Développement local : concepts, stratégies et benchmarking

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Direction Générale de l'intelligence économique, des Etudes
et de la Prospective
Ministère de l’Industrie, de la Petite et Moyenne
Entreprise et de la Promotion de l’Investissement
Direction Générale de la Veille Stratégique,
des Etudes Economiques et des Statistiques
Ministère de l'Industrie et
de la Promotion des Investissements
Efficacité
Compétitivité
Croissance
Série
Politique économique
et développement
Rapport n°1
Développement local :
CONCEPTS, Stratégies
et Benchmarking
Plan général du rapport
I. Introduction
II. Les approches dominantes
III. Les outils et composantes du développement
local
IV. La Gouvernance Locale
1ère contribution de MIPMPEPI au débat
sur la promotion du développement local en Algérie
V. Les différentes stratégies de développement
économique local
VI. Données d’expériences internationales
VII. Recommandations à caractère général
Document de travail n°33/DGVSEES/2011
Septembre 2011
Le développement économique local est le résultat d'une action
entreprise par de nombreux acteurs qui y contribuent. Les
ministères, les autres organisations du secteur public, les
administrations locales, les organisations quasigouvernementales et non gouvernementales et les organismes
privés contribuent tous à divers égards et par des apports
distincts à la promotion du développement économique local.
Fonds d’Equipement des Nations Unies
Développement local
Page 2
Préambule
En dépit de la divergence des thèses sur le développement local,
on s’accorde généralement sur la diversité des expériences, des
politiques et programmes mis en œuvre dans beaucoup de pays
et qui ont conduit à des résultats contrastés, marqués par
quelques échecs mais aussi certaines réussites intéressantes à
relever.
Pour appréhender la thématique du développement local, sous
un angle concret, le présent rapport procède à un benchmarking
et présente une étude comparative destinée à éclairer sur les
meilleures stratégies utilisées par d’autres pays dans le cadre du
développement local.
Ainsi, il ne s'agira pas d'appliquer telles quelles des recettes
reposant sur des théories économiques conventionnelles ou de
transposer simplement des expériences réussies, mais bien
d'entreprendre des démarches et adopter une approche
efficiente pour promouvoir le développement local en
Algérie.
Le présent rapport vise à relever, à partir des principes de base
de la décentralisation politique et économique, les acquis et les
difficultés des expériences menées par d’autres pays, les
comprendre, en tirer des leçons, et suggérer des pistes
d'amélioration pour notre pays.
Les approches de développement local sont très variées. Nous
limitons notre analyse à la vision face au développement local
économique.
Développement local
Page 3
SOMMAIRE
Préambule
3
SOMMAIRE ....................................................................................................... 4
Figures ................................................................................................................. 5
Introduction
6
Un contexte mondial favorable au retour du concept de développement local…6
Définition générale .............................................................................................. 7
Les dimensions d’un concept complexe.............................................................. 9
Les approches dominantes
10
Problématique.................................................................................................... 10
L’approche économique du concept de développement local........................... 10
L’approche géographique du concept de développement local ........................ 11
Les outils et composantes du développement local
12
Les principaux outils ......................................................................................... 12
Les composantes ............................................................................................... 12
La Gouvernance Locale
15
Le cadre général ................................................................................................ 15
Les interactions entre les acteurs ....................................................................... 16
Les contraintes ................................................................................................... 16
Le Triangle du développement local ................................................................. 17
Les stratégies de développement économique local
19
Approche participative de services d'appui aux entreprises : Business Development
Services (BDS) .................................................................................................. 19
L'approche en réseau & partenariat ................................................................... 20
Le Programme Leader ....................................................................................... 20
La démarche du Budget participatif .................................................................. 21
La Stratégie des bureaux du temps .................................................................... 21
Évaluation Participative des Avantages Compétitifs (PACA) .......................... 22
Données d’expériences internationales
24
France ................................................................................................................ 24
Canada ............................................................................................................... 25
Maroc ................................................................................................................ 25
L'Institut Marocain pour le Développement Local
26
Tunisie ............................................................................................................... 27
Inde .................................................................................................................... 28
La PRIA, les panchayats et la société civile
29
Etats – Unis d’Amérique ................................................................................... 30
Grande Bretagne ................................................................................................ 31
Pour finir …
32
… des recommandations à caractère général .................................................... 32
… et une conclusion générale ........................................................................... 34
Bibliographie ..................................................................................................... 35
Etudes, Ouvrages & Rapports
35
Sites Web
35
Développement local
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FIGURES
Figure 1
Le cercle vertueux du développement local............................................... 8
Figure 2
Cadre stratégique du développement local .............................................. 13
Figure 3
Le processus de transformation d’une communauté locale en
incubateur de l’entreprenariat .................................................................................... 13
Figure 4 Un cadre général de développment local ..................................................... 15
Figure 5
Bénéfices du Dialogue Public-Privé au niveau local ............................... 17
Développement local
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Introduction
UN CONTEXTE MONDIAL FAVORABLE AU RETOUR DU CONCEPT DE DÉVELOPPEMENT LOCAL…
Dans le contexte de crise économique actuel, la question du développement
économique local et des modalités de l'action publique pour l'encourager prend un
relief particulier, il est essentiel de réfléchir aux niveaux et aux modes d'action
territoriale les plus pertinents.
De nombreux États voient la décentralisation comme un moyen d’améliorer la
pertinence et la qualité des services et de répondre aux besoins et possibilités de
l’économie locale. Sachant qu’un nombre croissant d’acteurs locaux intervient non
seulement dans l’exécution, mais aussi dans la conception et le développement des
politiques de création d’emplois et d’inclusion.
Les profondes modifications de l'économie mondiale et notamment des formes que
prend la compétitivité renversent les modes de production: c'est désormais la
demande du marché qui est à l'origine de l'organisation de la chaîne productive. Le
maître-mot n'est plus la programmation mais la flexibilité, que les réseaux souples de
petites unités de production ou les pôles de développement intégré semblent mieux à
même de porter que les macro-unités. Quand la crise touche des régions dont
l'économie est caractérisée par la mono-activité, c'est tout le tissu social qui
s'effondre.
En réaction à ces données économiques, le développement local, c'est-à-dire la
recherche d'un équilibre local par le biais d'une certaine auto-suffisante qui s'appuie
sur la diversification et l'intégration des activités, peut être vu comme une réponse
efficace.
Face à des imperfections structurelles du marché et de la mondialisation et à leur
incapacité à régler l’ensemble des problèmes, nul ne songe à revenir à la
planification bureaucratique et centralisée, actuellement on va vers une
diversification des processus de décision collective et participative.
D’après plusieurs économistes, la crise amène à privilégier le plan local par
rapport au plan national. Le local s'approprie en quelque sorte le développement
pour en faire une pratique globale, une stratégie territoriale intégrée et durable.
Développement local
Page 6
DÉFINITION GÉNÉRALE
1. Le développement local est une stratégie de développement orientée vers
l'action qui valorise les potentiels locaux, mise sur les acteurs locaux et
la dynamique qui les anime, et interprète et tire avantage des
politiques gouvernementales et de l'aide externe.
Faisant appel à des valeurs comme la subsidiarité, la créativité et la solidarité,
cette stratégie implique le plus souvent un changement de culture à la fois de la
communauté, ainsi que du gouvernement central et des agences de développement
internationales.
Le développement local implique, entre autres, d’axer les efforts sur l’individu. La
personne est au centre du développement, il s’agit donc de renforcer le capital
humain (Vachon, 1993).
L’expérience montre qu’il existe une étroite interrelation entre la croissance
économique d’un pays, l’existence d’un cadre démocratique et les conditions de
développement des régions les plus pauvres des pays » (Carvalho, 1997).
L’État est un acteur majeur, surtout si son énergie est déployée au service des
collectivités, comment la personne peut-elle se développer et développer sa
communauté si l’État, qui est sensé la supporter et la protéger, ne fait rien ou pire,
réprime le développement de la personne? Adam Smith, le farouche défenseur de la
non-intervention étatique, insiste sur trois objectifs essentiels de l’État:
a) défendre les personnes et les biens nationaux contre les invasions, faire régner
l'ordre, le respect des contrats et des personnes,
b) créer et entretenir des ouvrages publics nécessaires comme les routes et les
phares, que l'initiative privée ne peut rendre payants pour elle-même,
c) enfin, veiller à des institutions comme l'instruction, pour pallier la stupidité
qu'engendre la répétition des tâches.
(Heilbroner, 1993)
Le capitalisme n'a pu se développer que grâce à une symbiose avec un État puissant
qui a laissé aux individus l'initiative économique (Heilbroner, 1993).
L’État est un acteur clé au même titre que l’entreprise privée, le secteur associatif,
l’éducation, bien que le développement local cadre nécessairement avec une
décentralisation administrative, l’État ne doit pas se départir de l’essentiel de ses
prérogatives, qui consiste à stimuler et arbitrer. (Joyal, 2000, p. 10).
Tel que défini dans la littérature, (Benko Georges, 2001; Greffe Xavier, 2002; André
Joyal, 2002; Mario Polèse, 1999; Luce Proulx 2002; de Bernard Vachon, 2003), le
développement local est un concept multidimensionnel, il englobe toutes les
dimensions d’une collectivité territoriale qu’elles soient économique, sociale,
politique, culturelle, physique ou administrative.
Développement local
Page 7
Le développement local met l’accent sur le potentiel des collectivités locales et la
dynamique qui anime leurs acteurs. En ce sens, c’est une façon unique de voir et de
faire le développement et il ne peut être réduit à une action strictement sectorielle
ou institutionnelle. Au même titre que le développement durable, le développement
local constitue davantage une approche de développement local qu’une théorie
économique.
Ainsi, on peut dire que le développement local est un processus grâce auquel la
communauté participe au façonnement de son propre environnement dans le but
d'améliorer la qualité de vie de des citoyens. Cette démarche nécessite une
intégration harmonieuse des composantes économique, sociale, culturelle, politique
et environnementale. La composante économique devient souvent une priorité vue
l'importance pour chacun d'être en mesure de gagner sa vie et de subvenir de manière
satisfaisante à ses besoins.
Le développement local, aussi appelé développement à la base, est un processus
utilisant les initiatives locales au niveau des petites collectivités comme moteur du
développement économique. Ainsi, le développement local est une stratégie de
développement utilisée dans plusieurs pays, orientée vers l’action qui valorise les
potentialités locales et les acteurs locaux, il réussit souvent là où l’État central a
échoué dans sa lutte contre la pauvreté.
La finalité du Développement local est de faire en sorte que les acteurs d’une
communauté locale puissent procéder de façon participative à l’élaboration de
plans locaux de développement en accord avec les grandes orientations du pays.
Figure 1
Le cercle vertueux du développement local
Développement local
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LES DIMENSIONS D’UN CONCEPT COMPLEXE
Au niveau terminologique, l'approche du développement local est aussi appelée
développement économique communautaire (DÉC), ce terme serait plus utilisé
aux États-Unis et au Canada.
L'approche du développement économique communautaire peut donc se définir
comme une approche globale de revitalisation économique et sociale de collectivités
qui réunit nécessairement quatre dimensions :
La dimension économique vise le déploiement d'un ensemble d'activités de
production et de vente de biens et services;
La dimension locale touche la mise en valeur des ressources locales d'un territoire
donné, dans le cadre d'une démarche partenariale tripartite où s'engagent les
principales composantes d'une communauté;
La dimension du développement économique communautaire se veut sociale et
politique. Elle vise la revitalisation économique et sociale d'un territoire en
intervenant au niveau de l'emploi, du logement, de la formation, de la santé et des
services sociaux. Elle cherche à favoriser la réappropriation de son devenir
économique et social par la population résidante. Il s'agit donc d'empowerment de
la communauté. Sur ce point, Bill Ninacs1 mentionne que « le DÉC est une
orientation stratégique que peut prendre une intervention auprès d'une
communauté plus défavorisée».
La dimension communautaire où la communauté est le centre d'intérêt de
l'intervention.
Le développement social fait référence à la mise en place ou au renforcement, au
sein des communautés et à l'échelle de la collectivité, de conditions permettant
d'une part à une société de progresser socialement, culturellement et
économiquement et, d'autre part, à tous les membres de cette société de participer
au progrès et de profiter de ses fruits.
Encadré 1
Empowerment
L’empowerment (terme anglais) réfère à la prise en charge de l'individu
par lui-même, de sa destinée économique, professionnelle, familiale et
sociale. La notion d'empowerment est à la mode, c’est augmenter le
pouvoir d'agir des personnes et des groupes. C’est comme son nom
l'indique, c’est le processus d'acquisition d'un « pouvoir » (power), le
pouvoir de travailler, de gagner son pain, de décider de son destin de vie
sociale en respectant les besoins et termes de la société.
1 Consultant au Réseau canadien de développement économique
Développement local
Page 9
Les approches dominantes
PROBLÉMATIQUE
Le succès d’une démarche de développement local dépend d’un certain nombre de
préalables qui sont regroupés sous trois volets, à savoir : 1- l’existence d’une
communauté locale, -2- le partenariat et -3-un climat propice à l’action.
D’un point de vue opérationnel, le développement local s’appuie sur des méthodes
qui mobilisent généralement trois principaux éléments :
1.
L’élaboration d’outils de production d’informations et de connaissances afin
d’identifier les ressources du territoire; (ex: diagnostic de territoire) ;
2.
la mise en place d’outils de concertation, de mobilisation et de coopération
entre acteurs visant à valoriser les ressources en question et, si nécessaire, à
en développer de nouvelles ; (ex : groupes de travail forums, etc.) ;
3.
L’élaboration et la mise en œuvre de projets grâce à un système plus ou moins
formalisé de gestion et de prise de décisions.
Il convient de noter que, d’une façon générale, le développement local relève d’une
orientation de nature politique dont découlent méthodes et actions, mais certains
travaux scientifiques, en économie et en géographie, permettent de justifier cette
approche d’un point de vue théorique.
L’APPROCHE ÉCONOMIQUE DU CONCEPT DE DÉVELOPPEMENT LOCAL
En économie, le concept de district industriel2 forgé par l’économiste britannique
Marshall à la fin du XIX siècle peut être considéré comme une base théorique pour
le développement local. En effet, ce concept qualifie la présence, au sein d’un
territoire de petite taille, d’une gamme de petites et moyennes entreprises
organisées autour d’un métier industriel, voire de plusieurs métiers, dont le
développement dépend des fortes relations qu’elles entretiennent entre elles et
avec les communautés locales. L’intensité de ces relations s’explique par le partage
d’une culture commune des relations économiques et sociales considérée comme une
ressource propre au territoire. Dans les années 1970, ce concept a été utilisé par des
économistes italiens (G.Becattini) pour décrire l’organisation industrielle de la
Troisième Italie (Italie du Centre et du Nord-Est). En France, cette analyse a suscité
l’intérêt de certains économistes qui ont proposé la notion de «systèmes industriels
2
La notion de district industriel désigne un ensemble industriel composé d'un grand nombre de
petites entreprises indépendantes les unes des autres qui sont spécialisées dans la même production et
qui, de façon combinée, permettent une production à grande échelle. Le concept a été développé par
Alfred Marshall à partir de 1890. Le terme est proche de la notion de cluster.
Développement local
Page 10
localisés» pour décrire l’organisation économique de territoires comme le Choletais
(textile). Afin d’élargir le champ de l’analyse aux autres secteurs économiques, ils
ont ultérieurement proposé la notion de «système productif localisé » (SPL).
L’APPROCHE GÉOGRAPHIQUE DU CONCEPT DE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Selon les défenseurs de cette théorie, c’est la notion de «milieu innovateur» qui
peut constituer une base théorique pour le développement local. Selon Philippe
Aydalot, pionnier de l'économie territoriale, il existerait des milieux plus ou moins
propices au développement selon la nature des relations que les entreprises
entretiennent avec leur territoire d’insertion. Un «milieu innovateur» est celui où
les entreprises développent des réseaux d’échanges et de coopérations et
mobilisent les ressources humaines et matérielles de leur territoire. Ainsi, la
notion de « milieu innovateur » permet d’analyser les facteurs de développement
économique d’un territoire.
Ces deux approches considèrent l’espace non pas comme un simple morceau de
sol mais comme un ensemble de rapports techniques, économiques ou sociaux,
plus ou moins riches en interactions et donnant lieu à des processus
d’apprentissages collectifs.
Développement local
Page 11
Les outils et composantes du développement local
LES PRINCIPAUX OUTILS
Les principaux outils du développement local sont :
l’aménagement du territoire qui définit les grandes orientations et fixe le cadre
de développement des zones;
une politique de décentralisation appuyée par la déconcentration des structures
de l’État;
la gouvernance locale définie comme l’ensemble des interactions entre les
acteurs d’une communauté locale (le secteur public, le secteur privé et la société
civile) orientées vers la définition d’un projet global commun et de projets
spécifiques de développement des collectivités;
la participation citoyenne qui s’exprime au sein des structures de gouvernance
locale;
le financement via la fiscalité nationale et locale et les agences internationales.
LES COMPOSANTES
Le développement local comporte deux composantes essentielles : une partie
structurelle et une partie socio-économique. La partie structurelle se rapporte aux
structures de gestion et de financement, c’est-à-dire aux structures décentralisées. Il
s’agit de la partie tangible du développement local. Quant à la partie socioéconomique, elle concerne les individus et l’interaction entre les différents acteurs
qui participent au développement local. La prise en compte des parties structurelle et
socio-économique est non seulement nécessaire, mais absolument fondamentale à
tout processus de développement local.
D’ailleurs, la réussite d’un tel processus en dépend et implique forcément de
concilier ces deux composantes, c’est ce qu’ont révélé plusieurs leçons tirées de
différentes expériences, notamment en Afrique.
Dans le cas algérien certains acteurs comme les associations professionnelles et
patronales et les bailleurs financiers sont appelés à jouer un rôle primordial sur
la scène du développement local. On qualifie ce volet spécifique du
développement local d’intangible3.
3
Il faut préciser que la partie socio-économique est surtout composée d’éléments intangibles comme :
le leadership, le sentiment d’appartenance, l’entrepreneurship, etc.
Développement local
Page 12
Figure 2
Cadre stratégique du développement local
Figure 3
Le processus de transformation d’une communauté locale en
incubateur de l’entreprenariat
Développement local
Page 13
Dans certains pays africains, la coopération internationale, qui œuvrait en
développement local, s’est surtout concentrée sur la décentralisation; les actions étant
principalement dirigées au niveau du gouvernement central et des structures
décentralisées. La partie socio-économique a été, dans ce contexte, en quelque sorte
occultée.
Cette démarche a produit des résultats assez mitigés eu égard au développement des
collectivités locales, et ce, même si celles-ci disposaient de structures décentralisées
opérationnelles.
Les bailleurs financiers ont donc mené des réflexions qui ont permis de dégager deux
grands enjeux pour les années à venir en matière d’appui international, dans le cas
spécifique de ces pays.
Le premier concerne les relations entre les acteurs à l’échelle locale qui sont
toujours problématiques et le deuxième, le développement économique qui avait
été laissé pour compte dans cette approche.
Développement local
Page 14
La Gouvernance Locale
LE CADRE GÉNÉRAL
Figure 4 Un cadre général de développment local
Le modèle suggéré comprend, les quatre éléments cités ci-dessous :
le patrimoine d’une communauté : Toutes les communautés, riches ou
pauvres, ont un patrimoine, c'est-à-dire des personnes, des valeurs, des
ressources, des entreprises, des institutions, etc. Se développer consiste à
enrichir en définitive ce patrimoine et à le partager.
la gestion du développement : réfère aux dynamiques communautaires, aux
processus d’accompagnement qu’une communauté enclenche, seule ou en
collaboration avec d’autres acteurs, pour piloter ses projets.
l’ensemble des initiatives et projets de développement : qui, quant à eux,
recouvrent toutes les activités productives ou non, dirigées vers l'amélioration du
patrimoine de la communauté ou de la gestion du développement local et
susceptible d'avoir un effet structurant positif sur la communauté.
Enfin, le développement local ne s’effectue pas dans un univers clos. Il est
affecté et évolue en interaction continuelle avec les autres communautés et
avec espaces régionaux, nationaux et internationaux qui l’entourent.
Développement local
Page 15
LES INTERACTIONS ENTRE LES ACTEURS
Dans une perspective de développement local, la gouvernance locale renvoie à
l'ensemble des interactions entre les acteurs d’une communauté susceptibles de
porter un projet global commun et des projets spécifiques de développement de leur
collectivité. On regroupe ces acteurs en trois grandes catégories :
1. le secteur public national et local ;
2. le secteur privé ;
3. la société civile.
Les autorités municipales, les ministères et les institutions nationales bien
déconcentrés, les associations de tout type, les coopératives et les entreprises
commerciales et de production en sont quelques exemples.
La gouvernance locale fait moins appel à l’autorité ou à la notion de structure qu’à la
synergie qui se crée entre les preneurs de décision d’horizons différents qui
collaborent à des projets ou des activités de la collectivité.
Dans les pratiques de développement local des pays riches, la gouvernance
locale est une condition incontournable. Toutefois, dans les pays en
développement, elle est souvent déficiente. Il devient alors difficile de faire du
développement local.
En réponse aux défis de la globalisation et d’une importance grandissante de la
décentralisation, plusieurs Etats dans le monde s’orientent de plus en plus vers les
stratégies de Développement Economique Locale (DEL).
Il s’agit de la promotion de la participation et d’un dialogue local, la mise en réseau
de la population et de leurs ressources afin d’améliorer la situation d’emploi et la
qualité de vie des citoyens.
LES CONTRAINTES
La stratégie de Développement Economique Local a pour objectif de stimuler
l'économie locale et régionale pour renforcer la compétitivité et la capacité d'emploi
des entreprises sur place.
Pour cela, les activités du DEL créent des opportunités d'échange d'expériences entre
la communauté des entrepreneurs et leurs associations professionnelles d'un côté et
l'administration et les structures d'appui locales de l'autre côté, comme les chambres
de commerce de chaque wilaya.
Des contraintes du développement de l'économie locale ont déjà fait l’objet de
plusieurs études, où on a pu identifier et regrouper les contraintes de l'économie
locale sous les thèmes suivants :
•
Environnement réglementaire local
Procédures administratives lourdes et lentes,
Méconnaissance des dispositions sur la fiscalité locale,
Développement local
Page 16
Coût élevé de la fiscalité,
Information insuffisante sur les marchés publics communaux,
Accès difficile au foncier et insécurité foncière pour les entreprises,
notamment dans les pays en voie de développement et les pays moins
avancés.
•
Fourniture de services aux entreprises
Absence d’informations économiques sur les entreprises existantes et les
créneaux porteurs,
Absence d’opportunités liées aux marchés publics communaux
notamment pour les PME locales,
Structures d’appui déficientes (en matière d’encadrement, d’information
et de financement),
Absence de guichet unique pour la formalisation des micros entreprises,
Absence de politique marketing,
Déficit d’infrastructures économiques et d’accès à la technologie pour les
entreprises locales,
Inadéquation de la formation des jeunes par rapport à l’emploi, et les
vrais besoins des communes.
LE TRIANGLE DU DÉVELOPPEMENT LOCAL
Tout effort de développement local implique nécessairement des acteurs privés et
publics. Le modèle de base d’un effort réussi en DEL implique un réseau et non
une organisation. Le DEL est basé sur la notion de réseau ou « Policy Network », à
savoir un ensemble d’acteurs issus aussi bien des milieux gouvernementaux que non
gouvernementaux. La raison en est que chaque acteur apporte une ressource
spécifique.
Figure 5
Bénéfices du Dialogue Public-Privé au niveau local
Benefices du Dialogue Public-Prive
au niveau local
Dialogue Public/Privé
é
Action concertee pour ré
éduire les contraintes a l’amelioration du climat des affaires,
stabilite et previsibilite de l’environnement reglementaire, confiance du secteur prive,
compé
étitivité
é locale accrue, croissance economique , reduction de la pauvrete
•Lé
égitimite politique
•Responsabilité
é pour la conception et
mise en oeuvre des actes reglementaires
•Ressources publiques
Mé
éfiance et conflits :
Mairie
•Connaissance de l’impact
des contraintes
•Ressources privé
ées
•Capacité
é d’agir rapidement
Secteur Privé
é
Spirale de contraintes administratives, couts plus élevés,
déclin de l’image de la localité,
diminution de l’activité économique, accroissement des inegalites
Développement local
Page 17
Du côté du secteur public, le pouvoir législatif et plusieurs branches de l’exécutif
local ou régional ont un rôle à jouer. Dans beaucoup de pays en développement, il
est encore fréquent de trouver des acteurs dans les deux secteurs qui ne sont pas
particulièrement adaptés à ces nouvelles tâches.
Les agences publiques manquent de financement, de personnel hautement qualifié,
sont excessivement bureaucratiques, etc. Quant aux organisations privées, en
particulier les chambres et les organisations professionnelles, elles manquent de
personnel, ne sont pas très professionnalisées, sont hautement politisées, offrent peu
de services à leurs membres, n’ont pas une mission claire etc.
Développement local
Page 18
Les stratégies de développement économique local
APPROCHE PARTICIPATIVE
SERVICES (BDS)
DE SERVICES D'APPUI AUX ENTREPRISES
: BUSINESS DEVELOPMENT
Dans cette approche de cycles de BDS, des conseillers/facilitateurs de services
d'appui aux entreprises procèdent à des entretiens avec des entreprises locales
sélectionnées, pendant un mois. Ils identifient leurs problèmes majeurs et discutent
des solutions. Ils élaborent un tableau d'analyse de situation et un plan d'actions de
cinq mois.
Plan d'actions sur 5 mois
Nom
Activité
Problèmes
identifiés
par le propriétaire
lui-même
Propositions d'actions
Initiative propre de
Support complémentaire
l'entrepreneur
du conseiller et d'autres
prestataires de services
Entreprise
1
Entreprise
2
Dans les cinq mois qui suivent, les conseillers/facilitateurs doivent mener des
activités pour la résolution des problèmes identifiés, 80% de leur travail ne consiste
pas à résoudre les problèmes par eux-mêmes, mais de faire des contacts et liens aux
prestataires de services capables de contribuer à la résolution des problèmes :
Contacter l'administration pour obtention de terrain, contacter les impôts en cas de
problèmes d'impôts, mettre l'entrepreneur en contact avec un centre ou agence de
promotion des exportations pour l'appui aux exportations et la participation aux
foires, contacter un centre de formation technique en cas de problèmes de
qualification du personnel de leur mise à niveau techniques, besoins en formation
complémentaire etc.
Après cette durée on aura des résultats concrets et des rapports semestriels des
conseillers/facilitateurs. Après un premier cycle pilote, les activités pourraient être
étendues avec plus de conseillers.
Approche expérimentée et évaluée au Mali, au Niger, au
Sénégal et en Tunisie.
Développement local
Page 19
L'APPROCHE EN RÉSEAU & PARTENARIAT
Au sein d'un territoire, l'approche en réseau se caractérise par le renforcement mutuel
des stratégies d'acteurs sous la forme de partenariats locaux.
Trois types de partenariats locaux peuvent exister:
1) un partenariat créé à l'initiative des personnes, individuellement. Participation
le plus souvent militante, généralement ancrée dans une identité très forte,
tissant peu à peu les bases d'une citoyenneté rénovée ;
2) un partenariat créé à l'initiative d'entreprises ou plus généralement
d'organismes professionnels qui revendiquent une place privilégiée dans les
décisions économiques ;
3) un partenariat public-communautaire contre la marginalisation sociale, ce
type de partenariat s'établit entre des associations à caractère communautaire,
des institutions de pouvoir local, des institutions gouvernementales et, dans
certains cas, des entreprises.
Dans un partenariat public communautaire, les associations conçoivent et
mettent en œuvre des programmes de développement social ainsi que des
opérations spécifiques en vue d'améliorer les conditions de certains
groupes sociaux ou de quartiers marginalisés.
En Europe, il existe des cas où des municipalités (communes) et des
associations font la promotion de ce type de partenariat.
Certaines municipalités mettent en place des «maisons d'associations» afin
de créer des réseaux communautaires et de faciliter la concertation avec les
autorités locales.
LE PROGRAMME LEADER
Apparu dans les années 1970-1980 et institutionnalisé à partir des années 1980-1990,
un nouveau modèle de développement territorial, fondé sur une démarche
ascendante, se diffuse dans l’ensemble des États membres de l’UE, sous l’effet de la
mise en œuvre des politiques communautaires.
L’originalité de cette stratégie consiste à orienter les efforts de développement
sur des projets conçus à l’échelle des communautés locales dans le but de
renforcer la capacité des acteurs locaux selon une approche «bottom-up ».
Cette initiative politique, fondée sur l’hypothèse du développement endogène, est
conçue sur un principe territorial et non une approche sectorielle. Son objectif
est de développer de manière ciblée les besoins, les capacités et les attentes de la
population locale ainsi que la valorisation des ressources locales de manière à
maximiser le produit des activités et à en retenir les bénéfices.
Développement local
Page 20
L’initiative LEADER doit également permettre la participation des acteurs locaux à
la conception de la stratégie de développement et à sa mise en œuvre, et la recherche
d’une maîtrise des conditions et des effets du développement par les populations
concernées (expérimentation d’une démocratie participative).
Encadré 2
Les programmes Leader 1 et 2
Décidée en 1991 au sein de la Communauté Économique Européenne,
l’initiative LEADER I (1991-1993) a permis de dynamiser des actions locales,
souvent novatrices pour le développement rural dans des territoires ruraux
ayant des difficultés structurelles, économiques et de croissance ou de maintien
de la population. Le programme LEADER II a pris le relais pour la période
1994-1999 et s’est orienté vers des actions nouvelles, plus ciblées au niveau des
territoires. La définition et le cadrage de leader II ont été révisés en vue de tenir
compte de thématiques plus originales et porteuses pour les projets et les
actions.
LA DÉMARCHE DU BUDGET PARTICIPATIF
Cette démarche est née au Brésil, le budget participatif est une méthodologie
d’élaboration, d’approbation et de suivi du budget municipal par l’ensemble de
la population. Si l’idée est aussi ancienne que celle de démocratie participative, sa
mise au point concrète et surtout sa mise en œuvre sont au départ le fait d’une
commune du Sud brésilien, la ville de Porto Alègre qui compte 1 300 000 habitants.
L’initiative a été prise il y a 12 ans lors de l’arrivée â l’exécutif municipal (au Brésil
l’exécutif et le législatif municipaux font l’objet d’élections séparées) du Parti des
Travailleurs (PT). La méthode a été améliorée.
Longtemps isolée, l’expérience de Porto Alegre est maintenant reconnue, au
niveau mondial, comme un modèle. Elle a même tellement attiré l’attention de la
communauté Internationale que la Banque Mondiale a organisé en 1999 un vaste
colloque â Porto Alegre qui lui a été consacré.
Ainsi, progressivement, l’idée du budget participatif est en train d’acquérir le
statut d’innovation majeure dans la gouvernance locale.
LA STRATÉGIE DES BUREAUX DU TEMPS
L’idée de bureaux du temps est née en Italie il y a une dizaine d’années. Leur
objectif découle d’un constat : chaque personne a â gérer dans sa propre vie des
temps contradictoires : le travail, la famille, la vie quotidienne, les loisirs.
Dans la gestion de ces temps elle se confronte en permanence aux rythmes des
autres, en particulier des services privés et publics : gardes d’enfants, bibliothèques,
commerces, transports en commun, services administratifs, lieux de loisirs, etc.
Développement local
Page 21
Ces rythmes se trouvent déterminés par les décisions d’un ensemble d’acteurs privés
(les familles, les commerces, les salles de spectacle, etc., et publics (transports en
commun, services publics, établissements scolaires, etc., qui sont tous des acteurs
autonomes dans leur décision.
Les services privés et publics ont en outre â articuler de leur côté les nécessités du
service et les besoins et revendications du personnel qui assure ces services. En règle
générale malgré l’extrême interdépendance de ces rythmes les uns par rapport aux
autres, il n y a pas d’espace formel de coordination entre eux.
Un bon exemple : si, dans une ville universitaire, l’ensemble des cours devait
commencer â la même heure â l’Université, il en résulterait la nécessité de mobiliser
â cette heure une flotte excédentaire d’autobus et de gérer les temps de conduite des
chauffeurs en fonction de deux heures de pointe très limitées.
L’idée des bureaux du temps est toute simple : la collectivité locale offre un
espace de dialogue, de concertation et d’élaboration possible de solutions plus
satisfaisantes pour toutes les parties.
En Italie, cela prend la forme de « tables quadrangulaires » associant quatre acteurs
: les habitants, les syndicats, les responsables des services publics, les responsables
des services privés.
Cette idée, née localement, se diffuse progressivement, la ville de Brême en
Allemagne a mis en place il y a quelques années un bureau du temps.
L’idée est en train de se diffuser en France, notamment par le biais de la
Délégation â l’Aménagement du Territoire et â l’Action Régionale (DATAR).
ÉVALUATION PARTICIPATIVE DES AVANTAGES COMPÉTITIFS (PACA)
PACA, une démarche développée par Mesopartner, partenariat de consultance
spécialisé en développement territorial, promotion des grappes d’entreprises et
développement des filières, pour démarrer ou réorienter des initiatives de
développement économique local.
Cette méthodologie a été appliquée avec succès dans de nombreux pays en
développement ou en transformation.
Les principaux objectifs de cette démarche sont :
•
•
•
•
la formation de praticiens dans le cadre du développement local ;
le développement d’instruments spécifiques, par exemple pour l’analyse des
grappes, l’analyse des filières, et l’analyse des obstacles créés par le
gouvernement aux entreprises,
le développement et la dissémination d’autres méthodologies et outils pour les
initiatives de développement économique régional et local,
le développement de concepts et d’outils innovants pour former les praticiens en
développement économique local et régional.
Développement local
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Mesopartner utilise d’autres démarches, entre autres :
la méthode RALIS (Evaluation Rapide des Systèmes Locaux d’Innovation). Tandis
que la technologie et l’innovation continuent d’être les préoccupations majeures
des acteurs locaux qui veulent créer un avantage localisé dans un monde globalisé,
les auteurs de cette méthodologie, estiment qu’il existe une forte demande
potentielle pour un outil tel que RALIS qui traite de l’obstacle le plus important pour
influencer les systèmes locaux d’innovation : la fragmentation entre les entreprises
locales, les agences et les organisations.
le Compas de la Compétitivité Locale, une approche de gestion de performance des
initiatives de développement territorial basée sur la « fiche de score équilibrée».
GENESIS, une méthodologie pour l’élaboration rapide et participative
d’interventions stratégiques pour une économie locale ou régionale.
Développement local
Page 23
Données d’expériences internationales
Pour mieux appréhender le cadre général du développement local, sous un angle
concret, nous avons passé en revue quelques expériences de différents pays du
monde entre autres les pays développés, pays émergeants et quelques pays arabe.
FRANCE
Depuis le milieu des années 1990, les États européens explorent de nouvelles
politiques d’aménagement et de développement des territoires, mettant l’accent sur
la mobilisation d’acteurs à l’échelon local pour élaborer des projets.
Le concept du développement local est apparu en France au milieu des années 1960
en réaction aux pratiques dirigistes de l’aménagement du territoire fondées sur des
logiques sectorielles de filière. Ainsi, la notion de développement local apparaît en
France au moment où certains acteurs prennent conscience que leurs pays n’a pas
bénéficié des grands courants du développement économique de l’après-guerre. Pour
eux, il s’agit alors de s’extraire de lois macro-économiques et d’orienter leur
destin selon des décisions prises localement avec pour objectif de mobiliser les
potentialités et les ressources de groupes sociaux et de communautés locales,
afin d’en tirer un bénéfice social et économique. Dans ce sens, le développement
local correspond à une critique du fonctionnement économique en faisant le constat
que toutes les collectivités humaines, tous les territoires, ne pourront pas remplir les
conditions d’une intégration à un fonctionnement économique national et
international.
Actuellement en France, l’approche en termes de développement local a été utilisée
par l’État dans le cadre d’actions menées au titre de l’aménagement du territoire4. Le
milieu rural bénéficie de plusieurs atouts y favorisant la localisation des activités
économiques. Il bénéficie d’une part de transferts d’activités en provenance des
zones urbaines. Il s’agit principalement d’activités industrielles qui n’ont plus
aujourd’hui leur place en zones urbaines (manque d’espace, coût trop élevé du
foncier, etc.)
En outre, en France comme ailleurs dans plusieurs pays de l’UE, on utilise le
programme Leader qui permet d’appuyer des projets de développement
territorial émanant des acteurs locaux des zones rurales.
Ce programme s’est concrétisée en 1970 par la mise en place du Plan
d’Aménagement Rural (PAR) par le ministère de l’Agriculture. Son objectif était
4
À titre d’exemple, on peut citer les financements mobilisés à partir de 1998 par la DIACT (exDATAR4) pour soutenir l’émergence et le développement de territoires.
Développement local
Page 24
d’élaborer, dans un périmètre restreint, par la concertation entre les élus, les
administrations et les responsables socioprofessionnels, des programmes de
développement multisectoriels qui permettent de coordonner les diverses
interventions publiques pour qu’elles concourent à un aménagement global.
CANADA
Le Québec comporte de nombreux experts en développement local tant dans les
milieux universitaires que dans les communautés locales, les universités enseignent
cette approche et les diplômes obtenus sont grandement reconnus sur le marché du
travail.
Les premières expériences structurées en matière de développement local remontent
aux années quatre vingt lorsque le gouvernement fédéral a mis sur pied, entre 1986 et
1991, des organismes que l’on appelle aujourd’hui les Sociétés d’aide au
développement des collectivités (SADC).
Parmi les principaux organismes canadiens qui assurent l’encadrement et le soutien
aux initiatives de développement local on peut citer :
•
les Centre locaux de développement (CLD) ;
•
les Corporations de développement économique et communautaire (CDEC) ;
•
les Centres locaux d’emploi (CLE) ;
•
les Sociétés de développement commercial (SDC) ;
• les Sociétés d’aide aux jeunes entrepreneurs (SAJE) ;
• les entreprises d’insertion ;
• les sociétés de développement économique (comme la société de
développement économique Ville-Marie ou le Forum économique de Verdun,
l’Association des cercles d’emprunt de Montréal, les Clubs de recherche
d’emplois, etc.
D’autres organismes et institutions offrent aussi des services spécialisés pour des
groupes sociaux spécifiques ou pour des secteurs spécifiques, et œuvrent
indirectement ou directement en développement local : le Réseau des femmes
d’affaires, le Carrefour liaison d’aide multiethnique (CLAM), l’Accueil liaison pour
arrivants (ALPA), les Services externes de main-d’œuvre (SEMO), les services
centraux de la Ville, et bien d’autres.
MAROC
La prise de conscience de l’ampleur de la pauvreté et de l’exclusion, notamment en
milieu rural, a permis l’émergence, depuis le début des années 90, de nouvelles
dynamiques de développement local dont témoignent :
• l’ampleur des programmes à caractère sectoriel ou intégré, menés par des
départements ministériels, en faveur de petites et moyennes localités ;
Développement local
Page 25
• l’adoption d’approches participatives impliquant les populations et les
élus locaux dans l’identification des besoins et la mise en œuvre des
projets à caractère local ; et
• le développement de relations de coopération impliquant des administrations,
des collectivités locales et des associations.
Le début des années 90 inaugure également l’apparition d’une nouvelle
génération d’associations, qui s’est fixé comme choix stratégique d’agir au
niveau local, contre l’exclusion et la pauvreté, et pour le développement de la
citoyenneté et le respect des droits humains.
A travers leurs actions sur le terrain, elles ont pu démontrer leur capacité d’agir
efficacement, de mobiliser la population et d’amener des acteurs locaux, nationaux et
étrangers à contribuer à la satisfaction de ces besoins.
Dans le cadre de ces dynamiques, des progrès ont été réalisés, des innovations et des
approches adaptées ont pu être mises en place. Il s’agit, en particulier, de réalisations
en matière d’infrastructures et de services sociaux et éducatifs de base, du travail fait
par des associations au moyen d’une approche participative.
Les exemples de partenariats entre les collectivités locales et les associations restent
relativement limités. Le partenariat entre l’Etat et les associations, tel qu’il est régi
par la circulaire du Premier Ministre de juin 2003, en est à ses débuts. Les
communes, sensées jouer un rôle moteur dans ces dynamiques, sont souvent
dépourvues de moyens, notamment en milieu rural.
L'Institut Marocain pour le Développement Local
L'action du développement local a connu, ces dernières années au Maroc, une
impulsion exceptionnelle due essentiellement à la multiplication des initiatives
locales entreprises par la société civile d'un côté, et renforcée par l'effort de l'Etat à
approfondir le processus de la décentralisation de manière progressive, d'un autre
côté, ce qui s'est traduit par la nouvelle Charte Communale en 2009. Charte qui a
octroyé aux institutions locales élues plus de pouvoir dans la gestion de leur
territoire.
C'est de là qu'est née l'idée de la création de l'Institut Marocain de Développement
Local (IMADEL), considéré comme un moyen pouvant participer, de manière
active, à la formulation de conceptions et à la réflexion autour des voies susceptibles
de transformer ses stratégies en des réalités concrètes, et ce, à partir de trois axes de
travail:
• le développement local demande la mise à disposition de toutes les
potentialités existantes dans le cadre d'un travail organisé et collectif dans
lequel la collectivité locale est considérée comme planificateur de la
complémentarité des rôles des partenaires locaux ;
Développement local
Page 26
• le développement local est une opération dynamique, interne, subjective et
continue qui ne peut être réduite en un projet unique, limité dans le temps et
l'espace. Elle entend mettre à jour des projets et des programmes intégrés à
plusieurs niveaux, dans le cadre d'une vision commune, partagée par les
acteurs locaux et confortée par les politiques nationales et régionales plus
efficaces ;
• le renforcement des institutions locales élues est axe primordial pour la
réalisation du développement local.
Le Maroc a mis en place des stratégies afin de renforcer des capacités des
acteurs communaux notamment par :
•
l’échange d’expérience entre les communes marocaines et les communes
internationales par le billet:
o Visites d’échange
o Réseaux par Internet
• promotion et renforcement des capacités des agents de développement des
communes partenaires ;
• formation des élus, et cadres communaux sur la planification, la gestion, le
suivi et l’évaluation.
TUNISIE
Un pouvoir décisionnel politique et économique, trop centralisé, ayant engendré un
déficit chronique de «bonne gouvernance» des affaires publiques nationales et
locales. Le déficit incriminé est encore plus visible et perceptible au palier régional et
local où l’autorité publique, nommée par l’Etat, agit sans être redevable de ses
décisions, actes et résultats.
Dans les localités tunisiennes, les pratiques autoritaires de management des
ressources (économiques, humaines, civiles…) l’ont tout le temps emporté sur le
comportement démocratique reposant sur la concertation et participation effective de
l’ensemble des acteurs institutionnels locaux aussi bien étatiques que civils.
Certes l’économie tunisienne est très performante, première économie africaine, elle
est classée, selon le dernier rapport du Forum économique mondial 2011-2012,
publié le mercredi 7 septembre 2011, en première position dans le TOP 10 des
économies africaines les plus compétitives 2011-2012, et ça malgré la crise
sociopolitique vécue par ce pays.
Néanmoins, il en résulte un développement économique ayant peu bénéficié à
l’ensemble des citoyens tunisiens et notamment dans des communautés rurales.
Le projet de mise en place de la démarche «DDD» «Dignité, Développement &
Démocratie», dans le cadre d’initiatives de coopération internationale décentralisée,
Développement local
Page 27
Tunisie-Union européenne, consiste à soutenir les forces vives civiles locales dans
leurs démarches de promotion d’un entrepreneuriat social et économique
générateur d’emplois aux jeunes chômeurs, notamment les diplômés de
l’université souffrant d’un chômage chronique, il a également comme but :
•
•
•
•
•
•
•
•
participation effective et démocratique des acteurs locaux, sociaux,
économiques et civils ainsi que les catégories sociales ciblées par l’action
«DDD» (jeunes chômeurs, femmes…), au cycle de projet (identification,
appréciation, financement et Suivi-Evaluation…) et à l’insertion sociale à
entreprendre en régions-cibles;
durabilité des impacts escomptés (emplois, projets…) de la mise en œuvre
des projets productifs et autres actions de développement socioculturel à
retenir pour financement «DDD»;
appui au travail autonome (métiers, services de proximité…);
valoriser le potentiel productif local (naturel, culturel, économique,
humain…) en misant sur les niches prometteuses pour l’entrepreneuriat
(tourisme vert et culturel, services de proximité, etc.) ;
capitaliser les savoirs, savoir-faire et qualifications professionnelles locales
dans des projets valorisant du statut des jeunes tunisiens, notamment en
régions prioritaires;
financer conjointement des projets à retentir en associant les sources de la
coopération internationale décentralisée (régions et villes de l’UE, ONG
nationales et internationales, etc.) ;
capitaliser les bonnes pratiques d’insertion de porteurs de projets dans le
circuit productif local ainsi que d’autonomisation des femmes (artisanes…) et
de soutien aux professionnels de métiers de proximité communautaire (santé,
services à l’enfance…) initiées et mises en œuvre par des institutions
publiques de développement communautaire en milieux rural et périurbain et
d’insertion;
capitaliser les travaux d’études territoriales et thématiques réalisées en vue
d’identifier des opportunités et créneaux d’affaires en région à entreprendre
par les jeunes diplômés.
INDE
Les souhaits les plus chers des Indiens, d’après une étude intitulée «La société civile
au nouveau millénaire» réalisée par la PRIA, (Centre international d’apprentissage
et de promotion de la participation et de la gouvernance démocratique), sont dans
l’ordre: la paix, l’éducation, la sécurité sociale et économique, la responsabilité
dans la société et la participation à la gestion autonome communale.
L’Inde est un pays d’une grande diversité, sa civilisation ancienne et riche a été
modelée par un mélange de forces géopolitiques, sociales, démographiques et
Développement local
Page 28
économiques, qui a produit une grande variété de traditions, de mouvements sociaux
et d’institutions.
La PRIA, les panchayats et la société civile
Dans le contexte du développement local en Inde, la PRIA, soutient des initiatives
axées sur le développement des gens, ce centre accroît la contribution de la
population locale à la gouvernance démocratique au sein de la société indienne.
Elle contribue également à faire du système de panchayati raj5 et des organismes
municipaux des institutions efficaces d’auto-gouvernance locale. Au cours des cinq
dernières années, la PRIA, le Réseau d’organisations pour le soutien régional
(Network of Collaborating Regional Support Organisations – NCRSO) et d’autres
partenaires de la PRIA ont entrepris d’intervenir de manière stratégique pour
renforcer les institutions du panchayati raj dans les douze États indiens. Un vaste
cadre d’action a été élaboré pour une intervention stratégique en Inde, ses principes
sont décrits ci-dessous :
1. Les institutions du panchayati raj doivent être considérées comme des
institutions d’auto-gouvernance locale. L’auto-gouvernance doit se fonder sur
une planification du bas vers le haut basée sur une micro planification.
2. Il convient de mettre en relief la participation active des femmes (et autres
groupes faibles) aux prises de décisions dans l’intention d’améliorer leur rôle
et leur situation et de les aider à obtenir des positions-clés dans le domaine de
l’auto-gouvernance locale.
3. Les interventions destinées à renforcer les institutions du panchayati raj
devraient se concentrer sur la formation, la promotion et l’autonomisation de
nouveaux dirigeants parmi les femmes,
4. Les institutions du panchayati raj devraient revendiquer leur accès aux
ressources naturelles et humaines ainsi qu’aux autres ressources de
développement disponibles auprès des gouvernements des États et du pays et
en réclamer le contrôle.
5. Renforcer les institutions du panchayati raj entraînera la mise au point de
leur rôle, des systèmes de gouvernance, de la responsabilité, de la
transparence et des liens existants.
La PRIA pense que seul un gouvernement local puissant, participatif, ouvert et
responsable est capable de répondre aux aspirations et aux besoins des gens. Les
institutions du panchayati raj doivent être soutenues grâce à des actions bénévoles
énergiques. Il faudrait aussi instaurer une saine coopération entre les organisations
communautaires et les panchayats. Enfin, les politiques gouvernementales devraient
viser à créer un environnement qui favoriserait l’action des institutions du panchayati
raj en tant qu’institutions d’auto-gouvernance énergiques et vigoureuses.
5
Le Panchayat raj ou système de gouvernement des panchayats désigne un système politique d'Asie
du Sud, notamment en Inde, au Pakistan et au Népal. Traditionnellement, il s'agit d'assemblées dont
le rôle est de régler des différends entre individus et entre villages. Aujourd'hui, le terme désigne
également le système de gouvernement local en Inde
Développement local
Page 29
ÉTATS – UNIS D’AMÉRIQUE
Le développement économique local se base essentiellement sur deux formes de
stratégies à savoir les incubateurs et le partenariat Entreprises-Elus locaux.
Les Incubateurs
Les incubateurs existent depuis une trentaine d'années dans le monde entier sans
recouvrir pour autant la même signification. Une chose est tout de même commune
pour tous, leur objectif : contribuer à la réussite des porteurs de projet de
création d'entreprise et en favoriser le développement. Aux Etats-Unis, le terme
« incubator » désigne les pépinières, le concept d'incubateur étant parfois traduit par
« innovation center » Apparus dans les années 60, sous le nom de « Business
Incubator », les incubateurs Américains désignent à la fois la structure d'appui avant
et après la création de l'entreprise. L'ancienneté de l'incubation et l'environnement
favorable à la création d'entreprise font des Etats-Unis un des pays le plus
important et le plus innovant en matière d'accompagnement à la création et à
l'innovation au niveau local et régional.
Aux Etats-Unis, les premiers incubateurs, issus d'initiatives locales avec des
financements publics locaux ou de l'Etat, ont été créés dans un souci de
développement économique local. Ce modèle est le plus pérenne à condition que
celui-ci bénéficie de fonds publics et de donations privées constantes.
Plusieurs tendances se dégagent au niveau des incubateurs de développement
économique local :
• Couverture du territoire, diversification
•
Sans but lucratif et soutenus par les collectivités
•
Intensification du rôle des universités dans le processus
•
Outils de sensibilisation et de développement de l'esprit d'entreprise
Ces deux derniers points nous amènent au modèle d'incubateurs dit «académiques et
scientifiques». Les incubateurs de cette catégorie sont au croisement de deux
politiques convergentes : l'innovation et l'entrepreneuriat.
Nés dans les années 80, c'est-à-dire un peu après les incubateurs de développement
économique, leur réussite a été progressive. Ils se concentrent dans les zones
géographiques qui font converger à la fois le capital risque, l'innovation, la recherche
et les entrepreneurs.
Les autres catégories d'incubateurs s'apparentent plus aux pépinières, avec des
prestations payantes.
Partenariat
Un bon exemple américain de ce type de partenariat est celui de la ville de
Philadelphie, où les 30 plus grandes entreprises se sont regroupées pour former
Développement local
Page 30
la Greater Philadelphia First Corporation afin de contribuer au développement
économique de l'agglomération.
Dans ce cadre, elles ont formé avec les élus locaux la Greater Philadelphia Economie
Development Coalition qui, largement financée par l'entreprise privée, est devenue le
principal lieu de coopération territoriale en matière de développement. La mise sur
pied de cet organisme visait trois objectifs:
1) attirer des nouvelles entreprises;
2) créer un environnement favorable aux nouveaux entrepreneurs;
3) trouver des solutions aux graves problèmes sociaux qui affectent les couches
sociales les plus démunies. L'expérience semble concluante: grâce à cet organisme,
le centre-ville de Philadelphie a été restauré et de nouveaux sièges sociaux sont
venus s'y installer, des secteurs industriels innovateurs ont été développés et la
qualité de la vie des citoyens s'est vue améliorée.
GRANDE BRETAGNE
En Grande Bretagne on utilise aussi l’approche réseau où le partenariat entre le
secteur privé et les institutions de pouvoir local joue un rôle majeur, les exemples les
plus réussies sont ceux des trusts6.
Par exemple, dans la ville de St-Helens en Angleterre, la Société Pilkington Brothers
a formé un trust où sont représentés la ville, la société, les représentants de la
chambre de commerce, les syndicats et les PME.
6
Un trust est une grande entreprise qui possède des positions fortes, voire dominantes, sur plusieurs
marchés proches, au sein d'un secteur industriel. Le Droit de la concurrence vise à lutter contre les
trusts qui peuvent se rendre coupable d'abus de position dominante.
Développement local
Page 31
Pour finir …
… DES RECOMMANDATIONS À CARACTÈRE GÉNÉRAL
Après avoir passé en revue les points de vues des auteurs et les expériences de
quelques pays nous pouvons sortir avec quelques recommandations constructives :
Développer, encadrer, et maximiser la participation des citoyens algériens,
des différentes communautés, à la gestion des projets locaux afin de garantir
les chances de succès des projets collectifs ;
Doter les communautés d’un processus de développement de projets qui
comprend entre autres l’identification des besoins, le choix des solutions et
les étapes de réalisations ;
Les actions de développement local sont difficiles à financer et ne
correspondent pas toujours aux besoins des communautés. Il sera donc
important de doter les communautés d’un financement adapté, protégé
et équitable ;
La nécessité d’appréhender les problèmes de développement rural dans un
cadre local ;
Encourager le processus de décentralisation et de développement participatif
et l’intégré au niveau local;
Appuyer les processus de développement local, à travers une meilleure
utilisation des ressources de la coopération internationale et de la coopération
nord –sud et sud-sud ;
la croissance économique d'un pays n'est pas automatiquement en faveur de
l'ensemble des populations, dans ce cadre, des interventions spécifiques telles
que la réhabilitation des entreprises locales, l'appui aux artisans, le
développement des organisations artisanales, l'amélioration des
infrastructures locales telles que l'habitat, les routes, l'approvisionnement en
eau potable et électricité, auront un impact positif et direct sur la population
et le développement local ;
l’approche en termes de développement local conduit à considérer que le
développement ne découle pas seulement de la valeur économique des
activités et qu’il ne relève pas seulement des systèmes organisés de
production et des institutions centralisées mais est aussi lié à de petites
initiatives localisées, à la mobilisation de la population locale autour de
projets utilisant des ressources locales ;
créer des institutions à l’image des panchayati raj en Inde, qui devraient
avoir le contrôle, la responsabilité et les pouvoirs nécessaires pour disposer
des ressources situées dans le périmètre de leur juridiction et dans les affaires
locales, elles devraient faire preuve de transparence vis-à-vis de la population
locale. Il convient aussi de garantir que les femmes algériennes au niveau de
Développement local
Page 32
chaque localité puissent participer activement et efficacement à l’autogouvernance locale ;
le développement local doit se financer, les initiatives locales qui découlent
des planifications participatives doivent trouver écho dans leur mise en
œuvre, et cette mise en œuvre est étroitement liée à la disponibilité des
fonds. Sans le financement concret de ces initiatives, la participation future
des collectivités est lourdement compromise ;
l’absence de fonds publics pour financer les priorités de développement
établies par les structures locales ou l’insuffisance des fonds face aux besoins,
la rigidité et les délais de décaissements ne facilitent pas la pérennité des
actions et créent beaucoup d’attentes et de déceptions au sein des populations
locales. Les fonds décentralisés sont appréciés, dans beaucoup de pays,
pour la rapidité des décaissements et leur flexibilité. Par contre,
l’éparpillement des projets financés par ces fonds, sans grand lien avec les
stratégies sectorielles en cours, pose problème dans plusieurs Etats ;
dans les pratiques de développement local, le leadership politique joue un
rôle important. Si nos élus au niveau des wilayates ou les communes ont la
volonté de développer leurs collectivités, ils manquent de moyens et
souvent de compétences et certains élus seraient perçus comme étant en
place uniquement pour défendre leurs propres intérêts. Si cette
perception est parfois juste, il ne faut tout de même pas généraliser ;
élaborer des études pour chaque wilaya afin de bien cerner le potentiel
économique de chaque localité, en particulier :
les richesses naturelles;
les ressources humaines;
les infrastructures;
les ressources naturelles partagées avec d’autres localités.
les contraintes liées au développement économique
local
faire un état des lieux des potentialités économique au niveau de chaque wilaya
(bilan global par commune) et par filière productive (opportunités de projets dans
chaque localité, etc. ;
Veiller à la pérennité des projets à entreprendre en optant aux initiatives
productives porteuses de rentabilité économique et de valeur ajoutée
bénéfique localement ;
Valoriser localement les ressources matérielles (naturelles, minières,
logistiques…) et immatérielles (patrimoine, culturel, savoirs, savoir-faire et
compétences spécifiques, etc.)
Valoriser sur le plan touristique le gisement local de métiers prometteurs
d’artisanat (savoirs, savoir-faire, qualifications…) et le gisement
géographique des villes ;
La nécessité d’appuyer et de favoriser les organisations productives
mutualistes de métiers (groupements professionnels, d’artisans, de petits
exploitants industriels commerciaux et agricoles…) et mise en place des
mesures incitatives de garantie des prêts à accorder par l’Etat, à titre
d’exemple la « caution collective/communautaire/familiale» utilisée par
quelques pays ;
Développement local
Page 33
Mise en place d’un « pôle d’expertise algérien » en associant de hautes
compétences algériennes et la diaspora algérienne résidente à l’étranger à la
mise en œuvre des stratégies de développement axées sur l’investissement
productif au niveau local ;
Mise en place d’un processus de planification du bas vers le haut ou la
micro-planification, cette option compte parmi les méthodes les plus
efficaces pour mieux inciter les gens à participer à leur propre
développement. Les organisations locales de la société civile jouent ici un
rôle vital (dans le renforcement de la participation des gens à la gouvernance
locale). Elles aident aussi la société civile à mieux se faire entendre dans le
domaine du développement axé sur les gens ;
Créer des agences de développement au niveau local avec la concertation de
la population.
… ET UNE CONCLUSION GÉNÉRALE
Pour conclure, retenons que le développement local n’est pas une panacée et qu’il ne
remplace pas nécessairement les autres stratégies de développement. Souvent, il agit
en complément.
Les différentes expériences nous éclairent sur l’importance des rapports entre secteur
public / privé et entre les acteurs de la ville ou de la commune (Les élus, population,
association, etc.).
A titre d’exemple l’expérience italienne, dans le cas des bureaux du temps, nous
permet de mettre autour de la table les différentes catégories d’acteurs, dans le
respect de la logique de chacune. Dans le cas des budgets participatifs, les
services techniques municipaux viennent à l’écoute de la population mais
apportent leur propre regard, leur propre connaissance des contraintes.
Ainsi, on peut dire que ces expériences se basent sur la reconnaissance de l’autre, en
particulier du citoyen, c’est reconnaître, dans le cas des bureaux du temps qu’un
habitant n’est pas seulement un consommateur passif de services publics, mais qu’il
est le mieux placé pour réfléchir sur ses propres problèmes et contribuer à chercher
des solutions et des compromis avec les contraintes des autres acteurs de la même
localité.
Dans le cas du budget participatif, c’est évidemment reconnaître l’expertise
propre des habitants dans l’élaboration des priorités et des choix.
Pour conclure on peut dire que le développement économique local, est une
collaboration indispensable entre toutes les entités, c’est un processus de
diversification et d’enrichissement des activités économiques et sociales sur un
territoire d’échelle locale à partir de la mobilisation de toutes les parties prenantes.
Dans notre pays, la politique de développement local en Algérie reste à
construire, dans un environnement social difficile. Le défi est complexe et il était
Développement local
Page 34
temps pour nous de réfléchir, sur une base participative associant le citoyen et tous
les acteurs concernés, à mettre en place des stratégies efficaces.
BIBLIOGRAPHIE
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2005.
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/ GTZ, Conakry, 2006.
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Pologne /sous la direction de Maria Halamska et Marie-Claude Maurel.- Cefres
/Irwir Pan, 2010
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Résultats de la première formation de conseillers de services d'appui aux
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Développement local
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Série
Politique économique et développement
DANS LA MEME SERIE :
N° 01 Rapport n°1 / Développement local : CONCEPTS, Stratégies et Benchmarking.
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