« Etre parent c'est pas un métier » livre de Laurent Ott Editions Faber 14 € Sortie en septembre 2008 Etre parent : une aventure humaine qui commence! Laurent Ott, enseignant, militant de l'enfance nous propose là un sujet de réflexion d'une actualité brûlante. C'est une oeuvre positive qui tranche avec les multiples livres qui traitent de l'école en panne, de la baisse du niveau ou qui relatent des expériences se transformant en leçons. Non ! Les parents ne sont pas démissionnaires, ils n'ont pas à être culpabilisés ou à se culpabiliser. Ils sont le produit d'une histoire, la leur et personne ne leur a appris à être parent. D'ailleurs personne ne peut leur enseigner, ce n'est ni une science, ni un métier. Laurent Ott nous rappelle fort à propos, que des enseignants, des médecins, voire même des psychologues se retrouvent parfois démunis quand il s'agit de leurs propres enfants. L'auteur n'est pas tendre avec l'institution qui demande tout aux parents : « Les enseignants voudraient qu’on devienne des profs particuliers, et qu’on réalise tous les objectifs de l’école, que l’école n’arrive pas à réaliser elle-même ; le policier nous voudrait espions, délateurs, enquêteurs, gardes chiourme. », la même institution les reléguant à la porte de l'école. Le système même et les plans vigie pirates cantonnent les parents hors de l'école.... en dehors de la kermesse ou de la convocation à un entretien! Il ne s'agit pas de mettre en accusation les instituteurs qui ne sont que les victimes d'une logique qu'ils ne maîtrisent, mais de marquer les contradictions existantes entre un discours qui vante la participation des parents, co-éducateurs et une réalité. Quel professionnel motivé, quel éducateur n'est pas irrité par ces appels à la réussite scolaire, qui prennent la forme de proclamations ou de noms donnés à un nième dispositif? L'enfant n'est pas seulement un élève, c'est un citoyen en construction et à l'école, comme dans sa famille, il peut développer des savoirs. On peut survivre à l'école et celle ci peut se transformer et valoriser les talents niés ou oubliés. Célestin Freinet fait sienne cette formule de Victor Hugo qui pourrait donner le cadre d'un authentique projet éducatif : « Les aigles ne prennent pas l'escalier » : « Prenez les enfants au sérieux, donnez leur du vrai travail, un travail de découverte et d’expression en lien avec leur vie, leur époque, leur environnement. Associez-les, donnez leur des libertés et des responsabilités et vous verrez que c’est en les exerçant et en les pratiquant que l’on apprend vraiment. » Laurent Ott ne se transforme pas-comme d'autres- en donneur de leçons, il s'appuie sur ses connaissances et son vécu pour ouvrir un débat pédagogique et éducatif. Il remet en cause certains clichés, comme cette montée inexorable de la violence qui peut conduire des parents à surprotéger leurs enfants. Il rappelle que l'enfant a besoin de sa famille mais aussi de ses pairs. L'enfant qui est sur-investi dans des structures spécialisées n'est pas à proprement, un nanti ou un privilégié, il va peut être souffrir du manque de relations que pourrait lui procurer la fréquentation d'un centre de loisirs ou des jeux entre copains au bas de sa rue. Les adultes ne naissent pas parents, ils le deviennent, ils sont irremplaçables auprès de leurs propres enfants et leur fonction éducative est réelle. Certains sont surpris d'ailleurs de voir que leurs petits devenus bien grands puissent adopter telle attitude, produit des influences qu'ils ont exercées. L'auteur termine son ouvrage en s'appuyant sur les grands pédagoques que furent Feinet, Korczak,Makarenko et bien d'autres afin de montrer concretement en quoi ils nous ont permis de mieux connaître l'enfant et d'apprendre à éduquer dans le monde qui change. Jean-François Chalot