerf fibulaire (sciatique poplité externe) (dépendant des racines L5>L4>S1.
L’atteinte se situe le plus fréquemment au col du péroné avec une paralysie du
tibial antérieur (jambier antérieur), des extenseurs des orteils et une atteinte plus
discrète des péroniers (latéraux). Le pied tombe à la marche (steppage). Une
hypoesthésie est notable sur la face antérieure du coup de pied et antéro-externe
de la jambe dans sa partie inférieure. Causes les plus fréquentes : compression
prolongée (plâtre), alitement prolongé ou surtout station prolongée jambes
croisées ou en position accroupie
Nerf tibial (sciatique poplité interne) (dépendant des racines S1>L5>S2>L4)
l’atteinte est rare, ce nerf étant profond. Elle est le plus souvent conséquence de
traumatismes directs au creux poplité lors de fracture, de compression par un
kyste synovial ou une tumeur du creux poplité. Elle se traduit par une faiblesse
et amyotrophie des muscles du mollet et des muscles intrinsèques du pied. Le
patient ne peut marcher sur la pointe du pied. Le déficit sensitif est localisé sur
la face postérieure de la jambe, la face rétro-malléolaire du pied (nerf sural) et la
plante de pied. Le réflexe achilléen est aboli.
Tronc du sciatique (nerf grand sciatique) (dépendant des racines
L4,L5,S1>S2>S3) dans la fesse ou à la cuisse associe une atteinte du fibulaire et
du tibial. Une injection intra-musculaire fessière trop interne, une compression
ou un traumatisme direct en sont les principales causes.
6 Les mononeuropathies multiples (multinévrites) : atteinte simultanée de
plusieurs troncs nerveux. Les causes sont multiples notamments les vascularites
nécrosantes (périartérite noueuse)
7 Les polyneuropathies correspondent à une atteinte bilatérale, symétrique et
synchrone des nerfs périphériques. On parle de polyneuropathie lorsque les
4 membres sont atteints. Dans ce cas il peut s’agir soit d’une atteinte axonale
primitive (polynévrite) ou démyélinisante (polyradiculonévrite).
Une polyneuropathie débutant par les membres inférieurs est
habituellement axonale (polynévrite). Les signes sont distaux. Les réflexes
distaux sont abolis, en premier les achilléens. Lors de l'évolution, l'atteinte peut
devenir plus proximale, le processus lésionnel remontant progressivement
(dying-back neuropathie ou neuropathie longueur dépendante). Lorsque les
signes cliniques remontent au delà des genoux, on doit s'attendre à une atteinte
des mains, et lorsque l'atteinte des membres supérieurs remontent au delà des
coudes on doit rechercher une atteinte du tronc et de l'abdomen voire de la
calotte crânienne.
Polyradiculonévrite aïgue ou syndrome de Guilllain-Barré (SGB)
Le SGB est une polyradiculonévrite inflammatoire aigüe avec démyélinisation
segmentaire multifocale d'origine auto-immune.
La progression se fait en moins de 4 semaines.
Elle survient généralement dans les suites pour 2/3 des cas d'un syndrome
grippal, d'une gastro-entérite, d'une infection respiratoire supérieure ou tout
autre syndrome infectieux. Il a été rapporté des cas après vaccination.
Il peut conduire rapidement, parfois en quelques heures, à une tétraparésie
avec insuffisance respiratoire
On décrit classiquement 3 phases
La phase d'extension : elle dure par définition moins de 4 semaines.
Les premiers symptômes sont souvent des paresthésies des extrémités pouvant
intéresser la région péribuccale pouvant être accompagnées de douleurs
musculaires et rachidiennes.
Beaucoup plus rarement le début peut être une atteinte des nerfs crâniens
(surtout le facial), une ataxie ou encore une rétention urinaire.
une tétraparésie ascendante peut s’installer avec atteinte diaphragmatique
nécessitant le recours à une ventilation assistée.
Le risque d’atteinte respiratoire justifie une surveillance pendant toute la phase
ascendante. Les réflexes ostéo-tendineux peuvent être abolis à cette phase, mais
leur disparition est parfois plus tardive.
Les troubles sensitifs objectifs sont au second plan.
La phase de plateau
L'intensité du déficit est variable
La forme la plus grave est une tétraplégie avec atteinte respiratoire
Le nerf facial est le nerf crânien le plus souvent atteint.
Une atteinte des derniers nerfs crâniens entraînent des troubles de la phonation
et de la déglutition.
La sensibilité propioceptive est altérée dans 50 % des cas.
La sensibilité tactile et à la piqûre est moins souvent atteinte.
Les réflexes sont abolis durant cette phase.
L'atteinte du système nerveux végétatif est un signe de gravité.
Un oedème papillaire est possible (en rapport avec l’hyperprotéinorachie)
Cette phase est grevée d'un taux de mortalité allant de 1 à 10 % selon les séries.
La phase de plateau peut durer de quelques jours à quelques mois
La phase de récupération : la récupération est variable parfois avec séquelles.
Dans la majorité des cas guérison pas avant 1 an.
Les examens complémentaires
Le LCR montre un signe majeur : une dissociation albumino-cytologique avec
hyperprotéinorachie qui peut être retardée de quelques jours par rapport à la
clinique. Elle peut atteindre quelques g/l. En principe il n'y a pas de cellules dans
le liquide mais une réaction cellulaire est possible avec maximum 10 à
50 cellules par mm3.
L'examen électrophysiologique confirme le diagnostic. Il s'agit d'une
neuropathie démyélinisante avec allongement des latences distales,
ralentissement des vitesses de conduction et de blocs de conduction sur les nerfs
moteurs maximales entre la 3ème et la 4ème semaine
Dans les formes graves, il peut s'installer rapidement une perte axonale de
mauvais pronostic.
Téléchargement