1 FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE VERSU ENTIER DE SERMANU Présentation sommaire Nom : versu entier de Cantu in paghjella cf annexe) Nom des personnes rencontrées: Chantres non confrères : Petru Guelfucci – Paul Mariani Région administrative : Département de Haute-Corse – Région du Bozziu et du Cortenais Type : versu entier de Sermanu Fonction : Offices (A) Identification et localisation (1) Nom des formes d'expression et de l'espace culturel Chant religieux populaire Messe de Vivants (Messa di i vivi): Introït, Kyrie Eleison , Gloria, Credo, Sanctus, Salutaris, Agnus dei, Cumunio, Tantum ergo, Dio vi salve Regina. Messe des Morts (Messa di i morti): Requiem, Kyrie, Dies Irae, Domine, Sanctus, Agnus dei, Lux aeterna, Libera me, In paradisu. Messe patronale de St Augustin : Iste Confessor Messe patronale de St Alexis: Messe des Vivants Processions, offices Rôle ou fonction des personnes rencontrées: chantres laïcs : Raphaël Imperinetti, Jacques Orsini, Paul Mariani, Petru Guelfucci, Petru Santu Guelfucci, , Michel Wojcik Turchini. (2) Coordonnées du lieu d'exercice de la pratique Eglise de Sermanu Ville : Sermanu Code postal : 20212 (3) Localisation générale Municipalité :Sermanu Région administrative : Département de Haute-Corse – Région du Bozziu et du Cortenais 2 (B) Description (1)Identification sommaire de la pratique Versu entier Cantu in paghjella religieux populaire Répertoire en latin et grec (2) Description de la pratique (cf annexe) Le cantu in paghjella est un chant d’hommes interprété a cappella qui se caractérise par l’’entrée successive de trois voix, l ‘agencement par tuilage, l’utilisation de l’ornementation, le respect d’un code comportemental, la singularité du versu Continuité de la pratique des anciens chantres (familles Guelfucci, Mariani, de Zerbi, Imperineti, Turchini) (3) Lieux d'exercice de la pratique Description des lieux et des installations : Eglise communale de Sermanu (messes des vivants et des morts) Chapelles patronales de Sant'Alesiu (17 juillet) et de Sant’Austinu (28 août). Veillées, processions, champs de foire (Sant du Niolu- 8 septembre) Nature du lieu : Religieux, profane Utilisé dans la transmission de la pratique : Fêtes patronale et communale, Semaine Sainte, Offices, veillées, processions, champs de foire. (4) Apprentissage de la pratique Mode d'apprentissage : Transmission orale, de maître à disciple Milieu d'apprentissage : La micro-région et les espaces de rencontres entre micro-régions (foires, fêtes) Durée de l'apprentissage : Fréquemment deux années Description de l'apprentissage : Des anciens aux plus jeunes 3 (5) Transmission de la pratique Description de la transmission: informelle Jusqu'en 1960: au sein et par les familles de chantres (Guelfucci, Mariani, de Zerbi, Imperineti, Turchini) par imprégnation, de bouche à oreille, lors des manifestations cultuelles ou/et festives. Depuis 1960: par certaines familles de chantres (Guelfucci, Mariani, Turchini) (C) Historique et généalogie de la pratique (1) Historique générale de la pratique Historique de la forme d'expression : L'origine historique du cantu in paghjella est hypothétique: la première mention d'une interprétation polyphonique date de 1735, lors de la Consulte d'Orezza. A cette occasion: le Dio vi salve Regina, chant monodique, a été interprété selon la technique du cantu in paghjella. Actualisation de la pratique : Réappropriation depuis 1970 par les générations de chantres à la suite de la disparition des confréries (années 1950). (D) Intérêt patrimonial et mise en valeur (1) Modes de valorisation Actions : Aucune politique publique mais des initiatives individuelles et associatives. Ateliers de chant du Centre de Musiques Traditionnelles de Corse (Corte) soutenu par la Collectivité Territoriale de Corse depuis 10 ans. Diffusion :Enregistrements sonores et audio-visuels des collectages Quilici (1948/1949), Laad (1956), Rohmer (1970) déposés à la Phonothèque du Musée d'Anthropologie de Corte. CD Voce di Corsica Polyphonies vol I 1994 - Ed Olici Music - Victoires de la Musique 1995 CD Voce di Corsica Polyphonies vol II 2005 – Edition Vocisula Tourisme : Informations par l'Office de tourisme de Corte: Cerémonie de la Semaine Sainte; Fêtes patronale et communale: Saint Alexis (17 juillet), Saint Augustin (28 août) (2) Mode de reconnaissance : CD Voce di Corsica Polyphonies vol I 1994 - Ed Olici Music - Victoires de la Musique 1995 4 (3) Mesures de sauvegarde Enregistrements sonores et audio-visuels: Collectage Quilici (1948/1949), Laad (1956), Rohmer (1970) déposés à la Phonothèque du Musée d'Anthropologie de Corte. Enregistrements privés épars et non déposés à la Phonothèque du Musée d'Anthropologie de Corte. (4) Documentation / éléments bibliographiques/inventaires déjà réalisés : Enregistrements : Musiques traditionnelles de Corse - Edition Messagera 1996 - Dominique Salini CD du commerce: CD Voce di Corsica Messe de sermanu – Ed Consul - 1978 CD Voce di Corsica Polyphonies vol I 1994 - Ed Olici Music - Victoires de la Musique 1995 CD Voce di Corsica Polyphonies vol II 2005 – Edition Vocisula (5) Données techniques d'inventaire Date d'inventaire : Mars 2008 Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Corinne Bartolini Support audio : Magnétophone Photographies : Fonds iconographique déposé au Musée d'Anthropologie de la Corse 5 ANNEXE DESCRIPTION DU CANTU IN PAGHJELLA La spécificité du cantu in paghjella repose sur sa technique, son contexte d’exécution et son mode de transmission oral. TECHNIQUE DU CANTU IN PAGHJELLA Le cantu in paghjella est un chant d’hommes interprété a cappella qui se caractérise par : I-a L’entrée successive de trois voix I-b L ‘agencement par tuilage I-c L’utilisation de l’ornementation I-d Le respect d’un code comportemental I-e la singularité du versu I-a L’entrée successive de trois voix Le cantu in paghjella se chante à trois voix qui entrent toujours dans le même ordre : a seconda (voix principale) commence, suivie par u bassu (voix de basse) et a terza (voix haute). Le son initial, toujours lancé par la voix de seconda, doit être parfait car c’est elle qui définit l’espace sonore dans lequel les deux autres voix vont pouvoir intervenir. I-b L’agencement par tuilage Le tuilage est le déplacement irrégulier des voix qui, par leur mouvements conjoints ou contraires de part et d'autre de la ligne mélodique portée et conduite par la voix principale (a seconda), provoque des échos au lieu de concourir à l'unisson. I-c L’utilisation de l’ornementation L'ornementation vocale du cantu in paghjella, a riccucata, est une inflexion mélodique autour de notes dites "de passage" qui permet aux autres voix d'entrer dans le chant. C'est essentiellement la singularité d'une ornementation qui identifie un praticien. I-d Le respect d’un code comportemental 6 Le cantu in paghjella exige un code comportemental lors de son apprentissage et de sa transmission. Comme les chanteurs ne disposent pas et ne veulent pas disposer des repères de la musique savante (le métronome, le diapason, la partition et le chef de chœur), l’œil, l’oreille et la bouche fonctionnent en circuit fermé. Comme la disposition en cercle devient la condition obligée à la réalisation harmonique, mettre la main à l’oreille est une façon pragmatique de mieux s’entendre et de créer une mini caisse de résonance. I-e La singularité du versu Même si le terme de versu n’a jamais été traduit en français par les praticiens et les ethnomusicologues, les praticiens s’accordent à dire qu’il est à la fois une « version mélodique » de textes identiques et la « carte d’identité » d’un territoire (villages de Rusiu, Sermanu, Orezza, Tagliu Isulacciu) et d’un individu appartenant à des familles de chantres (Rocchi, Moretti, Mattei, Mariani, Guelfucci, Bernardini).