
Séminaire National Soins Non Programmés – 25 et 26 Octobre 2001 - GAP -
prendre le temps de penser à notre santé car la biomédecine nous permet d’accéder au
désir de faire durer la vie terrestre, la seule à laquelle tous croient encore.
La publicité qui incite à la consommation valorise la santé, en la liant au bien-
être, à l’épanouissement, à la jeunesse, à la beauté. Une meilleure alimentation passe
pour accroître la résistance physique à la morbidité malgré les nouvelles agressions
venant des excès et des pollutions. La mode des cheks-up tend à se généraliser. Même
les publicités pharmaceutiques accentuent l’intérêt pour la santé, faisant de celle-ci un
véritable objet de commerce, ce qui se vérifie aussi dans certaines publicités
alimentaires, notamment celles des eaux minérales, des produits laitiers et de
l’ensemble des produits dits « naturels ». Les mass-médias attirent l’attention sur les
découvertes médicales, sur les exploits chirurgicaux. L’invitation permanente à une
certaine hygiène de vie renforce le besoin non seulement de la recherche de la détente,
des loisirs (pour ne pas être sédentaire) pour valider la fameuse expression « un esprit
sain dans un corps sain » mais encore la recherche des installations sanitaires dans le
cas où l’individu subirait une certaine défaillance. La consommation médicale est,
pour l’individu, sur le même plan que les autres biens de consommation et peut se
résumer ainsi, « l’individu consomme ce qu’il veut, quand il le veut ou au moment il le
décide et où il veut ». Ce qui peut encore se résumer à « l’individu consomme là où
c’est le plus immédiat : les urgences ». La santé est plus ou moins ressentie comme un
besoin fondamental ou un désir essentiel. La prise de conscience du besoin de la santé
se développe avec la consommation médicale et pharmaceutique et avec la
consommation des autres biens économiques, de sorte que les plus nécessiteux au
niveau économique semblent les moins exigeants dans le domaine de la santé. Cette
consommation médicale s’explique aussi par l’urbanisation de notre société : en
passant à l’abondance et à la ville, le médical s’est orienté vers le préventif au
détriment du curatif et vers le psychique au détriment du somatique. Ainsi, la santé est
plus aisément envisagée comme un précieux capital qu’il convient de préserver. Dans
cette nouvelle perspective, la douleur, elle-même, naguère soit expression d’une
sanction ou d’un sort malheureux, soit condition d’un salut ou d’un rachat, prend le
sens d’un signal nécessaire dans la plupart des affections. D’ailleurs, les maladies qui
ne s’accompagnent pas d’un tel avertissement bénéfique passent pour les plus
redoutables, étant déclarées trop tard pour être guéries. Donc lorsqu’on a mal, il
convient de consulter immédiatement !!
3) La perception qu’ont les patients des professionnels de santé
Le médecin généraliste est considéré comme le médecin du premier recours. Si
le médecin et, en particulier, le médecin de campagne était autrefois un omnipraticien :
accouchements, petite chirurgie, secours d’urgence aux travailleurs agricoles
accidentés dans les travaux de la ferme soins au domicile du grand-père qui se mourait
d’un cancer, aujourd’hui, la plupart de ces événements sont traités par des spécialistes
libéraux ou hospitaliers. Pour les patients, le médecin généraliste est celui qui soigne
angines, grippes, rhino pharyngites, rhume, fièvre, maladies infantiles et petits
bobos… L’avis des patients concernant la compétence des médecins généralistes pour
les sutures de plaies est beaucoup moins unanime : « le médecin généraliste qui n’a
pas fait de suture depuis un mois, il ne va pas être très en confiance par rapport à ce
qu’il fait ». Ce qu’attendent les patients de leur médecin généraliste, c’est l’écoute, la