L`Argentine - Site de la promo DESS CI 2002

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DESS COMMERCE INTERNATIONAL 2001/2002
THEME :
« Les conséquences de l’ouverture d’un
pays en développement »
PAYS CHOISI : L’ARGENTINE
Groupe :
Herlant Blanche / Hérisse Gaëlle / Paciu
Gabriela /
Le Peley Sophie / Realland Laetitia /
Fromentin Michaël
Introduction :
L’ouverture économique et sociale de pays en développement est une tendance qui
s’inscrit dans le cadre de la mondialisation ; elle est traditionnellement mesurée par le rapport
entre ses échanges (importations et exportations) et le PIB (Produit Intérieur Brut). En effet,
ces pays jusqu’alors « isolés » du monde représentent alors un terrain d’investissement idéal
pour les pays développés, engendrant toujours une forte croissance économique. Si on a
souvent beaucoup pris en exemple les pays d’Asie, il est également intéressant de se pencher
sur la zone Amérique latine, qui elle aussi est un modèle type de ce concept que l’on peut
assimiler à une « émergence » dans la mesure où une économie qui s’ouvre connaît
d’importants changements. Mais bien au-delà de la phase d‘émergence, il est pertinent de
faire une synthèse des conséquences de l’ouverture, qu’elles soient positives ou négatives car
on va s’apercevoir qu’elles sont multiples et importantes : un pays assez révélateur pour
illustrer cette analyse est l’Argentine, car c’est un des pays moteurs de l’Amérique du Sud.
Nous étudierons donc de manière générale la phase d’ouverture économique et sociale
de pays en développement ainsi que les conséquences qui s’y rapportent, avec une illustration
à l’aide du cas Argentine.
PREMIERE PARTIE : L’OUVERTURE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT
I) Modèles d’ouverture
A) Principe de spécialisation = rappel
Pour les représentants de l’école néo-classique, toute nation a intérêt à s’ouvrir au
commerce international. A la différence des mercantilistes, Adam Smith et ses successeurs
estiment que, sur le plan économique, l’échange profite aux deux parties. En effet, tout pays
qui refuserait d’importer affaiblirait indirectement le pouvoir d’achat d’un consommateur
étranger, ce qui, par conséquent, réduirait ses exportations futures.
L’ouverture au commerce international serait donc facteur de croissance, à condition
toutefois que celle-ci s’accompagne d’un processus de spécialisation. Selon la théorie des
avantages absolus, la concurrence étrangère forcerait chaque nation à se spécialiser dans la
production où le coût du bien est le plus faible – et donc le prix de vente le plus compétitif –
afin d’exporter ce bien et d’importer ce que le pays a arrêté de produire car l’importation
serait alors moins coûteuse que la production de cette marchandise.
2
Cette théorie ne permet cependant pas de justifier l’ouverture au commerce international
d’un pays qui concentrerait tous les avantages absolus. En énonçant le théorème des
avantages comparatifs, Ricardo tente donc de pousser l’analyse un peu plus loin. Selon lui, un
pays va se spécialiser là où son coût de production est moindre et où sa productivité est la plus
forte de toutes ses productions. Mais l’analyse de Ricardo ne fournit aucune explication des
différences de productivité entre les pays. C’est à ce problème que va répondre le théorème
HOS (Hecksher, Ohlin, Samuelson). Ces auteurs considèrent, en effet, que les pays ont des
dotations en facteurs de production fort inégales, ce qui justifierait les différences de
productivité. Selon eux, chaque pays doit se spécialiser dans la production utilisant les
facteurs de production (travail, capital, terre) dont il dispose en abondance, et importer les
biens produits avec des facteurs qu’il possède en moindre quantité.
Au regard de ces trois approches, il est possible de conclure qu’il n’existe pas une mais
plusieurs spécialisations possibles. Il revient donc au pays de faire un choix parmi plusieurs
stratégies de développement. Aujourd’hui, par exemple, beaucoup de pays refusent d’adopter
une spécialisation dictée par une analyse en terme de dotation factorielle car l’expérience a
montré que ce type de spécialisation était peu favorable au développement économique. Il est
donc possible d’orienter la spécialisation d’un pays. Ce rôle revient à l’Etat à travers la mise
en place d’une politique économique adéquate.
B) Les pays de l’OPEP et la Corée du Sud
Il s’agit d’examiner les stratégies de développement choisies par ces pays et les
conséquences économiques de leur extraversion.
Les pays de l’OPEP = stratégie d’exportation de matières premières
Les pays de l’OPEP, comme la plupart des pays en voie de développement, ont choisi
de se spécialiser dans l’exportation de matières premières (ici le pétrole). A la question de
savoir si leur spécialisation les a ou non enrichis, on peut répondre que, malgré l’entrée de
revenus, ces économies n’ont pas su se diversifier et demeurent donc dépendantes du cours
des matières premières qui est fort instable. L’instabilité des termes de l’échange empêche
tout développement dans la mesure où cela contrarie les perspectives de croissance.
Les années 1980 ont été une période terrible pour les PED car les cours des matières
premières se sont effondrés. Les raisons de cette crise reposaient principalement sur la baisse
de la demande de la part des pays développés, eux-mêmes en crise, et l’apparition de produits
de substitution. On constate donc que l’échec des stratégies d’exportation de matières
premières est étroitement lié au phénomène de dépendance des PED vis-à-vis des pays du
Nord.
La Corée du Sud = promotion des exportations de produits manufacturés
La stratégie de développement de la Corée du Sud peut s’analyser en plusieurs étapes.
Promotion des exportations (années 1950)
Les industries textiles se développent car il y a des avantages comparatifs et la main d’œuvre
est bon marché. Mais d’autres pays adoptent la même stratégie et la concurrence apparaît.
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Substitution des exportations
La Corée du Sud exporte des biens intermédiaires et des biens d’équipement (électronique,
automobile) alors qu’avant elle exportait des biens de consommation. On va utiliser davantage
de capital, une main d’œuvre plus qualifiée et un savoir-faire technologique plus important.
Substitution des importations
L’économie se diversifie et produit localement ce qu’elle importait auparavant.
La Corée du Sud a su diversifier son économie et s’adapter aux différents
changements rencontrés. Contrairement aux pays de l’OPEP, la Corée du Sud s’est enrichie.
Elle a pu ainsi rembourser sa dette ce qui est le signe d’une bonne santé. Depuis 96, on classe
la Corée du Sud dans les pays de l’OCDE.
Alors que les pays de l’OPEP restent extrêmement indépendants des pays du Nord, la
Corée est quant à elle de plus en plus indépendante, notamment grâce à la substitution des
importations.
II )Processus de l’ouverture en Argentine
A) Historique
La transformation de l’économie argentine a débuté sous la dictature (1976-1983) et a
ensuite été poursuivie pendant près de vingt ans par les différents gouvernements qui se sont
succédés depuis. Cependant, le processus d’ouverture économique du pays a grandement été
facilité par le retour à la démocratie au début des années 80. Notamment car celui-ci a permis
un assouplissement dans les relations internationales.
La politique économique adoptée alors a été une politique de type néo-libérale avec une
libéralisation commerciale, des privatisations et des réformes financières :
- En effet, de nombreuses privatisations ont été réalisées. Il convient de souligner que la
présence des firmes américaines et espagnoles (Iberia, Telefonica et Repsol) est désormais
relativement importante en Argentine. Un tiers des investissements dans le pays est effectué
par des entreprises nord américaines. Ces privatisations ont permis de relancer et de
moderniser bon nombre de secteurs d’activités par des gains d’efficacité, une amélioration de
la qualité des services offerts et une promotion accrue des investissements étrangers.
- Les obstacles aux investissements ont été démantelés et les fonds ont commencé à circuler
librement. Ainsi, ce cadre législatif a favorisé l’accueil des capitaux étrangers. A partir de
1991 jusqu’à 1999, la suppression du contrôle des changes, le libre rapatriement des capitaux
et des dividendes ainsi que l’absence totale de discrimination ont permis d’accueillir près de
127 milliards de dollars d’investissements étrangers. Par ailleurs, la loi dite de convertibilité
de 1991 qui a fixé le peso argentin au dollar a permis non seulement de lutter contre
l’inflation mais également d’attirer de nouveaux capitaux étrangers.
- L’économie a également été ouverte au moyen de réductions du niveau des tarifs
extérieurs et du démantèlement des barrières non tarifaires. Par ailleurs, l’Argentine a mis en
place une politique très dynamique de promotion de ses exportations.
- Finalement, le Mercosur formellement mis en place par le traité d’Asunción signé en 1991
définit les bases de création d’un marché commun dans les pays du sud dans le but de
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consolider les économies de ces pays et de soutenir les jeunes démocraties. La libre
circulation des biens, des services, des capitaux et de la main d’œuvre entre les partenaires est
entrée en vigueur en 1995. Ceci a permis au commerce intra-régional de s’accroître
rapidement et au Mercosur de devenir le quatrième ensemble économique mondial en termes
de PNB Brut cumulé avec un marché de 208 millions d’habitants. Ainsi, les échanges
commerciaux entre les pays participants au Mercosur sont passés de 3 milliards de dollars en
1990 à 20 milliards en 1997 et représentent à eux seuls la moitié du commerce entre pays
latino-américains. C’est pourquoi, le Mercosur est en quelque sorte le fruit du nouveau
modèle de développement adopté par les différents pays qui le composent, et qui se
caractérise comme nous l’avons déjà vu par une incitation à l’ouverture économique ainsi
qu’une accélération des processus d’intégration régionale. Par l’ouverture de leurs économies,
l’encouragement à la complémentarité entre les économies nationales, l’Argentine ainsi que le
Brésil, l’Uruguay et le Paraguay visent à s’insérer de façon plus compétitive dans l’économie
internationale.
Cependant, si toutes ces réformes ont permis à l’argentine de connaître une période de
forte croissance économique, elle a subi le choc des crises asiatique et brésilienne et celui de
la chute des cours mondiaux de ses produits traditionnels d’exportations. Ainsi, ce pays a
donc enregistré une croissance négative en 1999/2000. Par ailleurs, malgré le fait que ce pays
était qualifié d’élève modèle par le FMI, l’économie argentine est aujourd’hui dans un énorme
paradoxe car toute croissance entraîne automatiquement une augmentation de la dette.
B) Etat des lieux de l’ouverture
Ce vaste marché de 36 millions d’habitants est relativement ouvert. Le commerce extérieur
rapporté au PIB a considérablement augmenté et les exportations représentent aujourd’hui
8 % du PIB contre 4 % en 1980.
Actuellement environ 60 % des exportations argentines proviennent encore de produits de
base (essentiellement des denrées agricoles c’est à dire très sensibles aux variations de prix
souvent tirés à la baisse). Il convient par ailleurs de souligner que les produits d’origine
industrielle ne représentaient en 1980 que 24 % du total des exportations.
Les pays du Mercosur dont l’Argentine fait partie sont en Amérique latine les premiers
récepteurs de flux d’investissements étrangers et enregistrent une progression particulièrement
remarquable depuis la mise en place de la zone d’intégration. L’argentine en 1998 était au 7 e
rang dans les pays récepteurs d’IDE alors qu’au début de la décennie elle occupait la
quinzième position. C’est pourquoi, l’argentine avec le Brésil concentrent désormais plus de
la moitié du stock d’IDE cumulé en Amérique latine. Finalement, dans le Mercosur son
importance est croissante puisque elle représente 24 % des flux d’IDE dirigés vers la région.
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SECONDE PARTIE : CONSEQUENCES DE L’OUVERTURE
« Présentation du schéma récapitulatif »
Dans le cadre de la théorie Heckscher-Ohlin, l’ouverture augmente la demande du facteur
abondant, sous l’effet de l’expansion des secteurs d’exportation, et réduit la demande des
facteurs peu abondants, avec les effets correspondants sur les prix.
1. AUGMENTATION EXPORTATIONS FACTEUR ABONDANT
2. La réduction de la demande du facteur peu abondant va être compensée par
AUGMENTATION DES IMPORTATIONS FACTEURS PEU ABONDANT.
Le développement montrera en quoi l’augmentation des exportations peut être un FACTEUR
DE CROISSANCE ECONOMIQUE.
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Il vous montrera également en quoi l’ouverture aux échanges augmente également L’ACCES
A DE NOUVELLES TECHNOLOGIES, essentiellement par le biais des importations de
biens incorporant des technologies avancées ou à travers les effets d’apprentissage et de
diffusion technologique liés aux échanges internationaux.
3. Il sera souligné que la modification de la structure de la production a un COUT
SOCIAL. En effet, l’abondance des ressources naturelles et la spécialisation qu’elle
implique dans la production primaire conduisent à ce que le développement des
secteurs intensifs en ressources naturelles absorbe le capital qui devrait sinon
alimenter le développement du secteur industriel. En outre, en diminuant les
incitations des travailleurs et des entreprises à acquérir des qualifications, ce processus
retarde l’industrialisation tout en aggravant les inégalités.
On évoquera ensuite une deuxième série de conséquences sociales liées à la
dégradation des termes de l’échange et à la baisse du pouvoir d’achat.
Enfin, il sera expliqué en quoi la spécialisation est synonyme de vulnérabilité accrue du pays
aux chocs externes. En effet, avec la baisse généralisée du prix des produits primaires, la
concurrence des pays asiatiques, et les marges de manœuvre particulièrement étroites du
gouvernement argentin, un choc extérieur de la demande de produits primaires peut s’avérer
catastrophique pour le pays à la fois en termes de conséquences sociales, ce qui sera démontré
plus loin, et en termes d’endettement.
A propos de la théorie H-O, petite précision sur notre lecture de la théorie dans le cas
argentin :
La focalisation traditionnelle sur le contenu en facteur des exportations n’ est pas
complètement adaptée à l’Argentine puisqu’elle laisse de côté certaines des dimensions
importantes de notre problème comme les variations internationales dans l’intensité en travail
qualifié des exportations qui devrait être supérieure dans les pays à revenu intermédiaire
mieux éduqués, ou la distinction entre les importations intensives en travail qualifié en
provenance des pays plus développés, et des importations intensives en travail peu qualifié en
provenance des pays moins développés.
Au delà des divergences, le modèle H-O semble tout de même
suggérer que les dotations factorielles vont conditionner assez fortement la relation entre
ouverture et inégalités.
I) Les conséquences positives de l’ouverture sur l’Argentine
1. Les effets sur le plan politique
Elu en 1989, le président Menem impose l’ouverture et la rigueur en Argentine .Le
premier effet était sur le plan politique. Le Brésil et l’Argentine entament un processus de
réconciliation historique, après un siècle et demi d’une rivalité géopolitique alternant des
périodes de rapprochement et de crise, qui, sans jamais déboucher dans un conflit ouvert,
empêchait néanmoins toute coopération un tant soit peu construite à long terme. Une telle
évolution n’a été rendue possible que par le retour à la démocratie dans les deux pays. Buenos
Aires et Brasilia ont garanti les bases d’une véritable coopération à long terme et ont donné
l’exemple de la possibilité d’une procédure pacifique pour la résolution de tensions bilatérales
entre deux puissances régionales provoquées par une course aux armements nucléaires.
L’ensemble de ces initiatives a crée un nouveau climat de confiance qui a permis, en 1991, de
lancer le grand projet de construction du Marché commun de la côte Sud (Mercosur), qui
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associe le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Aussi les multiples accords de libreéchange signés par l’Argentine depuis le début des années ’90 sont-ils conçus comme
éléments d’une intégration dans le grand flux d’interdépendance mondiale.
L’Argentine bénéficie d’une position équilibrée en matière commerciale, ses
échanges étant également distribués sur trois zones principales : L’Amérique du Sud, l’Europe
et les Etats-Unis. Son objectif principal est de maintenir cette diversité de partenaires, qui lui
permet une plus grande marge de manœuvre diplomatique.
2. La libéralisation commerciale
La politique menée par le président Menem va privilégier deux objectifs majeurs.
Première orientation : la libéralisation commerciale. La création du Mercosur, la forte baisse
des droits de douane( passés de 35% à 14% en moyenne en quelques années) contraignent les
entreprises nationales à affronter la concurrence. L’Argentine commence, aussi, à privatiser
l’important secteur public qui contrôle la production d’énergie , les télécommunications, les
transports. Le rythme des ventes est à la hausse. Le gouvernement n’a pas besoin d’accélérer
les opérations pour séduire les investisseurs étrangers. Le dynamisme du marché local ( 40
millions de consommateurs potentiels et un revenu moyen de 8000$ par tête) , l’intégration de
l’Argentine dans le Mercosur suffit à motiver les firmes multinationales qui s’implantent dans
tous les secteurs industriels. En quelques années, les investissements directs atteignent $60
milliards. Cette ouverture a permis la modernisation de nombreuses branches d’activité et
induit des gains de productivité considérables.
3 L’éradication de l’inflation
L’intégration de l’Argentine à l’économie mondiale est une arme au service du
second objectif majeur du gouvernement : l’éradication de l’inflation. Il adopte un système
« currency board ». Le peso est enfermé dans une parité fixe avec le dollar ( 1 peso = 1 dollar)
pour éviter la fuite de l’épargne locale. Le gouvernement argentin rétablit l’équilibre
budgétaire , et l’inflation devient un mauvais souvenir. C’est le fin d’une économie indexée
dans laquelle seuls quelques groupes privilégiés parvenaient à maintenir ou à accroître leur
pouvoir d’achat d’une année à l’autre. La consommation intérieure connaît une progression
sans précédent. Ce boom soutiendra l’activité économique jusqu’en 1997.
4. Les investissements et les exportations
Le maintien de taux d’intérêt attractifs et la bonne santé des bourses locales suffiront
à garantir des apports de capitaux extérieurs confortables. Ces apports viendront pallier
l’insuffisance de l’épargne nationale , financeront les déficits publics et contribueront à
alimenter les réserves de change. La politique de change contraint les entreprises locales –
confrontées à la concurrence croissante de produits importés – à de sérieux efforts de
productivité. La stabilité monétaire rassure les firmes étrangères qui investissent en masse
dans le pays et contribuent à une mise à niveau de l’appareil productif. Pour Washington,
l’Argentine est un partenaire commercial non négligeable, 2000 entreprises des Etats-Unis
opèrent dans ce pays. Aussi, le Brésil est le premier partenaire commercial de l’Argentine.
Jusqu’en 1998, le Brésil absorbait 33% des exportations argentines. Toutes les ventes
extérieures de pétrole sont destinées au marché du grand voisin. Celui-ci absorbe 90% des
exportations de l’industrie automobile et 36% des exportations céréalières. C’est grâce au
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dynamisme de la consommation brésilienne que les entreprises argentines ont réussi à
multiplier leurs exportations par cinq depuis 1990.
Les effets positifs de l’ouverture d’Argentine peuvent être synthétisés par le tableau
suivant :
Variations annuelles
du PIB en %
La croissance en ARGENTINE
10
8
6
4
2
0
-2
1
-4
-6
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
On voit que le début des problèmes est l’année 1998. La plus grande faiblesse de
l’économie argentine est la progression incontrôlée de la mauvaise orientation des dépenses
publiques.
Le pari de la nouvelle génération de dirigeants est de jouer sur une insertion positive
et compétitive dans la mondialisation comme un moyen d’accélérer les réformes internes et
d’assurer une croissance économique stable qui évite les illusions de boom inflationnistes de
courte durée
II) Les conséquences de l’ouverture économique sur les marges de manœuvre des pays
en voie de développement
Comme on vient de le voir, le processus concomitant de globalisation et d’intégration
régionale a forgé une spécialisation étroite des pays en voie de développement dans quelques
produits.
Par ailleurs, leur insertion généralisée dans l’économie mondiale a provoqué une
intensification de la compétition au niveau de l’offre d’exportation (notamment avec les pays
asiatiques) alors que les conditions de la demande globale sont devenues moins favorables.
Enfin, il y a apparition d’un dualisme entre les secteurs d’exportation et les secteurs orientés
vers le marché local. Ce dualisme est accentué par le choix d’une stratégie de promotion des
exportations.
Cette désarticulation est d’autant plus prononcée que le pays en question (Argentine) s’est
trop rapidement inséré dans l’économie mondiale, alors que sa base manufacturière n’avait
pas atteint un seuil de développement suffisant.
Choix de l’ouverture et libéralisation dessinent ainsi une économie plus vulnérable aux
fluctuations extérieures.
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Admettons qu’il y ait comme c’est le cas aujourd’hui, une baisse de la demande de produits
primaires dans les pays développés vers lesquels l’Argentine exporte.
Comme offre export > demande, les prix des exportations baissent, il y a dégradation des
termes de l’échange.
1. Ralentissement de la production, réduction du nombre d’embauche, baisse du revenu
des ménages
2. Déséquilibre de la balance des paiements, accroissement de l’endettement.
Normalement, il existe des solutions pour atténuer les conséquences internes d’une baisse de
la demande mondiale:
1. La première solution pour palier aux conséquences sur l’emploi serait d’accroître le
déficit public pour relancer la demande intérieure et la production. Mais l’endettement
du pays et le plan d’ajustement structurel proposé par le FMI rendent ce genre de
solutions keynésiennes impensables.
2. La deuxième solution relève de la politique monétaire. On pourrait dévaluer pour
stimuler le secteur des exportations et l’emploi. Mais la dollarisation rendait jusqu’ici
cette mesure impossible.
Une stratégie d’ouverture, si elle permet d’accélérer la croissance des secteurs d’exportations
du pays en question, peut également accentuer sa vulnérabilité économique en raison des
caractéristiques structurelles qu ‘elle dessine et surtout en raison de l’insertion généralisée des
PVD dans l’économie mondiale qui leur impose dorénavant une forte contrainte de demande.
III) Les conséquences sociales
L’ouverture des frontières a multiplié les effets pervers sur le plan social : en effet, elle a
indirectement entraîné l’augmentation de la brèche entre les riches et les pauvres,
l’augmentation du chômage, la réduction des salaires, et avec tout cela le désespoir de la
population argentine.
- L’augmentation de la brèche entre les riches et les pauvres : les inégalités de revenu.
Ainsi, 20% de la population la plus riche, qui en 1974 gagnait 7.8 fois plus que les 20% des
plus pauvres, gagne aujourd’hui 14.6 fois plus. En 1989, c’était à cause de l’hyper-inflation, et
depuis 1995, à cause du chômage et de la baisse des salaires, qu’il faut relier à la dégradation
des termes de l’échange qui est elle-même une conséquence de la spécialisation dans les
produits primaires.
L’ouverture des frontières a donc indirectement aggravé la situation des personnes à faible
revenu, qui obtiennent des revenus ne suffisant pas à maintenir leur famille en dehors de la
pauvreté. Et cela explique d’ailleurs que tant d’Argentins meurent de faim ou souffrent de
malnutrition.
- Le chômage et la baisse des salaires.
La baisse des salaires met les Argentins de la classe moyenne dans une situation telle qu’ils
parviennent tout juste à payer leur loyer, leur nourriture et leurs impôts ; les licenciements se
multiplient à cause de la faillite de nombreuses entreprises, l’ouverture s’étant faite au
détriment des entreprises nationales qui n’avait pas un seuil de compétitivité suffisant pour
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contrer la concurrence mondiale. Enfin, la majorité des jeunes diplômés se trouvent au
chômage, les entreprises n’ayant pas besoin de travail qualifié.
- Un total désespoir de la population argentine.
Le chômage, la baisse des salaires, la pauvreté se traduisent par le désespoir des Argentins.
Les plus pauvres manifestent leur colère et ce désespoir par des émeutes et les Argentins
touchés par la baisse des salaires ou le chômage par des manifestations ou des grèves.
En raison de cette situation économique déplorable, les jeunes n’ont plus de motivation au
travail, le travail lui-même n’étant plus valorisé ; ils doivent en effet accepter toutes sortes
d’emploi pour assurer les nécessités quotidiennes. En conséquence, les jeunes n’ont plus que
l’espoir d’émigrer en Europe ou aux Etats-Unis pour trouver un travail digne et bien gagner
leur vie.
CONCLUSION :
On a pu s’apercevoir notamment par le biais de l’analyse de l’Argentine, que les
conséquences de l’ouverture d’un pays peuvent être à la fois bénéfiques, si l’on parle de
création de richesse au niveau économique et politique (avec la monnaie, les échanges), mais
elles peuvent être également néfastes si l’on considère que bien souvent, l’ouverture a su créer
une croissance un peu « virtuelle » ou vraiment « inhabituelle », qui au moindre choc fait
plonger un pays, une zone qui n’a pas d’expérience solide d’économie de marché : il
semblerait que ce soit bien le cas de l’Argentine, qui aura en plus vécu une dérive politique
qui ne l’a jamais aidée à se redresser.
Un pays qui s’ouvre se doit de pérenniser son développement en solidifiant son
économie et sa société en engageant des politiques rigoureuses à tous niveaux, un des plus
important s’avérant être la gestion de la monnaie qui détermine le niveau de dette ; il faut
savoir allier à une croissance foudroyante un développement adapté, c’est à dire une
cohérence avec les moyens du pays, autrement les risques de faillite se font sentir et lorsqu’un
pays est en faillite, il chasse de fait et pour longtemps toute chance d’investissement, ce qui
est fondamentalement grave pour lui.
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BIBLIOGRAPHIE :
« Don’t cry for me Argentina » - Les échos – 15/01/2002
« Trade regulation and standards » http://www.strategies-ic-gc.ca/
« Le lent naufrage de l’Argentine » http://www.monde-diplomatique.fr/ par Carlo
Gabetta, journaliste Directeur de l’édition Argentine du monde diplomatique à Buenos
Aires – Octobre 1999
« Situation économique en Argentine » Rapport du Ministère de l’économie, des
finances, et de l’industrie – http://www.finances-gouv.fr/ - 07/11/1997
« Argentine : enquête sur une faillite » Horizons Dossier spécial Le Monde – 21/02/2002
« Argentine : maillon faible de la chaîne mondiale de la dette » Banque Mondiale
« Argentine » http://www.wto.org/ Janvier 1999
« Argentine : entre faillite et émeute » http://www.gvom.ch/
« Argentine / Enquête : un pays au bord de la faillite » http://www.humanite-presse.fr/
« Ouverture, concurrence internationale et inégalités dans les pays à revenus
intermédiaires : le cas de l’Amérique Latine » - Eric Rougier (CED – Université
Montesquieu Paris IV)
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