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que vous prêtiez une place particulière à l’intervenant, pas à sa personne pas à son nom, mais
sur ce qu’il représente d’un possible savoir sur un des concepts fondamentaux de la
psychanalyse. Je parle de vous, mais sachez que je ne suis pas absent de cette affaire. Pour
qu’il y ait du transfert il en faut au moins deux. C’est parce que j’ai accepté de me prêter à cet
exercice de vous entretenir du transfert que je suis ici. Je me suis supposé un auditoire, avec
des attentes et des questions qui m’ont permis de rédiger ce texte. Vous étiez là avant même
d’y être ou de le savoir.
Pour me dégager de cette question d’un transfert avant ou hors de la relation
psychanalytique je prendrais appui sur Lacan dans son séminaire XI «les quatre concepts
fondamentaux de la psychanalyse » en faisant une longue citation. « Ce concept (le transfert)
est déterminé par la fonction qu’il a dans une praxis. Ce concept dirige la façon de traiter les
patients. Inversement, la façon de traiter commande le concept. Il peut sembler que c’est là,
dès l’abord, trancher d’une question de savoir si le transfert est, ou non, lié à la pratique
analytique, s’il en est un produit, voire un artefact… De toute façon, ce n’est pas trancher la
question que d’amener ainsi son abord. Si même nous devons considérer le transfert comme
un produit de la situation analytique, nous pouvons dire que cette situation ne saurait créer de
toute pièce le phénomène, et que, pour le produire, il faut qu’il y ait, en dehors d’elle, des
possibilités déjà présentes auxquelles elle donnera leur composition, peut-être unique…
Simplement, l’analyse, à les découvrir, permettra de leur donner un modèle expérimental, qui
ne sera pas différent du modèle que nous appellerons naturel. De sorte que faire émerger le
transfert dans l’analyse, où il trouve ses fondements structuraux, peut fort bien être la seule
façon d’introduire l’universalité de l’application de concept. ». Pour paraphraser Lacan c’est
le repérage et l’élaboration du concept de transfert dans la pratique et la technique analytique
qui nous permet et nous autorise de le concevoir comme préexistant à la psychanalyse,
fonctionnant et à l’œuvre hors du cadre de la psychanalyse
Ce faisant par quel processus, quelle chicane Freud est-il passé pour arriver à repérer
un tel fonctionnement et l’établir comme l’une des bases, l’un des concepts fondamentaux de
la psychanalyse. En 1888 Freud qui est alors installé depuis un an et demi en son cabinet du 7
Rathausstrasse à Vienne en tant que médecin spécialisé en neuropathologie n’est pas satisfait
par les résultats des méthodes les plus répandues alors, électrothérapie, massages,
hydrothérapie. Il décide de se former à une nouvelle technique l’hypnose qui commençait
alors à se populariser et se rend à Nancy chez Hippolyte Bernheilm. Ce traitement consistait à
mettre le malade sous hypnose afin de lui suggérer que son symptôme n’existe pas. Il trouve
que les résultats sont peu concluants, Freud faisait le reproche à cette technique de laisser de
coté et en souffrance les sujet résistant à la suggestion. C’est à nouveau de ses échecs
thérapeutiques répétés que Freud décide d’utiliser la méthode dite «cathartique » de son ami
Breuer. La différence avec l’hypnose est de taille même si elle en utilise à ses début encore
l’artifice. La méthode cathartique permet, dans ses débuts sous hypnose, au sujet d’évoquer et
même de revivre les événements traumatiques auxquels ces affects sont liés et d’abréagir,
d’objectiver par la parole l’événement traumatique afin de le libérer des affects qui le
rendaient pathogène. Freud laissera rapidement tomber l’hypnose pour se contenter de
suggérer, de convaincre le malade de sa capacité à ce remémorer la scène traumatique, pour
finalement ne même plus recourir à la suggestion laissant libre cours à la parole et aux
associations du malade. Nous sommes donc passé d’une technique déniant toute expression
du sujet au travers de ses symptômes - et ne nous moquons pas trop vite de tels procédés qui
peuvent nous paraître archaïques car ils sont encore d’actualité dans nombre de
psychothérapies dites comportementalistes, à prendre comme satire de telles dérives le sketch
du comique Dany Boon «je vais bien tout vas bien » - à une méthode consistant à poser
comme axiome «dite ce qui ne vas pas, vous verrez, çà ira mieux après », je puis parier sans